" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 25 avril 2020

Une crise à surmonter mais des critiques à remettre en cause


Des crises sont parfois salutaires. Elles nous délivrent de notre aveuglement et nous obligent à nous sortir de notre zone de confort dans lequel nous nous sommes complus. Certes, elles sont dures à vivre, très souvent éprouvantes mais elles sont également libératrices et nous forcent à résoudre des problèmes que nous ne voulions pas regarder en face ou dont nous refusions d’admettre l’existence. La crise que manifeste la révolution protestante en est un exemple. Elle a donné lieu à une profonde et efficace réforme au sein de l’Église, lui redonnant une clarté et une force qu’elle avait perdue.

La crise de la morale chrétienne qui affecte l’Église depuis très longtemps devrait aussi aboutir à un tel résultat. La situation est en effet dramatique comme nous l’avons pu constater dans nos précédents articles. Non seulement la morale chrétienne n’influence guère la société contemporaine mais au sein même de l’Église, son existence est remise en question. Comme nous le révèle publiquement l’encyclique Veritatis Splendor [1], des erreurs touchent gravement à son intégrité. Les scandales qui secouent l’Église reflètent sans-doute la situation dangereuse dans laquelle elle se trouve. La morale de notre société est encore plus sinistrée [2].

Certes, la crise de la morale chrétienne peut être causée par un processus « préparé de longue date et toujours en cours de réalisation, de la liquidation de la conception chrétienne de la morale […], marquée par un radicalisme sans précédent au cours des années 1960. »[3] Mais, cette raison nous paraît insuffisante pour l’expliquer. Par son désir d’ouverture au monde, à un monde qui rejette la présence de Dieu, le deuxième concile de Vatican a probablement accéléré le processus. Le dénigrement systématique de l’enseignement classique qui a touché l’Église n’a guère permis de le restaurer. Le regard était entièrement tourné vers l’innovation, vers les nouvelles idées, vers un monde fabuleux, porteurs d’espoir et de progrès, mais sans s’appuyer sur le trésor extraordinaire de l’Église. Le même phénomène s’est aussi produit sur la liturgie, avec le même mépris et la même arrogance, et nous connaissons aujourd’hui le prix exorbitant de la folie qui a dévasté nos églises et les a vidées. Il n’a pas non plus épargné l’enseignement de la morale chrétienne.

Aujourd’hui, la crise se poursuit. Faut-il néanmoins nous décourager et nous replier comme écrasés par le poids du drame ? Ce serait oublier Notre Seigneur Jésus-Christ. Sa victoire, qui est aussi la nôtre, est déjà assurée. Il faut néanmoins combattre cette crise tout en restant fidèle à son Église. Le combat commence par une réelle prise de conscience. Il n’y a point de solution viable en dehors de l’Église. Il faut la puiser dans le trésor qu’elle conserve précieusement et donc connaître la richesse qu’elle détient. Mais comment pouvons-nous la trouver ? Son histoire en est sans-doute un des moyens fiables pour y accéder …

Cependant, avant de parcourir cette histoire, nous allons revenir sur la morale catholique telle qu’elle était enseignée avant que la tempête ne secoue le navire. Revenons donc au constat…

L’enseignement classique de la théologie morale

Avant les années 60, l’enseignement de la théologie dans l’Église reproduit la division de la Somme théologique de Saint Thomas d’Aquin.

Une première partie traite de Dieu premier principe en Lui-même, dans l’unité de sa nature et la trinité de ses personnes, et les œuvres qu’Il a créées, qu’Il conserve et qu’Il gouverne par sa providence. La deuxième partie s’occupe de Dieu fin dernière, vers laquelle doit tendre les hommes en orientant leurs actions vers Lui, sous la direction de la Loi et l’impulsion de la grâce, en pratiquant les vertus et les devoirs particuliers à chaque état. La troisième partie montre le Verbe incarné se faisant notre  voie pour aller à Dieu et instituant les sacrements pour nous communiquer la grâce afin de nous conduire à la vie éternelle.

Cette division de la théologie est primordiale. Elle nous décrit en particulier d’où nous venons et vers où nous devons aller sans oublier les moyens d’y parvenir. Notre route est clairement et solidement indiquée. La morale chrétienne s’appuie donc sur cette connaissance et sur les moyens que Dieu nous a fournis pour parvenir aux buts de notre vie.

L’Église nous apprend donc que Dieu nous a non seulement créé et racheté mais qu’Il nous a donné gratuitement une participation de sa vie divine afin qu’un jour nous puissions Le rejoindre dans son éternité. Il s’agit donc de cultiver et de préserver la vie divine en nous. C’est le but de la théologie morale.

Elle nous montre comment nous devons éviter le péché et pratiquer les vertus ainsi que les devoirs d’état. Il est aussi possible de la perfectionner en suivant les règles définies par la théologie ascétique allant ainsi au-delà des commandements.

Enfin, nous pouvons parvenir ici-bas à une vie contemplative en suivant la théologie mystique.

L’enseignement de morale comprend donc finalement les théologies morale, ascétique et mystique.

La morale chrétienne ne se réduit donc pas à une liste de commandements ou un « code de péchés ». Elle est beaucoup plus riche que nous le croyons. En outre, elle n’est pas décorrélée de la foi. Elle est en effet difficilement compréhensible si elle n’est pas liée à la connaissance de Dieu et de l’histoire de notre salut.

Les anciens manuels de morale

Ouvrons un des manuels de la morale chrétienne du siècle passé [4], très souvent incriminés par les innovateurs. Il ne traite que de la théologie morale. Il est composé de trois livres.

Le premier définit les notions de base et les principes afin de bien discerner les conditions et les qualités nécessaires que doivent présenter nos actions pour être aptes à nous faire atteindre notre fin. Cette partie discerne ainsi clairement nos responsabilités.

Le deuxième traite des vertus de foi, d’espérance et de charité puis les dix commandements. Ce sont un ensemble de règles que nous devons observer pour tendre à notre fin dernière. Ce livre traite donc des devoirs et des péchés.


Le troisième étudie les sacrements, c’est-à-dire sur les moyens institués par Dieu pour nous aider à atteindre notre fin dernière.

Étude d’un précis de moral

L’introduction définit ce qu’est la théologie morale : « l’exposé scientifique de l’activité humaine en tant que, s’appuyant sur la raison et les données de foi, elle tend à nous faire atteindre notre fin dernière surnaturelle. » La morale catholique s’appuie en effet sur la raison, c’est-à-dire sur la pensée de nombreux philosophes compatible avec la doctrine et adaptée à notre foi. Elle se fonde aussi sur la Sainte Écriture et la Sainte Tradition. Néanmoins, nous trouvons peu de citations et d’exemples tirés de la Révélation. Mais, celle-ci est implicitement présente. Par ailleurs, un tel précis n’a pas pour vocation de démontrer ou d’appuyer ce qu’il affirme. La morale ne se fonde pas uniquement sur la vérité définie par la raison ou la Révélation. Elle s’appuie aussi sur une législation, et plus précisément sur celle de l’Église, c’est-à-dire sur le code canonique, et sur celle de l’État, c’est-à-dire sur le code civil. Elle prend donc en compte les règles qui s’appliquent dans la société au temps de ce manuel.

