" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 25 août 2012

La Bible inspirée et le Coran incréé, même Dieu ?

Nous avons déjà présenté la doctrine islamique du Coran incréé qui révèle une profonde contradiction de la foi musulmane (1). Selon cette doctrine, ce livre est considéré comme incréé tout en n'étant pas Dieu. Nous en avons déduit une association insupportable, Dieu et le Coran. Nous pensons aussi que cette doctrine présente un autre aspect qui nous fait probablement comprendre le caractère profond de l'islam. Pour cela, nous allons présenter le dogme chrétien de l'inspiration de la Sainte ÉcritureCes deux doctrines font en effet apparaître la personnalité de Dieu de manière différente

Notre foi s'appuie sur la Révélation divine. « Cette Révélation surnaturelle est contenue, selon la foi de l'Église universelle, affirmée par le Saint Concile de Trente « dans les livres écrits et dans les traditions non écrites qui reçues par les Apôtres, de la bouche du Christ Lui-même, ou transmises comme de main en main par les Apôtres, sous la dictée de l'Esprit-Saint, sont parvenus jusqu'à nous » (2) ». Les livres de l'Ancien et Nouveau Testament, tels qu'ils sont énumérés dans le décret du concile de Trente, « doivent être reçus pour sacrés et canoniques dans leur intégrité, avec toutes leurs paroles » Car « écrits sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, ils ont Dieu pour auteur et ont été transmis comme tels à l'Église » (3). 

Qu'est-ce que l'inspiration ? Elle est « une impulsion surnaturelle par lequel l'Esprit Saint a excité et poussé les écrivains sacrés à écrire et les a assistés pendant qu'ils écrivaient, de telle sorte qu'ils concevaient exactement, voulaient rapporter fidèlement et exprimaient avec une vérité infaillible tout ce que Dieu leur ordonnait et seulement ce qu'Il leur ordonnait d'écrire » (4). 

L'inspiration s'exerce sur la volonté des écrivains sacrés. Ces derniers peuvent rechercher des documents écrits, consulter des témoins, fournir eux-mêmes les éléments nécessaires à l'élaboration de leur œuvre. En tout cela, Dieu les pousse et les soutienne jusqu'à l'achèvement complet de son livre. Il n'est pas nécessaire qu'ils en aient conscience. Leur liberté n'est donc ni supprimée, ni amoindrie. 

L'action divine s'exerce aussi sur l'intelligence des écrivains sacrés. Elle leur fait percevoir les idées et les faits. Il peut faire l'objet d'une révélation proprement dite (5) si ces idées et ces faits lui sont inconnus. Dieu peut aussi rien ne lui apprendre s'il les connaît déjà. Il le laisse se livrer au travail auquel s'adonne tout écrivain consciencieux, mais Il l'assiste surnaturellement. Il ne faut pas en effet confondre révélation et inspiration. La première fait connaître, la seconde fait écrire les vérités ou des faits qui ont été préalablement révélés ou non. La Révélation agit sur l'intelligence, l'inspiration sur toutes les facultés. 

Dieu meut et dirige donc la volonté et l'intelligence de l'écrivain sacré. Dieu est donc bien l'auteur principal de son œuvre. Mais, Il lui laisse son génie qui lui sert d'instrument. Le tempérament de l'écrivain sacré n'est en effet nullement modifié par l'action divine. Ses aptitudes ne sont pas, non plus, davantage accrues. Elles sont seulement surélevées de telle sorte que, par l'illumination de l'intelligence et l'assistance divine dans la rédaction, l'auteur conçoive et transcrive infailliblement les pensées divines. 

Ainsi l'activité divine et l'opération humaine se compénètrent si bien qu'il n'est inséré dans le Livre Saint que ce que Dieu veut et comme Il veut. Les pensées conçues dans l'esprit de l'écrivain sacré sont toutes à la fois pensées divines et pensées humaines. 

