" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 29 août 2020

Le culte du bien-être : syndrome, obsession, narcissisme. Réalité de l'égoïsme et du solipsisme de l'homme moderne.

De manière répétée, sur les panneaux d’affichage, dans les magazines ou les spots vidéo, de nombreuses publicités nous proposent de satisfaire les besoins de notre corps et de notre esprit pour contribuer à notre bien-être, à notre épanouissement ou encore à notre bonheur : séjour de détente, salon de bien-être, massage, conseils nutritionnel, exercice physique, produits de beauté, séance de relaxation et de méditation, … Le bien-être est aussi devenu une préoccupation du monde du travail. « Se préoccuper du bien-être de ses salariés n’est […] plus une option : c’est une nécessité ! »
[1] Et comme nous l’avons noté dans notre précédent article, il est aussi au centre de la médecine. Finalement, le bien-être est devenu la finalité de toute chose, ou dit autrement un « impératif absolu »[2], se substituant ainsi au bonheur. Comme bien d’autres avant nous, nous pouvons même parler de « culte du bien-être ».

Mais cette quête du bien-être ne serait-elle pas plutôt un nouveau mirage que fait naître notre société de consommation et tous ceux qui espèrent en retirer un profit ? Il fait en effet l’objet de sévères et pertinentes critiques comme le montrent deux ouvrages récents qui remettent en cause ce qui paraît devenir la norme dans notre société moderne. En fait, le mal comme la critique sont plus anciens comme le montre notamment le sociologue Christopher Lasch dans les années 80. Il est donc intéressant de les entendre et d’élargir ainsi notre réflexion sur ce sujet si important.

Le syndrome du bien-être

Publié en 2016, le livre intitulé Le syndrome du bien-être [3] constate les méfaits que provoque l’incessante recherche du bien-être chez les « zélateurs du bien-être » à partir de leurs analyses comportementales. Ses auteurs, professeur et enseignant chercheur suédois et néozélandais, étudient en effet des personnes obsédées par la recherche de leur équilibre ou de leur épanouissement. Ils visent en particulier deux obsessions, l’une portée sur l’alimentation[4], l’autre sur la mesure incessante de leurs performances et activités au moyen de gadgets et d’applications numériques[5]. Leur existence est en fait rythmée par des objectifs et des engagements qui, s’ils ne sont pas atteints ou tenus, créent en eux un sentiment de culpabilité, un renfermement, une anxiété et une image défaillante d’eux-mêmes, et finalement un sentiment de mal-être. Ils expliquent tous ces maux par la recherche obsessionnelle du plaisir et l’écoute maladive du corps et de la santé.

Leur constat est clair. L’« obligation d’être heureux », de s’occuper de soi, de son alimentation et de son corps, confine à la paranoïa. « Le bien-être n’apparaît plus comme un idéal auquel nous pouvons librement choisir d’aspirer, mais bien comme un impératif moral qui a fini par se retourner contre nous. »[6] Tout comportement déviant fait alors l’objet d’accusation. Le fait de fumer, de manger gras et sucré, de ne pas faire d’exercices physiques ou d’être triste, pessimiste, insatisfait sont considérés comme des fautes morales. Le monde est ainsi séparé entre ceux qui se comportent bien avec eux-mêmes et les autres. C’est en fonction de ce bien-être que les autres sont ainsi jugés.

Après ce constat, les auteurs présentent les profondes causes de ce phénomène. « Le syndrome du bien-être résulte pour une grande part de la croyance selon laquelle nous sommes des individus autonomes, forts et résolus, qui devons-nous efforcer de nous perfectionner sans relâche. Or c’est précisément le fait d’entretenir cette croyance qui entraîne l’émergence de sentiments de culpabilité et d’angoisse. » Les « zélateurs du bien-être » se considèrent ainsi responsables de tout ce qu’ils font, croyant que tout repose sur eux. Tout devrait finalement se plier à leur volonté puisque l’unité de valeur est eux-mêmes. C’est le propre de l’individualisme

Mais d’où vient cette volonté de vouloir toujours se parfaire comme si nous n’avions pas de limites ?

L’obsession du bien-être

Un second ouvrage[7] dénonce à son tour l’emprise de l’impératif de santé physique et mentale sur toutes les sphères de la société. L’auteur, Benoît Heilbrunn, philosophe et sémiologue, professeur de marketing, considère que le bien-être est devenu « la marchandise principale de la société », une marchandise que « nous vend la société de consommation ». Il dénonce alors l’idéologie du « welfare state », c’est-à-dire de la société vouée au bien-être, ou dit autrement de la société de providence.

