" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 26 octobre 2012

Evolutionnisme, une théorie probable ?

Tant qu'une chance existe, tout est possible. Êtes-vous vraiment sûr ? Dans ce cas, tout est incertain. Mais, la réalité est tout autre. Des évènements arrivent, d'autres non. Les nombres s'avèrent souvent utiles mais ils peuvent aussi nous tromper. Prenons un exemple... 

Imaginons un jeu qui consiste à trouver un nombre de 256 chiffres, chaque chiffre étant 0 ou 1. Vous avez alors 2256 chances de trouver ce nombre (1), soit environ 1077 de chances. Qu'est-ce cela signifie concrètement ? Imaginons que vous décidez de les compter les uns après les autres. Inévitablement, vous allez réussir. Le croyez-vous ? Faisons un petit calcul. Imaginons que vous citez un nombre une fois par seconde. Calculons le temps nécessaire pour énumérer l'ensemble des nombres possibles. Une année correspond environ à 31, 6 millions de secondes, soit 107,5 secondes. Pour citer les nombres, il faut donc 1077/107,5 soit 1069,5 années. Or, le Soleil est prévu s'éteindre dans moins de 100 milliards d'années, c'est-à-dire dans 1010 années. Aucun homme ne pourra donc terminer l'énumération. Choisissons une autre solution. Vous utilisez l'ensemble des ordinateurs que peut contenir le monde entier. Imaginons aujourd'hui que les 6 milliards d'hommes utilisent un ordinateur à votre profit, soit environ 1010 ordinateurs. Imaginons qu'un ordinateur peut compter 1000 milliards de nombres par secondes, soit 1012 nombres par seconde. Donc en une année, un ordinateur pourra compter 1012 x 107,5 =1019,5 nombres. L'ensemble des ordinateurs peuvent donc réaliser 1019,5 x 1010 =1029,5 opérations en une année. Ainsi, pour compter l'ensemble des nombres, il faut 1069,5/1029,5 = 1040 années. Le Soleil aura encore disparu... Et l'électricité bien avant... 

Ce petit exemple montre que même si un évènement a une infime chance de réaliser, il ne se produira jamais. Un mathématicien, Émile Borel (2), a en effet affirmé que « les phénomènes extrêmement improbables ne se produisent jamais » 3). En clair, à partir d'un seuil de probabilité, un évènement ne peut pas se réaliser. « Borel énoncera ce minimum en l’appelant la loi unique du hasard : si le calcul d’une probabilité amène un nombre proche de 0, on doit considérer objectivement que l’évènement afférent ne se produira pas » (4). Cette théorie est utilisée dans la statistique, par exemple, pour déterminer en avance les résultats d'élection. Un candidat peut en effet savoir s'il a gagné aux élections avant l'heure de la fermeture des urnes. Elle est aussi utile pour certains secteurs d'activité comme l'assurance ou le transport, ou pour la cryptographie (5). Tout cela provient du fait que nous n'avons pas à notre disposition une infinité de temps et une infinité d'espace, bref une infinité de ressources. Un évènement se produit en effet en une certaine durée avec un objet d'une certaine surface. Dans tous les cas, Borel a montré que 10-200 est un seuil d'impossibilité cosmique absolue. Il prend en compte effectivement l'existence de l'ensemble des galaxies. En considérant uniquement la terre, le seuil peut être réduit à 10-140. Si l'évènement considéré est chimique ou biologique, le seuil devient 10-90. En considérant uniquement les êtres vivants sur la terre, le seuil est encore réduit à 10-50. 

Nous pouvons donc espérer qu'un évènement a une chance de se produire s'il est bien réalisable dans un certain intervalle de temps et d'espace, sinon nous délirons. Or, aucune démonstration n'a été proposée, à notre connaissance, pour montrer que la possibilité d'évolution des espèces s'inscrit effectivement dans la réalité. Un scientifique, Georges Salet (6), a prouvé le contraire. A partir des mathématiques et de la génétique, il a en effet évalué la probabilité pour qu'une nouvelle fonction se crée à partir de mutations génétiques. C'est effectivement la spécificité de l'évolution. L'évolutionnisme n'a de sens que si de nouvelles fonctions sont créées. Et comme le science nous l'a révélé, seule les mutations génétiques expliquent l'évolution de l'A.D.N. et donc l'évolution de la morphologie. 

Nous n'avons pas la compétence pour vérifier ces hypothèses et ces calculs très complexes, mais tout semble montrer une rigueur irréprochable. En outre, aucun écrit n'a été trouvé pour démentir ses calculs. Or, ce livre date déjà des années 70. Nous en déduisons donc que ses démonstrations sont crédibles. Elles sont cependant anciennes et ne prennent pas en compte certaines découvertes scientifiques. Mais ces découvertes tendent à prouver que ces hypothèses demeurent encore bien en dessous de la réalité. Ainsi, dans ces calculs, il ne prend pas en compte les mécanismes de réparation qui inévitablement rendent les mutations viables et efficaces encore plus difficiles. La probabilité d'un évènement est encore plus faible qu'elle pouvait paraître lors de la publication du livre. 

Georges Salet nous rappelle des vérités simples. Une fonction ne se réalise pas à moitié. Elle est ou elle n'est pas. Elle ne peut être créée qu'en une seule fois et pleinement selon la loi même de l'évolutionnisme. Or, une fonction n'existe que s'il y a un organe correspondant. L'œil ne peut pas fonctionner à demi. Il fonctionne ou ne fonctionne pas. La formation d'un organe nécessite en outre une chaîne de réactions faisant intervenir plusieurs gènes. Donc pour calculer la probabilité qu'une nouvelle fonction se créée, il faut déterminer la probabilité que cette chaîne de réaction se produise, en prenant des hypothèses avantageuses pour l'évolutionnisme. Georges Saget arrive finalement à un résultat : il existe une chance sur 1060 pour qu'une nouvelle fonction se créée à partir des mutations génétiques. Ce chiffre est en-dessous du seuil d'impossibilité (10-50). Selon la loi de Borel, cette incertitude devient une impossibilité réelle. L'évolution d'une espèce est impossible par le seul mécanisme des mutations génétiques. 

La loi unique du hasard révèle ce que nous constatons chaque jour : des évènements se produisent et d'autres non. Nous pouvons penser ce que nous voulons, mais la réalité se moque de nos pensées. La réalité nous impose des limites. 

La science découvre ainsi de manière extraordinaire toute la complexité ingénieuse du mécanisme de la vie, aussi bien dans une cellule que dans un être humain. Les limites de la matière sont encore plus flagrantes. Elle nous montre finalement, pour ceux qui voient et entendent, que ce mécanisme ne peut être conçu que par une intelligence et non par le hasard. Telle est la belle leçon que la science nous donne au fur et à mesure de ses progrès. La science ne peut que réconforter notre foi. Notre âme ne peut que louer davantage Celui qui est l'auteur de tant de merveilles !... 


1 1010 correspond au nombre 1 suivi de 10 zéros. Propriétés :102 X 103 =10(2+3) = 105 et 102 / 103 =10(2-3) = 10-1= 0,1.
2 Félix Edouard Justin Emile Borel (1871-1956), mathématicien, spécialiste des probabilités, membre de l'Académie des sciences. 
3 Emile Borel, le jeu, la chance et les théories scientifiques modernes, Gallimard, 1941. 
4 Laurent Mazliak et Marc Sage , Borel et l’approche probabiliste de la réalité, 2ème congrès de la SFHST, Nantes, mai 2011.
5 Science du secret qui consiste à rendre intelligible un message (chiffrement) puis à rendre clair un message chiffré (déchiffrement). 
6 Georges Salet (1906-2002), ingénieur général du génie maritime, professeur au CNAM et à l’École nationale supérieure du génie maritime. Polytechnicien. Il est opposé à l'évolutionnisme et à la théologie teilhardienne. Il est aussi auteur en 1943 de L'Evolution régressive.

jeudi 25 octobre 2012

L'évolution des espèces, une théorie réaliste ?

Rappel sur les principes du néo-darwinisme ...

Comment Darwin a pu concevoir sa théorie ? « L'idée me frappa que, […], des variations favorables tendaient à être préservées et que d'autres, moins privilégiées, seraient détruites. Le résultat serait la formidable évolution des espèces »(1). De petites variations naturelles s'ajoutent les unes aux autres au fur et à mesure des reproductions, et progressivement, elles conduisent à une évolution de l'espèce. Ces variations se font au hasard. Il n'y a pas d'intelligence qui dirige ce mécanisme. Telle est la première intuition de Darwin. Le néodarwinisme s'appuie désormais sur la génétique qui a révélé les mécanismes de variabilité... 