Enfin, l'assistance divine s'exerce sur l'écrivain sacré pendant qu'il rédige son livre. Soit il l'écrit de lui-même, soit il le dicte à un secrétaire. Cette assistance fait choisir à l'auteur sacré les mots les plus aptes à rendre la pensée divine dans toute sa force et sa netteté. 

La Bible ayant donc pour auteur Dieu, elle ne peut pas contenir des erreurs. Il ne peut non plus avoir des contradictions entre différentes affirmations authentiques des Livres Saints ou entre une affirmation authentique de la Bible et une affirmation scientifique. La contradiction ne peut qu'être apparente et peut s'expliquer (altération des copistes, incompréhension du sens exact des mots, disposition différente des paroles et des faits selon le plan de l'écrivain sacré ou selon des procédés littéraires). 

Il est aussi rappelé que la Sainte Écriture est un livre essentiellement religieux, qui ne contient pas d'enseignement directement scientifique. Elle parle des objets dont s'occupe la science selon les apparences et non selon la réalité, en s'adaptant au langage populaire et aux conceptions du temps. Mais, il ne faut pas conclure qu'elle ne renferme pas d'affirmations concernant les sciences. Elle affirme la création de l'univers par Dieu, l'intervention spéciale et directe de Dieu lors de l'apparition du premier homme et de la première femme, l'unité de l'espèce humaine... Elle contient un enseignement vraiment historique... « La lumière divine ne cessera pas d'éclairer et d'élever ses facultés, ni la vérité divine de s'exprimer par sa plume, soit qu'il enseigne directement les faits historiques, soit qu'il enseigne la doctrine au moyen de récits fictifs, dont il est l'écho ou l'auteur. Car toute affirmation de l'écrivain est exempte d'erreur dans le sens où il la présente » (6). 

Revenons à la doctrine de l'islam. Cette dernière affirme que le Coran est incréé. Il provient directement de Dieu. Que dit la doctrine chrétienne ? Dieu s'exerce sur la volonté et l'intelligence de l'écrivain sacré afin qu'il écrive uniquement ce que Dieu veut selon son génie propre et sa personnalité, tout en surélevant ses facultés. Dans le premier cas, l'écrivain n'est que la plume de Dieu, disparaissant sous sa voix écrasante ; dans le second, l'écrivain participe à l'œuvre de Dieu et voit ses facultés s'élever de manière surnaturelle. L'un manifeste la toute-puissance autoritaire de Dieu, l'autre une bonté et une sagesse toute-puissantes. Voilà probablement l'abîme qui sépare l'islam du christianisme. Le musulman voit Dieu d'une puissance redoutable, qui impose sa volonté, sans égard à l'homme. Le chrétien conçoit Dieu dans son amour infini qui, par un mystère insondable, sait unir sa volonté à notre liberté. Est-ce vraiment le même Dieu ? ... 



Emeraude, mars 2012. Cette doctrine nous paraît fondamentale et devrait être, à notre avis, la faille de l'islam.
Décret sur la réception des livres saints, concile de Trente, 4ème session, 08/04/1546. 
3 Constitution dogmatique Dei Filius, chap. II, La Révélation, 1ère Concile du Vatican, session III, 24/04/1870, denz.3006.
4 Léon XIII, Providentissimus Deus, 1893. 
5 Au sens d'acte surnaturel par lequel Dieu manifeste à l'homme une vérité totalement inconnue de lui et dont l'objet dépasse la portée intellectuelle de ses facultés. 
6 A Robert et A. Tricot, Initiation biblique, Desclée et cie, 1938.

samedi 18 août 2012

Un exemple d'argument pseudo-scientifique



Pour étudier l'évolutionnisme, nous avons lu quelques livres et visité quelques sites Web dont celui du C.N.R.S.(1), particulièrement complet. Sur Internet, des écoles, des élèves (2) ou des professeurs fournissent aussi de nombreux articles sur le sujet. Nous avons ainsi découvert quelques arguments simples, voire simplistes, en faveur de la théorie de l'évolution. L'un d'entre eux est probablement caractéristique de la méthode utilisée pour justifier l'évolutionnisme. 