Benoît Heilbrunn présente cet impératif du bien-être, « représentatif de notre époque », comme relevant « d’une mutation anthropologique fondamentale des sociétés occidentales ». L’auteur trouve d’abord ses causes dans la nouvelle définition de la santé que nous trouvons dans le préambule à la Constitution de l’Organisation mondiale de la santé, que nous avons déjà évoqué dans notre article précédent[8], définition qui élargie considérablement le périmètre de la santé en rupture avec une conception biologique plus traditionnelle.

Selon l’auteur, cette situation s’explique aussi par une conception de la société qui s’est développée depuis le XVIIIe siècle, c’est-à-dire par le projet des « philosophes des Lumières », qui ont voulu bâtir une nouvelle ère en reliant le bonheur à la liberté. Leur ambition est alors double : la plénitude par le progrès technique, assimilée alors au progrès moral, et l’égalité, ce qui a finalement conduit à la naissance d’un nouveau droit, le droit au confort matériel et psychologique et à la consommation au point qu’ils caractérisent désormais l’homme contemporain et sa société. Mais, le projet des Lumières a échoué. Nous ne sommes pas plus heureux que nos aînés. Conscient de cet échec, la société a alors offert à l’individu un « avatar » du bonheur, c’est-à-dire le bien-être.

S’est ajoutée à cette quête une « orientalisation de la société », qui s’illustre notamment par le développement d’un yoga vidé de sa spiritualité. Nous pourrions néanmoins rajouter que les « bonzes » se sont développés dans les vitrines et les jardins, signes d’un développement évident du bouddhisme dans notre société...

Enfin, bien au fait du mercantilisme, l’auteur montre comment la société marchande a modifié nos perceptions par des stéréotypes qui envahissent notre quotidien, des clichés sensoriels, entretenant volontairement la confusion entre bonheur et bien-être.

La conclusion est alors évidente : « l’obsession du bien-être traduit une logique solipsiste, sensorielle et, finalement égoïste de l’existence humaine. » Le solipsisme[9] désigne une « conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante dont on soit sûr. »[10] Ce n’est donc pas de l’individualisme mais plutôt de l’égocentrisme

 « C’est un état centré sur ses sensations propres et qui est en lui-même sa propre fin. » Benoît Heilbrunn présente alors ce culte du bien-être comme un phénomène rétractif, qui intériorise et isole l’individu, l’éloignant de la pensée d’autrui et de toute joie collective.

Enfin, toujours selon l’auteur, la quête du bien-être est au cœur d’une idéologie qui menace notre liberté en nous endormant dans le prétendu confort qu’elle promeut. Dans un entretien, Benoît Heilbrunn dénonce le marketing qui est l’instrument de cette idéologie. « C'est une technologie surpuissante qui fait miroiter la félicité aux individus, tout en leur montrant en permanence qu'ils ne sont pas heureux car non conformes à ce qu'il faudrait être ou ce qu'ils voudraient être. Le marketing est cette mécanique insidieuse qui fragilise psychologiquement les individus en leur signifiant en permanence un écart entre une situation désirée et leur condition réelle d'existence. »[11] Cet écart entre ce qui est désiré et réalisé, sources d’insatisfaction profonde et d’émotions, est en fait le moteur essentiel de la consommation. En présentant le bien-être comme une finalité à la place d’un bonheur inaccessible, la société peut alors vendre du plaisir. Le bien-être est ainsi devenu une marchandise à vendre…L’auteur soutient alors « l'idée que le bien-être est devenu la marchandise iconique d'un capitalisme émotionnel qui a définitivement renoncé au bonheur comme horizon et comme projet de société. »

Toujours selon Benoît Heilbrunn, la société de consommation est encore plus perfide. Elle présente en effet l’économie du bien-être comme de l’individualisme quand ce n’est en définitif que de l’égoïsme. Toute une rhétorique est ainsi déployée pour nous faire croire à cette nouvelle illusion.

L’ouvrage montre donc que la quête du bien-être est une invention du capitalisme destinée à vendre du plaisir et à faire fonctionner la société de consommation.

Cependant, pouvons-nous raisonnablement limiter ce sujet au seul aspect commercial ?

Le narcissisme contemporain

Ces deux ouvrages qui dénoncent les mensonges ou le mythe du bien-être et dévoilent ses méfaits dans nos sociétés occidentales tout en décrivant ses causes et ses origines s’appuient en particulier sur des études anciennes, notamment américaines. S’ils décrivent une réalité que nous percevons aussi, ils n’innovent guère. En effet, bien que le culte du bien-être paraisse nouveau, leur thèse n’est pas innovante.

Revenons environ quarante ans en arrière. Christopher Lasch (1932-1994), sociologue et historien américain, étudie déjà la personnalité américaine qu’il décrit comme centrée sur elle-même. Il critique en effet « la société thérapeutique » et « le narcissisme contemporains »[12]. En dépit de sa vision d’inspiration marxiste et freudienne, ses critiques méritent que nous nous y attardions. Elles paraissent en effet d’une étonnante pertinence.

Christopher Lasch critique sévèrement la démocratisation de la culture qui est en fait une culture de masse. Elle permet de l’uniformiser en éliminant tout particularisme et de manipuler les citoyens. La connaissance, autrefois limitée à une élite, est désormais accessible à tous, et en surabondance, sans effort de compréhension ou d’expériences préalables. Nous pourrions aussi rajouter que l’usage en masse d’équipements informatiques de grandes performances et l’accès à l’Internet par tous, y compris par des enfants de plus en plus jeunes, ne fait qu’accentuer ce phénomène. Nous en constatons les effets malheureux que cela génère presque quotidiennement.

En outre, la modernité, qui est alors tant prônée dans la société contemporaine, exclut toute forme de tradition et coupe à l’individu toute racine avec son histoire. Il ne s’agit plus pour lui que de vivre dans l’instant, dans un éternel présent, sans continuité avec l’histoire, sans passer ni avenir. L’individu perd alors la notion d’appartenir à une « succession de générations qui, nées dans le passé, s’étendent vers le futur », ce qui conduit à perdre tout intérêt dans l’avenir et à ne plus prendre en compte la sagesse accumulée par les âges. Nous pourrions penser que l’individu ne pense en fait qu’à rester jeune et à le paraître. Mais Christopher Lasch y voit plutôt la manifestation du culte du moi. Dans cette culture du présent, ou encore de l’immédiateté, l’individu ne recherche en effet qu’à se satisfaire à l’instant présent. Le bien-être ou « l’hédonisme de l’instant »[13] est ainsi devenu sa priorité.

Notons qu’il constate aussi le déclin de la famille en raison d’un contrôle médical, social et étatique de plus en plus grande. L’État s’immisce davantage dans la famille, lui enlevant peu à peu ses droits sous couvert de progrès morale ou de protection sociale. L’auteur note aussi un transfert de compétences entre les parents et les éducateurs, seuls désormais prétendus capables d’inculquer à leurs enfants une morale et une éducation dignes de ce nom. Cette situation fait alors croître le surmoi de l’individu par son émancipation tout en le rendant plus soumis à d’autres « patriarches », tels que la publicité, les entreprises et l’État. L’auteur revient longuement sur les méfaits de la publicité qui crée dans l’individu du mépris et du dénigrement de soi en raison de l’état d’insatisfaction qu’elle développe en lui.

Or, de tels changements de l’individu et de son cadre social ne sont pas sans conséquence sur son psychisme. Pour se défendre contre les tensions qu’ils créent, il en vient à se replier sur lui-même et donc à développer son narcissisme, que l’auteur considère en effet comme « une défense contre des pulsions agressives plutôt qu’un amour de soi ».

Lasch décrit finalement une société centrée sur le moi, dans lequel la recherche du plaisir est l’activité centrale, et donc une société marquée par un fort désir de paraître. L’individu n’agit plus que selon ses intérêts, y compris dans la sexualité, où les hommes et les femmes ne sont que des objets d’échanges, réduits à leur organe sexuel. Ancré dans le présent, sans passé ni avenir, tout n’est que finalement superficialité, y compris dans les relations personnelles. Dans ses activités, il cherche plus à être crédible qu’à être authentique ou vrai, c’est-à-dire à produire de l’impression sur les autres. Son objectif est de plaire, d’attirer sur soi l’attention des autres, de projeter une image plaisante. Dans cette théâtralisation de la vie quotidienne, chacun s’examine soi-même, anxieux, cherchant la moindre défaillance ou au contraire des signes de santé. Tout cela manifeste en fait « une emprise croissante de la conscience de soi », « une conscience exacerbée et critique de soi ». Le narcissisme ainsi développé s’apparente au solipsisme.

Lasch désigne de nombreux responsables de la situation, notamment l’État et sa bureaucratie, les systèmes de santé et le capitalisme, mais surtout les élites dirigeantes gagnées par un double libéralisme ou encore par un mariage entre les libéralismes économiques et sociaux ou libertaire. Celui-ci ni ne connaît plus ni limite ni entrave auprès des élites qui ne songent qu’aux possibilités illimitées que peut leur offrir le monde. Tout ce qui résiste au contrôle de l’homme doit alors disparaître. La chute de l’influence de la religion les a favorisés dans leur dessein. L’élite est même convaincue de la construction sociale de la réalité, « dogme central de la pensée postmoderne ». Rien ne peut arrêter leur chimère.

La vision de Lasch, surtout fondée sur des théories psychanalytiques, est d’une surprenante lucidité, même si ses justifications méritent de réelles précautions, notamment à l’égard de la religion, vue sous l’unique approche psychologique et freudienne. En outre, s’il explique le « narcissisme contemporain » par des faits actuels, qui favorisent l’exacerbation de la conscience de soi, il n’explique pas son origine ou sa cause.