Puis, Darwin constate que ces variations peuvent être favorables ou défavorables pour l'individu et ses descendants en fonction du milieu dans lequel ils vivent. Certains descendants qui ont fait l'objet d'une variation peuvent être favorisés par rapport à ceux qui n'ont pas évolué. Darwin considère que la nature joue un rôle dans cette évolution. En outre, il est impressionné par les idées de Malthus. Cet économiste sociologue montre que l'augmentation d'une population sur un territoire donné est plus rapide que l'augmentation des ressources. Il étend cette théorie à tous les êtres vivants. Il en conclut que l'existence donne lieu à une lutte de survie. Les variations et les évolutions avantageuses pour une population lui permettent donc de mieux lutter et de dominer. C'est la sélection naturelle, la deuxième intuition de Darwin. 

Finalement, les espèces évoluent au cours de leur reproduction. A l'occasion de leurs transformations, la nature sélectionne ceux qui vont survivre, c'est-à-dire ceux qui disposent des caractères les plus adaptés au milieu. S'ils survivent, ils peuvent davantage se reproduire quand les moins avantagés tendent à disparaître. Ainsi, l'évolutionnisme peut prétendre que toutes les espèces proviennent d'une seule origine. 

Le temps, une condition nécessaire ...

Pour appuyer leur thèse, les évolutionnistes mettent en avant les caractères communs des êtres vivants tant au niveau microscopiques que macroscopiques, ce qui prouverait une unité d'origine (2). En outre, la science nous montre qu'il existe des mécanismes d'évolution, capables de faire évoluer un être vivant, de génération en génération. L'amibe primitive peut alors se transformer en homme par une suite de transformations. Cette intuition est celle de la théorie synthétique de l'évolution. Mais, pour obtenir une telle suite de variations, il faut impérativement du temps, beaucoup de temps. Des découvertes scientifiques ont permis de dater la terre et encore mieux l'origine de la vie. On estime que la vie est apparue sur terre il y a trois à quatre milliards d'années et l'homo sapiens sapiens 100 000 ans. Donc, les évolutionnistes sont particulièrement satisfaits. Cette durée fantastique ne peut que rendre possible les différentes transformations. Et grâce aux découvertes de fossiles, on découvre en effet des êtres disparus, pouvant faire croire à ces évolutions. 

Famille des hominidés (Schéma réalisé par Philosophie magazine) www.hominide.com (7)
Question...

Mais, sommes-nous véritablement sûrs que trois milliards d'années suffisent pour transformer une amibe en un homme ? Qui a prouvé que ce temps était suffisant pour que l'ensemble des mutations viables et avantageuses se produisent de manière cohérente pour créer suffisamment de fonctions nécessaires à l'homme ? Qu'est-ce qu'en effet trois milliards d'années ? 

Essayons de mesurer le temps nécessaire pour parvenir à une telle évolution... 

Notre but n'est pas de le calculer de manière exacte puisque c'est un problème insoluble. Nous allons néanmoins chercher de le simplifier au maximum par des hypothèses très simples. Nous allons en outre choisir des hypothèses avantageuses à l'évolution. Ainsi, par cette simplification, nous saurons que la durée exacte nécessaire pour une telle évolution sera nécessairement supérieure à ce que nous allons calculer. Nous allons plus précisément calculer le temps nécessaire pour passer de l'ancêtre commun du chimpanzé et de l'homme à l'homme... 

Différences génomiques entre l'homme et d'autres singes, DP Locke et al. Nature, www.notre-planete.info
Selon les évolutionnistes, le chimpanzé et l'homme ont en effet un ancêtre en commun. Parmi leurs arguments, ils s'appuient sur leurs fortes ressemblances génétiques. La brochure de la Vallée des singes estime par exemple à 98% la part de gènes en commun (3). Des évolutionnistes évaluent ce rapprochement à 98, 6%, ou 98,8%, voire à 99% ! D'autres 95 % ou encore 85 %. En effet, de nombreux chiffres différents circulent. 
Ces contradictions s'expliquent facilement. Les méthodes d'évaluation peuvent être différentes. Elles sont plus ou moins performantes. En outre, le terme de gène ou de génome n'est pas défini de la même façon selon les études. Parfois, elles ne prennent pas toujours en compte les gènes non codants, les gènes codants des protéines qui ne participent qu'au bon fonctionnement du mécanisme, etc. Certaines méthodes comparent les nucléotides quand d'autres traitent des gènes. Enfin, la notion de similitude n'est pas non plus comprise de la même façon. Une étude comptera une variation de séquence comme une différence, une autre, non. 
Dans les articles qui nous donnent de tels chiffres, nous ne connaissons pas toujours la méthode utilisée et encore moins ce que l'article entend par génome ou par similitude. Les chiffres par eux-mêmes n'ont en fait aucun sens. Puis, signalons que le génome de l'homme est connu depuis 2001, celui du chimpanzé, depuis 2005. Donc tous les chiffres datant d'avant 2005 nous paraissent peu pertinents. 
Nous avions évoqué dernièrement que le nombre de gènes en commun n'est pas une information pertinente. Il est en effet plus intéressant de connaître leur rôle et leurs interactions. La situation est encore plus ardue. Une expérience de 2006 a par exemple montré qu'un gène non codant avait une importance dans la formation de l'individu (4). Il faut donc ne pas les négliger. Le mécanisme nous semble donc tellement complexe qu'il est illusoire de croire qu'une simple comparaison de gènes permet d'identifier une parenté. Ce raccourcis est pourtant si souvent utilisé ! .. 

Revenons cependant à ce rapprochement génétique entre le chimpanzé et l'homme. S'ils détiennent autant de gènes en commun, c'est qu'ils ont assurément un ancêtre commun, telle est la théorie des évolutionnistes. Soyons conciliants. Acceptons cette idée. Appelons Homo cet ancêtre commun. Nous allons supposer que le chimpanzé a 98% de nucléotides de notre génome. Nous supposons alors que notre ancêtre Homo a également ces 98% de nucléotides et ils sont en outre bien ordonnés comme les nôtres. Nous appellerons base commune ces nucléotides communs. Elle peut être la totalité du génome de l'Homo ou une partie. 

Nous allons maintenant proposer de fortes hypothèses pour simplifier les calculs. Dans tous les cas, elles sont avantageuses pour les évolutionnistes. D'une part, nous ne prenons pas en compte la différence quantitative de chromosomes du chimpanzé (48) et de l'homme (46). D'autre part, nous supposons que pour devenir un homme, le génome de l'Homo a évolué uniquement pour obtenir les 2% de nucléotides restant du génome humain. Cela suppose donc : 
  • que la base commune ne fait l'objet d'aucune mutation ; elle reste stable dans le temps ; 
  • qu'aucune nucléotide qui a muté ne revient à sa situation initiale ou n'évolue après une mutation. Toute mutation est donc un pas définitif vers le génome humain et cela de manière ordonné et définitive ; 
  • que les mécanismes qui réparent les gènes mutés sont inefficaces sur les gènes qui doivent être mutés pour réaliser le génome humain ; 
  • que toutes les mutations fiables sont efficaces au sens où elles produisent des chaînes de réaction fonctionnelles. En clair, elles permettent la naissance de nouveaux organes fonctionnels ou l'amélioration des organes existants. Chaque mutation transforme la morphologie de l'Homo en celle de l'homme. 
Vous pouvez imaginer combien nous sommes très conciliants. Car nous sommes très loin de la réalité. Nous encadrons en effet considérablement les effets du hasard. 

Pour devenir un homme, l'Homo doit évoluer, ce qui signifie que 2% de nucléotides du génome humain est le résultat de mutations telles que nous l'avons défini. Notre génome en contient 3 milliards. Donc, 3 milliards x 2% = 60 millions de nucléotides doivent faire l'objet d'une mutation. 

Nous savons aussi que les mutations sont viables chez l'homme pour 10 000 à 50 000 naissances. Supposons qu'il faut seulement 10 000 naissances pour obtenir une mutation d'un nucléotide. Certes, nous appliquons à l'Homo un taux de mutation valable uniquement pour l'homme moderne. Mais, nous pensons que compte tenu de nos hypothèses initiales, très conciliantes, on peut accepter ce taux. 

Le chimpanzé a un individu par naissance tous les quatre ans, sa durée de vie est en moyenne de trente ans et la femme féconde dès l'âge de huit ans. Il est difficile de généraliser ces chiffres à tous les singes. L'homme a aussi une reproduction différente. Nous supposons que l'Homo donne naissance à un enfant viable par an sur une durée de 30 ans. En outre, sur deux enfants successifs, nous comptons une « femelle », féconde comme sa mère. Les maladies, les déformations, les accidents, ... épargnent miraculeusement les femelles. Elles ne sont pas non plus au menu de leurs prédateurs. Le monde dans lequel elles évoluent est en quelque sorte un paradis. 

A partir de ces hypothèses, nous pouvons alors calculer qu'il faut au moins 100 ans pour avoir 10 000 naissances. 

Aujourd'hui, on parle d'une mutation tous les cinq générations pour les hommes (5). Laissons cependant un siècle par commodité de calcul. Nous sommes donc certains qu'il faut attendre au moins 100 ans pour avoir une mutation fiable et efficace. Pour trouver ce résultat, nous avons émis deux hypothèses toujours avantageuses pour l'évolutionnisme. Nous supposons en effet que : 
  • le gène muté est toujours dominant. Il peut donc toujours se retrouver chez ses descendants ; 
  • le premier gène muté de chaque mère appartient à la lignée qui donnera naissance à l'homme. 
Nous en concluons que tous les 100 ans, l'Homo évolue progressivement, continuellement et définitivement vers l'homme. Or, combien faut-il de mutations pour cela ? 60 millions. Donc il nous faut 60 000 000 x 100 ans, c'est-à-dire 6 milliards d'années pour que l'Homo devienne un homme. Or, quel est l'âge de la Terre selon les théories actuelles ? 4,5 milliards d'années ! (6)

Certains lecteurs perspicaces pourront me dire que le taux de 1 pour 10 000 est peut-être faux pour la mutation d'un gène. Pas de panique. Imaginons que ce taux est de 1 pour 1. A chaque naissance, nous avons une mutation fiable et efficace. Donc comme il faut 60 millions de mutations, nous avons par conséquent besoin de 60 millions d'années. Or, quand l'Homo est-il apparu selon les théories actuelles ? 4 à 6 millions d'années ! 

D'autres lecteurs pourront me dire qu'à chaque naissance, le génome peut subir plusieurs mutations. Pas de problème. Combien faut-il alors de mutations par naissance pour que l'Homo apparaît effectivement au moins il y a 6 millions d'années ? Faisons un rapide calcul : 60 millions / 6 millions = 10 mutations. Donc pour que la théorie évolutionniste puisse espérer se concilier avec la science, l'Homo doit subir 10 mutations fiables et efficaces par naissance, et tout cela par le seul jeu du hasard. Rappelons l'ensemble de nos hypothèses qui nous ont permis d'obtenir un tel résultat : 
  • toutes les mutations sont fiables. Elles n'entraînent pas d'individus inféconds ou désavantagés, de décès prématurés, d'interruption de grossesses, etc. ; 
  • la base commune du génome de l'Homo reste stable pendant ces 6 millions d'années ; 
  • les gènes mutés ne subissent pas une autre mutation ou une mutation inverse. Dès leur mutation, ils restent stables au cours du temps ; 
  • les mécanismes de réparation sont inefficaces sur les gènes mutés ; 
  • la mutation est efficace au sens où l'ordre des nucléotides est respecté à chaque mutation ; 
  • les gènes mutés sont dominants ; 
  • chaque femelle donne naissance à un individu fiable et fécond par an ; 
  • un individu né sur deux est une femelle ; 
  • chaque femelle est viable et féconde pendant 30 ans. 

Nous avons aussi implicitement admis l'absence de problèmes de consanguinité, de migration des individus, la présence d'individus mâles pour féconder chaque femelle, etc. 

Conclusion : nous ne sommes plus dans un monde gouverné par le hasard ! Mais, bien par une pensée humaine, celle des évolutionnistes... 

Nous pouvons en effet tous supposer. Mais notre modèle est nettement contraire au monde dans lequel nous vivons. Nous ne pouvons pas l'accepter. La mutation est avant tout aléatoire selon la génétique ! Donc elle n'obéit pas à nos suppositions les plus optimistes. Nos hypothèses nous ont permis cependant d'estimer une durée minimale en dessous de laquelle nous sommes certains que l'évolution ne peut pas avoir lieu. En conclusion, l'Homo ne peut guère exister selon la génétique et la datation de la vie reconnue aujourd'hui. La science et l'évolutionnisme sont incompatibles... 

Certes, notre démonstration n'est pas scientifique, mais nous voulons surtout montrer que si tout est possible dans notre intelligence ou dans les modèles que nous élaborons, la réalité a des limites de temps et d'espace auxquelles il faut toujours se référer. Dans nos lectures et dans nos recherches, nous n'avons pas encore trouvé une démonstration montrant la compatibilité entre le modèle évolutionnisme et la réalité. Nous sommes convaincus que 3,8 milliards d'années est insuffisant pour rendre possible la biodiversité... 



1 Darwin, La vie et la correspondance de Charles Darwin, cité par Dominique Tassot, L'évolution, une difficulté pour la science, un danger pour la foi, édition Téqui, 2011. 
2 Voir Émeraude, août 2012, article « un exemple d'argument pseudo-scientifique ». 
Émeraude, septembre 2012, article « 98% de bonobos en nous, une mascarade ». 
4 Article de K.S. Pollard, K. S., centre de la science et de l'ingénierie biomoléculaire en Californie (2006) cité dans www.nature.com. Il a fait une comparaison de la totalité du génome humain et du chimpanzé. Cf blog tecfa-bionews.blogspot.fr .
5 Joël Cuguen, supports de cours, Génétique des populations, 2007, C.N.R.S. Laboratoire de génétique et évolution des populations végétales.
www.geopedia.fr. L'apparition de la vie serait datée de 3,8 milliards d'années.
7. Les découvertes de crânes en Géorgie permettent de consolider l'hypothèse que les homo erectus, homo ergaster, homo habilis et homo rudolfensis, (lignes divergentes dans le schéma) pourraient être une même lignée. Voir article "Remue-ménage chez les premiers hommes", Le Figaro du 18 octobre 2013. Cette hypothèse ne fait que confirmer les nôtres dans notre calcul.

mardi 23 octobre 2012

Evolutionnisme et réalisme ?

La théorie synthétique de l'évolutionnisme prétend toujours que le moteur de l'évolution des espèces est la sélection naturelle. Cela revient à dire que la sélection naturelle dirige la variabilité des individus au point qu'elle entraîne l'apparition d'une nouvelle espèce. Comment pouvons-nous le traduire au niveau de la génétique ? 

La sélection naturelle exercée par le milieu tend à favoriser ou à éliminer certains caractères de l'individu. Si la température baisse sur une longue période au point que le froid s'installe durablement dans une région, les animaux dotés d'une fourrure seront avantagés par rapport à ceux qui n'en ont pas. Imaginons que certains individus d'une espèce se dote subitement d'une fourrure, ils pourront mieux survivre et se reproduire par rapport aux autres individus plus exposés au froid. Donc, le nombre d'individus dotés d'une fourrure sera progressivement plus nombreux que les autres. En conclusion, la sélection naturelle se traduit par une augmentation de la population soumise à la variabilité alors que celle qui n'a pas évolué diminue et finira par disparaître. La population pourrait alors varier au point de devenir une espèce à part entière. Cela signifie qu'il n'y a plus de fécondité possible entre les individus provenant à l'origine d'une même espèce. 

Comment s'explique l'apparition d'une nouvelle espèce ? Trois cas sont possibles. Soit une mutation héréditaire a amélioré une fonction déjà existante au sens où elle correspond mieux aux conditions du milieu. Soit elle a fait apparaître une nouvelle fonction permettant à l'individu de mieux s'adapter à son environnement. Soit elle a fait disparaître une fonction qui n'était plus adaptée au milieu. Et, pour qu'un individu muté soit capable de transmettre un caractère muté fonctionnel, il faut plusieurs conditions : 
  • les mécanismes de réparation échouent ; 
  • la mutation est viable ; 
  • le gène muté est dominant et codant ; 
  • la mutation touche les cellules germinales. 
Les mutations sont viables si elles n'empêchent pas la formation d'un individu viable et apte à se reproduire. En clair, le pourcentage qu'un individu évolué et fécond est très mince mais cela demeure encore possible. 

Mais, n'oublions pas que les mutations ne sont pas dirigées. Tout provient par hasard. La sélection naturelle est en fait un tri de ce hasard. Elle ne crée rien. Elle n'opère rien en effet si l'individu muté n'existe pas. Sans mutation, pas de variabilité et encore moins d'évolution. Seul le hasard est donc moteur de la variabilité des individus et serait celui de l'évolution des espèces. Voilà ce que nous apprend la science. 

En outre, l'individu ne mute pas pour acquérir une fonction plus favorable à sa survie. La mutation est sans aucune finalité. Elle modifie ou supprime une fonction existante, peut en créer d'autres sans aucune intention d'amélioration ou d'adaptation. La modification de l'A.D.N. apparaît un avantage ou un désavantage a posteriori lorsqu'elle donne naissance à un individu viable. Le résultat apparaît donc comme une sélection. La sélection est donc une conséquence d'une mutation et non une cause. La célèbre phrase « la fonction crée l'organe » est bien une erreur. Il n'y a pas de fonction sans organe et donc sans gène correspondants. 

Allons plus loin dans la logique de l'évolutionnisme. Il prétend que l'homme vient d'une amibe primitive. Nous avons quelques milliards de paires de nucléotides, l'amibe quelques millions. L'amibe primitive, à notre connaissance, ne possède ni de bras, ni de jambes, encore moins d'œils et d'autres organes aussi caractéristiques. Si nous croyons à l'évolutionnisme, nous devons croire que de nouvelles fonctions ont été créées à partir des mutations. 

Mais, soyons encore plus précis. Une fonction n'apparaît pas progressivement. Elle est ou elle n'est pas. Ou encore un organe qui réalise cette fonction ne peut pas subsister à moitié. Il est ou il n'est pas. Une fonction ne peut exister que si l'organe permettant de la réaliser est fonctionnel. Si nous n'avons qu'une rétine sans cristallin, l'œil ne sert à rien. Donc l'être vivant qui ne dispose que d'une rétine ne voit pas. Avoir un œil qui ne fonctionne pas ne procure aucun avantage. Par conséquent, une fonction ne se crée que si l'individu est l'objet d'une série de mutations simultanées de gènes qui donnent lieu à la formation d'un organe entier, fonctionnel. Mais, cela ne suffit pas encore. Une fonction est en général constituée de plusieurs fonctions, donc de plusieurs groupes de gènes. Finalement, les gènes « mutés » doivent correspondre à plusieurs chaînes de réactions cohérentes et simultanées. 

Cette condition nécessaire n'est toujours pas suffisante. D'une part, les mutations ne doivent pas perturber l'activité des gènes, responsables de fonctions vitales, sinon l'individu ne sera pas viable. D'autre part, l'arrivée d'un nouvel organe nécessite un nouveau plan de construction de l'individu. Si le nouvel individu dispose d'un œil, il faut bien le positionner pour qu'il soit avantageux. Si son intestin devient volumineux, il faut bien disposer de la place suffisante pour qu'il fonctionne dans de bonnes conditions. L'apparition d'un nouvel organe provoque une réorganisation de la formation de l'individu. 

Nous sentons bien que toutes les conditions nécessaires pour créer un organe deviennent très complexes, exigeantes, et donc quasiment impossibles pour des phénomènes qui n'obéissent qu'au hasard. Nous rappelons encore que les mutations ne sont pas dirigées et n'obéissent à aucune intelligence. 

En conclusion, la sélection naturelle ne fait qu'un tri sur des caractères qui ne proviennent que du hasard et dont l'apparition semble être miraculeuse tant les conditions nécessaires d'existence sont nombreuses. Elle n'est aucunement une cause de variabilité, encore moins d'évolution. L'évolution des espèces nécessite en outre des mutations capables de créer des fonctions nouvelles dans un organisme existant et cela de manière efficace. La probabilité d'une telle création nous semble quasi-nulle. Certes, pourrait-on nous répondre, mais elles ne sont pas nulles. En effet, on peut croire que cette chance, même quasi-nulle, a pu se réaliser plusieurs fois pendant les quelques millions d'années qui séparent l'amibe de l'homme. Tout semble possible s'il existe une chance, même la plus minime, ou plutôt un nombre incroyable de chances car, n'oublions pas, ces mutations doivent expliquer toute la biodiversité des êtres vivants ! 

Mais, tout n'est pas possible et c'est tout le problème de cette théorie. On nous décrit, avec justesse et insistance, les mécanismes qui effectivement peuvent modifier les individus de génération en génération, et on nous affirme ensuite que, compte tenu de la durée de l'histoire de la vie, les espèces peuvent alors évoluer. Mais, c'est une escroquerie et non une démonstration, ou plutôt une négation de la réalité. La vie a une double limite de nature temporelle et spatiale. Tout n'est pas en effet possible... 

vendredi 19 octobre 2012

Les mutations, mécanismes d'évolution de l'ADN

Après avoir vu les mécanismes mettant en œuvre les activités cellulaires, notamment lors de la formation de l'individu, essayons de comprendre comment la théorie d'évolution peut s'y appliquer. Les individus d'une espèce ont tous un A.D.N. identique, même s'il existe des différences mineures permettant d'expliquer qu'un tel a tel caractère. L'espèce est donc caractérisé par l'A.D.N. des individus la constituant. S'il y a évolution des espèces, il y a alors évolution de l'A.D.N. de manière significative. En effet, si cette différence est trop importante, les brins d'ADN père et mère ne pourront plus se relier. Il n'y aura pas de fécondation. Nous aurons donc la naissance d'une nouvelle espèce. Dans cet article, nous allons décrire comment l'A.D.N. peut évoluer. 

Il peut arriver que dans une lignée d'individus ayant des caractères identiques, surgit un individu qui diffère légèrement de ses ancêtres. Dans une lignée d'une souris blanche, peut apparaître ainsi une souris sans queue. Nous sommes devant une mutation génétique. Elle se produit de manière aléatoire, rare et imprévisible. 
On appelle donc mutation, toute modification qui apparaît brusquement sans causes apparentes chez un individu donné et qui se transmette génétiquement à la génération suivante. 
On peut citer comme mutation : le changement de couleur chez la Perruche, l'absence de cornes chez les bœufs ou de queue chez la souris, l'absence de poils ou de bâtonnets de la rétine encore chez la souris, etc. Seules les modifications touchant la lignée des cellules qui relient l'œuf à l'individu (cellules germinales) sont transmises par hérédité. Le caractère se transmet alors à la descendance selon une proportion qui peut être définie par les lois de la génétique. 

Un caractère correspond à un gène ou plus souvent à un ensemble de gènes. La couleur d'une souris est due à un pigment, fabriqué sous la direction d'un groupe de gènes. Si l'un de ces gènes ne synthétise plus la protéine qui participe à cette synthèse, la chaîne de réaction qui aboutit au pigment ne se fera plus. La souris aura donc une autre couleur. La pigmentation de l'œil d'une drosophile (mouche) nécessite l'intervention d'une centaine de gènes. Un gène peut fabriquer une protéine qui active un autre gène qui fabrique à son tour une deuxième protéine, qui active un troisième gène, responsable de la synthèse d'une autre protéine, etc. C'est pourquoi la modification d'un des gènes responsables d'un caractère provoque un arrêt de la chaîne de réaction, donc la perte du caractère. Le mécanisme est encore plus complexe. Il a été constaté que la modification des gènes responsables de la disposition écartée des ailes du drosophile enlève aussi les poils sur le dos de la mouche. Il est donc difficile d'identifier le rôle de chaque gène... 


La plupart des mutations font ainsi apparaître des tares qui handicapent grandement les individus qui en sont affligés. Elles peuvent compromettre le fonctionnement d'un organe. Si cet organe est vital, l'individu meurt. Le plus souvent, l'embryon n'a pas achevé son développement. Le taux des mutations est donc assez faible : une mutation sur 10 000 à 100 000 individus chez les animaux complexes. Pour qu'un allèle A1 se modifie en un allèle A2 chez l'homme et pour que A2 se diffuse suffisamment pour être majoritaire dans la population, il faudrait 1,4 million d'années (1). 

Il existe des facteurs d'environnement capables de modifier l'A.D.N. d'un individu (rayonnement ionisants, substances « mutagènes », âge de la mère). De telles mutations provoquent la plupart du temps des anomalies graves. Le taux de mortalité est plus fort que dans le cas d'une mutation naturelle. Il a été constaté que de telles mutations ne sont pas contrôlables. On sait aussi qu'ils sont insuffisants pour expliquer des mutations. 

On distingue trois niveau de mutations selon son échelle : les mutations à l'échelle du génome (2), des chromosomes ou des gènes. La mutation à l'échelle du génome consiste en l'apparition d'un chromosome supplémentaire identique à l'un des chromosomes normaux. Elle est responsable du mongolisme. Évidemment, elle n'explique pas l'évolution des espèces. La mutation à l'échelle des chromosomes correspond à des cassures du chromosome qui, de manière aléatoire, se recolle. L'A.D.N. est donc complet mais dans un autre ordre. Il existe exceptionnellement des recollements viables qui n'entraînent pas la mort de la cellule ou de l'individu. Le nouveau positionnement des gènes introduit donc une mutation. Il arrive qu'au cours de ces remaniements, une partie du chromosome se reproduit plusieurs fois. Le troisième niveau de mutation est due à des modifications de l'A.D.N. mais à l'intérieur des gènes eux-mêmes. Elle entraîne la modification du fonctionnement du gène, voire sa suppression. Cette mutation peut être définitive, par exemple dans le cas d'une erreur de copie de l'A.D.N. lors de sa duplication. Elle peut être aussi réversible. En effet, si un caractère disparaît ou se modifie par le blocage d'un gène par une substance chimique, ce caractère réapparaîtra de nouveau si cette substance bloquante disparaît. 

Les mutations sont aléatoires. Elles frappent des gènes et par conséquent des organes quelconques. On observe que ces mutations ne concernent que des caractères accessoires. Pourquoi ? Car les autres sont létales. Nous pouvons en comprendre les raisons, compte tenu de la grande complexité de la formation du corps. Le mécanisme peut donc s'arrêter au stade de l'embryon, de la fécondation ou de la formation des gamètes. Il a été constaté que les mutations létales observées sont dix fois plus nombreux que les mutations viables. Nous ne prenons pas en compte toutes les mutations non observables, c'est-à-dire entraînant l'arrêt de la formation de l'individu. 

On distingue trois types de mutations : une substitution d'un nucléotide par un autre, une suppression ou un ajout d'un ou plusieurs nucléotides. Cela a donc pour conséquence la fabrication d'une nouvelle protéine ou l'absence de la synthèse d'une protéine. Mais, c'est encore plus complexe. Certaines mutations peuvent ne rien produire, notamment si les gènes initiaux ou modifiés sont non-codantes. Les impacts sont donc variables selon le rôle du gène muté. 



L'A.D.N. dispose aussi d'un mécanisme qui répare certaines mutations. Plusieurs gènes peuvent produire une même protéine. Si l'un est modifié, les autres peuvent toutefois fonctionner et le caractère voulu pourra exister. Il existe des processus permettant aussi d'inactiver le gène modifié, ce qui permet de ne pas voir la synthèse d'une protéine indésirable. 

En conclusion, certains gènes de l'A.D.N. qui caractérisent un individu peut ne pas provenir de l'A.D.N. de ses parents. Ces différences proviennent de mécanismes aléatoires qui entraînent une modification non seulement des caractères de l'individu, mais surtout du mécanisme de sa formation. Un changement aléatoire d'un plan de construction d'une maison peut avoir un impact conséquent sur la maison. C'est pourquoi une mutation entraîne le plus souvent l'arrêt de ce mécanisme ou la mort de l'individu. Certaines mutations peuvent ne rien produire. Elles sont neutres. 


1 Joël Cuguen, cours Génétique des populations, 2007, Université de Lille 1, Laboratoire génétique et évolution des populations végétales, CNRS, Lille. 

2 Voir l'article précédent : "l'A.D.N, la clé de la vie"...




mardi 16 octobre 2012

L'ADN, la clé de la vie...

Nous savons aujourd'hui que l'individu ne peut pas évoluer. Pour qu'il y ait évolution, il faut avant tout une reproduction, ou plus exactement la naissance d'un individu fiable et à son tour fécond. Au moment où un être est formé, il reste ce qu'il est. Nous allons vous présenter rapidement l'A.D.N. et les mécanismes qui jouent un rôle fondamentale dans la transmission de la vie. Il est en effet devenu indispensable de connaître quelques éléments de base sur ce sujet. Nous pourrons ainsi poursuivre notre étude qui nous conduira à mieux comprendre ce qu'est l'évolution d'un point de vue génétique puis en quoi l'évolutionnisme paraît inconcevable avec la réalité. Car à un moment donné, il faut bien confronter la théorie avec la réalité.

L'A.D.N., un programme...

Buffon avait pensé que les molécules organiques s'unissaient selon un modèle ou un type pour former le corps. La réalité perçue par la science n'est pas loin de cette intuition. Nous avons en nous un programme qui nous caractérise et permet aux corps de se former, de naître, de se développer. Ce programme est contenu dans l'A.D.N (1). C'est une macromolécule présente dans tous les organismes vivants. 

L'A.D.N. est en effet une sorte de programme, composés de mots (codons) de trois lettres, issues d'un alphabet de quatre lettres seulement (A, T, C, G) (2). Ces mots forment des messages codés appelées gènes (3). Ils sont constitués de séquences codantes (4) et de séquences non-codantes. 

Une cellule humaine comporte des millions de gènes. C'est l'agencement des mots qui, décodés, permettent le développement et le fonctionnement des cellules. L'ADN se trouve dans le noyau des cellules, et plus précisément dans les pairs de chromosomes. La cellule humaine est ainsi constituée de 46 chromosomes, reliés par pair. 

Chaque gène donne lieu à des versions, appelées « allèles » (5). Il existe un gène qui est responsable de la coloration des yeux. Un allèle de ce gène peut donner des yeux bleus, un autre des yeux marrons. C'est cette copie qui est le constituant fondamental du chromosome. 

La forme de l'A.D.N. est caractéristique. Elle est formée de deux brins enroulés et dont l'agencement décrit une hélice. C'est une sorte d'échelle hélicoïdale dont les montants sont constitués par une alternance régulière d'acide phosphorique (P) et du désoxyribose (D). Les barreaux sont formés par des couples de deux bases azotées, deux à deux complémentaires, reliés entre eux. Il y a donc quatre sortes de barreaux (A-T, T-A, C-G, G-C). L'A.D.N. est formée d'une succession de trois éléments (D, P et une base azotée), appelées nucléotides. L'ordre dans lequel se succèdent les nucléotides est strictement déterminé. L'homme comprend 3 milliards de nucléotides. 

L'A.D.N. est donc constituée de deux brins reliés entre eux par une liaison qui peut se casser. Ces brins relient en fait deux lettres complémentaires, deux par deux (A-T ou G-C). L'A.D.N. peut donc se séparer en deux brins complémentaires. Une lettre A (ou G) d'un brin est reliée à la lettre T (ou C) de l'autre brin. Ainsi, nous pouvons reconstituer un A.D.N. complet à partir d'un seul brin. Donc la séparation d'un ADN en deux brins complémentaires permet la duplication de deux ADN identiques. Grâce à cette réplication, le programme se reproduit normalement de manière identique de cellule en cellule, et plus largement d'individu en individu. 

L'A.D.N. est responsable de la synthèse des protéines, éléments essentiels à la vie d'un organisme. Les protéines sont constitués par l'apposition d'acides aminés. Leur ordonnancement donne la nature et les qualités des protéines. Plusieurs codons correspondent à un acide aminé. Ainsi, à partir d'un gène, constitués de plusieurs codons, la cellule peut synthétiser une protéine. 


La réalité est plus complexe. Les protéines sont synthétisées dans une partie d'une cellule, appelée cytoplasme. Or, l'A.D.N. demeure dans le noyau. Il existe donc un intermédiaire, appelé A.R.N. messager, qui transporte un extrait de l'A.D.N. (uniquement gènes codants) vers le cytoplasme. La transcription est l'opération qui permet de générer l'A.R.N. (6) messager. Pour relier les codons et les acides aminés entre eux, il existe un intermédiaire, appelé A.R.N de transfert. Une protéine se construit donc par apposition successive d'acides aminés et dans un ordre donné. 

Essayons de résumer le mécanisme pour synthétiser une protéine.

Dans le noyau d'une cellule, un gène est transcrit en un A.R.N. messager. Ce dernier se déplace jusqu'au cytoplasme. Une sorte de tête de lecture, appelé ribosome, se fixe sur le premier codon de l'A.R.N. messager. Un A.R.N. de transfert chargé de l'acide aminé correspondant au premier codon se fixe sur le ribosome et sur le premier codon de l'A.R.N. messager. Un deuxième A.R.N. de transfert avec l'acide animé correspondant au deuxième codon se fixe à son tour sur le ribosome et sur le deuxième codon de l'A.R.N. messager. Le ribosome a alors pour rôle de fixer ensemble les deux acides animés. Le premier A.D.N. de transfert est alors éjecté du ribosome et de l'A.R.N. messager. Le second A.R.N de transfert prend la place de l'A.R.N. de transfert éjecté. Le ribosome progresse d'un codon sur l'A.R.N. messager et un nouveau cycle d'opérations recommence jusqu'à ce que le ribosome parvient à l'extrémité de l'A.R.N. messager. Une dizaine de secondes suffit pour la fabrication d'une chaîne d'une centaines d'acides animés. Le mécanisme est d'une grande simplicité. 

L'A.D.N. ne comporte pas seulement les programmes nécessaires à la fabrication des protéines mais aussi les codes de toutes les substances nécessaires au bon fonctionnement de ce mécanisme : celles qui provoquent et gouvernent la transcription de l'A.D.N. en A.R.N. messager, la fixation et l'éjection des A.R.N. de transfert sur les ribosomes, la liaison entre les acides aminés, etc. Et tous ces éléments doivent être produits au moment voulu, ce qui suppose des gènes opérateurs et régulateurs. Un mécanisme de régulation est essentiel pour garantir l'ordre des actions qui doivent s'enchaîner de manière précise. Il faut aussi alimenter le mécanisme d'acides aminés suffisants. Ces derniers sont produits par des réactions gouvernées elles-mêmes par des protéines élaborées au moment voulu. Tous les constituants de cette machinerie sont fabriqués sous les ordres de l'A.D.N.



L'A.D.N., un plan de construction... 

L'A.D.N. est aussi responsable de la formation de l'individu à partir d'une seule cellule, appelée œuf, provenant d'un élément mâle et d'un élément femelle pour les reproductions sexuées. L'A.D.N. de l'œuf contient la description par avance du mécanisme dans ses plus infimes détails. 

L'homme est constitué de 23 paires de chromosomes. Les chromosomes d'une même paire sont identiques et sont donc interchangeables, sauf pour le chromosome qui établit le sexe de l'individu. Mais, en fait, les mêmes chromosomes d'une même paire ne sont pas aussi rigoureusement identiques. Ils exercent les mêmes fonctions, mais d'une manière non exactement identique, ce qui explique quelques différences entre deux individus d'une même espèce. Chaque chromosome d'une paire est en fait constitués d'allèles et non de gènes proprement dits. Ainsi chaque paire de chromosome contient deux allèles d'un même gène. 

L'œuf est le résultat de la fusion de deux gamètes (spermatozoïde, ovule). Chaque gamète contient un seul chromosome de chaque paire. La gamète provient de la division cellulaire, appelée méïose, qui consiste par exemple chez l'homme à diviser 46 chromosomes en 23 chromosomes. L'œuf contient donc 23 chromosomes provenant de la gamète mâle et 23 chromosomes de la gamète femelle, ou encore un allèle paternel et un allèle maternel pour un même gène. Nous pouvons en déduire que tous les caractères des parents ne sont pas tous transmis à leur enfant, mais il n'y a rien chez l'enfant qui n'existait déjà normalement chez les parents. Si un allèle domine l'autre, il donne naissance au caractère qui lui correspond. Il est appelé dominant. 

La construction d'un corps à partir de cet œuf comprend deux phases. D'abord, la cellule se divise et se multiplie en cellules identiques. Il s'agit d'une multiplication identique des A.D.N. et d'une activité cellulaire identique. Puis, tout en exécutant des mouvements complexes et précis, les cellules se multiplient encore mais avec une différenciation des cellules, qui est le résultat d'un ensemble de réactions en chaînes entre les cellules selon leur emplacement et à des instants déterminés

Ainsi, l'activité du matériel génétique se modifie en fonction du temps et de la position relative de la cellule de l'embryon. Pour être très simple, une protéine fabriquée par une cellule active à un moment précis tel gène dans une autre cellule pour fabriquer une autre protéine, elle-même responsable de l'activation d'un autre gène. La formation d'un individu est un enchaînement d'activités très complexes et surtout un enchaînement dirigé. L'absence d'une seule protéine dans cette chaîne conduirait probablement à un arrêt du mécanisme. 

L'A.D.N. est au cœur de tous les phénomènes vitaux. Elle est porteuse de l'information qui définit et règle toutes les activités cellulaires. Toutes les réactions physico-chimiques sont prévues et inscrites à l'avance dans l'A.D.N. Elle est le lieu où tous les ordres sont donnés pour mettre en œuvre toutes les fonctions vitales. Elle contient en outre les plans de construction et les instructions de montage de l'individu. C'est pourquoi à tel individu correspond tel A.D.N. L'individu peut donc évoluer si son A.D.N. évolue. Or, cette évolution n'est possible que lors de sa duplication, c'est-à-dire lors de la méiose. Il faut donc une reproduction. A telle espèce correspond aussi tel A.D.N. Donc l'évolution d'une espèce correspondrait à une transformation de l'A.D.N. de génération en génération au moyen de la reproduction. 

Au delà de la connaissance, sachons reconnaître et admirer l'oeuvre de Dieu...


1 A.D.N., Acide DésoxyriboNucléique 
2 Les bases azotées : Adénine (A), tymine (T), cytosine (C) et guanine (G). 
3 On définit par gène une série de nucléotides. C'est l'unité d'information génétique. 
4 Un gène est dit codant quand il est traduit en protéine. 
5 Il existe par exemple trois allèles pour déterminer le groupe sanguin. 
6 A.R.N., Acide RiboNucléique.

jeudi 11 octobre 2012

L'évolutionnisme, une conciliation encore impossible...

L'évolutionnisme contredit-il la conception chrétienne des origines de l'homme ? Certains chrétiens le rejettent, conscients de l'opposition entre cette théorie et leur foi, d'autres l'acceptent avec ou sans condition. Il n'est pas rare en effet de rencontrer des chrétiens accepter l'évolutionnisme si certaines vérités sont maintenues et s'il préserve la dignité de l'homme. Mais, ces conditions sont-elles possibles ou illusoires dans l'évolutionnisme ? 

Nous avons déjà montré que la conception chrétienne de la Création et l'évolutionnisme sont incompatibles (1). Faisons un rappel des principaux points déjà évoqués. Rappelons d'abord que l'évolutionnisme affirme que toutes les espèces proviennent d'une même origine, et se sont distingués, progressivement ou subitement, par des mécanismes physiques fortuites. Il considère que seule la matière possède en elle les mécanismes responsables de la diversité et de l'unité de la vie. Car toute intervention divine ou surnaturelle est exclue de la science. 

Dans la conception chrétienne, l'œuvre de la Création est achevée dans une parfaite harmonie. Or, selon l'évolutionnisme, le moteur de l'évolution se poursuit inlassablement. L'harmonie est en recherche perpétuelle. Tout est instable. Tout devrait refléter le désordre et non l'ordonnancement. 

Toujours selon l'évolutionnisme, l'apparition des espèces vient par nécessité ou par hasard, et non par la libre décision divine. Comment pouvons-nous percevoir une intention divine dans ces mécanismes aveugles ? Comment pouvons-nous louer la sagesse divine si le hasard est finalement responsable de la nature ? Dieu ne gouverne plus rien. Il n'est plus le miroir par lequel nous pouvons connaître Dieu ! L'univers perd tout son sens. Dieu aussi et nous également … 

Revenons maintenant à l'homme. L'évolutionnisme affirme que l'homme est un être comme un autre et donc a suivi les lois de l'évolutionnisme comme toute bête ici-bas. Si rien ne distingue l'homme de la bête, nous ne voyons pas en quoi l'homme est plus digne qu'un rat. Mais, on pourrait penser que seul le corps de l'homme, étant matière, a suivi les lois de l'évolutionnisme. En effet, la Sainte Écriture ne décrit pas comment a été fait le corps humain. Elle n'indique que son origine, le limon de la terre. Nous avons donc bien une évolution entre la poussière et ce qu'il est aujourd'hui, le corps humain. Seule l'âme a en effet été créée par Dieu. L'homme est donc formé d'un corps, résultat des lois de l'évolution, et d'une âme, œuvre immédiate de Dieu. En clair, Dieu a décidé d'insuffler une âme à un animal parvenu à un stade d'évolution pour en faire un homme. Cela ne modifie en rien à la dignité de l'homme qui provient en effet de celle de l'âme. Tel est le discours de ceux qui évoquent une conciliation possible entre la foi et l'évolutionnisme. Mais, ne nous abusons pas des mots. Ce n'est pas un corps qui évolue mais bien un être vivant, sensible, doué de facultés, qui est devenu le réceptacle de l'âme. Après cet éclaircissement, essayons d'en saisir les conséquences... 

Les chrétiens croient en l'unité du genre humain. Donc Adam doit rester unique. Par conséquent, l'animal qui est le réceptacle de son âme a été choisi de manière unique. Nous pouvons imaginer qu'il a ensuite évolué pour donner la morphologie de l'homme contemporain. Mais tout doit commencer par cette formation de l'homme. Et Ève, comment a-t-elle été formée ? De la même façon, d'un animal et non de l'homme. Nous en déduisons que d'une manière extraordinaire, l'évolution a donné naissance à deux êtres vivants d'une même espèce qui, par le souffle divin, deviendront le premier homme et la première femme. Une autre solution serait l'intervention divine. Dieu aurait formé la femme à partir de l'homme. Mais pourquoi Dieu serait-il intervenu quand l'homme n'est pas totalement son œuvre ?... Si l'homme et la femme proviennent d'un animal, peut-être différent, comment expliquer l'unité du genre humain sans la confondre avec l'unité des êtres vivants ?... 

Pourquoi Dieu a-t-il tant attendu pour créer l'homme ? Dieu a dû en effet attendre quelques millions d'années pour que les mécanismes puissent changer une amibe en deux êtres aussi complexes que l'homme et la femme. Certes, Dieu est hors du temps, mais la question n'est pas d'ordre temporel. Elle est beaucoup plus fondamentale. Cela signifie simplement que dans la création, Dieu n'aurait pas été libre. Il aurait obéi à une nécessité, à celle des mécanismes physico-chimiques, à celle du temps et du hasard. 

Songeons enfin au monde dans lequel l'homme est apparu. C'est un monde où la mort est omniprésente, où la vie est l'enjeu d'une lutte permanente. L'animal qui a donné l'homme est même issu de ce combat. Il n'est pas dans un paradis de délices où tout semble jouir de la paix et de la douceur. Le moteur de l'évolution est en effet la sélection naturelle. Une population a pu évoluer et devenir une espèce car elle a obtenu, par l'évolution, un avantage qui lui permet de supplanter celles qui n'ont pas évolué. La sélection naturelle fait disparaître ceux qui sont les moins aptes à vivre dans leur environnement. Cela signifie que le milieu est devenu hostile. Une catastrophe pourrait aussi être la cause de l'évolution. Finalement, l'évolutionnisme s'appuie sur l'hostilité de l'environnement. Est-ce cela le jardin des délices ? Pour que l'homme puisse voir le jour, fallait-il que le monde ait produit naturellement tant de morts et de souffrances (2) ? Est-ce cela le prix de notre existence ?... 

Il nous est souvent reproché de reporter notre façon de voir sur la nature. Or, selon nos contradicteurs, l'évolutionnisme nous montre un fonctionnement de la nature hors de toute référence humaine (3). Certes, la disparition des espèces, les catastrophes et la lutte pour la vie ne sont pas mauvais en soi, mais, nous ne voulons que souligner la contradiction entre le monde originel, décrit par la Sainte Écriture et par l'Église, et le monde supposé né de l'évolutionnisme, entre l'harmonie et l'hostilité. Nous n'y mettons aucune connotation morale. 

Si cette mort était si omniprésente, comment pouvons-nous alors expliquer que l'homme ait eu tant de privilèges à sa naissance ? L'animal qui devient homme est subitement préservé de la mort. L'homme ne connaît pas de souffrances quand son « géniteur » est venu par la douleur et la peine. Imaginons la rencontre entre ces deux êtres liés par le sang, l'un irrationnel, l'autre rationnel, mais les deux conscients de leur lien intime, l'un par instinct, l'autre par connaissance... Nous vous laissons imaginer leur rencontre... 

Mais soyons rassurés, on nous dit que la conscience humaine évolue aussi. Elle s'est progressivement éveillée, comme notre intelligence. Mais si la conscience de l'homme n'est pas pleinement développée à l'origine, le premier homme n'était donc pas pleinement humain. Et le commandement de Dieu ? Adam, pouvait-il le comprendre ? Était-il suffisamment libre et responsable pour pécher? Comment Adam, peut-il assumer sa punition divine s'il n'est pas pleinement conscient, s'il n'est pas pleinement humain et donc responsable de sa faute ? … Le péché originel n'a plus de sens... 

Par conséquent, si nous devons accepter l'évolutionnisme, nous devons revoir toute notre doctrine. La meilleure solution a été trouvée par un prêtre : il est temps de la mettre à jour ! Sa réponse est malheureusement logique. Or, si la doctrine change, la foi aussi, et la morale, et la liturgie, bref toute la religion. Que deviennent alors notre vie et notre espérance ? L'évolutionnisme est donc radicalement opposé au christianisme. Il remet en question le péché et donc la Rédemption. Que reste-t-il du christianisme ? Rien. 

Pour finir, laissons un des ardents partisans de l'évolutionnisme nous expliquer sa conception de la vie : « dans le système évolutionniste de pensée, il n'y a plus de besoin ni de place pour le surnaturel. La terre ne fut pas créée ; elle s'est développée du fait de l'évolution. Comme le firent tous les animaux et plantes qui y habitent, esprit et âme, aussi bien que cerveau et corps. Même la religion est née de l'évolution. L'homme issu de l'évolution ne peut plus trouver refuge dans les bras d'un « père » à visage divin, inventé par lui-même » (4). 

Nous qui sommes chrétiens, n'oublions pas que l'évolutionnisme est enseigné au collège et au lycée. N'hésitons pas remettre en cause les enseignants et leurs possibles certitudes. Comment pouvons-nous transmettre la foi si nos enfants sont aux mains de tels éducateurs ? Comment pouvons-nous rester demeurer fidèles à Dieu si nous pensons que l'évolutionnisme est conciliable avec la foi ? Réfléchissons un peu. C'est simplement une question de bon sens. 


1 Emeraude, juillet, article « Incompatibilité entre foi et théorie d'évolution ».
2 Au sens de douleurs physiques et non morales. 
3 François Duvé, Darwin et le christianisme, collection Agora, 5, 2010, p.97. 
4 Huxley, 1959, centenaire du livre de Darwin, cité dans Dominique Tassot, L'évolution, une difficulté pour la science, un danger pour la foi, 2009, édition Téqui.

lundi 8 octobre 2012

L'homme créé dans un jardin de délices

[Suite du précédent article]

La Genèse nous présente une vie extraordinairement harmonieuse. Adam et Ève vivent dans un jardin, marqué par la beauté et la douceur. Leur nudité ne pose aucune gêne. Ils sont d'une sublime innocence. « Ils ne rougissaient pas » (Gen., II, 25). Tout est parfaitement ordonné. 

Adam et Eve sont aussi exempts de toute incorruptibilité, de toute maladie, de toute infirmité, de toute peine. « L'homme vivait dans le paradis comme il voulait, tant qu'il conformait sa volonté au commandement divin. Il vivait, jouissait de Dieu, et bon de sa bonté. Il vivait sans besoin, et il dépendait de lui de vivre toujours ainsi. […] Aucune corruption en son corps, ou dont le corps fut l'origine, n'affligeait d'angoisse cruelle sa sensibilité » (1). Ils sont en amitié avec Dieu. 

La mort n'a pas non plus d'emprise sur Adam et Ève. « Dieu a créé l'homme inexterminable » (Sag., II, 23). En effet, Dieu donne à Adam un seul commandement : « Le Seigneur Dieu prit donc l'homme et le mit dans le jardin de délices, pour le cultiver et le garder. Et il lui commanda, disant : « mange des fruits de tous les arbres du paradis ; mais quant aux fruits de l'arbre de la science du bien et du mal, n'en mange pas ; car au jour où tu en mangeras, tu mourras de mort » (Gen., II, 15-17). La désobéissance entraînera la mort... Certes, Adam pouvait mourir mais ce n'était pas une nécessité. « Il ne devait pas mourir, si, au mépris des prédictions et des menaces de Dieu, ce crime ne l'eût précipité dans le châtiment » (2). La mort est alors devenue une nécessité. « La mort et la nécessité de mourir sont une peine affligée à l'homme pour le péché qu'il a commis » (3). L'immortalité originelle d'Adam et d'Ève est donc un don de Dieu et non une disposition naturelle. 

Leur désobéissance les conduira ainsi hors de ce paradis. La terre qui était douce et généreuse dans le paradis produira désormais des épines et des chardons. « Tu es poussière et tu retourneras en poussière » (Gen., III, 19). Par la désobéissance, tout devient éprouvant. Il n'y a plus d'harmonie... 

Les conséquences de la désobéissance nous éclairent finalement sur la paix et la parfaite innocence de la vie originelle d'Adam et d'Ève. Cet état de véritable bonheur est un don de Dieu, un privilège, non définitif. Ils étaient dans un état de justice et de sainteté. Dieu les a établis ainsi comme le déclarent les conciles de Trente et de Vatican II 4. L'homme sort pur et parfait des mains du Créateur. Il est créé « très bon », « à l'image et à la ressemblance de Dieu ». 

La Sainte Écriture nous éclaire finalement sur ce qu'est homme, sur sa dignité et ses spécificités. Par conséquent, elle nous apprend sur ce qu'il doit faire. Son destin est de se tendre vers Dieu pour atteindre la parfaite ressemblance. Et comme Dieu est notre Créateur, nous devons aussi être emplis de reconnaissance et de gratitude. « Il y a deux voies, l'une de la vie, l'autre de la mort, mais la différence est grande entre ces deux voies. Or, la voie de la vie est la suivante : d'abord, tu aimeras Dieu qui t'a fait » (5). Car Dieu nous a donné une capacité qui dépasse toute raison, celle de Le connaître et de L'aimer... 





1 Saint Augustin, La Cité de Dieu, tome II, XIV. 
2 Saint Augustin, La Cité de Dieu, tome II, chapitre XIII. 
3 Saint Thomas d'Aquin, Somme contre les Gentils, livre III, chapitre IV, 50, 3. 
4 Concile de Trente, 5ème session, canon 1, Denz.1511, et Concile de Vatican II, Gaudium et Spes, 12, Denz. 4313. 
Didaché, I, 1-2.

mercredi 3 octobre 2012

Qu'est-ce que l'homme ?

Après le récit de la Création de l'univers, la Sainte Écriture aborde celle de l'homme. Dans le premier chapitre, elle traite la Création de l'homme de manière sommaire et l'intègre dans l'œuvre globale de la Création. Au sixième jour, Dieu dit : « faisons un homme à notre image et à notre ressemblance. Et Dieu créa l'homme à son image : c'est à l'image de Dieu qu'il le créa : il les créa mal et femelle » (Gen., I, 26-27). Dans le chapitre suivant, la création de l'homme est présentée de manière plus concrète : « le Seigneur Dieu forma donc l'homme du limon de la terre, et il souffla sur son visage un souffle de vie, et l'homme fut fait âme vivante. Or, le Seigneur Dieu avait planté, dès le commencement, un jardin de délice, dans lequel il mit l'homme qu'il avait formé » (Gen., II, 8). A partir des textes saints, nous pouvons connaître quelques grandes vérités sur l'homme. Nous traiterons dans notre article quelques points essentiels : le fait même de sa création, la spécificité de l'homme, sa nature, sa dignité, l'apparition de la femme. 

L'homme, une créature de Dieu ... 

Dieu créa l'homme. Sa création n'a donc pas pour fondement dans la nature, mais dans la volonté divine. Tout ce que nous avons pu dire sur l'œuvre divine de la Création peut donc se rapporter sur la création de l'homme. Il reflète en effet la puissance et la sagesse de Dieu. Il fut aussi librement créé. Cette création est unique. « Ce dont je suis encore certain, c'est qu'avant que le premier homme fut créé, aucun homme n'avait jamais été » (1). 

L'origine unique de l'espèce humaine est une vérité d'une importance capitale. Tous les hommes descendent d'un même et unique ancêtre. Dieu « a fait que d'un seul toute la race des hommes habite sur toute la face de la terre » (Act., Ap., XVII, 26). L'Église refuse absolument tout polygénisme (2). Cela implique donc l'unité du genre humain. Enfin, Dieu est satisfait de sa création. « Et Dieu vit toutes les choses qu'il avait faites, et elles étaient très bonnes » (Gen., I, 31). Comme toute créature, l'homme est bon naturellement … 

L'homme, créé « un peu au-dessous des anges » et « couronné de gloire et d'honneur » (I, Ps, X, 8) 

La Sainte Écriture insiste particulièrement sur la place privilégiée de l'homme dans l'œuvre de la Création. Le style particulier de la Genèse indique fortement un instant solennel (3). Ce n'est pas non plus un hasard si l'homme arrive en dernier dans l'ordre de la Création. Tout est déjà créé pour le recevoir. 


« Qui est donc celui qui va être créé, pour bénéficier d'un si grand honneur ? C'est l'homme, l'être vivant grand et admirable, qui, aux yeux de Dieu, est digne de plus d'honneur que la création toute entière : c'est pour lui que le ciel, la terre, la mer et tout le reste de l'ensemble de la création ont été créés » (4). L'ordre divin lui assigne un rôle unique : assujettir et dominer toutes les créatures. Pour marquer ce pouvoir, Dieu lui demanda de donner un nom à tous les animaux. « Tous les animaux de la terre et tous les volatiles du ciel, ayant donc été formés de la terre, le Seigneur Dieu les fit venir devant Adam, afin qu'il vit comment il les nommerait ; or le nom qu'Adam donna à toute âme vivante, est son vrai nom » (Gen., II, 20). 

L'homme fait donc l'objet d'un honneur particulier par rapport aux autres créatures. « Il n'y a pas de termes assez grands à la disposition de l'homme pour exprimer la création qui le concerne ; et pourtant une brève formule à ce sujet suffit à la Sainte Écriture. Dans ces paroles de Dieu: « faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance », d'abord elle montre la dignité de l'homme. Tout l'univers, Dieu l'avait créé par la parole, tenant tout cela pour accessoire ; il ne juge digne d'être l'œuvre de ses propres mains que la création de l'homme » (5). Cette dignité particulière est en effet soulignée par deux termes qui se rapportent à la nature humaine : l'homme a été créé « à l'image et à la ressemblance » de Dieu contrairement à tous les autres êtres vivants. « Ce n'est pas le ciel qui fut fait à l'image de Dieu, ce n'est pas la lune, ce n'est pas le soleil, ce n'est pas la splendeur des étoiles, rien de toutes les choses qui apparaissent dans la création » (6). L'homme est créé au-dessus de toute créature.. 

L'homme, l'union d'une âme et d'un corps... 

La Genèse nous présente sa formation à partir du « limon de la terre » et de l'effusion du souffle divin. L'homme est en effet composé de deux natures : une nature matérielle, le corps, et une nature spirituelle, l'âme. L'homme n'est ni le corps, ni l'âme. L'homme est l'union du corps et de l'âme. Le corps est comme la matière, il est périssable ; l'âme, un être spirituel, immortelle. L'homme unit ainsi en lui deux extrêmes. 

Par son corps, l'homme appartient à l'univers matériel. Le corps dispose des mêmes qualités que toute matière. Il est sujet aux mêmes lois. Par son âme, par laquelle il fut fait âme vivante, il est supérieur à cet univers. La science comme la biologie ou la génétique ne peuvent donc traiter que du corps humain et non de l'homme. 

L'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu... 

Évidemment, « s'imaginer que c'est l'être corporel qui a été fait à l'image et à la ressemblance de Dieu, c'est laisser supposer que Dieu lui-même est corporel et possède une forme humaine ; une telle idée de Dieu est de toute évidence une impiété » (7). C'est donc par l'âme que l'homme est fait à l'image de Dieu. « Ce qui fait l'excellence de l'homme, c'est que Dieu l'a fait à son image en lui donnant une âme spirituelle et une intelligence qui le placent au-dessus des bêtes » (8). Cela ne signifie pas que le corps est méprisable. « L'âme est reconnue comme la meilleure partie de l'homme et le corps la moins bonne, mais ni l'âme n'est le bon par nature ni le corps le mal par nature » (9). La dignité de l'âme ne s'accompagne pas du mépris du corps. Le corps a sa place dans la cité divine et dans le plan de Dieu. 

L'Église a aussi développé une autre interprétation en insistant davantage sur « notre image », qui traduit que l'homme a été créé selon l'image de la Sainte Trinité. Les facultés propres à l'homme, que sont l'intelligence, l'amour et la connaissance, font que l'homme est à l'image des Trois Personnes divines. En ce sens, l'esprit humain est le reflet de Dieu. 

Enfin, une autre manière, plus récente, d'interpréter le verset biblique est de prendre en compte son intelligence, sa conscience morale et sa liberté. L'homme agit selon sa conscience et son libre choix. Ainsi, est-il responsable de ses actes. Il est par ailleurs le seul des êtres vivants à avoir cette lourde charge. 

La vraie dignité de l'homme... 

La nature de l'homme reflète donc l'image de Dieu. Elle fonde la dignité de l'homme. Mais, la notion d'image induit une distance entre Dieu et l'homme. L'homme n'est pas Dieu et ne peut qu'être imparfait dans sa ressemblance. Il est plus ou moins éloigné de son modèle. « Il y a une grande différence entre le modèle et la créature faite à son image. Si l'image a bien une ressemblance avec le modèle, elle mérite réellement son nom ; mais si elle s'écarte du modèle qu'elle devait imiter, c'est autre chose » (10). Il y a bien une double notion de distinction et de perfectibilité. Plus il se conforme à Dieu, plus sa ressemblance est grande. L'image tend néanmoins vers son accomplissement. Sinon elle n'a pas de sens. « Tu nous as faits orientés vers toi et notre cœur est sans repos jusqu'à ce qu'il repose en toi » (11). L'homme ne peut pas vivre sans Dieu... 

La femme et l'homme, une seule chair... 

Dieu créa l'homme et la femme. Toute l'humanité descend de ces deux êtres qui proviennent d'une même chair. La Sainte Écriture en montre toute l'unité naturelle. Cette unité est plus profonde que les liens du sang. Notre Seigneur Jésus-Christ nous le rappelle : « n'avez-vous pas lu que celui qui fit l'homme au commencement, les fit mâle et femelle, et qu'il dit : à cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair ? » (Matth. XIX, 4-6). Leur union est présentée comme un retour à l'origine. C'est le fondement naturel du mariage. 

Ève est présentée comme une aide pour l'homme. « Ce n'est pas bon que l'homme soit seul ; faisons-lui une aide semblable à lui » (Gen., II, 18). L'homme est un être social. Il ne peut pas être seul. L'homme ne peut pas, non plus, vivre sans la femme. Elle répond donc à une nécessité plus profonde que celle de la reproduction. La femme n'a pas de sens non plus sans l'homme. Et la nature de la femme est « semblable » à celle de l'homme. Ils ont la même dignité. 


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Références
1 Saint Augustin, La Cité de Dieu, tome II, livre XII, chap. XVII, p.85, traduction de Louis Moreau, édition du Seuil. 
2 Le polygénisme consiste à croire que les races humaines descendent de plusieurs couples. 
3 Émeraude, article « La Création selon les Saintes Écritures », juillet 2012.
4 Saint Jean Chrysostome, Sermon sur la Genèse, II, 1 cité dans La Création, Connaissance des Pères de l'Église, déc. 2001. 
5 Saint Théophile d'Antioche, Trois livres à Autolycos, livre II, 10 cité dans La Création, Connaissance des Pères de l'Église.
6 Saint Grégoire de Nysse, Homélies sur le Cantique, 2. 
7 Origène, Homélie sur la Genèse, I, 13. 
8 Saint Augustin, La Genèse au sens littéral, VI, 12, 21. 
9 Saint Cyrille d'Alexandrie, Stromates, IV, 164, 3. 
10 Saint Grégoire de Nysse, Traité sur la Création de l'homme, chapitre V.
11 Saint Augustin, Confessions, I, 1.