Quel est l'argument le plus étonnant ? L'unité des êtres vivants prouverait leur origine commune. « Tous les êtres vivants sont constitués de cellules et tous possèdent de l'ADN comme support de leur information génétique. Ces deux caractéristiques fondamentales indiquent une origine commune à tous les êtres vivants, homme compris » (3). Ou encore l'unité cellulaire, fonctionnelle, anatomique, chimique, prouvée par la science, et la diversité des êtres vivants ne peuvent s'expliquer que par l'évolution (4). On n'hésite pas à en déduire rapidement que tous les êtres vivants sont issus d'une même origine. L'unité des vivants et leur diversité seraient finalement la preuve de la véracité des théories de l'évolution. Or, ces théories ont pour but d'expliquer l'origine de la diversité et de l'unité des êtres vivants, et non l'inverse ! Nous pouvons être surpris par un tel raisonnement. Si des organismes vivants différents possèdent un élément essentiel en commun, qui fondamentalement les caractérise, pouvons-nous en effet en conclure qu'ils proviennent d'un même organisme ? L'unité des êtres indique-t-il nécessairement l'unicité de leur origine ? 

Nous pouvons aussi proposer une autre hypothèse aussi valable : l'unité des êtres vivants peut provenir de l'unicité de leur conception. Tous les organismes peuvent avoir été « conçus » avec les mêmes éléments essentiels car ils proviennent d'une même « recette », d'une même intelligence. Ils sont formés de la même façon car ils ont pu être conçus et faits par un même « architecte », et non par le hasard ou par différents « processus ». L'unité ces êtres peut donc montrer un même « savoir faire », voire un unique « architecte». Si deux vases ont les mêmes caractéristiques fondamentaux, nous pouvons prétendre qu'ils proviennent d'un même atelier, voire d'un même artisan. 

Pourquoi cette hypothèse, n'est-elle pas proposée ? Est-elle incohérente, irrationnelle, inintelligible ? Les sites éducatifs pourraient au moins la présenter puis argumenter pour la rejeter. La raison de ce silence est simple. Ils ont admis, sans le dire, une autre hypothèse beaucoup plus forte : la nature détient en elle la raison de la diversité. C'est le principe fondamental sur lequel repose l'évolutionnisme. Notre proposition est alors rejetable. Mais faut-il encore le dire ! Pas de place pour une intervention extérieure ! Tout doit s'expliquer pas des mécanismes physiques, chimiques, génétiques, etc., internes au monde visible... Dans ce cas, l'univers est considéré comme un monde fermé auquel nous pouvons appliquer le principe naturel de la conservation d'énergie : rien ne se créée, rien ne se perd. Nous ajouterons : tout se transforme. Or, cette hypothèse est un pré-supposé, certes utile et nécessaire en science pour modéliser le monde, comprendre certaines mécanismes et les utiliser à bon escient, mais elle n'est pas une vérité. Il y a confusion entre la réalité et l'hypothèse scientifique... 

Mais au regard de la science, les hypothèses évolutionnistes sont-elles même scientifiques ? Aucune d'entre elles n'est scientifique selon les critères de Karl Popper (5). Pouvons-nous en effet proposer un test permettant de les réfuter ou non ? Non, car nous sommes faces à un problème qui est probablement le défi majeur des théories de l'évolution : le temps. Car pour proposer un tel test, nous sommes dans l'obligation de chercher à partir de deux organismes vivants quelconques d'espèces différentes, un organisme antérieur, qui serait avec certitude leur origine commune. Ou encore à partir d'un organisme vivant, attendre qu'il donne naissance à deux organismes d'une autre espèce. Nous voyons toute la difficulté de telles expériences. Les évolutionnistes, y compris les gradualistes, précisent bien que les évolutions nécessitent une longue durée, au moins des milliers ou millions d'années. La durée nécessaire pour des tests est hors de portée de toute expérience humaine... L'évolutionnisme se rapproche plus de l'histoire que des sciences de la nature... 

Certes, nous pouvons peut-être accélérer le temps en modélisant le problème sous forme numérique et en faisant travailler de superbes calculateurs, ou prendre encore certains organismes vivants qui pourraient évoluer plus rapidement grâce à l'intervention des généticiens. Mais, nous rencontrons un autre problème. Ce n'est plus la nature qui agit mais l'homme, c'est-à-dire une volonté consciente qui se sert des outils externes à la nature. Nous sommes donc hors du cadre de l'évolutionnisme : pas d'intervention extérieure à la nature. Si un chercheur est capable toutefois d'utiliser des mécanismes naturelles pour prouver l'évolution des populations, l'expérience ne traduit que la puissance de la science et la faisabilité de la chose, et rien d'autres. Elle ne signifie pas que la nature a agi ainsi par « sa propre volonté ». 

L'autre difficulté des théories de l'évolution est de s'appuyer fortement sur le principe d'induction. Or, ce mode de raisonnement n'a pas de valeur probante. Ce n'est pas en multipliant les observations, même les plus fines, que nous pourrons en déduire une vérité d'ordre général. Si nous ne voyons que des cygnes blancs au cours de notre vie, cela ne signifie pas que tous les cygnes soient blancs ! 

Au sens des critères de Karl Popper, les théories d'évolution ne sont pas scientifiques. C'est pourquoi le grand épistémologue n'a pas considéré dans un premier temps les théories évolutionnistes comme des théories scientifiques. Mais plus tard, s'apercevant que ses conclusions avaient été déformées et utilisées à des fins idéologiques, notamment pas les créationnistes, il finit par se rétracter et par relativiser ses propos. Néanmoins, l'argument reste incontestable... 

Pour conclure, demandons simplement à tous ceux qui enseignent des théories dites scientifiques d'être au moins honnêtes, c'est-à-dire de préciser toutes les hypothèses sur lesquelles elles s'appuient et leurs limites. Finalement, nous leur demandons de suivre une démarche authentiquement scientifique et non idéologique... N'est-ce pas le principe élémentaire sur lequel doit se fonder l'enseignement pour former des intelligences ! N'est-ce pas non plus la meilleure façon de préserver et de renforcer la liberté chez nos enfants ? Mais, est-ce vraiment leur intention ? Leur but inavouable n'est-il pas plutôt de façonner leur mode de pensée selon leurs principes ? Ce n'est plus donc une formation mais un endoctrinement... 


1 Centre national de recherche scientifique.
2 Beaucoup de TPE (travaux personnels encadrés) ont pour sujet l'évolution. Ils se traduisent par la mise en place de site Web. 
3 jeanvilarsciences.free.fr.
4 svt.lycée-oiselet.fr.
5 Voir la théorie de réfutabilité dans Emeraude, juin 212, article « En quête de sens ».

lundi 13 août 2012

Incompatibilité entre la foi et l'évolutionnisme

Après avoir décrit brièvement l'œuvre de la Création et les principales théories évolutionnistes, nous pouvons clairement saisir l'incompatibilité entre la foi et l'évolutionnisme. Croire qu'il est possible de les concilier est une erreur ou une naïveté dangereuse. Rappelons qu'il ne s'agit pas d'opposer la foi et la raison, et encore moins la religion et la science, puisque les théories évolutionnistes et la raison ne se confondent pas. Au contraire, les théories évolutionnistes sont des exemples de pseudo-sciences, où l'idéologie s'appuie sur des données scientifiques pour parvenir à ses fins. 

Que disent les évolutionnistes ? Les populations évoluent au sein des espèces au point de donner naissance à d'autres espèces selon des mécanismes internes à la nature pour des raisons plus ou moins précises, la survie par exemple, ou par pur hasard. Nous pourrions imaginer que cette théorie n'exclue pas l'idée d'un Créateur qui aurait inséré dans ses créatures ces lois d'évolution. Mais dans ce cas, comment pourrions-nous concilier cette théorie avec l'idée d'achèvement de la Création ? La Création sort en effet des mains de Dieu dans un état parfait, c'est-à-dire achevé, complet. Nul besoin de changements qui conduiraient les êtres vivants à un état plus parfait. « Tout cela est très bon ». Il est bon car il est conforme à sa pensée. L'ouvrage de Dieu est bon par l'ordre et l'harmonie qui y règnent. La cohésion d'un ensemble si complexe existe depuis le commencement. Dans l'évolutionnisme, cet ordre et cette harmonie sont en perpétuelle recherche. Ils sont éphémères. Comment alors garantir la cohésion de l'univers ?... 

Comment en outre concilier la notion de créatures crées par espèce et la conception d'une nature, cause par elle-même des espèces ? Il y a une contradiction fondamentale. Dans le premier cas, Dieu a créé un monde stable, où l'unité et la diversité se déploient d'une manière harmonieuse et ordonnée. Dans le second cas, la nature se caractérise par son instabilité, voire par sa complexification. La nature court vers son perfectionnement. Deux conceptions opposées s'affrontent inévitablement. 

Mais, curieuse coïncidence, dans les deux conceptions, nous trouvons un point commun : l'homme semble être la dernière étape du processus, même si dans l'évolutionnisme, il ne peut y avoir de fin. Dieu crée l'homme le dernier jour de la Création. L'évolutionniste semble le considérer actuellement comme l'espèce ultime de la nature, vouée elle-même au perfectionnement. Mais quelle différence entre les deux conceptions ! Dans la première, Dieu donne à l'homme la souveraineté sur la nature. Dans la seconde, un processus naturel justifie sa position souveraine. Voyez-vous l'abîme entre ces deux conceptions aux conséquences morales considérables ? Dans l'une, l'homme reçoit de Dieu une souveraineté et donc Lui est redevable. Comme un intendant à l'égard de son maître, il doit lui rendre compte de sa gestion. Dans l'autre, l'homme se considère naturellement supérieur à tout être vivant et n'a pas d'autres maîtres que lui-même. Il est donc irresponsable. La terre serait-elle devenue ce qu'elle est actuellement si effectivement l'homme s'était considéré comme un gestionnaire responsable et non comme un maître despotique ? Il a usé et abusé des sciences pour transformer peu à peu la planète en un vaste désert. Les consciences peuvent toujours s'alarmer aujourd'hui devant les drames écologiques que nous connaissons, mais cherchent-elles les causes véritables ? 

Dieu crée d'une manière totalement libre. Seule sa volonté toute puissante est mise en œuvre. Ainsi, son ouvrage reflète son intention et ses qualités, particulièrement sa Bonté, cause et fin de la Création. Par l'observation de la nature, nous pouvons ainsi apercevoir le Créateur. Mais, dans l'évolutionnisme, que pouvons-nous voir si ce n'est que des mécanismes parfois aveugles et une nature, parfois « cruelle », livrée à elle-même ? 

Pouvons-nous alors trouver un sens dans l'univers quand il est livré à des forces mystérieuses aux résultats inconnus ? Chaque être vivant est en quelque sorte libre d'évoluer selon sa propre logique ou selon la logique de sa population. Qui garantit l'harmonie et l'ordre de l'ensemble ? C'est même absurde d'y songer dans l'évolutionnisme. Le monde marche comme un aveugle. Est-ce cela l'espérance d'un chrétien ? Nous savons où va le monde. Nous connaissons la fin ultime de l'humanité et de la Création. Pour un chrétien, l'univers a un sens depuis le commencement jusqu'à son terme. Voilà encore une différence qui sépare de manière inévitable notre foi et l'évolutionnisme... 