Étude d’un manuel plus complet

Prenons un autre manuel de théologie morale, plus ancien et plus volumineux. Il date de 1853. En deux tomes, il suit le même cheminement que le précédent. Il s’adresse aux curés et aux confesseurs, et se présente comme « un résumé des principales questions pratiques qui ont été discutées par les Docteurs, concernant la morale, l’administration des sacrements et le droit canonique. »[5] Contrairement au livre précédent, nous trouvons des citations de la Sainte Écriture, de papes, de Saint Thomas d’Aquin et surtout de Saint Alphonse de Liguori. Il reprend aussi des conférences. Il expose aussi les difficultés et les points qui font l’objet de discussions. Soulignons qu’il est en effet très pratique au point que nous y percevons les mœurs de son temps. Il répond à des questions qui peuvent concerner des confesseurs. Ce manuel répond donc à un besoin bien précis et pour une population déterminée. Il n’a pas donc pour vocation d’être transmis aux fidèles sauf si ces derniers veulent approfondir leurs connaissances.

Étude d’un troisième manuel 

Un ouvrage daté de 1929 puis révisé en 1959 apparaît plus novateur. Il est écrit par deux dominicains McHugh et Callan. Il se veut plus concis, pratique et intéressant. Certes, dans son introduction, il précise que la matière est technique et scientifique. Il s’adresse aux confesseurs mais aussi aux individus. Ainsi, l’ouvrage ne se limite pas aux vices et aux péchés mais aussi à tout ce qui pourrait permettre à l’individu de former des habitudes vertueuses et un caractère trempé, surtout à l’égard de ceux qui sont responsables d’âmes, y compris les enseignants. La théologie morale « veut rendre l’homme capable non seulement de savoir ce qui est défendu, comment il peut échapper aux maladies morales et à la mort éternelle, mais de comprendre quels sont ses devoirs, et comment il peut vivre une vie vertueuse qui le maintienne toujours en état de grâce. »[6]


Contrairement aux autres manuels, l’ouvrage définit avec plus de précision ce qu’est la théologie morale, notamment par rapport à l’éthique et à la casuistique, ses sources et ses méthodes. Il fournit aussi une brève histoire de la matière ainsi que différents systèmes de morale. Il est fondé sur l’enseignement de Saint Thomas d’Aquin et suit la méthode scolastique.

La première partie porte sur la théologie morale générale. Elle traite d’une manière générale des moyens qui conduisent à la fin dernière de l’homme, des caractères qui sont communs à tous les actes bons, qu’ils soient accomplis en tenant compte de la loi et de la conscience. Cette partie prend en compte la nature et la moralité des actes, des habitudes, les différentes lois et enfin la conscience.

La deuxième partie traite d’une façon particulière des moyens pour parvenir à cette fin en considérant les sortes de devoirs que tous doivent accomplir ainsi que ceux qui sont propres à certains états. Le premier point définit chaque vertu théologale et morale selon un plan identique. Après sa définition, les actes, les habitudes afférentes, l’ouvrage définit le don correspondant puis traite des péchés commis contre elle et les commandants qui lui sont associés. Le second point traite des applications des vertus générales aux différents états des hommes selon les diversités de grâces, des opérations et des ministères. L’ouvrage se préoccupe des devoirs des membres de l’Église selon les commandements de l’Église, c’est-à-dire ceux des fidèles, des clercs et des religieux, puis des hommes en tant que membre d’une société domestique et civile. Enfin, l’ouvrage se termine par les devoirs des hommes en ce qui concerne l’usage des sacrements.

Les articles définissent des règles, décrivent leur partie négative et positive, fournit parfois un bref historique. Ils nous renvoient sur la Sainte Écriture, des déclarations pontificales, sur le droit canonique.

Premiers constats

St Alphonse de Liguori
Après cette brève description de trois manuels anciens de théologie morale (1853, 1934, 1953), nous pouvons constater la volonté des auteurs de fournir un enseignement pratique et adapté à leur société, prenant même les obligations de la loi civile de leur époque. Ils se veulent aussi concis et précis. Seul le manuel de 1853 aborde les questions les plus difficiles, celles qui soulèvent encore débat, mais il s’adresse à des lecteurs plus ciblés et intéressés. Nous notons une évolution dans leur rôle, une tendance à enseigner un public plus large. Au fur et à mesure, les ouvrages ne sont plus destinés uniquement à des séminaristes et des prêtres. Le manuel de 1853 est élaboré clairement dans le but de les éclairer, notamment dans leur fonction de confesseur. Celui de 1953 se veut plus générale et a la volonté de s’adresser aux laïcs.

Le contenu et les sources sont identiques. Le premier ouvrage contient plus de citations bibliques. Afin de fournir un ouvrage plus condensé, les deux autres nous donnent plutôt des références. Ce sont bien des précis de théologie. Il est donc naturel de ne pas y insérer des citations pour aller directement à l’essentiel.

Les deux premiers suivent un même plan, plutôt fondé sur les commandements divins, alors que le dernier se révèle plus novateur en s’attachant davantage aux vertus et aux devoirs, ce qui lui permet de mieux faire apparaître les aspects positifs de la morale.

Soulignons enfin que ces manuels ou précis de morale ne concernent que la théologie morale et ne prennent pas en compte les théologies ascétique et mystique.

Des critiques à remettre en cause

Quand nous écoutons certaines critiques sur la morale chrétienne, nous sommes parfois surpris par l’ignorance qu’elles manifestent parfois. Elle ne serait qu’un ensemble d’arguments subtils et douteux destinés à soulager la conscience des fidèles et finalement à contourner les exigences morales. C’est ainsi que le christianisme est accusé de pharisaïsme. Or de telles critiques portaient à l’origine sur la casuistique telle qu’elle était pratiquée par les jésuites selon les propos de leurs adversaires, les jansénistes. Les manuels et précis que nous avons étudiés ne peuvent guère faire l’objet de telles critiques. De telles critiques sont-elles encore d’actualité ?

Selon une autre critique, la morale catholique ne serait qu’une suite de normes présentées sèchement et sans les relier à leurs sources. Or, cette accusation ne porte pas sur la morale mais sur la théologie morale, c’est-à-dire sur son enseignement dans les séminaires et auprès de ceux qui en ont besoin. En outre, les manuels et précis que nous vous avons présentés, qui sont par ailleurs des ouvrages classiques, démontrent que la théologie morale est enseignée en relation à la Révélation et aux docteurs de l’Église.

Mais revenons à des questions essentielles. Le laïc a-t-il vraiment besoin de savoir d’où vient la règle morale qu’il doit pratiquer ? Le manuel lui est-il aussi suffisant pour pratiquer la morale ? De même,  le prêtre, peut-il se contenter des manuels dans le cadre de sa formation ou de son sacerdoce ? Nombreux sont en effet les ouvrages de morale qui la présentent, la nourrissent, et cela de manière plus vivante. Saint François de Salles, Saint Alphonse de Liguori et bien d’autres docteurs nous ont laissé de véritables chefs d’œuvre en matière de morale. Les manuels d’ascétique ne doivent pas non plus être oubliés. Les encycliques présentent une doctrine morale bien concrète et proche de notre temps. Enfin, la liturgie est nourrie de morale profonde qui nous guide et nous soutient dans notre marche. La théologie morale ne peut donc à elle-seule contenir toute la morale catholique. L’Église a pris le soin de l’enseigner par tous les moyens afin d’éclairer le fidèle de manière très pratique de manière efficace. Elle agit comme une mère qui profite de toutes les occasions pour éduquer ses enfants, les élever et les édifier…

Causes de la crise

« À la suite du Concile […], il s’est produit beaucoup de remue-ménage parmi les moralistes. Certains ont voulu tout bouleverser pour faire moderne et créer l’aujourd’hui ; on a beaucoup démoli, mais très peu construit. […] Le problème n’a donc fait que s’aggraver. »[7] Le constat est sans appel.

