« O vous chrétiens, comment êtes-vous sûrs de
l’enseignement de votre Dieu ? Qui vous garantit que ce Jésus que vous appelez
le Christ ait bien existé ? Il y a tant de faux prophètes et de fausses
religions. » Le monde nous interroge. Que pouvons-nous lui
répondre ? Mais est-il le seul à nous poser cette question ? Il est
vrai que notre foi nous porte vers d’autres horizons, d’autres interrogations
tant nous sommes certains de ce que nous professons. Mais le monde ne peut
comprendre nos certitudes. Il doute de tout et toute vérité lui semble
suspecte. Ainsi il ne cesse de nous interroger sur la certitude de nos
connaissances.
Les Pères apostoliques |
Le
témoignage des chrétiens
Nous
pourrions évoquer notre foi mais saura-t-il la comprendre ? Il ne doutera pas de son authenticité mais se moquera de notre crédulité. Nous
pourrions aussi lui présenter la Sainte Écriture et lui montrer son intégrité
substantielle en dépit des siècles qui nous séparent des événements historiques
qu’elle relate. Il pourrait en être surpris mais cela lui suffira-t-il pour
ébranler ses doutes ? Il n’aura en effet aucune hésitation pour révoquer ce
témoignage puisqu’à ses yeux il pourrait lui manquer la certitude scientifique.
Certes il ne pourra pas contester sans mauvaise foi son intégrité substantielle
mais il pourra trouver mille raisons pour révoquer sa valeur historique.
Nous
pourrions alors évoquer le témoignage d’auteurs proches des événements. Nous
pourrions en effet lui citer de nombreux témoins du Ier et du IIe siècle, notamment
les Pères apostoliques : Papias, évêque d’Hiérapolis (vers 95-100),
disciple de Polycarpe, auditeur de Saint Jean, Saint Justin, Saint Clément,
évêque d’Alexandrie, et bien d’autres encore. Le monde refusera certainement
encore d’entendre ces témoignages qu’il considérera comme étant trop impliqués
dans le christianisme. Comment pourrait-il accepter ces hommes que l’Église
vénère ? Ils ne feront qu’approuver ce qu’elle enseigne, soupira-t-il. Le monde
recherche avant tout des témoignages externes à l’Église.
Faut-il
alors lui parler des textes hérétiques et des apocryphes ? Ne
dévoilent-ils pas un certain écho des origines du christianisme ? Certains
d’entre eux contiennent des paroles authentiques de Notre-Seigneur
Jésus-Christ, que nous appelons « agraphas ».
Mais ces exemples ne sont guère propices pour l’éclairer. Effectivement, rien
ne garantit leur véracité. Ils contiennent beaucoup d’affabulations et
d’erreurs doctrinales. Au contraire, le monde profitera certainement de ces
témoignages pour montrer toutes les erreurs de notre foi et relativiser
l’enseignement de l'Église. La prudence est donc nécessaire dans l’usage
de tels documents historiques, une prudence que le monde ne connaît pas. Ces
exemples de déviations montrent toutefois la nécessité d’une autorité dans la
religion, une autorité capable de définir l’orthodoxie de la foi. Sans elle,
tout homme peut se réclamer porteur de vérité et se radicaliser dans ses
propres jugements.
Nous
devons alors diriger le monde vers des sources historiques non chrétiennes.
Nous pourrions par exemple lui proposer les écrits de Flavius Joseph, historien
juif de l’antiquité. Il est l’une des sources précieuses dont nous disposons sur
les événements qui ont marqué la Terre sainte au Ier siècle. Mais est-il
suffisamment crédible ?
Flavius
Joseph, « le grand témoin » du Ier siècle
Né à
Jérusalem vers 37 de l’ère chrétienne, Titus Flavius Josephus, de son vrai nom Joseph
Ben Matthias,
est issu d’une famille de la haute aristocratie sacerdotale. Par sa mère, il
est issu de la descendance asmonéenne. Il porte le titre de « cohen » (dévoué), titre conféré au
descendant d’Aaron, le frère de Moïse. Élevé dans le culte et la pratique de la
Loi, il est acquis aux doctrines pharisiennes. Il a écrit deux grandes œuvres
historiques : la Guerre juive, publiée vers 77-78 et
les Antiquités
juives, en 93-94. Il nous a aussi laissé une autobiographie Vita
en 95. Nous pouvons encore citer une oeuvre apologétique Contre Apion, écrite en 97-98.