Comment pouvons-nous encore concilier l'idée de la Création, dans lequel se manifeste de manière frappante l'amour de Dieu, et le « processus » évolutionniste, entièrement guidé par des mécanismes physico-chimiques ? L'univers n'est-il qu'une mécanique ? La vie n'est-elle qu'un automate capable de s'autogérer et de se reproduire comme un virus dans un programme informatique ? Le chrétien a une autre idée de la vie qui dépasse cette vue entièrement mécaniste et parcellaire ! Il ne peut embrasser cette conception de la vie sans oublier l'essentiel de sa foi, l'amour de Dieu...

dimanche 5 août 2012

L'évolutionnisme et ses théories ...

Qui ignore encore l'extraordinaire diversité de la vie sur la terre ? De nombreux travaux ont été menés pour identifier et classer les organismes et les répartir en différentes catégories. Qui ignore aussi l'aspect périssable des organismes vivants ? Aucun être vivant ne peut échapper à la mort. Depuis sa naissance, il ne cesse de changer pour connaître une fin, plus ou moins rapide. La variété et la temporalité sont donc deux caractères fondamentaux de la nature...

Jusqu'au XVIIème siècle, toutes les théories scientifiques ont souligné la permanence dans la diversité, la temporalité n'affectant que les êtres vivants en eux-mêmes. Ces théories sont dites fixistes : les espèces auxquelles appartiennent les organismes vivants sont stables dans le temps. Aujourd'hui, une autre conception domine l'ensemble des sciences de la nature : l'évolutionnisme. Selon les théories d'évolution, les espèces elles-mêmes évoluent dans le temps. Elles expliquent la diversité par la temporalité. Le darwinisme est une de ces théories, aujourd'hui dépassée ; d'autres l'ont succédée, dont la théorie synthétique de l'évolution. 


Les précurseurs de l'évolutionnisme...

Au XVIIIème siècle, deux sciences se développent de manière extraordinaire et apportent une nouvelle connaissance de la nature : le naturalisme, qui par leurs classifications de plus en plus précises, améliore considérablement la connaissance des êtres vivants, et la géologie, qui découvre l'alternance des diverses couches géologiques et finalement le rôle du temps dans la formation de la terre. A partir de ces sciences, Buffon (1707-1788) relie l'idée de la diversité des êtres vivants et leur classification, à la notion d'un temps très long. Il explique cette diversité par ce temps « très long ». S'il est partisan d'une mutabilité dans la nature, il s'oppose à celle des espèces. Pierre Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759) semble y croire au point que l'idée d'une origine unique des formes vivantes traverse un de ses ouvrage, l'Essai sur la formation des corps organisé (1749).

Plus tard, vers 1796, Erasmus Darwin (1794-1829), le grand-père de Charles Darwin, présente, dans Zoomania, « une théorie assez complète de la formation graduelle et du perfectionnement du règne animal » (1). Ils donnent trois facteurs responsables des transformations des êtres vivants de génération en génération : le besoin sexuel, qui aurait favorisé les plus forts, le besoin de nourriture, qui auraient poussé les animaux à se modifier, et le besoin de sécurité, qui auraient aussi façonné les organismes pour les rendre plus aptes à fuir. Ces changements se seraient effectués sur des millions d'années.

Le transformisme...

Au XIXème siècle, une théorie plus sérieuse connaît véritablement le succès, celle du transformisme. Elle est exposée par Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet, chevalier Lamarck (1744-1829), dans sa Philosophie zoologique, publiée en 1809 : les organismes ne cessent de se transformer lentement vers une perfection toujours plus grande. Sous l'effet de dynamique interne, l'organisme vivant se complexifie par l'acquisition de nouveaux organes ou par de nouvelles fonctions plus éminentes. Sous l'effet de leur milieu, les êtres vivants modifient leur comportement ou leurs organes pour répondre à leurs besoins et finissent par se diversifier en de nombreuses espèces.