Certains jugements portés sur les manuels de morale nous paraissent bien trop sévères, voire mensongers. Ces ouvrages se montrent pratiques, authentiquement chrétiens, même si leur forme apparaît très structurée et rigoureuse. Leur aspect rationnel est même appréciable. La clarté des articles est indéniable et ne laisse guère de doute dans ce qu’il faut faire et ne pas faire. Ce sont finalement des ouvrages bien utiles pour vivre chrétiennement. Cependant, si ces manuels répondent bien aux besoins de leur époque, nous ne pouvons pas attendre d’eux des réponses aux besoins de notre temps. Mais, ce ne sont pas les seuls comme la morale ne s’est jamais réduite à ces manuels. Et les chrétiens ne se contentent pas de ces livres. Comment alors expliquer la crise dans laquelle nous vivons ?

D’une part, de nombreuses critiques semblent réduire la morale à ces manuels. Il est vrai que leur fonction et donc leur importance ne cessent de croître. Les difficultés que connaît l’Église dans une société de plus en plus sécularisée en sont sans-doute une cause. En outre, depuis la fin du XIXe siècle, l’Église s’est surtout concentrée sur la défense des vérités qu’elle doit enseigner, laissant le Magistère se prononcer sur les questions de morale au moyen d’encycliques très instructives et profondes. Il faut en fait attendre l’après-guerre et surtout les années 60 pour que la morale catholique soit au centre des préoccupations de l’Église.

Or, lorsque s’ouvre le deuxième concile de Vatican, l’enseignement classique est clairement dénigré et rejeté alors qu’il n’est pas prêt à le renouveler ou à en proposer de nouveaux axes bien précis et encadrés. C’est ainsi qu’il donne libre cours aux innovations dans une sorte d’optimisme naïf alors que le contexte est hostile et dangereux. D’abord, la société rejette fortement la présence de Dieu et les exigences de la morale chrétienne. En outre, elle remet en cause toute forme d’autorité, y compris dans l’enseignement. Le Magistère n’en est pas épargné. Enfin, des courants philosophiques récusent toute notion d’absolu et de permanence dans le temps au profit d’un évolutionnisme à tout crin. Ces trois maux touchent pleinement la morale chrétienne.

En outre, les manuels ne peuvent à eux-seuls présenter la morale dans sa totalité, surtout quand l’enseignement y est de plus en plus concis, se limitant aux règles et à des références, sans chercher à justifier puisque la justification y est implicitement présente mais ailleurs dans d’autres matières. La théologie morale ne doit pas en effet être pensée de manière isolée tant elle doit s’appuyer sur d’autres enseignements. Ce ne sont donc pas les manuels en eux-mêmes qui devraient causer tant de critiques mais la pauvreté de l’enseignement de la morale. En outre, l’enseignement de la morale ne doit pas non plus être aux mains seules des moralistes qui, comme tout expert, tendent à la développer en silos comme nous le voyons malheureusement avec les innovations actuelles. Le développement d’une morale autonome est en fait contraire au christianisme.

Son enseignement doit être bien encadré par l’autorité ecclésiastique. Or celle-ci a accepté de s’effacer depuis le second concile du Vatican, ne voulant plus ni affirmer ni condamner. Et naturellement, lorsqu’elle veut reprendre son autorité en matière de morale, elle provoque indignation et mépris de la part de la société et même des fidèles. La crise de la morale est ainsi décuplée.

Conclusions

Ainsi, la crise ne se situe pas principalement au niveau de la théologie mais peut-être au niveau de son enseignement et de sa cohérence auprès des chrétiens. Il n’est pas cohérent de leur demander de s’ouvrir au monde quand celui-ci méprise tant la morale chrétienne. Il n’est pas non plus judicieux de défendre l’œcuménisme moderne quand les religions présentent des morales bien différentes, apportant du relativisme au moment où ils ont besoin d’être soutenus, éclairés et convaincus. L’enseignement de la morale a été gravement touché par de telles incohérences. La crise de la morale est en fait la conséquence d’une crise plus profonde. Nous comprenons alors que le combat pour la vérité est indissociable à la défense de la morale chrétienne comme l’a en fait bien compris l’Église avant le deuxième concile de Vatican.

Il est indéniable qu’il existe une véritable rupture entre ces manuels et les discours actuels de la morale. Les premiers exposent un enseignement clair, sans ambiguïté ni hésitation, porté avec assurance et conviction, avec foi. Les seconds hésitent, refusent de trancher et d’imposer, de crainte peut-être de provoquer inquiétude, réprobation, refus. Les uns n’hésitent pas à condamner des comportements, les autres s’y refusent. Les uns n’hésitent pas à parler de péchés, les autres ne les évoquent guère. Or, une âme a besoin de savoir la vérité et de connaître des règles simples pour vivre, même si elles sont difficiles à entendre, même si elles déplaisent. Une morale qui tergiverse, refuse de porter un jugement sûr et fiable, et finalement de laisser à chacun le choix, n’est pas une morale. 

Cependant, notons que ces manuels tant décriés sont des livres techniques qui peuvent bien apparaître complexes pour tous les fidèles. Ils aident ceux qui se posent des questions et n’ont pas de prêtres à leur disposition. Mais, ils ne peuvent pas se substituer au catéchisme et aux connaissances éléments que tous les fidèles doivent connaître en matière de morale. Un précis de théologie morale n’a pas pour objectif de rappeler les connaissances élémentaires en matière de dogmes et d’histoire sainte. Au contraire, elle s’appuie sur elles. Il ne remplace pas non plus les lectures de livres de piété et d’édification. Il n’a pas non plus pour vocation de remplacer l’éducation catholique. C’est sans-doute là que réside le problème et donc que se trouvent en partie de véritables réponses à la crise de la morale catholique.

Ainsi, au moment même où l’enseignement classique de la morale devait s’enrichir sous la conduite de l’autorité de l’Église pour faire face à un contexte de plus en plus difficile et hostile, dans une société de plus en plus opposée à la morale chrétienne, au moment même où l’autorité de la morale s’affaiblit, sa voix devient incohérente et inaudible, il a été dénigré et méprisé puis détruit sans qu’un autre enseignement ne soit prévu pour affermir la formation des prêtes et instruire les fidèles,. La situation était trop belle pour ceux qui refusaient la conception de la morale catholique. C’est ainsi que dans les séminaires, s’est développé en toute impunité un processus « préparé de longue date et toujours en cours de réalisation, de la liquidation de la conception chrétienne de la morale […], marquée par un radicalisme sans précédent au cours des années 1960. »[8]

Épilogue

Aujourd’hui, nous arrivons donc à des aberrations morales scandaleuses. Nous pouvons ainsi lire dans des forums dits catholiques, qu’une catholique ne considère pas la sodomie comme un péché si elle contribue à faire développer l’amour avec son époux. Non seulement sa position est approuvée par d’autres mais elle a eu une confirmation de la part d’un confesseur catholique selon ses propos ! Nous retrouvons dans ses paroles toute l’erreur que Jean-Paul II a dénoncée dans son encyclique Veritatis Splendor. C’est surtout oublié les avertissements très clairs de Saint Paul et finalement les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ.