Buste supposé de Flavius Joseph |
En
l’an 66, les Juifs se sont révoltés contre Rome. Selon ses propres écrits,
Flavius a organisé une révolte en Galilée contre les Romains en tant que
commandant en chef des insurgés de la Galilée avant de se rendre au commandant
des armées romaines, Vespasien. Il finit par rallier les Romains puis devient leur interprète auprès des insurgés. Il tente de convaincre ses
coreligionnaires d’abandonner la lutte qui lui parait si vaine et dangereuse. Il assiste à la destruction du Temple et au massacre de Juifs. Puis il prend
le nom de Flavius en l’honneur de ses protecteurs et reçoit la citoyenneté
romaine. Devenu empereur, Vespasien l’installe confortablement à Rome où il
mène une vie de haut-fonctionnaire de l’empire. Sur l’ordre de Titus, il écrit
la Guerre
des Juifs qui magnifie la puissance romaine et accuse les Zélotes
d’être responsables de la catastrophe. Son zèle pour Rome le caractérise. Il voit même le Messie dans la personne de l’empereur qui est appelé à régner sur tout l’univers. Il meurt vers 100.
La Guerre
des Juifs est donc une œuvre de propagande. Elle comporte des
contradictions, voire des erreurs. Flavius Joseph n’est donc guère un témoin
impartial. C’est un « politicien au rôle
ambigu, courtisan servile, caractère peu estimable assurément. »[1]
Mais il essaye aussi de rendre compte du courage du peuple juif.
Naturellement,
les Juifs l’accusent de traîtrise et de félonie. Ainsi est-il préoccupé de
défendre son rôle et de se justifier. Il tente dans ses écrits de défendre le
judaïsme face à ses détracteurs et à l’incompréhension ou l’ignorance des
païens. Dans le Contre Apion, il s’appliquer à démontrer la haute ancienneté du
judaïsme. Dans les Antiquités juives, il raconte l’histoire des Juifs depuis leur
origine jusqu’au début de la guerre de Judée. Ce sont des ouvrages
apologétiques.
Si
ces interprétations peuvent manquer d’objectivité, la réalité des faits qu’il
relate n’est pas fondamentalement fausse. « Flavius
Josèphe fut un très mauvais juif, mais un très bon historien. »[2] Il rédige ses ouvrages soit en tant que témoin des scènes qu’il décrit, soit en utilisant la documentation officielle.
Ces écrits contiennent en fait des aspirations
contradictoires. Ils portent « le paradoxe qu’incarnait Flavius
Josèphe, qui fut surnommé le « Juif de Rome ». Un homme destiné
pourtant à devenir la mémoire vivante du peuple qu’il avait trahi. »[3]
Témoignage
de Flavius Joseph : existence de Saint Jean Baptiste
Flavius
Joseph nous apporte quelques éclairages sur les origines du christianisme. Dans
ses Antiquités
juives, il fait notamment allusion à Saint Jean-Baptiste.
« […] il y a avait des Juifs pour penser que, si
l’armée d’Hérode avait péri, c’était par la volonté divine et en juste
vengeance de Jean surnommé Baptiste. En effet, Hérode l’avait fait tuer,
quoique ce fût un homme de bien et qu’il excitât les Juifs à pratiquer la
vertu, à être juste les uns envers les autres et pieux envers Dieu pour
recevoir le baptême ; car c’est à cette condition que Dieu considérerait
le baptême comme agréable, s’il servait non pour se faire pardonner certaines
fautes, mais pour purifier notre le corps, après qu’on eût préalablement
purifié l’âme par la justice. Des gens s’étaient rassemblés autour de lui, car
ils étaient très exaltés en l’entendant parler. Hérode craignait qu’une telle
faculté de persuader ne suscitât une révolte, la foule semblant prête à suivre
en tout les conseils de cet homme. Il aima donc mieux s’emparer de lui avant
que quelque trouble se fût produit à son sujet, que d’avoir à se repentir plus
tard, si un mouvement avait lieu, de s’être exposé à des périls. A cause de ces
soupçons d’Hérode, Jean fut envoyé à Machaero, […] y fut tué. »[4]
Ce
texte est-il authentique, pourrait nous demander le monde toujours soupçonneux ?