Un individu centré sur l’instant et sur lui-même

Le bien-être n’est pas une mauvaise préoccupation en soi si elle n’est pas la principale ou encore la seule finalité de l’existence. Or, comme le constatent notamment des sociologues et des psychanalystes, la société actuelle a mis au cœur de ses maximes un véritable culte au bien-être. Le système politique et économique qui la dirige exacerbent l’individualisme de chacun au point que chaque individu se replie sur lui-même, ne se souciant plus guère de ses voisins, ne voyant finalement tout qu’au travers de son moi. Il ne s’agit plus alors d’individualisme comme nous le croyons mais d’un véritable égoïsme ou encore de solipsisme. Des ouvrages récents font un constat amer de la situation, soulignant encore davantage ses méfaits rendus encore plus flagrants de nos jours. Ce constat souligne encore plus la pertinence des observations de Lash qui a déjà décrit ce que nous sommes en train de vivre.

Mais il faut dépasser les faits et trouver des causes. Pour les uns, celles-ci résident dans l’homme qui refuse toute limite, ne cherchant qu’à se parfaire, qu’à se dépasser. Pour d’autres, c’est la société de consommation qui en est le responsable, c’est-à-dire les économistes, le marketing ou encore le capitalisme, une société dont le moteur est justement l’exaltation de la conscience de soi.

Lash va encore plus loin et se montre sans-doute plus pénétrant dans son analyse. Il explique ce phénomène par l’absence de perception de la continuité historique en l’homme contemporain. Celui-ci, faute de culture suffisante, est en fait séparé de l’histoire et des âges, coupé de sa famille et de la présence des trésors générationnels. Il ne vit plus que dans le présent, livré à lui-même. Souvent, nous le présentons comme l’homme sans bagage. C’est une proie alors facile…

Par conséquent, peu soucieux de l’avenir, il n’a qu’une hâte, celle de vivre l’instant présent, c’est-à-dire de jouir du plaisir que ce temps lui offre, de ressentir une excellente impression de satisfaction de lui-même. Il est très vraisemblable que par le développement du numérique, ce sentiment de l’immédiateté s’est encore considérablement accru en lui, limitant encore plus sa vision déjà faible de son existence, une vision centrée sur lui-même. Avec un regard limité à l’instant et tourné sur lui-même, il ne songe pas à son véritable bonheur, celui qui dure, et encore moins à l’au-delà, ou plutôt il ne voit pas d’autre bonheur que ce bien-être, c’est-à-dire que dans l’émotion présente. L’état de providence dans lequel il vit et se complaît ne fait qu’entretenir cette illusion. Selon Lash, la responsabilité de ce phénomène incombe à l’État, aux économistes, aux élites.

Conclusions

Individualiste, solipsiste, narcissique, tel est le portrait peu flatteur de l’homme moderne tel qu’il a été façonné depuis deux siècles, tel que révèle le culte du bien-être qui domine notre société. Et pendant qu’il ne juge qu’au travers de lui-même et n’agit que pour lui-même, croyant sans limite ni contrainte, son monde réel s’écroule autour de lui. Sans-doute, conscient de la tragédie dont il est responsable et victime, il a encore plus tendance à se replier sur lui-même, à s’enfoncer dans ses illusions.

Or, « le narcissisme est un appauvrissement de la vie intérieure. […] Il faut bien se garder d'analyser le narcissisme comme une affirmation du moi, mais au contraire, comme un moi minimal, un moi de plus en plus vidé de tout contenu, qui est venu à définir ses buts dans la vie dans les termes les plus restrictifs possible, en termes de survie pure et simple, de survie quotidienne.». »[14] Il se montre encore plus isolé, plus faible, et finalement plus malléable… Tel est l’homme qui s’est façonné depuis trois siècles… Un véritable cauchemar…


Notes et références

[1] Hélène Bielak, Ça veut dire quoi le bien-être au travail, article du magazine Capital, publié le 20 juin 2019, Capital.fr.

[2] Selon le philosophe Benoît Heilbrunn, dans un entretien mené par Paul Sugy, FigaroVox, 16 février 2019, lefigaro.fr.

[3] Le Syndrome du bien-être, Carl Cederström et André Spicer, éditions l’Échappée, 2016.

[4] Pratique appelée « orthorexie ». Elle consiste à vouloir à tout prix se nourrir d’une alimentation sainte et rejeter tout ce qui peut apparaître comme malsains.

[5] Il s’agit du « quantified self », qui consiste à vouloir mesurer avec une multitude de gadgets et d’applications numériques chaque geste et fait.

[6] Le Syndrome du bien-être, Carl Cederström et André Spicer, éditions l’Échappée, 2016.

[7] L’obsession du bien-être, Benoît Heilbrunn, Robert Laffont, février 2019.

