" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


lundi 29 avril 2013

L'Islam et les non-musulmans dans le Coran (2ème partie) :un dualisme offensif

En lisant le Coran, nous pouvons être impressionnés par la multiplication et la répétition de versets colériques, intransigeants et agressifs portés contre les non-musulmans. Certes, le niveau d’agressivité varie en fonction de leur incroyance et de leur infidélité, mais nul n’échappe aux propos outranciers. 

Ces condamnations virulentes s’appuient sur une description peu flatteuse des incroyants et des infidèles. Leurs vices sont violemment décriés. Par opposition, le Coran définit les qualités attendues des musulmans. Par ce contraste frappant, il cherche à éloigner « les bons musulmans » des vices et des mensonges que personnifient les non-musulmans. Il leur montre ainsi de manière bien concrète les vertus à acquérir et les vérités à croire. Ces paroles sont adaptées à des hommes charnels, peu spirituels. 


De manière aussi brutale, le Coran décrit les châtiments effroyables réservés aux non-musulmans après la mort à cause de leur infidélité et de leur incroyance. Ils ont « pour lot commun d'être insultés, tourmentés, maudits, brûlés et tués par tous moyens inimaginables » [1]. Certains incroyants sont voués à la perdition et ne peuvent pas être sauvés. Ils sont définitivement perdus. Le châtiment est terrible, sans issue. Aucune espérance attendue… 

Le Coran ne présente pas simplement une image de l’incroyant et de l’infidèle pour modéliser le profil du bon musulman. Cette description sert aussi à identifier un ennemi. Il demande en effet de combattre les non-musulmans : « ceux qui ne croient point en Allah ni au Dernier Jour [qui] ne déclarent pas illicite ce qu'Allah et Son Apôtre ont déclaré illicite, [qui] ne pratiquent point la religion de Vérité parmi ceux ayant reçu l'Écriture ! [Combattez-les] jusqu'à ce qu'ils payent la jizya directement et alors qu'ils sont humiliés » (Coran, IX, 29) [2]. Ces appels au combat n’est pas d’ordre spirituel. Le paiement d’un tribut ("jizya") est bien réel et concret. 

La colère qui transparaît dans les versets et les promesses de terribles châtiments qui affligeront les non-musulmans conduisent inévitablement vers le combat et l’affrontement. Certes, par des mots forts et violents, le Coran veut écarter les musulmans de toute contamination et les unir dans une même religion, mais cette cohésion passe par une violente dénonciation et par la lutte. L’adversaire est identifié, vilipendé, outragé comme à la veille d’un combat, où le chef harangue ses soldats en rabaissant et en humiliant l’ennemi. Pourtant, dans le verset IX, 29, le Coran semble appeler à une certaine « clémence ». La mort n’est pas une issue systématique… Mais à quel prix ?


Dans certaines traductions, le verset IX, 29 est adressé aux « aux Gens du livre qui ne pratiquent pas la vraie Religion » [3] et non aux idolâtres. Ce serait en effet plus conforme à l'idée de « tolérance » envers les Gens du Livre puisque les païens n'ont pas d'autres issues que la mort. Retenons que l'humiliation et l'impôt sont des conditions préalables nécessaires à toute « mansuétude ». La soumission de l'esprit et du corps envers les musulmans en est une condition indispensable. 



Prenons la traduction d'Hamidallah, qui ressemble à celle de Denis Masson : « combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n'interdisent pas ce qu'Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu'à ce qu'ils versent la capitation par leurs propres mains, en état d'humiliation ». La traduction de Kasimirsky confirme nos propos tout en atténuant les conditions de tolérance : « Faites la guerre… et à ceux d’entre les hommes des Écritures qui ne professent pas la vraie religion. Faites leur la guerre jusqu’à ce qu’ils payent le tribut de leurs propres mains et qu’ils soient soumis ». 

Le Coran invite donc les musulmans à humilier les non-musulmans et à leur faire payer un tribut, s'ils veulent garder vivants les non-musulmans [4]. Le paiement du tribut est la manifestation visible de la soumission. Les infidèles et les incroyants doivent être rabaissés devant les musulmans. L’Islam instaure une hiérarchie sociale, une discrimination sociale, visible et concrète. Il est alors possible d’identifier le musulman du non-musulman. La « clémence » n’est possible qu’à cette condition de soumission physique et morale. 

