Après
la mort de Mahomet en 632, se sont succédés trois califes (Bakr, Omar, Othman)
puis l’empire omeyyade (Damas, 660) et l’empire abbasside (Bagdad, 750). Au XIe
siècle, un vaste empire musulman s’étend de l’Espagne à l’Inde en passant par
l’Afrique du Nord. Les tribus turcs seldjoukides convertis à l'islam se sont encore emparés de
l’Asie mineure au détriment de Byzance puis ont atteint le Turkestan. En
Afrique noire, l’islam progresse grâce aux conquêtes des Almoravides qui
s’emparent de l’empire du Ghana. L’empire abbasside est à l’apogée de sa
gloire.
Mais
au début du XIIIe siècle, l’empire musulman est divisé, affaibli par des luttes
internes et menacé de toute part. Des régions entières se sont libérées du joug
de Bagdad et se sont constituées en principautés indépendantes, notamment l’Espagne, le Maghreb et l’Égypte. Le pouvoir religieux du
calife est contesté en Andalousie et au Caire. Et au sein même de l’empire
abbasside, depuis deux siècles, le calife a perdu tout pouvoir au profit des
sultans turcs.
L’empire
abbasside est aussi menacé de l’extérieur à l’Ouest et à l’Est. Depuis le XIe
siècle, les chrétiens ont fondé des
royaumes en Orient qu'ils maintiennent en dépit de nombreuses difficultés. Défaits progressivement, ils ne présentent plus guère
de véritables dangers pour l’empire abbasside. Toutefois ils pourraient devenir une menace
sérieuse s’ils parvenaient à se lier avec l’autre menace venue de
l’Est, les Mongoles. Les troupes mongoles de Gengis Khan atteignent en effet les terres musulmanes. L’empire risque en effet d’être pris en étau. Après une incroyable expansion, l’islam semble donc réellement menacé.
Les
Mongoles
Au début du XIIIe siècle, Gengis Khan réunit toutes les tribus mongoles sous ses ordres et à la tête de ses célèbres cavaliers, il conquiert un immense empire de la Chine à l’Iran en passant par le sud de l’actuelle Russie. Surgissant
des vastes steppes de l’Asie, les Mongoles s’emparent de Bagdad en 1258 et mettent
fin au règne des Abbassides. Ses fils étendent encore ses territoires en
prenant le Tibet, la Corée, la Perse, l’Irak, la Russie et la Hongrie. En 1279,
ils finissent par conquérir la Chine. Un vaste empire jamais inégalé s’étend
ainsi entre la Méditerranée et l’Océan Pacifique.
La conquête fulgurante des troupes mongoles est dévastatrice. Elle est d’une
extrême atrocité. 200 000 prisonniers sont massacrés lors de la chute de
Bagdad. Mais trop vaste, cet immense territoire se morcelle rapidement en
différentes khanats, qui théoriquement relèvent tous de l’autorité du grand
khan. Après Kubilaï (1260-1294), petit-fils de Gengis Khan, l’empire mongole
décline et disparaît. La ville de Pékin, capitale du grand khanat depuis 1266,
est libérée entre 1356 et 1368 par un chef rebelle, futur empereur de Chine et
fondateur de la dynastie Ming.
Partagés
entre le nestorianisme et l’islam, les khans mongols finissent par se convertir
à l’islam les uns après les autres. Le premier est Berké (1257-1266), khan de
la Russie méridionale. En 1270, c’est au tour du khan de Turkestan d’où sortira Tamerlan, le dernier conquérant mongol. En 1295, le khan de Perse embrasse à son tour la foi musulmane. Devenus musulmans, les khans déclenchent de véritables guerres
saintes « avec un fanatisme dont le monde musulman avait
perdu le souvenir »[1].
Ils persécutent les non-musulmans.
Les
différents khanats se libèrent donc du grand khan trop éloigné pour maintenir
l’empire de Gengis Khan. Le khanat de Perse s’effondre. La Perse est alors en proie à une lutte entre les tribus chiites et
sunnites regroupées en confédérations. En Anatolie, la région est divisée en
principautés telles le Karaman au Sud Est et l’Ottoman au Nord Ouest.