[8] Voir Émeraude, août 2020, article "La quête du bien-être, une nouvelle  morale, une nouvelle religion,..."

[9] Des mots latins « solius », signifiant « seul », et « ipse », « soi-même ».

[10] Article « solipsisme », Larousse.fr.

[11] Benoît Heilbrunn, dans un entretien mené par Paul Sugy, FigaroVox, 16 février 2019, lefigaro.fr.

[12] Christopher Lasch, Culture of Narcissism : American Life in An Age of Diminishing Expectations, WW Norton & Co, 1979. Les citations sont tirées Culture du narcissisme, Champs-Flammarion, trad. Michel Landa, 2006, dans l’article « culture du narcissisme », wikipédia.

[13] Cette expression provient de David Riesman, auteur de The Lonely crowd (La foule solitaire, Arthuaud, 1964).

[14] Renaud Beauchard, professeur associé à l'American University Washington College of Law à Washington, DC, dans un entretien au FigaroVox, article du 26 août 2018, intitulé « Pour Christopher Lasch, l'alternative au capitalisme destructeur est un populisme vertueux »

 

lundi 24 août 2020

La quête du bien-être : une nouvelle morale, une nouvelle religion...

Nombreux sont ceux qui hésitent avant d’entrer dans l’Église. Ils s’arrêtent devant une croix sur laquelle est cloué Notre Seigneur Jésus-Christ. Pourtant, rien n’est effrayant dans ce corps cloué. Pourquoi la craignent-ils alors ? Car ils savent ce qu’elle signifie. L’un de nos collègues nous a confié un jour qu’il aimerait embrasser la foi chrétienne mais il persistait à la refuser en raison d’un nombre important de renonciations auxquelles son engagement allait nécessairement conduire. Il n’avait ni la force ni le courage d’abandonner les joies et les plaisirs que notre société lui offre. Pourtant, il n’était pas aussi heureux que cela.

Quand le métro nous emporte à travers Paris, nous sommes continuellement harcelés par les publicités qui proposent sans pudeur de quoi satisfaire tous nos envies, même les plus inavouables. Assis ou debout, la plupart des gens sont figés sur les petits écrans de leur appareil. Ils regardent des films, des photos ou naviguent sur des sites Web à la recherche de belles occasions d’achat. Quittant avec hâte le monde souterrain, nous redécouvrons la rue grouillante d’hommes et de femmes, bordée de commerces, de restaurants, de cinémas... La Croix fait figure d’intruse embarrassante dans un tel environnement…



 

Nous pensons aussi à la période estivale tant attendue de nos concitoyens. C’est l’époque des vacances d’été, un temps de loisirs et de pause dans une existence bien rythmée. Certains en rêvaient déjà depuis janvier. Leur existence quotidienne n’est en effet guère agréable dans la capitale. Le fameux triptyque « métro, boulot, dodo » n’est guère réjouissant. Tous sont conscients que cette vie monotone, toujours en accélération, est peu épanouissante, une vie qui les stresse et les rend malades. La consommation haletante à laquelle ils se plient bien volontiers les épuise aussi lourdement. Las,  ils se rendent compte que leur vie n’a vraiment plus de sens. Nous pouvons comprendre leur hâte de partir en vacances en dépit de la fatigue qu’ils devront encore porter. Mais quelle est cette existence qui n’aspire qu’aux loisirs ?…

L’une des expressions les plus courantes que nous entendons pour désigner cet état de chose est celle de « mal-être ». C’est pourquoi nos contemporains recherchent et désirent le « bien-être ». C’est aussi ce que vendent de nombreuses annonces publicitaires. Dans ces conditions, la Croix n’est guère appréciée. Faut-il alors la cacher ou la faire disparaître pour mieux attirer nos contemporains vers l’Église ?

Le « bien-être » au sens commun ?

Un dictionnaire Larousse le définit comme un « état agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l’esprit »[1]. Il désigne aussi une « aisance matérielle qui permet une existence agréable ». Il est encore un « sentiment général d’agrément, d’épanouissement que procure la pleine satisfaction des besoins du corps et/ou de l’esprit »[2]. Dans les deux cas, le « bien-être » est défini comme un état de satisfaction intérieur, portant sur le corps et l’esprit, ou extérieur, sur la quiétude matérielle. Dans les deux cas, surtout dans le premier, il apparaît comme une valeur subjective. Le bien-être présente ensuite différentes dimensions : morale, psychique, économique, matérielle, etc.

Nous remarquons que de nombreuses définitions nous renvoient aux œuvres d’Etienne Pasquier (1529-1615), un contemporain de Rabelais, dans lesquelles, pour la première fois, le terme de « bien-être » est en effet employé. « J’ay donné l’estre à mon enfant fous une opinion de luy donner le bien-estre ; je l’ay nourri, ou aux lettres, ou aux armes, en l’intention d’en faire un homme de bien »[3]. La notion de « bien-être » semble nous renvoyer à « l’homme de bien », c’est-à-dire à l’idée d’un modèle d’homme. Il comporte trois aspects : le corps, les lettres et les armes.