Les versets portés contre les non-musulmans cherchent donc à unifier les musulmans contre des adversaires en leur donnant une image repoussante et condamnable. Nous sommes loin de l’esprit évangélique qui condamne le péché et veut sauver le pécheur. Il est particulièrement frappant de constater que le Coran appelle à la soumission et à l’humiliation des non-musulmans. Ils doivent non seulement se rabaisser devant Dieu mais également devant les musulmans. Nous sommes loin de l’esprit contrit et de la soumission intérieure… 

Nous pourrions peut-être penser que le Coran est néanmoins fidèle à l’Ancien Testament. En effet, certains extraits de la Sainte Écriture peuvent être considérés comme particulièrement violents et terribles. L’appel à la mort et à la destruction n’y est pas absent. Une telle lecture est cependant partielle et erronée. 

Il faut d’abord la considérer dans l’ensemble de la Bible et la replacer dans le plan de Dieu. Cette « virulence » est ponctuelle et répond à un besoin : préserver le peuple de Dieu de la contamination païenne. Elle est en quelque sorte une attitude défensive. Elle se manifeste par des départs et des abandons volontaires sur ordre de Dieu : Abraham quitte sa tribu, Moïse conduit le peuple Hébreu vers la Terre sainte. Elle implique également des affrontements armés pour se défendre contre des envahisseurs. « L’appel à la violence » est enfin local et temporaire. L’appropriation d’un territoire et sa défense appellent nécessairement au combat. La lutte est bien identifiée à un objectif territorial et momentané. Il n’y a pas d’appel à un combat généralisé contre le non Juif. 


Le véritable combat qu’exhorte sans cesse la Sainte Écriture est bien porté contre le Juif lui-même pour ses infidélités et ses impiétés. Les mots ne sont pas tendres contre ses ingratitudes et ses trahisons. Si le Coran peut lancer des versets terribles contre le peuple juif, c’est bien en s’appuyant sur la Sainte Écriture qui ne cache pas ses misères et ses fautes. Elle porte en outre toute son attention, et de manière progressive, sur les vertus à acquérir, sur les erreurs à ne pas commettre, sur le comportement attendu des fidèles. Les livres prophétiques sont emplis d’exigences. Ils vilipendent certes les païens mais ce sont les vices qui sont réellement attaqués, surtout lors de la période d’exil à Babylone. 

Enfin, dans la Sainte Écriture, nous constatons clairement une évolution progressive et continue de la pensée religieuse. Peu à peu, se dessine le nouvel esprit tant promis. Le plan de Dieu est fortement « pédagogique ». Il conduit lentement le peuple de Dieu vers des horizons élevés. 

Or, le Coran est tout autre. La violence est générale, "intégrale". Elle imprègne toute la lecture et donc le lecteur. Seuls les non-musulmans sont la proie de colères redoutables. Le bon musulman est décrit de manière idéale ou par opposition aux non-musulmans. Ce dualisme très fort est la clé de lecture du Coran. Il régit la coexistence des musulmans et non-musulmans. Il n’y a pas d’exil ou de fuite des musulmans, ces derniers devant soumettre ceux qui vivent avec eux. L’attitude que le Coran réclame de ses fidèles est donc offensive et agressive… Contre l’autre, le non-musulman, celui qui ne croit pas ou croit mal, celui qui est infidèle ou incroyant… Le Coran définit le musulman par opposition d’où le recours naturel à des propos violents et virulents... 

Si nous tentons maintenant de situer le Coran par rapport au plan de Dieu qui se révèle dans la Sainte Écriture, nous pouvons le situer au début de l’histoire du peuple Hébreu quand ce dernier doit affronter les païens. Nous sommes loin des pages hautement spirituelles et profondes des Prophètes. Et le Coran reste sur cette posture tout le long des versets. Il n’y aucune évolution, aucune élévation. Il reste profondément figé, attaché à un peuple « charnel »… 

Une lecture authentique et complète de la Sainte Écriture dévoile de profondes divergences avec le Coran et souligne son indéniable régression religieuse. 



Références
[1] Laurent Lagartempe, Petit Guide du Coran
[2] Cité par Evariste Lefeuvre, Le statut des non-musulmans en Islam
[3] Traduction de Denis Masson
[4] Il est dans l'intérêt des tribus arabes de laisser vivants les non-musulmans pour en faire des esclaves notamment. Voir Émeraude,  février 2013, article "Relation entre l'Islam et les non-musulmans".

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