« La volonté de Dieu, c’est votre sanctification, c’est que vous vous absteniez de la fornication, que chacun de vous sache posséder son corps saintement et honnêtement » (Saint Paul, Épître aux Thessaloniciens, IV) car « sachez-le bien, aucun fornicateur n’a d’héritage dans le royaume du Christ. » » (Saint Paul, Épître aux Éphésiens, IV)…



Notes et références

[1] Voir Émeraude, mars 2020, article « La crise de la morale chrétienne : un constat amer et douloureux ».
[2] Voir Émeraude, avril 2020, article « Une crise qui révèle une autre, plus profonde ». Nous le constatons encore dans les décisions prises actuellement (IVG et euthanasie facilitées).
[3] Voir Pope Emeritus Benedict breaks silence on abuse crisis : full text, Benoît XVI, 10 avril 2019, Life Site News, lifesitenews.com, traduit sur le blog lebogdejeannesmits.blogspot.com.
[4] Précis de théologie morale catholique, 1934, R. P. Héribert Jone, traduit de l’allemand par l’abbé M. Gautier.
[5] Cardinal Gousset, Théologie morale à l’usage des curés et des confesseurs, Avis, Tome I, 9e édition, librairies J. Lecoffre et cies, 1853.
[6] John A. McHugh, Charles J. Callan, Théologie morale, Préface, 1959, révision par le père Edwards P. Farrel, trad. jesusmarie.fee.fr, 2016.
[7] OP Servais Pinckaers, L'Évangile et la morale, dans Études d'éthiques chrétiennes,  éditions universitaires de Fribourg, Suisse, édition du Cerf, Paris, 2ème édition, 1991.
8] Benoît XVI, Pope Emeritus Benedict breaks silence on abuse crisis : full text, 10 avril 2019, Life Site News, lifesitenews.com, traduit sur le blog lebogdejeannesmits.blogspot.com.

samedi 18 avril 2020

Une crise qui révèle une autre, plus profonde


La peste d'Elliant, 1849, Duveau Louis-Jean-Noël,
Huile sur toile, musée de Quimper 



Aujourd’hui, le monde tremble devant un virus. La société est ébranlée dans son corps. Ses fondements vacillent. Elle craint, à juste titre, revivre les pires moments de son passé. Les plus clairvoyants frémissent devant l’avenir qui leur paraît bien plus sombre encore tant l’horizon annonce une tempête terrifiante. Les États n’ont pas d’autres solutions que de se cloisonner et de cesser toute activité non essentielle, conduisant alors étrangement à une récession économique, comme si finalement l’économie ne vivait que par nos vanités et nos illusions. C’est ainsi que pour combattre le virus, nous risquons de faire entrer l’humanité dans un enchaînement de malheurs. Cette maladie furieuse ne serait-elle qu’une première plaie pour que l’homme se réveille de son sommeil ? Vanité des vanités, tout n’est que vanité. La Sainte Écriture est d’une actualité saisissante.

Une crise aux terribles leçons

De nos jours, le moindre événement riche en émotions soulève une tempête extraordinaire aux conséquences insoupçonnables. Les moyens modernes de communication multiplient sa résonnance et accroissent l’agitation. Un peuple vit et s’agite ainsi selon le mouvement de son cœur, selon la succession des larmes, des colères ou des joies. Sans attendre, des décisions sont prises, espérant que demain sera différent d’hier. Finalement, seuls les coups de tonnerre semblent le faire réagir comme un enfant, ne pensant guère au lendemain. Est-il possible encore de construire un avenir solide au gré des événements ? Songeons-nous même à édifier une société ? Faut-il vraiment provoquer un mouvement violent ou une crise pour que le corps réagisse ?

« Nous avons laissé endormi et abandonné ce qui alimente, soutien et donne force à notre vie ainsi qu’à notre communauté. La tempête révèle toutes les intentions d’emballer et d’oublier ce qui a nourri l’âme de nos peuples, tous ces tentatives d’anesthésier avec des habitudes apparemment salvatrices, incapable s de faire appel à nos racines et d’évoque la mémoire de nos anciens, en nous privant ainsi de l’immunité nécessaire pour affronter l’adversité. »[1]

Pouvons-nous être surpris de ces crises successives qui s’abattent sur notre société de plus en plus violemment quand celle-ci a rejeté d’une simple geste de mépris et d’arrogance toute la richesse de notre histoire ? Sans piliers enfoncés dans une terre solide, sans fondement établi selon un art éprouvé par le temps et les hommes, l’agir n’est plus qu’agitation au gré des émotions et des passions devant les épreuves qui viennent ébranler notre existence superficielle. Nous ressemblons forts à des vieillards qui ont perdu toute mémoire ou encore au célèbre voyageur sans bagage…

Nos vulnérabilités

Certes, nous avons recours à des experts dont la science est sans-doute supérieure à nos aînés pour qu’ils trouvent des remèdes à nos maux mais faut-il laisser notre espérance dans les seules mains des spécialistes, qui, par définition, demeurent confinés dans leur savoir sans avoir l’étendue nécessaire du problème et de ses conséquences ? Connaissent-ils vraiment la sagesse dans toute sa largeur ? S’ils peuvent contribuer à comprendre et à apaiser le vent tumultueux de la tempête, ils ne peuvent à eux-seuls parvenir au retour du calme. Quel drame aujourd’hui de diriger des hommes à la seule lumière des spécialistes et même de la science ? Mais que peuvent-ils faire d’autres puisqu’ils se sont privés de l’aide précieuse de la mémoire de leurs aînés ?


« La tempête démasque notre vulnérabilités et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités »[1]. Devant la maladie, la menace de la mort, toute la vanité du monde se démasque. Pour celui qui est éprouvé par la souffrance et la misère, son âme est plus docile à la lumière. Le monde de confort dans laquelle elle a été enfermée ne résiste pas aux réalités et à la clarté du jour. Non seulement, sa laideur et ses vices se montrent telles qu’elles sont mais les murs s’écroulent, son refuge s’évanouit, la laissant seule dans un monde de solitude dans lequel elle n’était pas préparée. L’épreuve est à la fois douloureuse et salvatrice.

Cependant, malheureuse serait l’âme si elle s’égare de nouveau dans l’illusion du bonheur. Dans notre monde multiculturel, soumis au règle de la tolérance et de l’égalité à tout crin, sans aucune censure ni interdit, l’âme délivrée risque de prendre un chemin qui s’avère finalement pire que le mal dont elle veut se soigner. Le risque de tomber dans les mains de marchands de rêves n’est pas négligeable. Subtiles et douces sont en effet leurs palabres, mielleuses leur voix. Nombreuses sont celles qui s’enferment dans leurs filets. Comment peuvent-elles échapper à leurs pièges quand aucune morale véritable ne la guide, quand elle est livrée à sa seule conscience, à sa seule raison ?

Pouvons-nous ne pas entendre les leçons que nous donnent les événements qui nous frappent et nous réveillent ? Ce sont en effet de terribles leçons rendues nécessaires par notre aveuglement qui vaut bien des discours et des raisonnements.

Retour à l’essentiel

Depuis trop longtemps, nos contemporains rejettent la morale chrétienne. Ils la jugent trop désuète, surannée, d’un autre temps ou encore trop exigeante, inapplicable, et finalement sans utilité. Certains d’entre eux, plus sévères, la repoussent comme la peste, la condamnant sans appel, ne voyant en elle qu’un outil d’asservissement et d’aliénation. D’autres, moins radicaux, tolèrent encore que l’Église soit consultée pour qu’elle contribuât, comme tant d’autres, aux résolutions des problèmes moraux de notre société, au même titre que les autres religions, toutefois avec discrétion et sans conviction. Au sein même de l’Église, certains de ses membres la refusent et la dissolvent dans une morale commune. C’est en fait la conception même de la vie chrétienne qui est ainsi rejetée.

