" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 6 février 2015

Notre Seigneur Jésus-Christ : le témoignage des Juifs

« O vous chrétiens, comment êtes-vous sûrs de l’enseignement de votre Dieu ? Qui vous garantit que ce Jésus que vous appelez le Christ ait bien existé ? Il y a tant de faux prophètes et de fausses religions. » Le monde nous interroge. Que pouvons-nous lui répondre ? Mais est-il le seul à nous poser cette question ? Il est vrai que notre foi nous porte vers d’autres horizons, d’autres interrogations tant nous sommes certains de ce que nous professons. Mais le monde ne peut comprendre nos certitudes. Il doute de tout et toute vérité lui semble suspecte. Ainsi il ne cesse de nous interroger sur la certitude de nos connaissances.
Les Pères apostoliques
Le témoignage des chrétiens
Nous pourrions évoquer notre foi mais saura-t-il la comprendre ? Il ne doutera pas de son authenticité mais se moquera de notre crédulité. Nous pourrions aussi lui présenter la Sainte Écriture et lui montrer son intégrité substantielle en dépit des siècles qui nous séparent des événements historiques qu’elle relate. Il pourrait en être surpris mais cela lui suffira-t-il pour ébranler ses doutes ? Il n’aura en effet aucune hésitation pour révoquer ce témoignage puisqu’à ses yeux il pourrait lui manquer la certitude scientifique. Certes il ne pourra pas contester sans mauvaise foi son intégrité substantielle mais il pourra trouver mille raisons pour révoquer sa valeur historique.
Nous pourrions alors évoquer le témoignage d’auteurs proches des événements. Nous pourrions en effet lui citer de nombreux témoins du Ier et du IIe siècle, notamment les Pères apostoliques : Papias, évêque d’Hiérapolis (vers 95-100), disciple de Polycarpe, auditeur de Saint Jean, Saint Justin, Saint Clément, évêque d’Alexandrie, et bien d’autres encore. Le monde refusera certainement encore d’entendre ces témoignages qu’il considérera comme étant trop impliqués dans le christianisme. Comment pourrait-il accepter ces hommes que l’Église vénère ? Ils ne feront qu’approuver ce qu’elle enseigne, soupira-t-il. Le monde recherche avant tout des témoignages externes à l’Église.
Faut-il alors lui parler des textes hérétiques et des apocryphes ? Ne dévoilent-ils pas un certain écho des origines du christianisme ? Certains d’entre eux contiennent des paroles authentiques de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que nous appelons « agraphas ». Mais ces exemples ne sont guère propices pour l’éclairer. Effectivement, rien ne garantit leur véracité. Ils contiennent beaucoup d’affabulations et d’erreurs doctrinales. Au contraire, le monde profitera certainement de ces témoignages pour montrer toutes les erreurs de notre foi et relativiser l’enseignement de l'Église. La prudence est donc nécessaire dans l’usage de tels documents historiques, une prudence que le monde ne connaît pas. Ces exemples de déviations montrent toutefois la nécessité d’une autorité dans la religion, une autorité capable de définir l’orthodoxie de la foi. Sans elle, tout homme peut se réclamer porteur de vérité et se radicaliser dans ses propres jugements.

Nous devons alors diriger le monde vers des sources historiques non chrétiennes. Nous pourrions par exemple lui proposer les écrits de Flavius Joseph, historien juif de l’antiquité. Il est l’une des sources précieuses dont nous disposons sur les événements qui ont marqué la Terre sainte au Ier siècle. Mais est-il suffisamment crédible ?

Flavius Joseph, « le grand témoin » du Ier siècle
Né à Jérusalem vers 37 de l’ère chrétienne, Titus Flavius Josephus, de son vrai nom Joseph Ben Matthias, est issu d’une famille de la haute aristocratie sacerdotale. Par sa mère, il est issu de la descendance asmonéenne. Il porte le titre de « cohen » (dévoué), titre conféré au descendant d’Aaron, le frère de Moïse. Élevé dans le culte et la pratique de la Loi, il est acquis aux doctrines pharisiennes. Il a écrit deux grandes œuvres historiques : la Guerre juive, publiée vers 77-78 et les Antiquités juives, en 93-94. Il nous a aussi laissé une autobiographie Vita en 95. Nous pouvons encore citer une oeuvre apologétique Contre Apion, écrite en 97-98.
Buste supposé de Flavius Joseph
En l’an 66, les Juifs se sont révoltés contre Rome. Selon ses propres écrits, Flavius a organisé une révolte en Galilée contre les Romains en tant que commandant en chef des insurgés de la Galilée avant de se rendre au commandant des armées romaines, Vespasien. Il finit par rallier les Romains puis devient leur interprète auprès des insurgés. Il tente de convaincre ses coreligionnaires d’abandonner la lutte qui lui parait si vaine et dangereuse. Il assiste à la destruction du Temple et au massacre de Juifs. Puis il prend le nom de Flavius en l’honneur de ses protecteurs et reçoit la citoyenneté romaine. Devenu empereur, Vespasien l’installe confortablement à Rome où il mène une vie de haut-fonctionnaire de l’empire. Sur l’ordre de Titus, il écrit la Guerre des Juifs qui magnifie la puissance romaine et accuse les Zélotes d’être responsables de la catastrophe. Son zèle pour Rome le caractérise. Il voit même le Messie dans la personne de l’empereur qui est appelé à régner sur tout l’univers. Il meurt vers 100. 
La Guerre des Juifs est donc une œuvre de propagande. Elle comporte des contradictions, voire des erreurs. Flavius Joseph n’est donc guère un témoin impartial. C’est un « politicien au rôle ambigu, courtisan servile, caractère peu estimable assurément. »[1] Mais il essaye aussi de rendre compte du courage du peuple juif.
Naturellement, les Juifs l’accusent de traîtrise et de félonie. Ainsi est-il préoccupé de défendre son rôle et de se justifier. Il tente dans ses écrits de défendre le judaïsme face à ses détracteurs et à l’incompréhension ou l’ignorance des païens. Dans le Contre Apion, il s’appliquer à démontrer la haute ancienneté du judaïsme. Dans les Antiquités juives, il raconte l’histoire des Juifs depuis leur origine jusqu’au début de la guerre de Judée. Ce sont des ouvrages apologétiques.
Si ces interprétations peuvent manquer d’objectivité, la réalité des faits qu’il relate n’est pas fondamentalement fausse. « Flavius Josèphe fut un très mauvais juif, mais un très bon historien. »[2] Il rédige ses ouvrages soit en tant que témoin des scènes qu’il décrit, soit en utilisant la documentation officielle. 
Ces écrits contiennent en fait des aspirations contradictoires. Ils portent « le paradoxe qu’incarnait Flavius Josèphe, qui fut surnommé le « Juif de Rome ». Un homme destiné pourtant à devenir la mémoire vivante du peuple qu’il avait trahi. »[3]
Témoignage de Flavius Joseph : existence de Saint Jean Baptiste
Flavius Joseph nous apporte quelques éclairages sur les origines du christianisme. Dans ses Antiquités juives, il fait notamment allusion à Saint Jean-Baptiste
« […] il y a avait des Juifs pour penser que, si l’armée d’Hérode avait péri, c’était par la volonté divine et en juste vengeance de Jean surnommé Baptiste. En effet, Hérode l’avait fait tuer, quoique ce fût un homme de bien et qu’il excitât les Juifs à pratiquer la vertu, à être juste les uns envers les autres et pieux envers Dieu pour recevoir le baptême ; car c’est à cette condition que Dieu considérerait le baptême comme agréable, s’il servait non pour se faire pardonner certaines fautes, mais pour purifier notre le corps, après qu’on eût préalablement purifié l’âme par la justice. Des gens s’étaient rassemblés autour de lui, car ils étaient très exaltés en l’entendant parler. Hérode craignait qu’une telle faculté de persuader ne suscitât une révolte, la foule semblant prête à suivre en tout les conseils de cet homme. Il aima donc mieux s’emparer de lui avant que quelque trouble se fût produit à son sujet, que d’avoir à se repentir plus tard, si un mouvement avait lieu, de s’être exposé à des périls. A cause de ces soupçons d’Hérode, Jean fut envoyé à Machaero, […] y fut tué. »[4]
Ce texte est-il authentique, pourrait nous demander le monde toujours soupçonneux ? En effet, le texte que nous possédons aujourd'hui aurait pu être remanié par les chrétiens pour devenir une arme de propagande. L’authenticité de ce texte est en effet unanimement reconnue par les spécialistes. Cependant le monde pourrait sourire. L’historien juif contredit les Évangiles. En effet, selon les évangélistes, Hérode l’aurait tué sur demande de sa belle-fille et plus précisément de sa seconde femme qui le haïssait. Saint Jean Baptiste ne cesse en effet d’accuser leur adultère. En outre, Flavius montre que ses disciples sont des exaltés. Leur exaltation aurait donc pu les inciter à inventer le Christ. Toutefois, son existence, son rôle et sa mort son avérés.
Sainte Jacques le Majeur
(mesnil.saint.denis.free.fr)
Témoignage de Flavius Joseph : existence de Saint Jacques majeur, « frère de Jésus »
 « Ayant appris la mort de Festus, l’empereur envoya Albinus en Jude comme procurateur. Le roi enleva le pontificat à Joseph le grand-prêtre et donna la succession de cette charge au fils d’Anan, nommé lui-aussi Anan. […] Anan le Jeune […] était d’un caractère fier et d’un courage remarquable ; il suivait, en effet, la doctrine des Sadducéens, qui sont inflexibles dans leur manière de voir si on les compare aux autres Juifs, ainsi que nous l’avons déjà montré. Comme Anan était tel et qu’il croyait avoir une occasion favorable parce que Festus était mort et Albinus encore en route, il réunit un sanhédrin, traduisit devant lui Jacques, frère de Jésus appelé le Christ, et certains autres, en les accusant d’avoir transgressé la loi, et il les fit lapider. » [5]
Les autorités juives n’hésitent pas à transgresser la loi romaine pour tuer des Juifs. Anan ne pouvait en effet réunir le Sanhédrin sans l’autorisation de l’autorité romaine. Il ne pouvait non plus appliquer une sentence de mort sans son accord. C’est pourquoi « le roi Agrippa lui enleva pour ce motif le grand-pontificat ».
La grande majorité des spécialistes reconnaît l’authenticité de ce passage. La précision « frère de Jésus » n’est guère habituel pour un chrétien qui aurait préféré l’expression « frère du Seigneur ».
Flavius Joseph confirme l’existence de Jésus et de Saint Jacques. Il confirme aussi que Jésus était appelé le Christ. Le monde pourrait également nous rappeler que la mort de Saint Jacques diffère du récit de son exécution que donnent Hégesippe au IIe siècle et Saint Clément d’Alexandrie au IIIe siècle. Enfin, dans un troisième passage, l’historien juif nous parle de Jésus et de sa crucifixion.
Témoignage explicite de Flavius Joseph : les faits relatifs au Christ
« Vers le même temps vint Jésus, homme sage, si toutefois il faut l’appeler un homme. Car il était un faiseur de miracles et le maître des hommes qui reçoivent avec joie la vérité. Et il attira à lui beaucoup de Juifs et beaucoup de Grecs. C’était le Christ. Et lorsque sur la dénonciation de nos premiers citoyens, Pilate l’eut condamné à la crucifixion, ceux qui l’avaient d’abord chéri ne cessèrent pas de le faire, car il leur apparut trois jours après, ressuscité, alors que les prophètes divins avaient annoncé cela et mille autres merveilles à son sujet. Et le groupe appelé d’après lui, celui des Chrétiens n’a pas encore disparu. » [6] 
Ce passage fait l’objet d’une discussion entre les spécialités. Certains y voient comme une interpolation chrétienne complète quand d’autres le reconnaissent comme étant authentique. Selon une troisième hypothèse, l’interpolation chrétienne n’est que partielle. Une réduction jugée excessive du texte de Flavius Joseph mentionne uniquement Jésus, « homme sage », « faiseur de prodiges, le maître de ceux qui reçoivent avec plaisir les vérités », qui « gagna beaucoup de Juifs et aussi beaucoup du monde hellénistique ». Elle relate aussi que « Pilate l’ayant condamné à la croix », « ceux qui l’avaient d’abord chéri ne cessèrent pas de le faire », donnant ainsi naissance à la « race des chrétiens »[7]. Selon une version des Antiquités Juives en langue arabe, le passage est moins réduit[8]. Dans la réduction la plus excessive, nous pouvons noter les traits caractéristiques de la vie de Notre Seigneur : il fait des prodiges, enseigne comme un maître, réunit des disciples juifs et grecs, est crucifié sous Ponce Pilate, a donné naissance à des communautés chrétiennes qui s’étendent. Flavius Joseph est donc au courant des quelques faits saillants de la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Si Saint Jean Baptiste et Notre Seigneur sont ainsi mentionnés dans des écrits historiques officiels, pouvons-nous croire qu’il était un Juif marginal ?
Les discussions sur l’authenticité de ces passages pourraient persuader le monde de ne pas prendre en considération le témoignage de Flavius Joseph. Mais il serait difficile de croire que l’historien ait pu évoquer « Jacques, frère de Jésus » sans traiter auparavant de Jésus et des chrétiens.
Si les événements attribués à Notre Seigneur selon l’Église ont vraiment existé, les Juifs ont dû en parler au moins pour dénoncer ses disciples et leurs erreurs. Le Talmud doit donc en parler. Il représente en quelques sortes la tradition orale de l’enseignement juif. Présentons donc au monde un autre témoignage juif.
Qu’est-ce que le Talmud ?


Le Talmud signifie « ce qui est étudié ». Il est un ensemble de commentaires de la Sainte Écriture accumulés depuis des siècles. Il interpréte la Torah et en propose des clés de lecture. Issues d’abord de la tradition orale, transmise de maître à disciple, les commentaires bibliques ont ensuite été transcrits par des rabbins après la chute de Jérusalem en l’an 70. D’autres commentaires se sont ensuite rajoutés au fil des temps. Sa structure s’est aussi codifiée progressivement.
Après la destruction du Temple par les Romains, des écoles de pharisiens se sont ouvertes, notamment en Galilée, et se sont livrées à l’interprétation des Saintes Écriture, tout en mettant en ordre les traditions reçues. 
Il existe deux grandes versions du Talmud, celui de Jérusalem (IVe siècle) et celui de Babylone (Ve siècle), représentant les deux premières écoles rabbiniques. Le Talmud est formé de la Mishna et de la Guémara. La Mishna constitue un ensemble de règles à suivre, fixées après la chute du Temple en 70 après Jésus-Christ. Elle est constituée aux alentours de l’an 200. La Guémara apporte d’autres commentaires sur l’origine des lois et leurs modes d’explication, relève les contradictions du texte de la Mishna, tente de les concilier et en propose d’en débattre. Elle est close vers l’an 500. Le Talmud a ensuite donné lieu à d’autres commentaires et exégèses qui facilitent ou approfondissent la lecture biblique ou talmudiques comme ceux de Rachi ou de Rabanou Hananel.
Le témoignage du Talmud


Yoseph Klausner, érudit juif (1874-1958) a présenté une synthèse des informations relatives à Notre Seigneur que nous pouvons tirer du Talmud. Rappelons cependant que le Talmud ne mentionne des événements historiques lorsqu’ils sont utiles à la compréhension de la Torah.
Klausner énumère d’abord « les informations historiques dignes de créances » : « Il s’appelait Yéshoua (Yéshou) de Nazareth ; il pratiquait la magie (c’est-à-dire il opérait des miracles, comme beaucoup d’autres à cette époque), et il trompait et égarait Israël ;il se moquait des paroles des Docteurs ; il commentait l’Écriture à la manière des Pharisiens ; il avait cinq disciples, il déclarait qu’il n’était pas venu pour ajouter ou retrancher quelque chose à la Loi ; il fut pendu (crucifié) la veille de Pâque, qui tombait le jour de Sabbat, parce qu’il était un « séducteur » ; et ses disciples guérissaient les malades en son nom. »[9]
Selon le Talmud de Babylone (Sanhédrin 43), « la veille de Pâque on pendit Jésus. Un héraut passa devant lui pendant quarante jours [en disant] : « il va être lapidé, parce qu’il a pratiqué la sorcellerie et qu’il a séduit et égaré Israël. Que tous ceux qui connaissaient quelque chose à sa décharge viennent plaider pour lui.  Mais on ne trouva rien en sa faveur, et on le pendit la veille de Pâque. »
Klausner énumère ensuite les informations « douteuses et tendancieuses », notamment l’accusation d’être le bâtard d’une femme adultère.
Pour Dan Jaffé[10], docteur en histoire des religions, le Talmud de Babylone (Sanhédrin 107b) accuse Notre Seigneur Jésus-Christ de sorcellerie : « Jésus a pratiqué la sorcellerie, a séduit et a fourvoyé Israël »[11]. Selon une autre tradition talmudique[12], il aurait été initié à la magie en Égypte. Il est aussi décrit comme un mécréant qui a emprunté une mauvais voie[13]. Il est aussi présenté comme un idolâtre. « Il sortit, dressa une brique (lebeinta) et se prosterna devant elle ». Selon certains commentateurs, cette brique serait une croix ou une expression mettant en dérision le symbole de la croix[14]. Le même Talmud nous précise aussi qu’il a été banni de la communauté juive. Cette tradition talmudique précise enfin que Josué ben Parahyah, considéré comme magicien, exorciste et guérisseur, a joué un rôle important dans le procès de Notre Seigneur Jésus-Christ. Selon un texte cabalistique tardif, Josué ben Parahyah serait un mystique dont Jésus, fils de Marie, « homme pieux et juste », était le disciple[15].
Après avoir étudié les passages que nous venons de mentionner, Dan Jaffé conclut que « l’image de Jésus était donc pour le monde juif l’image du disciple qui s’était fourvoyé et en était venu à faire fauter autrui. À travers lui, c’est le regard sur le christianisme, une religion provenant du judaïsme devenue opposée et hostile, qui s’est forgé. »[16] Par le Talmud, nous pouvons en effet connaître ce que pensaient les Juifs à partir du IIe ou IIIe siècle sur Notre Seigneur Jésus-Christ. Le Talmud de Babylone lui donne encore une image plus tardive. Le Talmud n’est pas en effet un témoignage direct de l’époque. Il serait plutôt l’écho des accusations juives contemporaines ou une réaction à l’enseignement chrétien du IIe siècle.
La tradition juive, si elle est hostile à Notre Seigneur Jésus-Christ, ne remet donc nullement en cause son existence. Elle rappelle même quelques événements qui confortent le témoignage de Flavius Joseph. Elle nous rapporte aussi des légendes que nous retrouvons également dans des ouvrages païens. Celse considère aussi Notre Seigneur comme un magicien qui aurait appris son art en Égypte  : « […] les miracles que Jésus a faits », « Celse veut faire passer pour des secrets appris en Égypte. »[17]
Finalement, aujourd’hui, les Juifs ne remettent plus en cause l’existence de Notre Seigneur Jésus-Christ et son enseignement. Ils considèrent plutôt le Nouveau Testament comme « un état du judaïsme antérieur à l’orthodoxie actuelle »[18]. Le christianisme est alors perçu comme une forme du judaïsme, voire une tendance essénienne[19].

Le monde pourrait-il finalement accepter le témoignage des Juifs ? Est-il enfin convaincu de l’existence de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Croit-il enfin qu’il n’est pas une fable comme il le prétend ? Mais sûr de lui-même, inébranlable dans ses convictions, il pourrait mépriser ce témoignage, les considérant comme étant bien limité et peu fiable. Notre Seigneur Jésus-Christ n’est-il pas lui-même juif ? Et le christianisme n’est-il pas issu du judaïsme ? Âpre adversaire du christianisme, le judaïsme pourrait accepter la fable des chrétiens et les interpréter selon leur point de vue. Qui pourrait alors garantir son impartialité ?...
Dans l’article suivant, nous écouterons les témoignages provenant du paganisme…






Références

[1] Marcel Simon, Qui était Flavius Josèphe ?Aux origines du christianisme, 2, folio histoire, Gallimard, 2000.
[2] Archéologue Yigaël Yadin cité par Pierre Vidal Naquet, Propos recueillis par Florence Groshens dans Conférence.
[3] Clément Imbert, Flavius le « Juif de Rome », dans Géohistoire, Le judaïsme, décembre 2014-Janvier 2015, n°18.
[4] Flavius Josèphe, Antiquités juives, XVIII, V, 2, dans Œuvres complètes, traduction en français sous la direction de Théodore Reinach, traduction de René Harmand, révisée et annotée par S. Reinach et J. Weil E.Leroux, 1900-1932, cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[5] Flavius Josèphe, Antiquités juives, XVIII, III, 3, dans Œuvres complètes, cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[6] Flavius Josèphe, Antiquités juives, dans Œuvres complètes, traduction en français sous la direction de Théodore Reinach, traduction de René Harmand, révisée et annotée par S. Reinach et J. Weil E.Leroux, 1900-1932, cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[7] Telle est l’interprétation partielle. Voir un certain juif Jésus de Meier cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[8] Voir l’étude de Shlomo Pinès  selon la version présente dans l’Histoire universelle d’Agapios de Menbidj, évêque melchite de Hiérapolis au Xe siècle. Cité par le Père de la Presle au séminaire Saint-Pie X en 1973.la version a été publiée dans le Figaro du 16 février 1972 cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[9] J. Klausner, Jésus de Nazareth. Son temps. Sa vie. Sa doctrine, Paris, 1933, cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[10] Tosefta, Sabbath XI, 5.
[11] Dan Jaffé, Publié dans Pardès, 2003/2 (N° 35), In Press.
[12] Tosefta, Sabbath XI, 5, cité par Dan Jaffé.
[13] Voir J. Z. Lauterbach, Rabbinic Essays, 1951, cité par Dan Jaffé.
[14]  Stourdzé dans Revue des études juives, 82, 1926, cité par Dan Jaffé.
[15] S. Krauss, « Un texte cabalistique sur Jésus », in Revue des études juives, 62, 1911 cité par Dan Jaffé.
[16] Tosefta, Sabbath XI, 5, cité par Dan Jaffé.
[17] Origène, Contre Celse, Livre premier.
[18] Renaud Silly, Revue Thomiste, 2010. Voir Jésus sous la plume des historiens juifs du XXe siècle : Approche historique, perspectives historiographies, analyses méthodologiques, Cerf, 2009, cité dans ApologétiqueLa crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[19] Thèse de Heinrich Graetz.
[20]Y. Klausner soutenait que Notre Seigneur était un réformateur juif qui serait mort comme juif convaincu. Il a été vivement attaqué par les chrétiens et les juifs. Voir Wikipédia, article Yosef Klausner.



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