Le « bien-être » au sens de la santé ?

Un dictionnaire médical nous apporte une définition plus précise. « Le bien-être, qu’il soit physique ou psychique, peur être défini comme un état agréable mais transitoire, procuré par la satisfaction des besoins du corps et par la tranquillité de l’esprit, débarrassé […] du fameux stress. »[4] Cette définition souligne sa temporalité - le « bien-être » n’est pas permanent -  et désigne un passage d’un état vers un autre sans néanmoins les mentionner.

L’état de « bien-être » porte sur deux objets : le corps et l’esprit. La médecine se préoccupe de la santé du corps et du psychisme, c’est-à-dire qu’elle apporte des remèdes aux maux qui peuvent les atteindre et toucher à leur intégrité. La définition semble donc entendre que le manque de satisfaction des besoins corporels ou le manque de tranquillité de l’esprit sont des maux qu’elle doit soigner. En fait, le sens du terme de « santé » semble avoir évolué comme le suggère le Conseil de l’Europe : « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »[5] La santé prend donc désormais en compte l’état de satisfaction de l’individu, s’invitant ainsi pleinement non seulement dans les sciences sociales et humaines mais aussi dans la morale tant individuelle que sociale. C’est une révolution que nous avons tendance à oublier et qui explique bien des innovations dans les mœurs.

En outre, en prenant le « bien-être » comme objet principal de sa finalité, la médecine lui donne une importance essentielle puisque la santé apparaît comme une valeur fondamentale, partagée par tous, et donc universelle.

Enfin, la santé nous apparaissait comme un état de valeur bien concrète, objective. Certes, nous ne savons pas toujours les causes d’une maladie mais celle-ci ne dépend pas de notre point de vue au point que nous pouvons nous sentir en bonne santé alors que nous sommes en fait malades. Et généralement, quand le mal est détecté, il a déjà réalisé beaucoup de dommage en nous. Le fait de ne plus courir ou de marcher pour des raisons de santé est un état objectif, observable par tous. Nous pouvons donc en déduire que pour le monde de la santé, le « bien-être » n’est pas en fait subjectif.

Bien-être individuel et social 

Dans les définitions que nous donnent le dictionnaire de la santé ou encore celui de l’organisation mondiale de la santé, nous rencontrons un nouvel aspect du « bien-être » : le « bien-être » social. De manière courante, nous appliquons le terme de « bien-être » à un individu sous différents aspects. Il est vrai que nous pouvons entendre le « bien-être » social comme l’épanouissement de l’individu dans la société. Il est alors porté sur les relations entre l’individu et les autres au sein d’une société, d’une entreprise, d’une ville, d’une société. Il répond en fait à la question « comment être bien en société ? ». Cela signifie aussi que le fait social agit sur le « bien-être individuel » comme toutes les autres dimensions. Mais, en fait, la notion de « bien-être social » apparaît différente. De quoi s’agit-il ?

Selon le Conseil de l’Europe, « le bien-être ne peut être atteint s’il n’est pas partagé. » Il rajoute encore qu’« une partie de l’humanité ne peut vivre bien si l’autre est dans le mal-être ou si elle y parvient aux dépens des générations futures »[6]. Le « bien-être social » est en quelques sortes le « bien-être » de l’ensemble des hommes vivants ou à venir. Cela signifie qu’un groupe, une communauté, une société ou encore l’humanité connaît un état subjectif général de satisfaction ou d’épanouissement. Il n’est pas la somme de « bien-être individuels » mais plutôt une effusion générale d’un état de satisfaction. Cela revient à projeter un sentiment de satisfaction personnelle à d’autres. Le « bien-être » est par conséquent difficilement subjectif. En outre, si nous éprouvons un épanouissement dans telle situation, alors d’autres l’éprouveront aussi dans les mêmes conditions. Finalement, le « bien-être » apparaît comme une valeur partageable à tous, ou osons encore le dire, une valeur universelle…


Comme le suggère encore le Conseil de l’Europe, le « bien-être individuel » ne peut subsister sans « bien-être social ». Celui-ci apparaît donc comme un facteur déterminant. Pourtant, toujours selon cet organisme, ils sont plutôt concurrents. La stratégie du Conseil de l’Europe demande alors de ne pas « maximisant » l’un au détriment de l’autre mais de les optimiser.

Le bien-être, le bonheur du XXIe siècle ?

La médecine a donc désormais pour finalité d’apporter le bien-être aux hommes, prenant une valeur fondamentale. Au sens commun, il demeure aussi un leitmotiv dans la vie de chacun. Pour bien marquer sa place dans notre société, nous pouvons regarder l’expression contraire au « bien-être », c’est-à-dire le « mal-être ». Celui-ci est combattu par la « philosophie du bonheur », la « science du bonheur », le « développement personnel », etc. Or un mal est avant tout un non-être, c’est-à-dire une absence, un manque. Le « mal-être » désigne en effet l’absence d’épanouissement, de satisfaction personnelle ou encore de tranquillité, de confiance. Or par quoi est-il combattu ? Par la « philosophie du bonheur », la « science du bonheur », le « développement personnel » et par d’autres techniques semblables qui permet à l’individu d’atteindre sa finalité. Finalement, sous cet aspect, le « bien-être » apparaît comme la fin de l’individu, ce pour quoi il est sur cette terre. Ou dit autrement, il désigne le bonheur.

Cela ne nous surprend guère. C’est même évident. Dans le langage courant, le « bien-être » est généralement assimilé au bonheur. « La définition du bien-être présente trop de variantes pour pouvoir être assénée d’un trait. Les meilleures définitions sont, à mon avis, celles que l’on donne aussi du bonheur, alors différencié de la simple joie ou des plaisirs fugaces. »[7] Le « bien-être » est donc aussi difficile à définir que ne l’est le « bonheur ». Nombreux sont en effet les philosophies qui tentent de définir ce qu’il est. Il fait encore l’objet de perpétuels débats.

Pourtant, le bonheur ou ce que nous considérons comme tel dirige notre vie et guide notre comportement. Il est en effet la finalité de la morale. Par conséquent, s’il devient semblable au bonheur, le « bien-être » serait aussi la fin de nos actions. Tout devrait donc tendre vers la réalisation du « bien-être ». Selon certains commentaires, le terme de « bien-être » est même préféré à celui de « bonheur » car il paraît plus concret, disons plutôt plus sensibles. Or, ce sont plutôt deux termes dissemblables, totalement opposés. Nous y reviendrons.

Le « bien-être », manifestation du progrès

En raison de sa valeur supposée fondamentale, notamment dans le milieu médical, le bien-être apparaît comme un indicateur de progrès pour l’homme et la société comme l’indique la mesure intitulée « bonheur intérieur brut » et les nombreuses campagnes pour définir les facteurs. Notons que l’indicateur censé évalué le « bien-être » porte le terme de « bonheur ». Cet indicateur, adopté par l’Organisation des Nations Unies, a pour but d’évaluer le niveau de vie. Il permet aussi d’évaluer la réussite d’une politique sociale mais aussi économique. Si elle apporte plus de « bien-être » aux individus et à la société, elle est alors considérée comme une réussite.

En effet, le « bien-être » est considéré comme un objectif politique. Il est la finalité de l’État comme le suggère fortement la notion de l’État-Providence. Le Conseil de l’Europe demande aux politiques de « créer des conditions propices au bien-être de tous », de « promouvoir le bien-être », de « rechercher le bien-être de tous », d’« agir pour le bien-être de tous », …

Le Conseil de l’Europe justifie les raisons de son importance. Notons qu’il demande de protéger le « droit au bien-être ».  S’il est un droit, il est alors inhérent à la nature humaine. En outre, le Conseil de l’Europe définit « la cohésion sociale comme la capacité d’une société à assurer le bien-être de tous ses membres »[8]. S’il n’y a plus de cohésion dans une société, elle perd naturellement sa raison d’être. Elle n’est plus qu’une somme d’individualités. Est-ce que le « bien-être » serait finalement aussi la finalité d’une société ?

Enfin, le troisième objectif du développement durable promu par l’ONU est de « promouvoir le bien-être de tous à tout âge »[9]. Cet objectif est associé à la bonne santé. Cependant, les cibles pour l’atteindre ne prennent en compte que les aspects médicaux : mortalité infantile, abus de substance psychoactives (alcool, stupéfiant), accident de la route, santé sexuelle et procréative, assurance-santé, pollution, etc.

Bien-être et religion

Selon certains commentaires, la spiritualité et la religion apparaissent comme un motif d’épanouissement individuel et par conséquent un facteur de « bien-être ». La religion « offre aussi des expériences émotionnelles […] qui apportent à l’individu un vif sentiment de plaisir et de valeur personnelle. »[10]  Elle est dite thérapeutique. D’autres opposent spiritualité et religion, la première contribuant au bien-être contraire de la seconde qui favorise le « mal-être », en divisant et en séparant. Sur le plan psychologique, les études distinguent généralement « spiritualité », « expérience religieuse » et « religion ». William James (1842-1910) voit la religion comme utile pour affronter les problèmes de la vie. Michael Argyle (1925-2002), spécialiste de la psychologie sociale de la religion, étudie les rapports entre religion, bien-être et santé.


L’efficacité d’une religion est donc évaluée selon l’apport qu’elle peut apporter dans la plénitude de l’état psychologique de l’homme. Les rôles sont ainsi inversés. La religion[11] n’apparaît plus comme le lien qui l’unit à Dieu ou comme son attitude à l’égard du Ciel. L’homme en devient non seulement le seul objet mais la seule finalité. Certains composants de la religion sont alors accentués, comme la méditation et le mysticisme. Le bouddhisme est notamment mis en valeur.

La société en arrive alors à proposer une véritable religion du bien-être. Les cours de yoga, de zen, les séances de massage, l’alimentation saine et des exercices physiques, y compris dans les entreprises, en sont les principales pratiques. Se sentir bien ou se porter bien sont devenus les leitmotivs de notre société. Toujours avides, le marché économique s’est emparé de ce nouveau sujet, transformant le bien-être en marchandise. Il va encore plus loin. « La force du capitalisme n’est pas tant d’avoir transformé le bien-être en marchandise que d’en avoir fait une finalité en soi. […] Et la société marchande ne se contente pas de culpabiliser les individus parce qu’ils ne sont pas heureux, elle fait tinter le grelot du bonheur pour vendre du plaisir. »[12]

Conclusions

De nos jours, tout est envisagé selon le regard du bien-être. La nourriture, le sport ou le travail sont dorénavant regardés sur ce qu’ils peuvent apporter pour le corps et l’esprit. Des livres et des magazines livrent leur secret pour la quête de ce nouveau bonheur. La recherche du plaisir ou l’absence de peines ne sont pas les principaux éléments de ces recettes. Se trouvent surtout l’écoute de soi et le désir effréné de répondre à ses émotions. Le « moi » est ainsi au centre de toutes les préoccupations. C’est pourquoi le bien-être est devenu un impératif moral, une finalité tant individuelle que sociale. Il ne s’agit pas de bien vivre ou de bonheur mais d’être satisfait de soi et de répondre à tous ses besoins.


La quête du bien-être est finalement devenue une nouvelle religion avec sa doctrine, ses pratiques, son culte. Une certaine forme de spiritualité n’y est pas absente mais elle-aussi, elle est portée par une aspiration émotionnelle, par un désir d’être. Étendant son périmètre au-delà de ses fonctions traditionnelles, la médecine assume alors un grand rôle dans cette quête. N’est-elle point compétente pour dire ce que notre corps et notre esprit ont besoin ? Une nouvelle caste sacerdotale se forme…

En conséquence, sur l’autel du bien-être, la douleur, la peine ou la souffrance sont sacrifiés. L’homme contemporain n’accepte plus tout ce qui pourrait contrarier sa quiétude intérieure ou son équilibre physique au point que la tragédie ou les drames sont désormais exclus de sa conception de la vie. La mort n’appartient plus à l’acceptable. L’homme contemporain est en effet convaincu d’éliminer en lui tout mal et d’atteindre la plénitude de l’être par ses seules forces…

 

 


Notes et références

[1] Article « Bien-être », Larousse.fr, consulté le 28 juin 2020.

[2] Article « Bien-être », cnrtl.fr, centre national de ressources textuelles et lexicales, consulté le 28 juin 2020.

[3] Etienne Pasquier, Les Lettres d’Estienne Pasquier, Livre troisième, Lettre I dans les Œuvres d’Estienne Pasquier, Tome second, 1723.

[4] Bien-être, dictionnaire médical.fr, consulté le 28 juin 2020.

[5] Préambule à la constitution de l’organisation mondiale de la santé, Conférence internationale de la santé, réunie à New-York, réunion en juin 1946, 22 juillet 1946 dans Le bien-être : notion scientifique ou problème éthique ? Bien-être ou être bien, Alexandre Klein, L’Harmattan, https:/hal.archives-ouvertes.fr.

[6]Alexander Vladychenko, directeur général de la cohésion sociale Conseil de l’Europe, Nouvelle stratégie et plan d’action du Conseil de l’Europe pour la cohésion sociale approuvés par le comité des ministres du Conseil de l’Europe le 7 juillet 2010, Préface.

[7] David Lucas, docteur en philosophie, Le bien-être, ils en parlent, Aujourd’hui, paroles de philosophes.

[8] Nouvelle stratégie et plan d’action du Conseil de l’Europe pour la cohésion sociale approuvés par le comité des ministres du Conseil de l’Europe le 7 juillet 2010, 2, I, 1.

[9] un.org/sustaineddevelopment/fr/health/.

[10] Jean-François Dortier, Pourquoi croit-on à Dieu ?; juin 2006, scienceshumaines.com, 5 juillet 2020.

[11] Voir Émeraude, avril 2016, « Qu’est-ce que la religion ? ».

[12] Benoît Heilbrunn, L’obsession du bien-être, Rober Laffont, cité dans un article de FigaroVox, Paul Sugy, 18 mars 2019, lefigaro.fr.