Mais que peut bien faire une conscience livrée à elle-même dans de telles conditions ? Où peut-elle trouver sa force et sa lumière pour réagir dans le bien et le vrai ? Dans la philosophie ? Les systèmes philosophiques ont montré leur échec au cours de leur histoire. Certains contemporains n’hésitent pas pourtant à en appeler aux derniers courants philosophiques, croyant encore y trouver la pierre philosophale. Dans un optimisme béat ? Pouvons-nous encore faire confiance au monde dont l’esprit s’oppose à l’Église ? Les trente dernières années ne suffisent-elles donc pas pour en voir toute sa superficialité, sa volatilité et ses vanités ? Dans les moments d’épreuve, nous avons besoin d’une force solide et durable, capable de faire mouvoir la volonté, non pas de manière aveugle ou désordonnée, mais de manière sûre et éprouvée.

Conclusions

Le dévouement de Mgr de Belsunce 
durant la peste de Marseille en 1720,
Nicolas-André Monsiau (1754-1837)



La crise sanitaire que nous connaissons n’est pas la première et la plus terrible que l’humanité subit. Pourtant, en dépit de la peste ou d’autres épidémies plus terribles qui ont décimé bien des peuples, les assises de la société n’ont pas été aussi ébranlées qu’aujourd’hui. Sans-doute, est-ce une véritable et belle leçon pour son orgueil qui n’a cessé d’enfler. Mais pourquoi paraissent-elles si vacillantes de nos jours ? La société contemporaine a-t-elle encore des fondements ? N’avons-nous pas progressivement détruit, l’un après l’autre, les piliers qui la tenaient ? Dans le confinement, les maux sont hélas encore plus éclatants : famille déchirée, violence conjugale, enclaves de non-droit, etc. La solidarité qui apparaît ici et là ne cache pas la misère d’une société en déliquescence. Les milliers de milliards d’euros ou de dollars ne cessent subitement de pleuvoir. Les vanités du monde sont criantes. Que deviennent ses progrès technologiques et sociaux, les richesses et les fortunes individuelles ? Faut-il encore rire de la morale chrétienne après un tel désastre ?

La morale chrétienne n’est pas l’œuvre d’un jour ou d’un homme, encore moins d’un système philosophique. Si elle est vécue par des hommes, elle n’est pas née d’un homme. Si elle répond à la volonté divine, elle ne se retire pas dans un monde qui nous est étranger. Elle est authentiquement divine et humaine à la fois, divine par son origine et par la flamme qui la soutient, humaine par sa forme et sa diversité. Elle est née d’une foi qui au cours d’une histoire s’est développée. Cette histoire, il faut la rappeler, la méditer, s’en nourrir

La morale chrétienne ne se réduit ni à des manuels, aussi bons soient-ils, ni une bibliothèque, aussi vaste soit-elle. Elle se vit aussi de la liturgie, de la prière et de la vie des saints. Débordante, elle est présente là où réside la foi tant elle lui est inséparable. Elle est un tout. Elle est la vie du chrétien. Et comme toute vie, elle a une histoire, un trésor. Au temps de la peste, des cataclysmes ou des guerres, la société a tenu en raison de ses fondements, de son âme. Les cathédrales et les abbayes que nous admirons avec joie et fierté sont le reflet et le produit de cette vie nourrie et fortifiée par la morale chrétienne. L’âme d’une société, d’un peuple, d’une famille est à l’image de la morale qui la guide et la soutient. Combien d'épreuves faudra-t-il encore subir pour que nos contemporains abandonnent les marchands de rêve ?


Notes et références
[1] Pape François, Méditation lors de sa bénédiction Urbi et orbi, 27 mars 2020.


samedi 11 avril 2020

La crise de la morale chrétienne : un constat amer et douloureux


De nos jours, et de manière générale, la morale chrétienne n’intéresse guère nos contemporains. Les termes de conscience, devoir, vertu, ou de péché ne sont guère employés. Pour une grande partie de la population, ils sont bien désuets et même insupportables. Certains chrétiens hésiteraient même à les prononcer de peur d’effrayer leur interlocuteur ou d’être ridiculisés. La morale chrétienne fait ainsi fuir ou provoque des rires. Dans notre société moderne, du Big Data, du Cloud ou de l’Intelligence artificielle, elle paraisse d’une époque révolue. Pourtant, la crise sanitaire que nous subissons révèle d’une manière éclatante et tragique toute la superficialité de notre modernité, toutes nos vanités et nos faiblesses. De tels événements devraient nous faire réfléchir sur le sens de notre vie et donc sur ce que nous avons abandonné pour suivre des chimères…

De nos jours, la morale chrétienne n’influence plus guère notre société. Son effacement nous effraye. Sa disparition progressive soulève aussi bien des questions. A-t-elle encore un sens en notre siècle ? Cette perte d’influence est en fait révélateur d‘une crise non seulement au sein de la société mais surtout au sein de l’Église.

Il est vrai que le mépris que nos contemporains portent à l’encontre de la morale chrétienne n’est pas nouveau. Déjà, au XIXe siècle, nombreux sont ceux qui la remettent en question en raison de son inadaptation au temps moderne[1]. Dans sa volonté de laïciser la société, la troisième République a instauré une morale laïque, une morale sans Dieu. Il y a quelques années, suite aux différents attentats, le gouvernement a voulu restaurer son enseignement en matière de morale, un enseignement tombé en désuétude dans nos écoles. Mais il s’est heurté à une résistance forte du personnel de l’éducation nationale qui considère la morale « ringarde et désuète » ou encore « étrangère à l’école moderne »[2]. Pourtant, la réaction du gouvernement paraît pertinente. Elle est en effet partie d’un constat : la perte de relations sociales, de civisme et d’union nationale dans notre société, bref une dégradation de la morale sociale. La crise qui touche la morale chrétienne s’étend aussi sur toute moralité.

La crise qui affecte la morale chrétienne est différente des autres. Certes, elle nous touche et elle nous paraît très grave. Mais elle ne désigne pas seulement la décadence des comportements, la succession des scandales qui touchent toutes les classes sociales et les corps de métier ou encore la perte de valeurs morales. Elle affecte plutôt la moralité elle-même. C’est en effet une crise de la moralité, une crise qui atteint pleinement l’Église.

Or, lorsqu’il y a crise, généralement, il y a une remise en cause, voire une contestation de ce qui est enseigné et appliqué jusqu’alors. La crise enclenche en effet tout un processus qui provoque des changements et des innovations. Le changement de vocabulaire en est un exemple. Nous allons donc étudier la crise de la morale chrétienne. Commençons par le constat tel qu’il a été fait par des théologiens…

Une crise ancienne, toujours actuelle

La crise de la morale chrétienne est plutôt ancienne. Avant même la deuxième guerre mondiale, des théologiens moralistes catholiques sont déjà conscients de la nécessité de renouveler l’enseignement de la théologie morale. Puis, dans les années 50, des voix plus fortes s’élèvent pour « exiger un complet changement de paradigme morale au sein du catholicisme. »[3] Un congrès des moralistes chez les Pères dominicains de Huy réclame par exemple un renouvellement de l’enseignement de la théologie morale. Des livres [4] sur la nécessité de changement font aussi scandales. Tout un mouvement fait ainsi un constat terrible sur la situation, fustigeant l’archaïsme du catholicisme en matière de morale. « L’absence de pensée constructive est une des faiblesses du christianisme moderne… Toutes les conceptions nouvelles sont venues d’autres milieux et les chrétiens se sont bornés à réagir, soit sous forme d’opposition, en condamnant, soit sous forme d’essai d’adaptation. »[5]

C’est ainsi que le deuxième concile de Vatican prend en compte les difficultés que connaît l’Église dans l’ordre de la morale, notamment au travers de la constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps intitulé Gaudium et Spes. Ce document est une invitation à la rénovation de l’enseignement de la théologie morale.

