La Croix est plantée dans notre vie. Le monde peut nous faire oublier la triste réalité de nos misères. Nous pouvons fuir les peines ou nous enfermer dans une forteresse inexpugnable. Notre situation sociale et notre tranquillité peuvent nous tromper et nous bercer d’illusions. La misère et les épreuves font partie de toute existence humaine…
Certains connaissent la pauvreté et luttent pour vivre l’instant présent. D’autres vivent dans la violence ; victimes ou agresseurs, les coups de poing font partie de leur existence. La vie change aussi subitement de visage quand une maladie incurable l’attrape et la ronge. Que devient une âme quand un ventre crie famine, quand les cris et les larmes sont impuissants à arrêter les coups, quand un corps diminue et s’éteint ? Qui peut croire que la vie est exempte de tristesse et de misère ? Qui peut ignorer tant de souffrances autour de soi et en soi ?...
Et pourtant ces maux terribles et effrayants, que sont-ils par rapport à la misère qui peut frapper les âmes et les terrasser ? Quelle plus grande et profonde détresse que d’ignorer son âme ? ! Quel plus grand malheur de vivre comme si elle n’existait pas ?! Un homme perd tout quand il en vient à ne plus entendre sa conscience. Il est en proie à la pire des violences si elle devient silencieuse à force d’être meurtrie. Que devient le corps si l’âme n’y insuffle plus la flamme ?
Ignorer les maux qui l’accablent, ne plus reconnaître ses propres blessures, ne plus entendre cette voix qui nous accuse. Bref, ne pas voir ses péchés est probablement la plus grande des misères, celle qui véritablement annonce le malheur, la fin des espérances, un tourment qui connaîtra point de fin…
La Croix est au cœur de notre vie ici-bas. Nous ne pouvons pas ne pas la porter. Mais cela ne dure qu’un temps. Elle est éphémère en dépit de son poids parfois écrasant. Un jour, nous devrons en effet la déposer. La pauvreté, la violence, la maladie et tant d’autres maux cesseront. En ce jour inéluctable, irréversible, serons-nous du côté du bon larron promis à la béatitude éternelle ou du côté du mauvais larron perdu dans les tourments sans fin ? Quel sera en effet l’état de notre âme le jour où Dieu nous appellera ? Que dirons-nous devant Notre Seigneur qui a porté la Croix en rémission de nos péchés ?
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