En effet, le texte que nous possédons aujourd'hui aurait pu être remanié par
les chrétiens pour devenir une arme de propagande. L’authenticité de ce
texte est en effet unanimement reconnue par les spécialistes. Cependant le monde pourrait sourire.
L’historien juif contredit les Évangiles. En effet, selon les évangélistes,
Hérode l’aurait tué sur demande de sa belle-fille et plus précisément de sa
seconde femme qui le haïssait. Saint Jean Baptiste ne cesse en effet d’accuser
leur adultère. En outre, Flavius montre que ses disciples sont des exaltés.
Leur exaltation aurait donc pu les inciter à inventer le Christ. Toutefois, son
existence, son rôle et sa mort son avérés.
Sainte Jacques le Majeur (mesnil.saint.denis.free.fr) |
Témoignage
de Flavius Joseph : existence de Saint Jacques majeur, « frère
de Jésus »
« Ayant
appris la mort de Festus, l’empereur envoya Albinus en Jude comme procurateur.
Le roi enleva le pontificat à Joseph le grand-prêtre et donna la succession de
cette charge au fils d’Anan, nommé lui-aussi Anan. […] Anan le Jeune […] était
d’un caractère fier et d’un courage remarquable ; il suivait, en effet, la
doctrine des Sadducéens, qui sont inflexibles dans leur manière de voir si on
les compare aux autres Juifs, ainsi que nous l’avons déjà montré. Comme Anan
était tel et qu’il croyait avoir une occasion favorable parce que Festus était
mort et Albinus encore en route, il réunit un sanhédrin, traduisit devant lui
Jacques, frère de Jésus appelé le Christ, et certains autres, en les accusant
d’avoir transgressé la loi, et il les fit lapider. » [5]
Les
autorités juives n’hésitent pas à transgresser la loi romaine pour tuer des
Juifs. Anan ne pouvait en effet réunir le Sanhédrin sans l’autorisation de
l’autorité romaine. Il ne pouvait non plus appliquer une sentence de mort sans
son accord. C’est pourquoi « le roi
Agrippa lui enleva pour ce motif le grand-pontificat ».
La
grande majorité des spécialistes reconnaît l’authenticité de ce passage. La
précision « frère de Jésus »
n’est guère habituel pour un chrétien qui aurait préféré l’expression « frère du Seigneur ».
Flavius
Joseph confirme l’existence de Jésus et de Saint Jacques. Il
confirme aussi que Jésus était appelé le Christ. Le monde pourrait également
nous rappeler que la mort de Saint Jacques diffère du récit de son exécution
que donnent Hégesippe au IIe siècle et Saint Clément d’Alexandrie au IIIe
siècle. Enfin, dans un troisième passage, l’historien juif nous parle de Jésus
et de sa crucifixion.
Témoignage
explicite de Flavius Joseph : les faits relatifs au Christ
« Vers le même temps vint Jésus, homme sage,
si toutefois il faut l’appeler un homme. Car il était un faiseur de miracles et
le maître des hommes qui reçoivent avec joie la vérité. Et il attira à lui
beaucoup de Juifs et beaucoup de Grecs. C’était le Christ. Et lorsque sur la
dénonciation de nos premiers citoyens, Pilate l’eut condamné à la crucifixion,
ceux qui l’avaient d’abord chéri ne cessèrent pas de le faire, car il leur
apparut trois jours après, ressuscité, alors que les prophètes divins avaient
annoncé cela et mille autres merveilles à son sujet. Et le groupe appelé
d’après lui, celui des Chrétiens n’a pas encore disparu. » [6]
Ce
passage fait l’objet d’une discussion entre les spécialités. Certains y voient
comme une interpolation chrétienne complète quand d’autres le reconnaissent
comme étant authentique. Selon une troisième hypothèse, l’interpolation
chrétienne n’est que partielle. Une réduction jugée excessive du texte de Flavius
Joseph mentionne uniquement Jésus, « homme sage », « faiseur
de prodiges, le maître de ceux qui reçoivent avec plaisir les vérités »,
qui « gagna beaucoup de Juifs et
aussi beaucoup du monde hellénistique ». Elle relate aussi que
« Pilate l’ayant condamné à la croix »,
« ceux qui l’avaient d’abord chéri
ne cessèrent pas de le faire », donnant ainsi naissance à la « race des chrétiens »[7].
Selon une version des Antiquités Juives en langue arabe,
le passage est moins réduit[8].
Dans la réduction la plus excessive, nous pouvons noter les traits
caractéristiques de la vie de Notre Seigneur : il fait des prodiges,
enseigne comme un maître, réunit des disciples juifs et grecs, est crucifié
sous Ponce Pilate, a donné naissance à des communautés chrétiennes qui
s’étendent. Flavius Joseph est donc au courant des quelques faits saillants de
la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Si
Saint Jean Baptiste et Notre Seigneur sont ainsi mentionnés dans des écrits
historiques officiels, pouvons-nous croire qu’il était un Juif marginal ?
Les
discussions sur l’authenticité de ces passages pourraient persuader le monde de
ne pas prendre en considération le témoignage de Flavius Joseph. Mais il serait
difficile de croire que l’historien ait pu évoquer « Jacques, frère de Jésus » sans traiter auparavant de Jésus et
des chrétiens.
Si
les événements attribués à Notre Seigneur selon l’Église ont vraiment existé,
les Juifs ont dû en parler au moins pour dénoncer ses disciples et leurs erreurs.
Le Talmud
doit donc en parler. Il représente en quelques sortes la tradition orale de
l’enseignement juif. Présentons donc au monde un autre témoignage juif.
Qu’est-ce
que le Talmud ?
Le Talmud
signifie « ce qui est étudié ».
Il est un ensemble de commentaires de la Sainte Écriture accumulés depuis des
siècles. Il interpréte la Torah et en propose des clés de lecture.
Issues d’abord de la tradition orale, transmise de maître à disciple, les
commentaires bibliques ont ensuite été transcrits par des rabbins après la chute de
Jérusalem en l’an 70. D’autres commentaires se sont ensuite rajoutés au fil des
temps. Sa structure s’est aussi codifiée progressivement.
Après
la destruction du Temple par les Romains, des écoles de pharisiens se sont ouvertes,
notamment en Galilée, et se sont livrées à l’interprétation des Saintes Écriture,
tout en mettant en ordre les traditions reçues.
Il
existe deux grandes versions du Talmud, celui de Jérusalem (IVe siècle) et
celui de Babylone (Ve siècle), représentant les deux premières écoles
rabbiniques. Le Talmud est formé de la Mishna et de la Guémara. La Mishna
constitue un ensemble de règles à suivre, fixées après la chute du Temple en 70
après Jésus-Christ. Elle est constituée aux alentours de l’an 200. La Guémara
apporte d’autres commentaires sur l’origine des lois et leurs modes
d’explication, relève les contradictions du texte de la Mishna, tente de les
concilier et en propose d’en débattre. Elle est close vers l’an 500. Le Talmud a ensuite donné lieu à d’autres commentaires et exégèses
qui facilitent ou approfondissent la lecture biblique ou talmudiques comme ceux
de Rachi ou de Rabanou Hananel.
Le
témoignage du Talmud
Yoseph Klausner, érudit juif (1874-1958) a présenté une synthèse des informations relatives à
Notre Seigneur que nous pouvons tirer du Talmud. Rappelons cependant que le
Talmud ne mentionne des événements historiques lorsqu’ils sont utiles à la
compréhension de la Torah.
Klausner
énumère d’abord « les
informations historiques dignes de créances » : « Il s’appelait Yéshoua (Yéshou) de
Nazareth ; il pratiquait la magie (c’est-à-dire il opérait des miracles, comme
beaucoup d’autres à cette époque), et il trompait et égarait Israël ;il se
moquait des paroles des Docteurs ; il commentait l’Écriture à la manière
des Pharisiens ; il avait cinq disciples, il déclarait qu’il n’était pas
venu pour ajouter ou retrancher quelque chose à la Loi ; il fut pendu
(crucifié) la veille de Pâque, qui tombait le jour de Sabbat, parce qu’il était
un « séducteur » ; et ses disciples guérissaient les malades en
son nom. »[9]
Selon
le Talmud
de Babylone (Sanhédrin 43), « la
veille de Pâque on pendit Jésus. Un héraut passa devant lui pendant quarante
jours [en disant] : « il va être lapidé, parce qu’il a pratiqué la
sorcellerie et qu’il a séduit et égaré Israël. Que tous ceux qui connaissaient
quelque chose à sa décharge viennent plaider pour lui. Mais on ne trouva
rien en sa faveur, et on le pendit la veille de Pâque. »
Klausner énumère ensuite les informations « douteuses et tendancieuses », notamment l’accusation d’être le
bâtard d’une femme adultère.
Pour
Dan
Jaffé[10], docteur en histoire des religions, le
Talmud
de Babylone (Sanhédrin 107b) accuse Notre Seigneur Jésus-Christ de sorcellerie : « Jésus a
pratiqué la sorcellerie, a séduit et a fourvoyé Israël »[11].
Selon une autre tradition talmudique[12],
il aurait été initié à la magie en Égypte. Il est aussi décrit comme un
mécréant qui a emprunté une mauvais voie[13].
Il est aussi présenté comme un idolâtre. « Il sortit, dressa une brique (lebeinta) et se prosterna devant elle ».
Selon certains commentateurs, cette brique serait une croix ou une expression
mettant en dérision le symbole de la croix[14]. Le
même Talmud nous précise aussi qu’il a été banni de la communauté juive. Cette
tradition talmudique précise enfin que Josué ben
Parahyah, considéré comme magicien, exorciste et guérisseur, a joué un rôle
important dans le procès de Notre Seigneur Jésus-Christ. Selon un texte
cabalistique tardif, Josué ben Parahyah serait un mystique dont Jésus, fils de
Marie, « homme pieux et juste »,
était le disciple[15].
Après
avoir étudié les passages que nous venons de mentionner, Dan Jaffé conclut que
« l’image
de Jésus était donc pour le monde juif l’image du disciple qui s’était fourvoyé
et en était venu à faire fauter autrui. À travers lui, c’est le regard sur le
christianisme, une religion provenant du judaïsme devenue opposée et hostile,
qui s’est forgé. »[16] Par le Talmud, nous pouvons en effet
connaître ce que pensaient les Juifs à partir du IIe ou IIIe siècle sur Notre
Seigneur Jésus-Christ. Le Talmud de Babylone lui donne encore
une image plus tardive. Le Talmud n’est pas en effet un
témoignage direct de l’époque. Il serait plutôt l’écho des accusations juives
contemporaines ou une réaction à l’enseignement chrétien du IIe siècle.
La
tradition juive, si elle est hostile à Notre Seigneur Jésus-Christ, ne remet
donc nullement en cause son existence. Elle rappelle même quelques
événements qui confortent le témoignage de Flavius Joseph. Elle nous
rapporte aussi des légendes que nous retrouvons également dans des ouvrages
païens. Celse considère aussi Notre Seigneur comme un magicien qui aurait
appris son art en Égypte : « […]
les
miracles que Jésus a faits », « Celse veut faire passer pour des secrets
appris en Égypte. »[17]
Finalement,
aujourd’hui, les Juifs ne remettent plus en cause l’existence de Notre Seigneur
Jésus-Christ et son enseignement. Ils considèrent plutôt le Nouveau Testament
comme « un état du judaïsme
antérieur à l’orthodoxie actuelle »[18].
Le christianisme est alors perçu comme une forme du judaïsme, voire une tendance essénienne[19].
Le
monde pourrait-il finalement accepter le témoignage des Juifs ? Est-il
enfin convaincu de l’existence de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Croit-il
enfin qu’il n’est pas une fable comme il le prétend ? Mais sûr de lui-même,
inébranlable dans ses convictions, il pourrait mépriser ce témoignage, les
considérant comme étant bien limité et peu fiable. Notre Seigneur Jésus-Christ
n’est-il pas lui-même juif ? Et le christianisme n’est-il pas issu du
judaïsme ? Âpre adversaire du christianisme, le judaïsme pourrait accepter
la fable des chrétiens et les interpréter selon leur point de vue. Qui pourrait
alors garantir son impartialité ?...
Dans
l’article suivant, nous écouterons les témoignages provenant du paganisme…
Références
[1] Marcel Simon, Qui était Flavius Josèphe ?, Aux origines du christianisme, 2, folio histoire, Gallimard, 2000.
[2] Archéologue Yigaël Yadin cité par Pierre Vidal Naquet, Propos recueillis par Florence Groshens dans Conférence.
[3] Clément Imbert, Flavius le « Juif de Rome »,
dans Géohistoire,
Le
judaïsme, décembre 2014-Janvier 2015, n°18.
[4] Flavius Josèphe, Antiquités juives, XVIII, V, 2, dans
Œuvres
complètes, traduction en français sous la direction de Théodore
Reinach, traduction de René Harmand, révisée et annotée par S. Reinach et J.
Weil E.Leroux, 1900-1932, cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation
divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[5] Flavius Josèphe, Antiquités juives, XVIII, III, 3,
dans Œuvres
complètes, cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation
divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[6] Flavius Josèphe, Antiquités juives, dans Œuvres
complètes, traduction en français sous la direction de Théodore Reinach,
traduction de René Harmand, révisée et annotée par S. Reinach et J. Weil
E.Leroux, 1900-1932, cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation
divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[7] Telle est l’interprétation partielle. Voir un
certain juif Jésus de Meier cité dans Apologétique, La
crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ,
Abbé Bernard Lucien.
[8] Voir l’étude de Shlomo Pinès selon la version présente dans l’Histoire
universelle d’Agapios de
Menbidj, évêque melchite de Hiérapolis au Xe siècle. Cité par le Père de la
Presle au séminaire Saint-Pie X en 1973.la version a été publiée dans le Figaro
du 16 février 1972 cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation
divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[9] J. Klausner, Jésus de Nazareth. Son temps. Sa vie. Sa
doctrine, Paris, 1933, cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation
divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[10] Tosefta, Sabbath
XI, 5.
[11] Dan Jaffé, Publié dans Pardès, 2003/2 (N° 35), In
Press.
[12] Tosefta, Sabbath
XI, 5, cité par Dan Jaffé.
[13] Voir J. Z. Lauterbach, Rabbinic Essays, 1951,
cité par Dan Jaffé.
[14] Stourdzé dans Revue des études juives,
82, 1926, cité par Dan Jaffé.
[15] S. Krauss, « Un texte cabalistique sur Jésus », in Revue des études juives, 62, 1911 cité par Dan Jaffé.
[16] Tosefta, Sabbath XI, 5, cité par Dan Jaffé.
[17] Origène, Contre Celse, Livre premier.
[18] Renaud Silly, Revue Thomiste, 2010. Voir Jésus sous la plume des historiens juifs du XXe siècle : Approche historique, perspectives historiographies, analyses méthodologiques, Cerf, 2009, cité dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, Abbé Bernard Lucien.
[19] Thèse de Heinrich Graetz.
[20]Y. Klausner soutenait que Notre Seigneur était un réformateur juif qui serait mort comme juif convaincu. Il a été vivement attaqué par les chrétiens et les juifs. Voir Wikipédia, article Yosef Klausner.
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