Le
dernier grand conquérant mongol est Tamerlan (1361-1405), émir de Samarkand. Aussi cruel que raffiné, il tente de
reconstituer l’empire de Gengis Khan, à la différence qu’il légitime ses
conquêtes en prétextant défendre l’islam. Présenté souvent comme un fanatique
musulman, il mène la guerre sainte en se livrant à de véritables carnages. En
1393, il s’empare de Bagdad qu’il décimera en 1401 pour se venger d’une
rébellion. En 1398, il dévaste l’Inde. En 1401, Damas est en ruine. Mais ces
conquêtes n’obéissent à aucune stratégie, ces vastes territoires ne sont pas
organisés. Après sa mort, l’empire éphémère de Tamerlan disparaît, laissant des
régions exsangues, livrées à l’anarchie.
Dans un monde musulman
épuisé et déchiré, l’Égypte apparaît à la fin du Moyen-âge comme le refuge de l’islam. Il recueille la succession de l’Arabie et de l’Iran, elle en devient
le guide. Après Damas et Bagdad, le Caire est le nouveau centre de
l’islam. Au XIIIe siècle, les Mamelouks dirigent l’Égypte et dominent la péninsule arabique, la
Syrie et le Liban.
Formés
généralement d’esclaves affranchis, les Mamelouks formaient la garde turque des
sultans ayyoubites d’Égypte. Ils sont recrutés à partir des captifs non musulmans
de l’actuel Turkestan, de la Russie et de l’Europe orientale. Ils forment une
élite guerrière bien formée et entraînée.
Après avoir battu les croisés dirigés par Saint Louis en 1249, ils prennent leur indépendance l'année suivante en tuant le dernier héritier des sultans égyptiens. Puis ils écrasent les Mongoles en 1260. Forts d’un tel prestige, les Mamelouks se désignent comme les protecteurs de l’islam et de ses lieux saints. Leur légitimité est encore accrue lorsqu’ils recueillent au Caire un descendant des Abbassides à qui ils donnent le titre de calife tout en restreignant son rôle. L’empire abbasside est ainsi restauré sous la direction des Mamelouks.
Après avoir battu les croisés dirigés par Saint Louis en 1249, ils prennent leur indépendance l'année suivante en tuant le dernier héritier des sultans égyptiens. Puis ils écrasent les Mongoles en 1260. Forts d’un tel prestige, les Mamelouks se désignent comme les protecteurs de l’islam et de ses lieux saints. Leur légitimité est encore accrue lorsqu’ils recueillent au Caire un descendant des Abbassides à qui ils donnent le titre de calife tout en restreignant son rôle. L’empire abbasside est ainsi restauré sous la direction des Mamelouks.
Par
son organisation militaire, l’empire mamelouk est très cohérent et structuré.
Il tient aussi sa force du commerce dont il assure le monopole en Mer Rouge et
dans l'Océan indien. Tout échange entre l’Occident et les Indes passe
obligatoirement par lui. Les Mamelouks ont conquis la côte orientale de
l’Afrique ; les Éthiopiens ont fui dans les montagnes.
A
partir de l’Égypte et de la péninsule arabique, de Perse et de l’Inde, l’islam
se diffuse en Asie grâce aux voies commerciales. Les commerçants musulmans
atteignent l’Indonésie et répandent l’islam. Des aventuriers constituent des
petits états musulmans sur les îles indonésiennes dans la première moitié du
XVe siècle.
Devenus
sultans, les Mamelouks sont cependant confrontés aux rivalités perpétuelles qui
les déchirent. Ainsi ne parviennent-ils guère à établir un pouvoir incontesté
et stable. Durant leur règne, ils parviennent néanmoins à éliminer la présence
des Latins en Orient et à conquérir Chypre en 1426.
Les
Ottomans
Osman |
Après
leurs victoires contre les Byzantins à la fin du XIe siècle, des tribus
seldjoukides se sont installées en Anatolie et ont créé de véritables
territoires autonomes. Avec l’affaiblissement de l’empire abbasside, l’invasion
mongole au XIIe siècle et la disparition du sultan seldjoukide au XIVe siècle,
l’Anatolie est devenue un ensemble disparate de petites principautés mongoles
et seldjoukides. Il reste encore des possessions byzantines. Ces dernières sont
la cible des convoitises tribales.