Mais contrairement à l’optimisme qui gagne la majorité des catholiques, le concile ne clôt pas la crise. La situation s’est même empirée. C’est ainsi qu’après plusieurs avertissements de la part des papes, Jean-Paul II dénonce explicitement la crise par l’encyclique Veritatis Splendor [6]. Il est en effet dans l’obligation de « préciser certains aspects doctrinaux qui paraissent déterminants pour faire face à ce qui est sans aucun doute une véritable crise tant les difficultés entraînées sont graves pour la vie morale des fidèles, pour la communion dans l'Église et aussi pour une vie sociale juste et solidaire.»[7] Les mots sont aussi clairs que terribles. Il qualifie la crise de « la plus dangereuse qui puisse affecter l’homme »[8].

Enfin, en 2016, la crise morale fait éclater l’unité de gouvernement de l’Église. Quatre cardinaux rendent publique une lettre qu’il avait adressée au pape François pour exprimer leurs doutes sur l’exhortation apostolique Amoris Laetitia. Deux des questions posées portent sur la morale et font référence aux erreurs condamnées par l’encyclique Veritatis Splendor. L’affaire se poursuit l’année suivante par des lettres ouvertes aux évêques de l’Église catholique, écrite par des membres du clergé, des théologiens catholiques ou des laïcs, remettant de nouveau en cause l’orthodoxie de l’exhortation. Des discours provenant des autorités ecclésiastiques en matière de morale étonnent et scandalisent. De tels scandales reflètent plus qu’un malaise dans l’enseignement de la morale catholique. La crise n’est pas terminée…

Le signe révélateur du niveau de gravité de la crise

Monseigneur Philippe Delahaye (1912-1990), professeur de théologie morale, explique la crise par « la conjonction de l’ébranlement d’une civilisation et d’une carence étonnante de l’enseignement de la morale. » L’inadaptation de l’enseignement de la morale est à l’origine de nombreuses accusations. Plus récemment, comme la morale catholique ne satisfait plus les besoins de la société contemporaine, un autre théologien remet en question son existence même. Il dénonce en effet la perte de signification du christianisme, et de manière générale la religion, pour les questions essentielles que l’homme moderne se pose. « Ce qui est mis en cause, c’est la relation entre la tradition chrétienne et la culture contemporaine, entre l’Église et le monde, entre croire et savoir, c’est-à-dire la signification de la religion dans la vie des hommes. »[9] Le christianisme serait donc devenu non seulement impuissant pour répondre aux besoins moraux de l’homme moderne mais la morale chrétienne aurait perdu aussi toute spécificité dans notre société. C’est bien son existence même qui est remise en cause. Telle est sans-doute le signe révélateur d’une crise que l’Église n’a jamais encore connue…

Quels constats ?

Écoutons les critiques les plus courantes portes sur l’enseignement de la morale. Le principal constat est donc l’inadaptation de l’enseignement de la théologie morale par rapport aux besoins de la société contemporaine. Les critiques portent de manière unanime sur les manuels qui servent de base à l’enseignement de la morale. Ils paraissent démodés, d’un autre âge, totalement obsolètes. Les découvertes scientifiques du XXe siècle les rendent peu crédibles. En outre, les discours de morale n’évoquent guère les sujets les plus brûlants de l’actualité comme les crises financières et politiques. Ils n’évoquent que des problèmes traditionnels, qui semblent bien éloignés des préoccupations de nos contemporains.

De plus, la morale chrétienne se réduit à « un code de péchés »[10], tout orienté vers le sacrement de pénitence. Elle se présente comme un ensemble de règles d’interdits et de devoirs, comme une liste de normes qu’il faut suivre. Au début du XXe siècle, elle apparaît ainsi comme une morale purement négative, oubliant tout l’aspect positif de l’enseignement catholique. « Longtemps et justement, on a reproché aux manuels de théologie morale leur préoccupation trop négative. Des deux parties de la justice chrétienne, fuir le mal et faire le bien, la première […] a trop prédominé. Au lieu de poser la question du bien à pratiquer, on s’est demandé trop exclusivement s’il y avait péché. »[11] La division classique de la morale selon les dix commandements est souvent critiquée. Ce constat, déjà présent au début du XXe siècle, semble encore d’actualité à la veille du deuxième concile de Vatican. « Voilà où nous en sommes aujourd’hui : la morale est réputée ennuyeuse et chagrine, alors qu’autrefois, elle soutenait les hommes dans la quête de la vie heureuse ! »[12]

En fait, érigée en science et forte d’un académisme élevé, la morale chrétienne apparaît comme une « morale désincarnée » que la raison seule établit. Elle ne puise guère ses enseignements dans la Sainte Écriture et la Sainte Tradition. Finalement, « elle se réduit, pour une grande partie, à une simple morale naturelle qui n’est pas dominée par une vision spécifiquement chrétienne. »[13] La morale chrétienne s’identifie, dans certains discours, à la loi naturelle, ce qui permet à certains penseurs de nier le caractère divin de la morale et de refuser toute compétence aux autorités ecclésiastiques. Au lieu de se nourrir de la Sainte Écriture, l’enseignement se tourne plutôt vers Aristote ou le droit. Les questions juridiques relevant du droit naturel y occupent une grande place. Les vertus théologales sont réservées à la théologie dogmatique. Si l’étude des vertus relève essentiellement de la philosophie, que devient alors la morale catholique ? « Comment voulez-vous que nous prenions pour chrétiens, ces enseignements moraux que vous avez grappillés partout ? »[14]

Le dénigrement de la morale classique

Mais comment pouvons-nous expliquer ce constat bien sévère ? Selon Delhaye [15], les morales religieuses sont en fait dénigrées. Vernon J. Bourke (1907-1998), philosophe thomiste, trouve qu’elles « manquent de base réflexive ou théorique » et « n’ont pas leur place dans cette histoire », c‘est-à-dire dans son Histoire de la morale.

Ce dénigrement peut provenir de l’engouement à l’égard des nouveaux courants philosophiques, ou au moins en être influencé, au sein même de l’enseignement de la morale, notamment le marxisme et surtout l’existentialisme, ou encore de l’attrait des sciences humaines, notamment la sociologie. Des théologiens y puisent en effet leur enseignement et cherchent à développer une morale à partir de ces nouvelles sources. Ils sont convaincus que celles-ci devraient définir l’agir humain. Delhaye cite Valsecchi ou encore J. Blank [16]. Selon ce dernier, la Sainte Écriture n’expose aucune norme morale. Certains en déduisent qu’il n’y a dans le Nouveau Testament aucune enseignement moral à prendre en compte. La morale que préconise la première communauté chrétienne n’a pas plus de valeur que le stoïcisme ou les autres systèmes philosophiques. Né dans les années 70, le sociologisme chrétien connaît encore aujourd’hui une grande influence.

Le rejet de l’enseignement classique de la morale

Pour résumer le constat que nous venons de décrire, prenons connaissance d’une instruction datée du 22 février 1976. Elle vient de la Congrégation pour l’éducation catholique. Nous pouvons lire que « la théologie morale a présenté quelquefois dans le passé une certaine étroitesse de vues et des lacunes : cela était dû pour une large part à un certain juridisme, à une orientation individualiste et au détachement des sources de la Révélation. »[17] Finalement, la solution préconisée est le rejet de l’enseignement traditionnel de la morale. Cette instruction reprend en fait l’état d’esprit qui régnait au sein du deuxième concile de Vatican. Des textes avaient été préparés pour encadrer les discussions. Un schéma préparatoire portait sur la morale. Il était intitulé De ordine morali christiano. Mais, les Pères conciliaires le rejettent comme tant d’autres en raison de son enseignement trop classique. Faire table rase de notre histoire, tel est l’état d’esprit de ce temps…

L’un des opposants à ce texte est le cardinal Léger (1904-1991). Il était membre de la commission centrale préparatoire du concile. Nous connaissons son avis sur le texte De ordine morali christiano par ses déclarations rendues publiques et par ses lettres publiées dans les années 90. Il déclare notamment lors du concile que la morale enseignée dans les séminaires n’était « ni principalement ni pleinement chrétienne ». Dans une lettre, il considère cet enseignement comme peu attrayant pour les non-chrétiens et présentant faussement l’Évangile. « À qui lit l’évangile, ce n’est pas ainsi qu’apparaît l’ordre moral chrétien. Les préoccupations dominantes de l’Évangile ne sont pas celles de ces schémas. »[18] Il en conclut que « le schéma sur l’ordre moral chrétien paraît non seulement incomplet, mais en un certain sens faux. »

Cardinal Léger
Comme les autres textes préparatoires, selon le cardinal, le schéma accroît l’abîme qui sépare l’Église et le monde, contrairement aux buts du concile tel qu’il a été exprimé par le pape Jean XXII. « L’attitude d’esprit que révèlent ces schémas, si elle était comme sanctionnée par le concile creuserait plus profond encore l’abîme qui sépare déjà certains enseignement dans l’Église de la pensée vivante de notre temps. » Ce texte lui apparaît trop méprisant à l’égard de nos contemporains et de ne pas prendre en considération leurs inquiétudes comme leur apports qui sont « de vraies richesses » d’« authentiques enrichissements ». C’est alors qu’il demande de « présenter d’une façon tout autre l’ordre moral chrétien » et prendre en compte « du progrès de la réflexion philosophique et théologique ». Il demande d’« assimiler » ses apports, de les « perfectionner » et de les féconder « par l’apport de la pensée chrétienne ». Ces apports brisent en fait l’assurance des « affirmations massives et trop dépourvues de nuances sur l’objectivité et le caractère absolu de nos connaissance ». Parmi ces apports, il note une prise de conscience de l’évolution et de l’histoire. C’est pourquoi l’enseignement doit distinguer ce qui relève de l’immuable et de l’irréformable et ce qui appartient à l’histoire. Cela conduit à différencier « l’absolu du relatif »[19], l’« universel et l’intemporel »[20]. En clair, l’Église doit se montrer plus modeste dans son enseignement. Elle doit être consciente « des limites exactes dans lesquelles l’Église a compétence pour se prononcer. »

Le cardinal Léger considère donc que les schémas manifestent une attitude inefficace et impropre à sa mission dans un monde qui a profondément évolué. Son enseignement purement négatif et défensif conduit à son retranchement et par conséquent à une paresse intellectuelle, à une pauvreté et à un manque d’attractivité. Il consiste en un rappel de formules que le monde ne sait plus entendre. Le cardinal Léger propose alors de renouveler les formulations afin que celles-ci soient proportionnelles « au génie propre de chaque génération de l’histoire et de chaque famille des peuples. ». La manière de s’exprimer doit en outre être portée par la sollicitude et l’attention au monde contemporain.

Le deuxième concile de Vatican : une morale à construire

Le deuxième concile de Vatican rejette le schéma De ordine morali christiano. Mais chose surprenante, il n’élabore aucun texte spécifique sur la morale. Celle-ci est en fait disséminée au travers de quelques documents.

Cérémonie inaugurale, concile Vatican-II,
11 octobre 1962
Cependant, la constitution connue sous le nom de Gaudium et Spes sur l’Église dans le monde de ce temps porte sur les valeurs contemporaines et sur la morale chrétienne qui les purifie et les élève. Le ton est plutôt amical, généreux, attentif aux besoins de nos contemporains. Il « offre au genre humain la collaboration sincère de l’Église pour l’instauration d’une fraternité universelle qui réponde à cette vocation »[21]. La constitution semble ainsi apporter une réflexion morale au monde. Il est profondément pastoral. Elle informe et présente en effet sa doctrine de manière confiante dans la perspective de l’histoire du salut. Elle éclaire et ne condamne pas.


Tout un chapitre est dédié à la dignité humaine. Le paragraphe n°16 traite du rôle de la conscience morale, une sorte de lieu où Dieu parle à l’homme de façon intime. C’est un « sanctuaire où il est seul avec Dieu et où Sa voix se fait entendre. »[22] Une loi de Dieu est inscrite dans son cœur. Les hommes doivent alors être fidèles à leur conscience. Plus la consciente droite l’emporte, plus les hommes et les sociétés tendent à se conformer « aux normes objectives de la moralité ». Cependant, la conscience peut s’égarer en raison d’une « ignorance invincible », de l’habitude du péché ou de l’insouciance humaine.

Notons que cette présentation est fortement liée à la situation contemporaine. Quand elle traite du mariage ou de la culture, elle décrit en effet les valeurs dans le monde d’aujourd’hui à partir des faits actuels, c’est-à-dire des sciences humaines, mais également à la lumière du Saint Esprit sous l’autorité du Magistère.

En fait, « la question morale n’était pas au centre de la préoccupation des Pères du Concile, dont le souci majeur était la compréhension et l’identité de l’Église. »[23] Ils n’ont pas estimé « la réflexion suffisamment mûre en matière de morale »[24]. Néanmoins, la constitution Gaudium et Spes ouvre une nouvelle ère dans la théologie morale qui reste toutefois à construire.

Une nouvelle démarche

Un autre texte conciliaire est aussi à prendre en compte. Il s’agit du décret portant sur la formation du prêtre, intitulé Optatam totius ecclesia renovationem. Le concile y invite les théologiens à « moderniser » l’enseignement de la morale en s’inspirant davantage de la Sainte Écriture. Le décret demande qu’« on s’appliquera, avec soin spécial, à perfectionner la théologie morale dont la présentation scientifique, plus nourrie de la doctrine de la Sainte Écriture, mettre en lumière la grandeur de la vocation des fidèles dans le Christ et leur obligation de porter du fruit dans la charité pour la vie du monde. »[25] La Congrégation pour l’éducation catholique précise les intentions conciliaires. La théologie morale doit se construire « en contact avec la Sainte Écriture et la Tradition, reçue par la foi et interprétée par le Magistère, en référence à la loi naturelle connue par la raison ». Elle demande de relier la théologie morale avec la théologie dogmatique conformément aux leçons de Saint Thomas d’Aquin.

Ainsi, le deuxième concile de Vatican rejette l’enseignement classique de la morale tout en proposant une nouvelle démarche qui doit aboutir à une nouvelle théologie morale. Il en trace surtout le chemin par la forme de ses constitutions, plus pastorales et moins directives, en donnant à la conscience un rôle déterminant, en présentant la doctrine au sein de l’histoire du salut et dans le contexte de l’époque, en demandant à tous les chrétiens de collaborer avec les bonnes volontés pour résoudre les problèmes moraux de l’époque. La place attribuée aux commandements divins, aux normes objectifs, aux interdits et aux devoirs demeure très faible.

Conclusions

Depuis un siècle au moins, l’enseignement classique de la morale a fait l’objet de critiques de plus en plus vives. On lui reproche de ne plus répondre aux besoins de nos contemporains, d’être peu attrayants, trop rationnels et de se focaliser sur des normes. Finalement, il est devenu bien difficile de percevoir dans cette morale toute la spécificité du christianisme. Un changement est en fait devenu nécessaire. Cependant, les tentatives de reconstruire un nouvel enseignement de la théologie morale ont échoué, pire, elles ont aggravé la crise morale.

Le deuxième concile de Vatican répond à ces reproches en instaurant une autre manière de présenter la morale chrétienne et en demandant formellement de développer un nouvel enseignement en matière morale. Un décret autorise l’élaboration d’une nouvelle théologie. La piste ainsi ouverte par de bonnes intentions s’est avérée néanmoins dangereuse. Nous oserions même dire que le concile a ouvert la boîte de Pandore…

Trente plus tard, l’encyclique Veritatis Splendor change radicalement de ton. Certaines innovations sont dénoncées. Jean-Paul II ose condamner des tendances théologiques et rappelle la nécessité d’une théologie morale fidèle à la vérité de la foi. En 2019, le pape émérite Benoît XVI précise avec clarté qu’il est impossible de fonder une morale dans un monde d’où Dieu est absent et qu’il existe des actes intrinsèquement bons et mauvais.

Le ton a radicalement changé. Nous sommes bien éloignés des objectifs des Pères conciliaires. Non seulement, la morale chrétienne a perdu encore de l’influence dans notre société mais au sein même de l’Église, le danger s’est accru par l’affirmation d’erreurs théologiques et par des scandales de plus en plus insupportables.

Les fidèles sont même encore plus divisés. Les réactions à l’encyclique Veritatis Splendor et aux discours pontificaux sur les interdits en matière morale sont symptomatiques. Qu’un pape ose dire que l’avortement et l’homosexualité sont des péchés et de nombreuses voix catholiques osent s’offusquer et critiquent parfois violemment de tels propos ! Le terme de « péché » est devenu inacceptable pour une catégorie de chrétiens. La contestation devient grave et dramatique avec la déclaration de Cologne du 5 janvier 1989, signée par quinze professeurs catholiques de théologie. Le Magistère de l’Église ainsi que son enseignement sont publiquement en remis en cause en matière de morale. L’échec est flagrant. La crise touche désormais l’autorité. De même, les tentatives de fonder une morale uniquement à partir de la Sainte Écriture ont échoué comme nous l’apprend encore le pape émérite Benoît XVI [26]. Ce dernier en explique la raison dans un processus, « préparé de longue date et toujours en cours de réalisation, de la liquidation de la conception chrétienne de la morale […], marquée par un radicalisme sans précédent au cours des années 1960. » Liquidation de la morale chrétienne…

Mais l’échec face à une telle crise, si profonde et dévastatrice, peut-il surprendre quand depuis le deuxième concile de Vatican, les autorités religieuses ont voulu rapprocher l’Église et le monde, oubliant dans un optimisme béat que ce monde refuse la présence de Dieu ? Le concile a-t-il oublié que dans une crise, il faut savoir tenir ses positions, soutenir les fidèles et condamner les erreurs. Ce n’était pas un temps pour ouvrir l’Église au monde et pour se désarmer ! L’enseignement nécessitait un renouvellement urgent mais non une révolution en un moment si dangereux et si propice à l’erreur et aux tendances si dangereuses
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Notes et références
[1] Voir Émeraude, mars 2020, article « La morale sans Dieu selon la Libre-pensée ».
[2] Mélissa Musiat, L’instruction morale : comment aborde-t-on la morale dans les classes de primaire de la région Centre ? , Mémoire de recherche, IUFM Centre Val de Loire, pour obtenir le diplôme de Master Métiers de l’Éducation, de l’Enseignement et de la Formation et de l’Accompagnement, éducation, 2013, dumas.ccsd.cnrs.fr.
[3] Sylvio Hermann de Franceschi, La théologie morale catholique et ses critiques dans l’entre-deux-guerres. Situation au temps de la formation du dominicain Jean Tonneau (1903-1991), moraliste du Saulchoir, 2016/3 n°290, https://cairn.info.
[4] Nous pouvons citer L’enseignement de la morale chrétienne de J. Leclercq, publié en 1950.
[5] J. Leclercq, L’enseignement de la morale chrétienne, collection Les livres des prêtres, éditions du Vitrail, 1950, dans Revue philosophique de Louvain, année 1950, n°18, www.persee.fr.
[6] Voir Émeraude, mars 2020, article « La crise de la morale chrétienne : Veritatis Splendor ».
[7] Jean-Paul II, Veritatis Splendor, n°5, 6 août 1993, Libreria Éditrice Vaticana, vatican.va.
[8] Jean-Paul II, Veritatis Splendor, n°93.
[9] Karl Wilhelm Merks, Morale et religion, Revue d’éthique et de théologie morale, 2008/1, n°248, édition du Cerf, https://www.cairn.info.
[10] J. Leclercq, L’enseignement de la morale chrétienne.
[11] P. Vermeersh, Soixante ans de théologie morale, III, 3, dans Nouvelle Revue théologique, 56 n°10, 1929, https://www/nrt.be, 2020.
[12] P. Tonneau, La théologie morale à l’heure du concile, archive de la province dominicaine de France.
[13] J. Leclercq, L’enseignement de la morale chrétienne.
[14] Question que des élèves posent à leur professeur et futur Mgr P. Delhaye. Voir La mise en cause de la spécificité de la morale chrétienne. Étude de quelques prises de position récentes et réflexions critiques, Ph Delhaye, dans Revue idéologique de Louvain, année 1973, 4-3, www.persee.fr.
[15] Voir La mise en cause de la spécificité de la morale chrétienne. Étude de quelques prises de position récentes et réflexions critiques, Ph Delhaye.
[16] Voir J. Blank, Normes éthiques et Nouveau Testament, Concilium 25, 1967.
[17] Congrégation pour l’Éducation catholique, Document sur la formation théologique des futurs prêtres, 22 février 1976, dans La Morale catholique, Servais Pinckaers, éditions Cerf, 1991.
[18] Cardinal Léger, Jugement sur les schémas De Deposito fidei pure custodiendo et du De Ordine morali christiano dans Les réactions du cardinal Léger à la préparation de Vatican II, Gilles Routhier, dans Revue d’histoire de l’Église de France, tome 80, n°205, 1994, www.persee.fr.
[19] Cardinal Léger, supplique au pape Jean XXII.
[20] Cardinal Léger, supplique au pape Jean XXII.
[21] Constitution pastorale Gaudium et Spes, sur l’Église dans le monde de ce temps, avant-propos, n°2 , 7 décembre 1965, trad. élaborée par les soins de l’épiscopat français, 2001,édition Fides.
[22] Gaudium et Spes, n°16.
[23] Alain Thomasset, La théologie morale comme triple herméneutique, dans Revue d’éthique et de théologie morale, 2006/4, n°242, www.cairn.info.
[24] Alain Thomasset, La théologie morale comme triple herméneutique.
[25] Paul VI, Décret Optatam totius ecclesia renovationem sur la formation des prêtres, n°15, 28 octobre 1965, vatican.va.
[26] Voir Pope Emeritus Benedict breaks silence on abuse crisis : full text, Benoît XVI, 10 avril 2019, Life Site News, lifesitenews.com, traduit sur le blog lebogdejeannesmits.blogspot.com.