" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 25 août 2012

La Bible inspirée et le Coran incréé, même Dieu ?

Nous avons déjà présenté la doctrine islamique du Coran incréé qui révèle une profonde contradiction de la foi musulmane (1). Selon cette doctrine, ce livre est considéré comme incréé tout en n'étant pas Dieu. Nous en avons déduit une association insupportable, Dieu et le Coran. Nous pensons aussi que cette doctrine présente un autre aspect qui nous fait probablement comprendre le caractère profond de l'islam. Pour cela, nous allons présenter le dogme chrétien de l'inspiration de la Sainte ÉcritureCes deux doctrines font en effet apparaître la personnalité de Dieu de manière différente

Notre foi s'appuie sur la Révélation divine. « Cette Révélation surnaturelle est contenue, selon la foi de l'Église universelle, affirmée par le Saint Concile de Trente « dans les livres écrits et dans les traditions non écrites qui reçues par les Apôtres, de la bouche du Christ Lui-même, ou transmises comme de main en main par les Apôtres, sous la dictée de l'Esprit-Saint, sont parvenus jusqu'à nous » (2) ». Les livres de l'Ancien et Nouveau Testament, tels qu'ils sont énumérés dans le décret du concile de Trente, « doivent être reçus pour sacrés et canoniques dans leur intégrité, avec toutes leurs paroles » Car « écrits sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, ils ont Dieu pour auteur et ont été transmis comme tels à l'Église » (3). 

Qu'est-ce que l'inspiration ? Elle est « une impulsion surnaturelle par lequel l'Esprit Saint a excité et poussé les écrivains sacrés à écrire et les a assistés pendant qu'ils écrivaient, de telle sorte qu'ils concevaient exactement, voulaient rapporter fidèlement et exprimaient avec une vérité infaillible tout ce que Dieu leur ordonnait et seulement ce qu'Il leur ordonnait d'écrire » (4). 

L'inspiration s'exerce sur la volonté des écrivains sacrés. Ces derniers peuvent rechercher des documents écrits, consulter des témoins, fournir eux-mêmes les éléments nécessaires à l'élaboration de leur œuvre. En tout cela, Dieu les pousse et les soutienne jusqu'à l'achèvement complet de son livre. Il n'est pas nécessaire qu'ils en aient conscience. Leur liberté n'est donc ni supprimée, ni amoindrie. 

L'action divine s'exerce aussi sur l'intelligence des écrivains sacrés. Elle leur fait percevoir les idées et les faits. Il peut faire l'objet d'une révélation proprement dite (5) si ces idées et ces faits lui sont inconnus. Dieu peut aussi rien ne lui apprendre s'il les connaît déjà. Il le laisse se livrer au travail auquel s'adonne tout écrivain consciencieux, mais Il l'assiste surnaturellement. Il ne faut pas en effet confondre révélation et inspiration. La première fait connaître, la seconde fait écrire les vérités ou des faits qui ont été préalablement révélés ou non. La Révélation agit sur l'intelligence, l'inspiration sur toutes les facultés. 

Dieu meut et dirige donc la volonté et l'intelligence de l'écrivain sacré. Dieu est donc bien l'auteur principal de son œuvre. Mais, Il lui laisse son génie qui lui sert d'instrument. Le tempérament de l'écrivain sacré n'est en effet nullement modifié par l'action divine. Ses aptitudes ne sont pas, non plus, davantage accrues. Elles sont seulement surélevées de telle sorte que, par l'illumination de l'intelligence et l'assistance divine dans la rédaction, l'auteur conçoive et transcrive infailliblement les pensées divines. 

Ainsi l'activité divine et l'opération humaine se compénètrent si bien qu'il n'est inséré dans le Livre Saint que ce que Dieu veut et comme Il veut. Les pensées conçues dans l'esprit de l'écrivain sacré sont toutes à la fois pensées divines et pensées humaines. 

Enfin, l'assistance divine s'exerce sur l'écrivain sacré pendant qu'il rédige son livre. Soit il l'écrit de lui-même, soit il le dicte à un secrétaire. Cette assistance fait choisir à l'auteur sacré les mots les plus aptes à rendre la pensée divine dans toute sa force et sa netteté. 

La Bible ayant donc pour auteur Dieu, elle ne peut pas contenir des erreurs. Il ne peut non plus avoir des contradictions entre différentes affirmations authentiques des Livres Saints ou entre une affirmation authentique de la Bible et une affirmation scientifique. La contradiction ne peut qu'être apparente et peut s'expliquer (altération des copistes, incompréhension du sens exact des mots, disposition différente des paroles et des faits selon le plan de l'écrivain sacré ou selon des procédés littéraires). 

Il est aussi rappelé que la Sainte Écriture est un livre essentiellement religieux, qui ne contient pas d'enseignement directement scientifique. Elle parle des objets dont s'occupe la science selon les apparences et non selon la réalité, en s'adaptant au langage populaire et aux conceptions du temps. Mais, il ne faut pas conclure qu'elle ne renferme pas d'affirmations concernant les sciences. Elle affirme la création de l'univers par Dieu, l'intervention spéciale et directe de Dieu lors de l'apparition du premier homme et de la première femme, l'unité de l'espèce humaine... Elle contient un enseignement vraiment historique... « La lumière divine ne cessera pas d'éclairer et d'élever ses facultés, ni la vérité divine de s'exprimer par sa plume, soit qu'il enseigne directement les faits historiques, soit qu'il enseigne la doctrine au moyen de récits fictifs, dont il est l'écho ou l'auteur. Car toute affirmation de l'écrivain est exempte d'erreur dans le sens où il la présente » (6). 

Revenons à la doctrine de l'islam. Cette dernière affirme que le Coran est incréé. Il provient directement de Dieu. Que dit la doctrine chrétienne ? Dieu s'exerce sur la volonté et l'intelligence de l'écrivain sacré afin qu'il écrive uniquement ce que Dieu veut selon son génie propre et sa personnalité, tout en surélevant ses facultés. Dans le premier cas, l'écrivain n'est que la plume de Dieu, disparaissant sous sa voix écrasante ; dans le second, l'écrivain participe à l'œuvre de Dieu et voit ses facultés s'élever de manière surnaturelle. L'un manifeste la toute-puissance autoritaire de Dieu, l'autre une bonté et une sagesse toute-puissantes. Voilà probablement l'abîme qui sépare l'islam du christianisme. Le musulman voit Dieu d'une puissance redoutable, qui impose sa volonté, sans égard à l'homme. Le chrétien conçoit Dieu dans son amour infini qui, par un mystère insondable, sait unir sa volonté à notre liberté. Est-ce vraiment le même Dieu ? ... 



Emeraude, mars 2012. Cette doctrine nous paraît fondamentale et devrait être, à notre avis, la faille de l'islam.
Décret sur la réception des livres saints, concile de Trente, 4ème session, 08/04/1546. 
3 Constitution dogmatique Dei Filius, chap. II, La Révélation, 1ère Concile du Vatican, session III, 24/04/1870, denz.3006.
4 Léon XIII, Providentissimus Deus, 1893. 
5 Au sens d'acte surnaturel par lequel Dieu manifeste à l'homme une vérité totalement inconnue de lui et dont l'objet dépasse la portée intellectuelle de ses facultés. 
6 A Robert et A. Tricot, Initiation biblique, Desclée et cie, 1938.

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