" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


jeudi 11 octobre 2012

L'évolutionnisme, une conciliation encore impossible...

L'évolutionnisme contredit-il la conception chrétienne des origines de l'homme ? Certains chrétiens le rejettent, conscients de l'opposition entre cette théorie et leur foi, d'autres l'acceptent avec ou sans condition. Il n'est pas rare en effet de rencontrer des chrétiens accepter l'évolutionnisme si certaines vérités sont maintenues et s'il préserve la dignité de l'homme. Mais, ces conditions sont-elles possibles ou illusoires dans l'évolutionnisme ? 

Nous avons déjà montré que la conception chrétienne de la Création et l'évolutionnisme sont incompatibles (1). Faisons un rappel des principaux points déjà évoqués. Rappelons d'abord que l'évolutionnisme affirme que toutes les espèces proviennent d'une même origine, et se sont distingués, progressivement ou subitement, par des mécanismes physiques fortuites. Il considère que seule la matière possède en elle les mécanismes responsables de la diversité et de l'unité de la vie. Car toute intervention divine ou surnaturelle est exclue de la science. 

Dans la conception chrétienne, l'œuvre de la Création est achevée dans une parfaite harmonie. Or, selon l'évolutionnisme, le moteur de l'évolution se poursuit inlassablement. L'harmonie est en recherche perpétuelle. Tout est instable. Tout devrait refléter le désordre et non l'ordonnancement. 

Toujours selon l'évolutionnisme, l'apparition des espèces vient par nécessité ou par hasard, et non par la libre décision divine. Comment pouvons-nous percevoir une intention divine dans ces mécanismes aveugles ? Comment pouvons-nous louer la sagesse divine si le hasard est finalement responsable de la nature ? Dieu ne gouverne plus rien. Il n'est plus le miroir par lequel nous pouvons connaître Dieu ! L'univers perd tout son sens. Dieu aussi et nous également … 

Revenons maintenant à l'homme. L'évolutionnisme affirme que l'homme est un être comme un autre et donc a suivi les lois de l'évolutionnisme comme toute bête ici-bas. Si rien ne distingue l'homme de la bête, nous ne voyons pas en quoi l'homme est plus digne qu'un rat. Mais, on pourrait penser que seul le corps de l'homme, étant matière, a suivi les lois de l'évolutionnisme. En effet, la Sainte Écriture ne décrit pas comment a été fait le corps humain. Elle n'indique que son origine, le limon de la terre. Nous avons donc bien une évolution entre la poussière et ce qu'il est aujourd'hui, le corps humain. Seule l'âme a en effet été créée par Dieu. L'homme est donc formé d'un corps, résultat des lois de l'évolution, et d'une âme, œuvre immédiate de Dieu. En clair, Dieu a décidé d'insuffler une âme à un animal parvenu à un stade d'évolution pour en faire un homme. Cela ne modifie en rien à la dignité de l'homme qui provient en effet de celle de l'âme. Tel est le discours de ceux qui évoquent une conciliation possible entre la foi et l'évolutionnisme. Mais, ne nous abusons pas des mots. Ce n'est pas un corps qui évolue mais bien un être vivant, sensible, doué de facultés, qui est devenu le réceptacle de l'âme. Après cet éclaircissement, essayons d'en saisir les conséquences... 

Les chrétiens croient en l'unité du genre humain. Donc Adam doit rester unique. Par conséquent, l'animal qui est le réceptacle de son âme a été choisi de manière unique. Nous pouvons imaginer qu'il a ensuite évolué pour donner la morphologie de l'homme contemporain. Mais tout doit commencer par cette formation de l'homme. Et Ève, comment a-t-elle été formée ? De la même façon, d'un animal et non de l'homme. Nous en déduisons que d'une manière extraordinaire, l'évolution a donné naissance à deux êtres vivants d'une même espèce qui, par le souffle divin, deviendront le premier homme et la première femme. Une autre solution serait l'intervention divine. Dieu aurait formé la femme à partir de l'homme. Mais pourquoi Dieu serait-il intervenu quand l'homme n'est pas totalement son œuvre ?... Si l'homme et la femme proviennent d'un animal, peut-être différent, comment expliquer l'unité du genre humain sans la confondre avec l'unité des êtres vivants ?... 

Pourquoi Dieu a-t-il tant attendu pour créer l'homme ? Dieu a dû en effet attendre quelques millions d'années pour que les mécanismes puissent changer une amibe en deux êtres aussi complexes que l'homme et la femme. Certes, Dieu est hors du temps, mais la question n'est pas d'ordre temporel. Elle est beaucoup plus fondamentale. Cela signifie simplement que dans la création, Dieu n'aurait pas été libre. Il aurait obéi à une nécessité, à celle des mécanismes physico-chimiques, à celle du temps et du hasard. 

Songeons enfin au monde dans lequel l'homme est apparu. C'est un monde où la mort est omniprésente, où la vie est l'enjeu d'une lutte permanente. L'animal qui a donné l'homme est même issu de ce combat. Il n'est pas dans un paradis de délices où tout semble jouir de la paix et de la douceur. Le moteur de l'évolution est en effet la sélection naturelle. Une population a pu évoluer et devenir une espèce car elle a obtenu, par l'évolution, un avantage qui lui permet de supplanter celles qui n'ont pas évolué. La sélection naturelle fait disparaître ceux qui sont les moins aptes à vivre dans leur environnement. Cela signifie que le milieu est devenu hostile. Une catastrophe pourrait aussi être la cause de l'évolution. Finalement, l'évolutionnisme s'appuie sur l'hostilité de l'environnement. Est-ce cela le jardin des délices ? Pour que l'homme puisse voir le jour, fallait-il que le monde ait produit naturellement tant de morts et de souffrances (2) ? Est-ce cela le prix de notre existence ?... 

Il nous est souvent reproché de reporter notre façon de voir sur la nature. Or, selon nos contradicteurs, l'évolutionnisme nous montre un fonctionnement de la nature hors de toute référence humaine (3). Certes, la disparition des espèces, les catastrophes et la lutte pour la vie ne sont pas mauvais en soi, mais, nous ne voulons que souligner la contradiction entre le monde originel, décrit par la Sainte Écriture et par l'Église, et le monde supposé né de l'évolutionnisme, entre l'harmonie et l'hostilité. Nous n'y mettons aucune connotation morale. 

Si cette mort était si omniprésente, comment pouvons-nous alors expliquer que l'homme ait eu tant de privilèges à sa naissance ? L'animal qui devient homme est subitement préservé de la mort. L'homme ne connaît pas de souffrances quand son « géniteur » est venu par la douleur et la peine. Imaginons la rencontre entre ces deux êtres liés par le sang, l'un irrationnel, l'autre rationnel, mais les deux conscients de leur lien intime, l'un par instinct, l'autre par connaissance... Nous vous laissons imaginer leur rencontre... 

Mais soyons rassurés, on nous dit que la conscience humaine évolue aussi. Elle s'est progressivement éveillée, comme notre intelligence. Mais si la conscience de l'homme n'est pas pleinement développée à l'origine, le premier homme n'était donc pas pleinement humain. Et le commandement de Dieu ? Adam, pouvait-il le comprendre ? Était-il suffisamment libre et responsable pour pécher? Comment Adam, peut-il assumer sa punition divine s'il n'est pas pleinement conscient, s'il n'est pas pleinement humain et donc responsable de sa faute ? … Le péché originel n'a plus de sens... 

Par conséquent, si nous devons accepter l'évolutionnisme, nous devons revoir toute notre doctrine. La meilleure solution a été trouvée par un prêtre : il est temps de la mettre à jour ! Sa réponse est malheureusement logique. Or, si la doctrine change, la foi aussi, et la morale, et la liturgie, bref toute la religion. Que deviennent alors notre vie et notre espérance ? L'évolutionnisme est donc radicalement opposé au christianisme. Il remet en question le péché et donc la Rédemption. Que reste-t-il du christianisme ? Rien. 

Pour finir, laissons un des ardents partisans de l'évolutionnisme nous expliquer sa conception de la vie : « dans le système évolutionniste de pensée, il n'y a plus de besoin ni de place pour le surnaturel. La terre ne fut pas créée ; elle s'est développée du fait de l'évolution. Comme le firent tous les animaux et plantes qui y habitent, esprit et âme, aussi bien que cerveau et corps. Même la religion est née de l'évolution. L'homme issu de l'évolution ne peut plus trouver refuge dans les bras d'un « père » à visage divin, inventé par lui-même » (4). 

Nous qui sommes chrétiens, n'oublions pas que l'évolutionnisme est enseigné au collège et au lycée. N'hésitons pas remettre en cause les enseignants et leurs possibles certitudes. Comment pouvons-nous transmettre la foi si nos enfants sont aux mains de tels éducateurs ? Comment pouvons-nous rester demeurer fidèles à Dieu si nous pensons que l'évolutionnisme est conciliable avec la foi ? Réfléchissons un peu. C'est simplement une question de bon sens. 


1 Emeraude, juillet, article « Incompatibilité entre foi et théorie d'évolution ».
2 Au sens de douleurs physiques et non morales. 
3 François Duvé, Darwin et le christianisme, collection Agora, 5, 2010, p.97. 
4 Huxley, 1959, centenaire du livre de Darwin, cité dans Dominique Tassot, L'évolution, une difficulté pour la science, un danger pour la foi, 2009, édition Téqui.

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