Parmi
les principautés turques émergent celle d’Osman. Située au nord-ouest de la
péninsule, à proximité de l’empire byzantin, elle peut lancer des attaques plus
facilement contre les chrétiens. Osman (1281-1326) mène aussi une politique de
conquête en Anatolie contre les différentes principautés seldjoukides et
mongoles. Il est considéré comme le chef dynastique des Ottomans.
Au
XIVe siècle, après s’être imposés aux autres forces turques de l’Anatolie, les Ottomans profitent des luttes intestines qui affaiblissent Byzance pour attaquer
l’empire chrétien. Ils parviennent à s’emparer de Nicée (1329) et de Nicomédie
(1337). Puis ils se lancent à la conquête de l’Europe. En échange de leur appui
auprès d’un des prétendants au trône de l’empire, ils s’installent et se
fortifient dans une ville européenne, Gallipoli. Après une série d’expéditions,
ils finissent par posséder presque toute l’Anatolie et de nombreuses villes
européennes. Conquise, Andrinople devient la capitale des Ottomans en 1363.
Byzance devient même leur vassal. A la fin du XIVe siècle, leur territoire
s’étend dans les Balkans. A la bataille du Kosovo (1389), les Ottomans écrasent
une coalition de chrétiens. Plus tard, c’est au tour de l’armée hongroise d’être
battue à Nicopolis en 1396. Appelée au secours de l’empereur byzantin, une
petite armée française aux ordres du maréchal de Boucicault parvient à vaincre
les Turcs près de Constantinople mais elle n’est pas assez nombreuse pour faire
face à l’offensive turque. Toute l’Europe du sud du Danube est finalement entre
leurs mains.
Tout
en s’enfonçant en Europe jusqu’en Hongrie, les Ottomans doivent aussi se battre
en Anatolie contre des turcs qui se rebellent et surtout contre les Mongoles
qui réapparaissent. Tamerlan les brise en juillet 1402 à Ankara. Cette défaite permet aux Mongols de
conquérir l’Anatolie. A peine le conquérant parti, la péninsule se morcelent en principautés autonomes concurrentes...
L’islam
en Occident
Au Xe siècle, dans la péninsule ibérique, les chrétiens se lancent dans la « Reconquista » et gagnent du terrain. EN 1006, les troupes musulmanes connaissent une véritable déroute à la bataille de Torà. Le calife
d’Andalousie se ressaisie grâce à l’arrivée des Almoravides (1062),
c’est-à-dire des Soudanais, des Sahariens et des Berbères, puis grâce à
l’arrivée des Almohades (1195) venus d’Afrique du Nord, essentiellement des
Berbères.
Au
XIIe siècle, détachés de l’empire
abbasside, les Almohades sont parvenus à réunir toute l’Afrique du Nord et
l’Andalousie. Au siècle suivant, cette
entité se morcelle. Le Maghreb se répartit entre trois
royaumes : les Hafsides (Tunisie, Algérie), les Wadides sur les Hauts
Plateaux et les Mérinides au Maroc. Depuis 1237, retranché derrière une
barrière montagneuse, le royaume de Grenade résiste aux rois chrétiens. Ces
royaumes partagent le même courant musulman, le malékisme. Ils s’unissent dans leur résistance
contre l’expansion chrétienne. Dès le XVe siècle, avant même que l’Espagne ne chasse les musulmans du rocher (1492), les Portugais attaquent les côtes
africaines.
Grâce
aux voies commerciales que les musulmans entretiennent vers l’Afrique Noire, l’islam se
répand parmi les tribus africaines. Converti au XIe siècle, le royaume de Mali
devient un empire au XIVe siècle. Au siècle suivant apparaît le sultanat de Goa.
L’islam
en Inde
Au début du XIIIe siècle, un royaume musulman domine l’Inde du Nord. Il est fondé par un fanatique musulman, véritable tyran et peu scrupuleux de violer la loi coranique. Ce royaume finit par soumettre toute la péninsule. Cependant seul le Cachemire se convertit réellement à l’islam. L’empire décline au siècle suivant. Les hindoues luttent pour se libérer du joug musulman. A la fin du XVe siècle, un fragile équilibre subsiste entre l’islam et l’hindouisme.
Référence
[1] Jean-Pierre Valognes, Vie et mort des chrétiens d’Orient, Fayard, 1994.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire