" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 2 janvier 2015

Une tradition active

Nous ne pouvons pas transmettre ce que nous n’avons pas. Nous pouvons ne pas avoir reçu ce que nous devons transmettre mais nous pouvons aussi ne pas rechercher ce que nous devons recevoir ou pire encore perdre ce que nous avons reçu. Que serait devenue la Parole de Dieu sans les efforts des premiers chrétiens et de ceux qui les ont suivis ? 

Nous ne pouvons pas non plus bien défendre notre âme si nous ignorons nos ennemis. Il est bien plus facile de se plaindre des temps difficiles quand nous sommes à l’abri derrière les remparts d'un château en apparence imprenable alors que la guerre fait rage dans les campagnes lointaines. Et au lieu de préparer nos forces lorsque le temps le permet, nous préférons parfois gémir dans notre forteresse, songer aux temps bénis de la chrétienté ou dénoncer le mal qui s’étend. 

Nous songeons parfois à ces chrétiens orientaux qui, assiégés par les musulmans pendant des siècles, ont pris l’habitude d’accepter leur sort. Tout leur a été occulté ou renié. Conditionnés et résignés, ils ont lentement disparu. Les conflits entre les communautés chrétiennes n’ont fait qu’accentuer ce repli sur soi. C’est aussi le risque des chrétiens de l'Europe occidentale. En Égypte, la situation des chrétiens a évolué le jour où les coptes ont refusé cet état de fait. Ils se sont réappropriés de leur culture. Ils se sont formés. Un de leurs principaux efforts a été de reconstituer une élite chrétienne et de développer l’enseignement chrétien. Mais cet effort ne va pas sans difficulté. Il nécessite des sacrifices et des peines. Il nécessite beaucoup de temps. Or, le temps semble nous manquer. 

Nous ne cessons pas en effet de courir. La montre nous harcèle. Cette course haletante ne nous laisse guère au repos pour penser aux choses importantes. Nous nous épuisons à suivre le temps qu'on nous impose. Mais comment faire pour aller à l'essentiel ? 

Le dimanche après-midi, nous pourrions profiter de ce jour de repos pour approfondir nos connaissances. Au lieu de nous fatiguer sur les routes lors des vacances si longuement attendues, nous pourrions nous stabiliser et réserver quelques heures d'étude. L’heure du réveil pourrait simplement ne pas être dictée par le travail. Et combien de choses supposées importantes pourraient être abandonnées ! Il est particulièrement ardu de nourrir sa vie intérieure et intellectuelle quand l’esprit ne cesse de courir, quand la société de consommation l'accapare...

Notre principal effort devrait consister à nous approprier de notre temps ou plutôt à nous imposer une meilleure discipline, gage de liberté. Les religieux ont pu faire de grandes choses grâce notamment à leur règle. Au lieu de courir et de gémir dans de vaines paroles, commençons d'abord à vouloir faire travailler notre esprit, à approfondir nos connaissances, à mieux connaître le trésor de l'Église que nos ancêtres nous ont légué. Dans le cas contraire, ne soyons pas étonnés de la déchristianisation de notre société et des succès de nos adversaires à force de ne vouloir rien transmettre...

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