En
janvier, la France était en alerte. Elle l’est peut-être encore aujourd’hui. Des
centres de crise ont été mises en place. Des militaires continuent de
patrouiller à Paris. Certains ont parlé de guerre. Tout cela frise la folie.
Une véritable hystérie a en effet gagné les hautes sphères du pouvoir. Tout
cela ressemble fort à de l’agitation médiatique et politique. Derrière les
discours et les manifestations se révèlent un véritable vide, une profonde
misère. Rameutés d’urgence, les centres de crise ont attendu une crise. Les
juifs sont venus au secours des militaires, apportant une logistique dont ils ont
été tristement dépourvus. On nous a parlé d’un 11 septembre à la française.
Comment la mort d’une dizaine de personnes peut-elle être comparée à celle de
six mille innocents tués ? Et comble de misère, une vaste chasse aux
sorcières est sortie de ses cendres. La justice s’est abattue sur la moindre
parole déplacée. Tout cela apparaît bien comme des signes évidents d’une
société à l’agonie
Rappel
des faits
La
France a fait l’objet d’une attaque meurtrière qui a soulevé une vague d’émotions
bien légitime. Ces émotions ont été exceptionnelles tant par leur durée que par
leur intensité. Un véritable acte de guerre s’est déroulé en plein jour contre
le journal Charlie Hebdo. Au nom de l’islam, des djihadistes ont tué une
dizaine de personnes. Puis pendant que les terroristes fuyaient vers le nord de
Paris, une autre attaque, toujours au nom de l’islam, s’est produite au sud de la ville contre un commerce juif. La tactique semble évidente.
Et
rapidement, des manifestations se sont créées, un slogan a surgi : « je suis Charlie ». D’une
même voix, les journalistes et les autorités politiques ont défendu la liberté d’expression, censée être mise à mal par cette attaque. Une foule extraordinaire, sans précédent, ont envahi les avenues et les rues des villes de France pour proclamer haut et fort les
valeurs de la République. De nombreux chefs d’états y ont participé, y compris
ceux qui les bafouent. Et voilà l’union nationale réalisée derrière un
président si détesté auparavant. Une autre vague d’émotions aussi grande que la
première a ainsi envahi la France. L’exaltation a succédé à l’angoisse.
Mais
les événements laissent rapidement la place à d’autres événements. Les émotions
se succèdent encore. Voilà que la minute de silence décrétée en mémoire des victimes
n’est pas respectée par tous les écoliers de France. On découvre que les valeurs
républicaines ne sont pas partagées par tous les chérubins de la République. Pire.
L’union nationale qui s’est illustrée de manière si grandiose dans la rue est
entachée par des « apologies au
terrorisme ». De nombreux délits commis pour « incitation au terrorisme » sont
repérés. La liberté d’expression a des limites. La récente loi de notre
ministre de l’intérieur s’est appliquée en toute rigueur…
Puis
fort d’une légitimité retrouvée, l’État sort en hâte une série de mesures tant
répressives que préventives pour répondre à l’acte lâche des terroristes. Dans
le combat contre l’infamie, les écoles sont aussi mises à contribution. On
propose d’enseigner le fait religieux dans les classes. Les valeurs
républicaines doivent imprégner davantage les jeunes de la République.
Mais
autre surprise, un enseignant puis d’autres sont aussi accusés de rompre
l’union nationale. Ils refusent de professer le slogan, symbole majeur de
l’union nationale ! Les proviseurs les convoquent et les sermonnent. Les
menaces fusent sur les récalcitrants. Le mal a aussi gagné le monde de l’enseignement
…
Puis
nouveau rebondissement : Charlie Hebdo ne disparaît pas et publie un
numéro qui atteint un chiffre record de publication. La première page
caricature Mahomet avec une parole énigmatique : « tout est pardonné ». Alors qu’on
l’arrache dans les bureaux de presse, il est vilipendé par les pays musulmans. Une
grande partie du monde musulman proteste et certains pays interdisent sa
diffusion. Des innocents tombent. Des églises brûlent. Nous voilà replongés à l’origine même du drame…
Enfin,
au lendemain de la publication du Charlie Hebdo, une filière islamiste est
démantelée en Belgique. Des terroristes projetaient des attentats. Le mal est
européen…
Pendant
ces jours si denses en émotions, les médias se saturent de commentaires, de
débats, de propositions. Au gré des images et des informations, ils s’agitent. Chaque
minute apporte son lot de sensations. Alors que les caméras sont centrées sur
une foule scandant le fameux slogan, des massacres au Nord du Mali passent
presque inaperçus. 2000 morts sont enfouis dans le silence. Les forces de Boko Haram détruisent des villages africains comme au temps des cavaliers
arabes ou mongols ! Les États africains en appellent à l’aide ! Et
les regards restent braqués sur les douze morts…
Nous
avons assisté à un véritable matraquage où les paroles intelligentes ont eu bien
de la peine à surgir. On a demandé de ne pas assimiler l’islam à l’islamisme,
de combattre toute forme de radicalisation, de former davantage les musulmans,
de donner une autorité à l’islam de France, d’éduquer les enfants sur les faits
religieux, etc. Sempiternelles paroles qui ne font qu’éclater l’ignorance
profonde de notre élite bien pensante, bien incapable de comprendre les
événements qui les ont secoués.
Mais l’émotion ne doit pas cacher la réalité,
encore moins nous empêcher de réfléchir. Car ces événements sont riches
d’informations. Faisons en effet quelques remarques…
La
liberté d’expression était-elle vraiment la cible des terroristes ?
Rappelons
en effet les faits. Les terroristes ont attaqué Charlie Hebdo pour se venger
des caricatures que le journal a publiées il y a quelques années. Formés et
préparés à la guerre dans un des camps de djihadistes, ils ont répondu à une
fatwa, c’est-à-dire à une sentence juridique prononcé par un imam … L'attaque sur Charlie Hebdo n’est donc pas une surprise. On a peut-être
oublié l’adage célèbre : « la
vengeance est un plat qui se mange froid »…
Le
fait important, parfois oublié, est l’audace et la sérénité des attaquants. Ils
ont mené une véritable opération militaire en plein jour. Ce n’est pas vraiment
une attaque terroriste. Leur amateurisme l’a suffisamment montré. Ce sont des
combattants et non des terroristes. Leur but n’était pas de semer la terreur ou
de frapper l’opinion mais la vengeance.
En
outre, leur succès a renforcé le prestige des salafistes. Or l’histoire de l’islam
montre que seule la force victorieuse est gage de légitimité pour les musulmans. Certes, les autorités
politiques ont réagi efficacement. La France a été rapidement mise en état de
crise. Mais il est trop tard. Le calme peut revenir. La guerre est terminée.
Les salafistes ont remporté une victoire qu’on ne peut plus leur enlever.
La
liberté d’expression est-elle un véritable enjeu dans ces événements ?
Non
à l’origine, oui désormais. Les événements rappellent tristement que ceux qui
abusent de la liberté d’expression doivent aussi en assumer les
responsabilités. Car attiser le mal est une faute.
Pouvons-nous
en effet laisser un journal proférer tant d’insultes à l’égard des
religions ? Nous devons en effet le rappeler. Charlie Hebdo est un journal satirique,
exécrable et abominable au moins pour les croyants. « On ne peut insulter la foi des autres », dira le Pape
François. Le journal n’a jamais éprouvé le moindre respect pour les religions et
leurs représentants qu’il traîne allègrement dans la boue. Un chrétien peut-il
rester insensible devant un dessin qui représente le Pape en train de sodomiser
des enfants ? Ce sont des images insupportables. Et l’État de droit qui
protège pourtant la susceptibilité de certaines communautés ne s’oppose pas à
ces injures. L’injure et l’injustice sont sources de colère aveugle !
Finalement,
Charlie Hebdo a reçu ce qu’il a semé. Il ne s’agit nullement de justifier l’attaque
meurtrière dont il a été victime, attaque que nous condamnons fermement. Mais
nous devons reconnaître l’évidence. Charlie Hebdo a attisé la colère et la
haine. Il est en partie responsable de ce que nous vivons aujourd'hui. Et pire
encore, il continue ses injures sous la protection de l’État !
Une
semaine après l’attaque, Charlie Hebdo a renouvelé la provocation. Pendant que
la colère s’abat sur des innocents et que les églises brûlent, le président de
la République nous parle de liberté d’expression ! L’irresponsabilité
cause de nouveau la mort et la destruction !... Qu’il ose dire en face des
nigériens qu’il faut être « Charlie » ?
Et
pire encore, des journalistes français osent critiquer les journaux américains
qui ont la délicatesse de reproduire la caricature mais floutée. Rappelons que
la France est l’un des rares pays à accepter de telles injures. Les autres
nations aussi civilisées et libres que la nôtre se refusent de blesser la foi
de leurs citoyens. La liberté d’expression n’existerait-elle donc qu’en
France ? En attendant, des dessins continuent de nourrir et d’armer les
forces djihadistes…
Les "terroristes" sont-ils des fanatiques, victimes d’une radicalisation de
l’islam ?
Pendant
plusieurs jours, que d’âneries avons-nous entendues de la part de notre élite ! Elle voit encore l’islam comme il semble exister en France. Parfois, elle distingue le sunnisme et le
chiisme. Mais le sunnisme et le chiisme sont aussi composés de nombreuses
mouvances selon l’école juridique et « théologique »
à laquelle elles appartiennent. Les combattants qui ont combattu Charlie Hebdo
et pris en otage des juifs appartiennent
à l’une de ces mouvances, le salafisme, qui gagne actuellement du terrain dans
le monde, y compris dans les pays non musulmans.
Et
cette mouvance est-elle contraire à l’islam ? Qui pourrait nous le dire
puisqu’il n’y a pas d’autorités capables de définir ce qu’est l’orthodoxie dans
l’islam ?! Il est donc étrange et invraisemblable qu’on les exclue de
l’islam. Arrêtons donc de croire que le musulman français, ou plutôt ce que
nous imaginons comme tel, est le véritable musulman. Il nous plaît car il nous
laisse tranquille. Il ne nous dérange pas sauf lorsqu’il montre sa présence,
défend son identité musulmane ou lorsque ses mosquées sortent de terre. Certes
nous ne devons pas assimiler la majorité des musulmans avec les salafistes mais
personne ne peut dire que les salafistes ne sont pas des musulmans authentiques.
Y-a-il
alors une radicalisation de l’islam ou un réveil d’un des courants forts de l’islam ?
Nous
devons en effet nous poser cette question au lieu de nous abandonner à un angélisme
irresponsable. Si nous songeons à l’histoire de l’islam depuis ses origines,
nous ne pouvons pas vraiment parler de radicalisation mais d’un véritable
réveil d’un islam violent et conquérant.
Qu’est-ce
que la radicalisation ? Elle évoque rupture et intransigeance. Y a-t-il
vraiment rupture dans ce mouvement qui prend ses racines dans l’histoire
de l’islam ?
Posons-nous de bonnes questions. Pourquoi
le salafisme fait-il tant d’adeptes en France ? Des musulmans et des
français, parfois d’origine chrétienne, se convertissent à cette mouvance
musulmane. Pourquoi adhèrent-ils à cette religion si contraire à leur
culture ? Ne sont-ils que des "déstructurés" de la société comme le présente
l‘opinion ? Nous savons aujourd’hui qu’elle touche aussi bien les jeunes
désœuvrés des banlieues que des diplômés hautement qualifiés et des docteurs que
nous avons formés dans nos écoles et universités. Croyons-nous aussi vraiment
que les sites Web islamistes sont seuls responsables de leur conversion ? La
force de ces musulmans ne provient pas uniquement de leur prosélytisme et de
leurs talents. Un site Web n’est pas en effet suffisant pour changer un homme
si profondément. Un message n’est pas efficace s’il ne répond pas à une
attente. La question que nous devons nous poser est donc simple.
Les
convertis se transforment profondément, intégralement. Leur vie prend en effet
un nouveau sens qui oriente complètement leurs pensées et leurs actions. Nous
pouvons alors parler d'une certaine radicalisation de ces individus - et non de l’islam. Comparer
cette conversion à un lavage de cerveau, ce n'est rien comprendre à l’essence
même de l’homme. Osons voir la réalité des choses sans aucun préjugé. Les
convertis sont passés d’une vie perçue minable à une vie plus exaltante. A leurs yeux,
leur existence a gagné en valeur. Elle leur apparaît plus épanouissante, plus
digne d’être vécue. Selon Martin Luther King, si notre vie ne méritait pas de
mourir pour elle, mieux vaut ne pas vivre. Ils ont pris conscience de leur
misère et le salafisme leur est apparu comme une délivrance, une élévation.
Ils ont donc trouvé un nouveau sens à leur vie grâce aux salafistes, ce que
notre société n’a pas su faire ! Voilà le véritable drame qui devrait nous
faire frémir de honte et de crainte. Effectivement, notre société a plus
tendance à déstructurer qu’à former. Elle ne nourrit plus notre âme.
Et
qui aujourd'hui pourrait s’opposer à leur prosélytisme ? Quelle est en
effet la force spirituelle et morale capable aujourd'hui de s’opposer au
salafisme ? Notre société est devenue faible et fragile tant au niveau
intellectuelle que spirituelle et morale. Les réactions qui ont suivi les
événements en sont une preuve évidente. L’hystérie a gagné l’opinion. Comment
pouvons-nous nous en étonner ? Comment une société qui prône le
libéralisme dans tous les domaines peut-elle attirer les jeunes, plutôt attirés
par l’authenticité, l’exigence, l’héroïsme ? Ils n’aspirent pas à la
corruption. Nos évêques ont aussi une part de responsabilité dans cet échec.
Sont-ils encore le sel de la terre ? La terre s’est terriblement affadie. La
place qu’ils n’ont pas voulue occuper a été prise par d’autres. La vie a en
effet horreur du vide…
Comment
l’État veut-il combattre le salafisme ?
Une
des mesures envisagées concerne l’éducation nationale. Il voudrait en effet
enseigner le fait religieux. Des experts et des autorités veulent décrire les
religions selon le point de vue scientifique, c’est-à-dire montrer qu’elles ne
sont que des mythes, des histoires, des interprétations… En un mot, cet
enseignement diffuserait la vision agnostique voire athée des religions. Nous
pouvons alors imaginer la réaction des croyants de toute confession. Le
monde musulman protestera, les chrétiens aussi. Nous pouvons craindre de
nouvelles manifestations, de nouveaux débordements. Cette mesure ne fera en
outre que réveiller l’identité religieuse des musulmans, voire les pousser vers
le salafisme, vers la colère contre l’Occident. En un mot, les musulmans
prendront conscience de l’islam et le revendiqueront. La société se trouvera
encore plus divisée et affaiblie…
Et
comment l’école sera-t-elle capable d’enseigner le fait religieux quand elle
éprouve bien de difficultés pour remplir ses missions fondamentales ? Les
événements qui sont survenus dans les classes lors de la minute de silence
montrent son terrible échec. Depuis longtemps, elle a perdu toute crédibilité
et autorité. Et quelle sera sa légitimité pour enseigner le fait religieux ?
Le comble d’un État laïque serait de demander aux autorités religieuses de
venir enseigner elles-mêmes leur religion à l'école publique …
Les
attaques dont la France a été victime sont-elles une véritable surprise ?
En
septembre dernier, sur ce site, nous avons annoncé que nous ne serons pas à l’abri d’attaques
islamistes. Comment en effet pouvons-nous croire que des musulmans aguerris et
fiers se satisferont-ils de leurs victoires en Irak, en Syrie, en Afghanistan,
au Mali quand nos pays se montrent si faibles ?
Le
Président de la République a annoncé une remise en cause des baisses
d’effectifs de nos armées pour répondre aux menaces. Or, ces menaces ne sont
pas nouvelles. Le dernier Livre blanc de la défense et de la sécurité nationale est pourtant clair. Nous vivons aujourd’hui ce que
nos experts avaient prévu. Quand nous lisons ce document officiel qui définit
les nombreuses et diverses menaces qui pèsent sur la France, nous ne pouvons
pas comprendre pourquoi il a donné lieu à la baisse de notre principal outil de
défense. Comment cela se fait-il aussi qu’en dépit des nombreux attentats
déjoués en ce dernier semestre 2014, nous n’avons pas modifié une
politique si incohérente ? En un mot, il faut attendre de tels événements meurtriers pour
qu’on réagisse. C’est d’une tristesse affligeante, un manque de vue politique …
Une
semaine avant les attaques, sur France info, un philosophe s’attristait devant
le faible niveau culturel de nos dirigeants. Il rappelait que sans véritable
culture, nos autorités ne peuvent pas résoudre les nombreuses crises qui touchent profondément
la France. L’actualité en est un exemple parfait. Certes, ils savent bien manier
la force des images et des discours mais les défis ne se résolvent pas par des
coups médiatiques, par des gestes politiques ou par des slogans…
Les
tristes événements qui ont frappé la France ne sont donc par surprenants. Nous
méritons ce que nous subissons. Hélas, au lieu de nous réveiller et de réagir
efficacement, nous risquons de persister dans nos erreurs et dans nos
illusions. Il est temps de nous armer intellectuellement, moralement,
spirituellement et militairement. Seule une nation forte dotée d’une âme forte sera capable de vaincre un courant islamique en expansion. L’histoire et
l’actualité nous montrent qu’il ne remporte des victoires que sur des peuples
affaiblis et divisés. Or il n’y a pas de force sans unité. Il est donc temps de
cesser de diviser et d’épuiser la France, de fragiliser les familles, lieux
véritables d’éducation de nos enfants, de prôner la déstructuration de notre
nation , de négliger et de mépriser notre culture. Il est temps d’en finir
avec les idéologies et les lobbies des minorités. A force de jouer avec des
allumettes à côté de barils de poudre, « les bolcheviques de la liberté » risquent de provoquer des
incendies incontrôlables. Des innocents vont encore mourir. Il est temps de se
réveiller et de revenir à l’essentiel…
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