Quel est l'argument le plus étonnant ? L'unité des êtres vivants prouverait leur origine commune. « Tous les êtres vivants sont constitués de cellules et tous possèdent de l'ADN comme support de leur information génétique. Ces deux caractéristiques fondamentales indiquent une origine commune à tous les êtres vivants, homme compris » (3). Ou encore l'unité cellulaire, fonctionnelle, anatomique, chimique, prouvée par la science, et la diversité des êtres vivants ne peuvent s'expliquer que par l'évolution (4). On n'hésite pas à en déduire rapidement que tous les êtres vivants sont issus d'une même origine. L'unité des vivants et leur diversité seraient finalement la preuve de la véracité des théories de l'évolution. Or, ces théories ont pour but d'expliquer l'origine de la diversité et de l'unité des êtres vivants, et non l'inverse ! Nous pouvons être surpris par un tel raisonnement. Si des organismes vivants différents possèdent un élément essentiel en commun, qui fondamentalement les caractérise, pouvons-nous en effet en conclure qu'ils proviennent d'un même organisme ? L'unité des êtres indique-t-il nécessairement l'unicité de leur origine ?
Nous pouvons aussi proposer une autre hypothèse aussi valable : l'unité des êtres vivants peut provenir de l'unicité de leur conception. Tous les organismes peuvent avoir été « conçus » avec les mêmes éléments essentiels car ils proviennent d'une même « recette », d'une même intelligence. Ils sont formés de la même façon car ils ont pu être conçus et faits par un même « architecte », et non par le hasard ou par différents « processus ». L'unité ces êtres peut donc montrer un même « savoir faire », voire un unique « architecte». Si deux vases ont les mêmes caractéristiques fondamentaux, nous pouvons prétendre qu'ils proviennent d'un même atelier, voire d'un même artisan.
Pourquoi cette hypothèse, n'est-elle pas proposée ? Est-elle incohérente, irrationnelle, inintelligible ? Les sites éducatifs pourraient au moins la présenter puis argumenter pour la rejeter. La raison de ce silence est simple. Ils ont admis, sans le dire, une autre hypothèse beaucoup plus forte : la nature détient en elle la raison de la diversité. C'est le principe fondamental sur lequel repose l'évolutionnisme. Notre proposition est alors rejetable. Mais faut-il encore le dire ! Pas de place pour une intervention extérieure ! Tout doit s'expliquer pas des mécanismes physiques, chimiques, génétiques, etc., internes au monde visible... Dans ce cas, l'univers est considéré comme un monde fermé auquel nous pouvons appliquer le principe naturel de la conservation d'énergie : rien ne se créée, rien ne se perd. Nous ajouterons : tout se transforme. Or, cette hypothèse est un pré-supposé, certes utile et nécessaire en science pour modéliser le monde, comprendre certaines mécanismes et les utiliser à bon escient, mais elle n'est pas une vérité. Il y a confusion entre la réalité et l'hypothèse scientifique...
Mais au regard de la science, les hypothèses évolutionnistes sont-elles même scientifiques ? Aucune d'entre elles n'est scientifique selon les critères de Karl Popper (5). Pouvons-nous en effet proposer un test permettant de les réfuter ou non ? Non, car nous sommes faces à un problème qui est probablement le défi majeur des théories de l'évolution : le temps. Car pour proposer un tel test, nous sommes dans l'obligation de chercher à partir de deux organismes vivants quelconques d'espèces différentes, un organisme antérieur, qui serait avec certitude leur origine commune. Ou encore à partir d'un organisme vivant, attendre qu'il donne naissance à deux organismes d'une autre espèce. Nous voyons toute la difficulté de telles expériences. Les évolutionnistes, y compris les gradualistes, précisent bien que les évolutions nécessitent une longue durée, au moins des milliers ou millions d'années. La durée nécessaire pour des tests est hors de portée de toute expérience humaine... L'évolutionnisme se rapproche plus de l'histoire que des sciences de la nature...
Certes, nous pouvons peut-être accélérer le temps en modélisant le problème sous forme numérique et en faisant travailler de superbes calculateurs, ou prendre encore certains organismes vivants qui pourraient évoluer plus rapidement grâce à l'intervention des généticiens. Mais, nous rencontrons un autre problème. Ce n'est plus la nature qui agit mais l'homme, c'est-à-dire une volonté consciente qui se sert des outils externes à la nature. Nous sommes donc hors du cadre de l'évolutionnisme : pas d'intervention extérieure à la nature. Si un chercheur est capable toutefois d'utiliser des mécanismes naturelles pour prouver l'évolution des populations, l'expérience ne traduit que la puissance de la science et la faisabilité de la chose, et rien d'autres. Elle ne signifie pas que la nature a agi ainsi par « sa propre volonté ».
L'autre difficulté des théories de l'évolution est de s'appuyer fortement sur le principe d'induction. Or, ce mode de raisonnement n'a pas de valeur probante. Ce n'est pas en multipliant les observations, même les plus fines, que nous pourrons en déduire une vérité d'ordre général. Si nous ne voyons que des cygnes blancs au cours de notre vie, cela ne signifie pas que tous les cygnes soient blancs !
Au sens des critères de Karl Popper, les théories d'évolution ne sont pas scientifiques. C'est pourquoi le grand épistémologue n'a pas considéré dans un premier temps les théories évolutionnistes comme des théories scientifiques. Mais plus tard, s'apercevant que ses conclusions avaient été déformées et utilisées à des fins idéologiques, notamment pas les créationnistes, il finit par se rétracter et par relativiser ses propos. Néanmoins, l'argument reste incontestable...
Pour conclure, demandons simplement à tous ceux qui enseignent des théories dites scientifiques d'être au moins honnêtes, c'est-à-dire de préciser toutes les hypothèses sur lesquelles elles s'appuient et leurs limites. Finalement, nous leur demandons de suivre une démarche authentiquement scientifique et non idéologique... N'est-ce pas le principe élémentaire sur lequel doit se fonder l'enseignement pour former des intelligences ! N'est-ce pas non plus la meilleure façon de préserver et de renforcer la liberté chez nos enfants ? Mais, est-ce vraiment leur intention ? Leur but inavouable n'est-il pas plutôt de façonner leur mode de pensée selon leurs principes ? Ce n'est plus donc une formation mais un endoctrinement...
1 Centre national de recherche scientifique.
2 Beaucoup de TPE (travaux personnels encadrés) ont pour sujet l'évolution. Ils se traduisent par la mise en place de site Web.
3 jeanvilarsciences.free.fr.
4 svt.lycée-oiselet.fr.
5 Voir la théorie de réfutabilité dans Emeraude, juin 212, article « En quête de sens ».
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