Fondateur de la biologie, Lamarck cherche à développer une théorie physique des vivants, sensée expliquer les êtres vivants en tant que phénomènes physiques. Il en vient alors à expliquer l'origine de la vie et la structure de l'être vivant. Sous l'effet de contraintes extérieures, la matière s'organise elle-même et engendre elle-même les conditions propres à son développement interne. Elle s'adapte finalement à son environnement. « Tout ce qui a été acquis, tracé ou changé dans l'organisation des individus pendant le cours de leur vie, est conservé par la génération, et transmis aux nouveaux individus qui proviennent de ceux qui ont éprouvé ces changements. Cette loi, sans laquelle la nature n'eût jamais pu diversifier les animaux, comme elle l'a fait, et établir parmi eux une progression dans la composition de leur organisation et dans leurs facultés, est exprimée ainsi dans ma Philosophie zoologique » (2). Il explique l'origine de la vie par la génération spontanée de forme de vie très simple, elle-même le produit naturel des lois physiques. A partir de cette origine, d'autres formes plus complexes peuvent apparaître selon un processus extrêmement long.


Selon Lamarck, l'évolution est une « nécessité théorique », qui, seule, peut expliquer la diversité et la complexité des êtres vivants. Les organismes vivants seraient finalement le produit d'effets physico-chimiques et de l'histoire en vue d'une fin et conduit par des forces internes à la nature...




Le darwinisme

Charles Darwin (1809-1882) ne cherche pas à expliquer l'origine de la vie mais l'origine des espèces, notamment dans son ouvrage De l'Origine des Espèces (1859) (3). Il affermit l'idée d'évolution en élaborant une hypothèse, solidement argumentée par l'observation, sur la manière selon laquelle s'opère cette transformation. Il explique l'unité et la diversité des êtres vivants par l'évolution. Le moteur de l'évolution, qui leur permet de s'adapter à leur milieu, est la sélection naturelle. Selon son hypothèse, toutes les espèces vivantes ont évolué progressivement et très lentement au cours du temps à partir d'un seul ancêtre commun grâce à la sélection naturelle, effectuée par la nature.

Sa théorie se fondent sur les principes suivants :
  • le principe de variation : les individus se sont différenciés par des variations de faibles ampleurs. La nature ne fait pas de saut, mais avec le temps, ces variations peuvent donner lieu à de nouvelles espèces ;
  • le principe d'adaptation : seuls les individus les plus adaptés au milieu ont survécu et se sont reproduits davantage ;
  • le principe d'hérédité : les caractéristiques avantageuses dans une espèce doivent être héréditaires ;
  • la lutte pour l'existence : les variations d'un individu ou d'une espèce tendent à la préservation de cet individu ou de cette espèce, tout en permettant la transmission héréditaire de cette variation ;
  • la « sélection sexuelle » : les individus les plus aptes à rencontrer un partenaire sexuel ont été conservés ;
  • la « sélection de groupe » : certains individus peuvent se sacrifier au profit du groupe ;
  • le principe de divergence, qui explique l'extinction de certaines espèces.


Le néo-darwinisme...

La découverte des lois de Mendel et de la génétique au début du XXème siècle bouleverse la compréhension des mécanismes de l'évolution et donne naissance à la théorie synthétique de l'évolution, appelée aussi néo-darwinisme. Elle est la combinaison entre le darwinisme et la génétique Elle constitue aujourd'hui le cadre conceptuel le plus largement utilisé dans l'étude scientifique des processus d'évolution en biologie.


Comme le darwinisme, la théorie synthétique de l'évolution explique l'évolution par l'action de la sélection naturelle, non plus sur des individus mais sur des populations, c'est-à-dire des groupements d'individus d'une même espèce. Lorsque l'ensemble des individus qui constituent une espèce forme plusieurs populations isolées, chacune de ces populations peut acquérir des caractères particuliers et donner naissance à des variétés différentes au sein de la même espèce. Si ces variations sont, par la suite, dans l'impossibilité de se croiser, elles divergent de plus en plus et finalement sont « interstériles » : elles constituent alors des espèces distinctes.

Une population évolue quand le « programme génétique » des individus la composant est modifié. Ce « programme » est responsable des caractères morphologiques, physiologiques ou comportementaux. De nombreux mécanismes peuvent expliquer les modifications de ce « programme » : mutation génétique, brassage génétique, sélection naturelle, sélection sexuelle... Cette évolution reste très lente et nécessite une période de temps extrêmement longue, de durées différentes selon les espèces.


Mais, rapidement, les évolutionnistes se divisent...

Les neutralistes et les adaptionnistes...

Les scientifiques se divisent sur le rôle du hasard par rapport à la sélection naturelle. Les neutralistes favorisent le hasard quand les adaptionnistes considèrent les pressions de sélection comme principale force dans l'évolution des espèces, le hasard jouant finalement peu de rôle.

La théorie des équilibres ponctués (1972)

L'évolution des espèces est généralement très lente. Par conséquent, nous devrions trouver des traces des différentes étapes entre les espèces. Or ces espèces intermédiaires sont introuvables. Selon certains biologistes, les apparitions de nouvelles espèces correspondaient en fait à des événements rares et ponctuels. C'est la théorie des équilibres ponctués définie en 1972. L'évolution peut être représentée sous forme d'un escalier, les paliers étant pour les périodes où une population ne subit aucun changement et les sauts correspondant à une modification rapide des caractéristiques qui aboutissent sur quelques générations à une nouvelle espèce. Les transitions évolutives entre les espèces au cours de l'évolution se font donc brutalement et non graduellement. Ainsi, la théorie des équilibres ponctués fait état de périodes stables où de grandes populations vivent dans un environnement stable et de périodes troubles où des groupes isolés évoluent rapidement. Précisons que quelques milliers d’années est une évolution rapide d’un point de vue géologique.

La théorie du gène égoïste (1976)

Nous avons aussi la théorie du gène égoïste selon laquelle les organismes vivants ne sont que les véhicules des gènes qui les utilisent pour se reproduire. Cette théorie remplace finalement l’espèce par le gène. Chez Darwin, la sexualité des individus sert la survie de l’espèce. Dans cette nouvelle théorie, la sexualité des individus sert la survie des gènes des individus concernés.

Le néo-lamarckisme...

Une autre approche de l'évolution est le néo-lamarckisme. Après la seconde guerre mondiale, le transformisme de Lamarck gagne en influence dans le milieu scientifique. Un congrès international est organisée à Paris en 1947 sous l’égide du CNRS sous le thème de « paléontologie et transformisme ». Le XXIème siècle réveille de nouveau ce courant. Le lamarckisme reposait sur la transmission des caractères acquis. Mais, cette transmission a été jugée impossible. Si on mutile par exemple un individu, ses enfants ne naissent pas avec cette mutilation. De nouvelles expériences et observations rouvrent en fait la porte à l'hypothèse d'une transmission de l'adaptation individuelle dans certains cas.


En conclusion, l'évolutionnisme tente d'expliquer la diversité de la vie, voire ses origines, par des mécanismes essentiellement physico-chimiques. Divisé en plusieurs courants, il conçoit une nature capable d'évolutions par des forces uniquement présentes en elle-même. Reste à savoir si la nature est capricieuse, évoluant selon le hasard, ou si elle est dotée d'une intelligence...



1 Cité par François Euvé, Darwin et le christianisme, vrais et faux débats, édition Buchet Chastel, 2010.
2 Lamarck, Philosophie zoologique, vol. I, p. 230.
3Titre original : De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie