" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


mercredi 1 octobre 2014

Dieu : lumière, contemplation, émerveillement…

En grec ancien, « theos » signifie Dieu. D’où vient ce terme ? Quand nous voguons sur Internet, nous pouvons trouver trois sources étymologiques possibles[1]. Selon certaines sources, il viendrait du verbe « aithein » (« allumer, faire brûler, flamber »). La racine indo-européenne serait « aidh-» qui a le sens de brûler. Telle aurait été l’opinion de Saint George le Théologien. Dieu est-il la lumière qui éclaire ? 

Il pourrait aussi venir d’une racine grecque « thaw » ou du verbe « theaomai » qui signifie « contempler ». Est-ce Dieu qui contemple tout ? Rien ne pourrait lui être caché. Telle serait la suggestion de Saint Jean Damascène. Ou est-ce les hommes qui le contemplent ? La racine est aussi à l’origine de « théâtre ». Il désigne en fait le lieu où se trouvent les spectateurs qui contemplent la scène. Ne sommes-nous pas en effet dans le monde contemplant Dieu dans ses manifestations ? La Création n’est-elle pas l’œuvre de Dieu ?
Un ouvrage récent traduit « theaomai » par « je suis bouche bée ». Un fait ou une chose est tellement étonnant que notre corps en est réellement affecté. Le corps exprime immédiatement ce que l’âme éprouve sans que la volonté ne puisse contrôler ses mouvements. Dans l'instant, l’homme est parfaitement fidèle à lui-même. Il est vrai.
Nous sommes "bouche-bées" quand la surprise est totale, une surprise qui nous émerveille, nous réjouit, nous éblouit. Cela dépasse tout ce que nous aurions pu imaginer. L’impression de la réalité est si forte que nous n’ajoutons rien à ce que nous éprouvons. Tout est pur dans cet étonnement. Ainsi le terme de « theos » exprime un émerveillement extraordinaire. Et quelle est cette réalité qui cause tant d’étonnements ? 
Lorsque l’homme prend véritablement conscience qu’il existe, qu’il vit dans un monde parmi tant de choses réelles et vivantes, que ce monde est plein de beautés et de sagesse, la stupéfaction le gagne et du fond de son âme, il lance ce cri : Dieu. Quand nous découvrons l’espace et ses nébuleuses, quand nous étudions le moindre organisme vivant, quand nous nous plongeons dans l’infiniment petit à la limite de la raison, nous ne pouvons qu’en être bouche-bée. La raison n’est pas étrangère à ce cri. Elle y contribue. Car elle perçoit une réalité plus haute qui se cache derrière toutes ces choses si parlantes. Derrière le visible, elle perçoit l’invisible. « Il y a de la musique plutôt que du bruit »[2]. Tel est notre étonnement...

Références
[1] Voir notamment « Le mystère de la foi » de Mgr Hilarion Alfeyev, évêque orthodoxe, repris dans divers documents : Hosanna, bulletin d'information de la paroisse orthodoxe du Saint Apôtre André, à Montpellier, n°7, février 2005 ; article « catéchisme orthodoxe » du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou.

[2] Hugo Reeves, L’origine de la matière dans La Matière d’origine, édition du Seuil, 1981.

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