" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


lundi 25 août 2014

Nazisme et christianisme (1/2) : le "christianisme positif"

Aujourd'hui, nous avons tellement tendance à voir partout des manipulations et des mensonges que nous refusons parfois de reconnaître la véracité de certains faits historiques. Au lieu de nous soumettre à la réalité surtout passée, nous restons sur nos convictions erronées en dépit de toutes les preuves contraires et de toutes les contradictions qu'il serait possible de nous présenter. Toutes les raisons sont alors évoquées pour contester les vérités historiques. Nous finissons par construire un mythe dans le but probable de nous mettre à l’abri d’un présent peu reluisant. Nous y puisons des idées fortes dans lequel nous trouvons quelques satisfactions ou espérances. Ces idées nous attirent et nous mobilisent. Elles nous nourrissent d’images et de rêves. Ce sont de puissantes forces qui attisent nos passions et réveillent nos énergies les plus profondes. Elles guident nos pensées et nous éloignent finalement de la vérité historique. 

Le mythe de l’ordre 



Un événement historique s’enrichit habituellement de puissantes images et de symboles forts. De cette représentation mentale, nous en tirons parfois un trait que nous grossissons au point qu’il demeure à nos yeux une de ses caractéristiques substantielles. C’est ce trait revêtu d’images et de symboles, enrichi de toutes nos aspirations conscientes ou non qui devient une idée forte, une idée mobilisatrice. Tiré de l’histoire, il s’échappe du passé pour être intemporel. Il exalte par sa puissante évocation. 

Et quand cet événement historique fait l’objet de toutes les attaques de la part d’une société affligeante et discréditée, au lieu de s’éteindre, le mythe prend de la force et s’enracine davantage dans les esprits. Le nazisme est un de ces mythes

De manière générale, pour ses partisans, le nazisme est symbole de puissance, d’ordre et d’efficacité. Il a su rendre l’Allemagne forte et puissante. Il 'a élevée au-dessus de toutes les nations après avoir connu les humiliations de la défaite et la misère de la crise. Il porte de nombreuses images : Hitler galvanisant son peuple et l’unissant contre ses ennemis ; peuple en marche terrassant les États décadents ; nation vaillante luttant contre les puissants du jour. Vigoureuses images qui évoquent la puissance et la force d’une nation. Il s'en dégage une grandeur et une fierté nationales. Notre temps ne fait pas le poids devant un tel mythe… 

Parmi les adeptes de ce mythe, certains sont des chrétiens. Le nazisme lui-même a attiré en son temps des chrétiens allemands en dépit des déclarations répétées et claires d’évêques et d’autres autorités ecclésiastiques. Il est très probable que certains chrétiens ne voient dans le nazisme que l’idée de puissance et d’ordre, négligeant finalement ses autres aspects. 


Signature Concordat
entre l'Allemagne et le Saint Siège
le 20 juillet 1933
Cette attirance peut être compréhensible en 1930. Hitler pouvait apparaître comme l’homme du destin, l’homme providentiel pour des « Allemands humiliés par la défaite, aigris par la misère, promettant la paix et la grandeur »[1] . Lors de son accession au pouvoir, il semblait avoir apaisé sa position à l’égard du christianisme. Son gouvernement « respectera les contrats établis entre elles et les divers pays allemands ; en aucun cas il ne sera porté atteinte à leurs droits ». Comment des chrétiens ne pouvaient-ils pas être séduits par de tels discours très apaisants et tolérants [2] ? Après de rapides et légitimes mises en garde et condamnations, l’épiscopat allemand est devenu plutôt optimiste. Il finit par abandonner ses condamnations. Le Concordat signé entre l’Église et le gouvernement allemand pouvait encore faire croire à un gouvernement politiquement correct. Aujourd'hui, la tempête du passé ayant enlevé le voile du mensonge, cette séduction ne peut être qu’incompréhensible, voire scandaleuse. 

Comment la foi peut-elle en effet subsister avec ce mythe si radicalement opposé à l’idée même du christianisme ? L’un exalte la force qui écrase par la puissance de la parole et des armes quand l’autre vainc le mal par la lumière et par la faiblesse. L’un recherche son bonheur dans la domination et la jouissance quand l’autre marche vers une terre qui n’est pas de ce monde. L’un ne voit en lui que la source de ses succès quand l’autre le remet à Celui qui peut tout. L’un abaisse son ennemi quand l’autre l’élève. L’un a été vaincu, l’autre demeure … 

La force apparente du nazisme semble donc attirer quelques chrétiens. Pourtant le nazisme nous apparaît comme un point de convergence de nombreux mouvements responsables de la situation actuelle. La volonté de puissance et de construire un État totalitaire n’est pas le fruit du hasard ou l’idée d’un groupe de fanatiques. Le totalitarisme est la conséquence logique de principes mauvais, qui durent encore et sèment la confusion, bouleversent l’ordre naturel, blessent l’âme et dénature l’homme. Il a aussi contribué à accentuer la pression du mal, responsable de nos malheurs. Il est donc paradoxal de recourir au nazisme pour fuir notre société alors qu'ils sont issus des mêmes principes et que cette idéologie porte une certaine responsabilité dans le drame que nous vivons … 

Au-delà des manifestations de la puissance et de l’ordre, diverses dans leurs applications et variables selon les agents qui les exercent, il est essentiel d’en voir les principes sur lesquels nous pouvons porter un jugement sûr et indépendant des circonstances toujours contestables. 

Cardinal von Faulhaber (1869-1952)
Archevêque de Munich
Condamne le nazisme dès 1930
Incompatibilité entre le christianisme et le nazisme 

Il est indéniable que le christianisme et le nazisme sont clairement incompatibles. « L’adhésion au Parti national-socialiste d'Hitler est inadmissible pour une conscience catholique. » [3] C’est pourquoi, dès septembre 1930, l’évêque de Mayence exclut des sacrements et des offices les chrétiens appartenant à ce parti en considération de « la contradiction qui existe entre le national-socialisme et le christianisme »[4]. Ils sont publiquement et à plusieurs reprises excommuniés par des évêques allemands. La condamnation est notamment rendue publique à l’Observatore Romano [23]. 




Mgr Von Galen (1878-1946)
Évêque de Munster
Principal opposant au régime nazi
Plusieurs points du nazisme s’opposent en effet à la doctrine de l’Église. Certains évêques dénoncent la politique raciale définie par le parti et sa mise en pratique dès son accession au pouvoir. Elle va en effet à l’encontre de l’amour du prochain et de l’unité du genre humain. A plusieurs reprises, le Pape XII dénonce les théories qui nient l’unité du genre humain et déifie l’État. Le nazisme est donc contraire au commandement de Dieu. Ils stigmatisent aussi le totalitarisme de l’État nazi qui au nom d’un faux nationalisme prétend suivre la voie de la raison. Il prône non seulement une religion de sang mais une religion où l’État est premier principe devant lequel tous doivent se soumettre, y compris la foi. 





Enfin, les évêques dénoncent le christianisme faussé que prétend défendre le nazisme, un christianisme qui se fonde sur la race et sur l’État, un véritable néo-paganisme comme le dénonce ouvertement Mgr Von Galen. Dans sa lettre pastorale de Noël 1930, le cardinal Bartman dénonce « une mystification religieuse à laquelle il faut s’opposer avec la plus grande énergie »[5]. 

Le christianisme positif, un ersatz du christianisme

Hitler a défini sa position à l’égard de toute religion le 24 février 1920 à Munich dans le programme du parti ouvrier allemand, repris ensuite par le parti national-socialiste. « Nous exigeons la liberté au sein de l'État de toutes les confessions religieuses, dans la mesure où elles ne mettent pas en danger son existence ou n'offensent pas le sentiment moral de la race germanique. » Est ainsi présenté le principe supérieur qui doit régir la liberté religieuse, à savoir « le sentiment moral de la race germanique ». 

Le nazisme semble être favorable au christianisme. « Le Parti en tant que tel défend le point de vue d'un christianisme positif, sans toutefois se lier à une confession précise. » En quoi ce christianisme est-il positif ? Hitler lui-même le définit : « il combat l'esprit judéo-matérialiste à l'intérieur et à l'extérieur, et est convaincu qu'un rétablissement durable de notre peuple ne peut réussir que de l'intérieur, sur la base du principe : l'intérêt général passe avant l'intérêt particulier. »[6] Double principe : épurer du christianisme toute attache au judaïsme et primauté de l’État sur l’individu. 


Rosenberg et Hitler
Ce programme est radicalisé par Rosenberg dans Le Mythe du XXe siècle, la « somme théologique » [7] du national-socialisme. Il élabore une doctrine censée remplacer le christianisme. Notre Seigneur serait issu d’un peuple nordique. La religion qu’Il a instituée aurait été déformée par Saint Paul. Le christianisme contiendrait ainsi une « base spirituelle juive », le « côté talmudique oriental de l’église romaine, mais aussi de l’église luthérienne »[8]. Il existerait donc dans le christianisme deux religions qui s’affronteraient au cours de l’histoire : « les christianismes positifs et négatifs », l’un d’origine germanique, l’autre juive. « Les christianismes négatif et positif sont depuis toujours en lutte et se combattent aujourd'hui avec encore plus d’acharnement qu’autrefois. Le côté négatif se réclame de la tradition syro-étrusque, de dogmes abstraits et des rites consacrés, le positif réveille de nouveau les forces du sang nordique, consciemment et naïvement, comme autrefois les premiers Germains, quand ils envahirent l’Italie et offrirent leur vie pour fertiliser la terre inculte »[9]. Le gnostique Marcion aurait ainsi défendu le christianisme positif. 

Contraire à l’esprit germanique, le christianisme négatif doit être abandonné au profit du christianisme positif. « Nous comprenons aujourd'hui que les valeurs suprêmes des églises catholique et protestante, en tant que christianisme négatif, ne conviennent pas à notre âme, qu’elles barrent la route aux forces organiques des peuples de race nordique, qu’elles ont à leur faire place et doivent se réformer dans le sens d’un christianisme germanique »[10]. En 1941, Rosenberg élabore une véritable religion d’État, l’Église Nationale du Reich, entièrement incorporée au régime nazi et indépendante de toute entité internationale. Mais le « christianisme positif » n’est qu’une « religion transitoire » entre le christianisme et le paganisme germanique, c’est-à-dire le culte aryen. 

Fables pour les ignorants 

Rosenberg (1893-1946)
Comment le christianisme positif ainsi décrit par Rosenberg peut-il séduire un chrétien tant il paraît bien contraire à ce qu’il doit croire et savoir ? Comment pouvons-nous en effet croire que Saint Paul a judaïsé le christianisme quand il n’a jamais cessé de s’opposer au judéo-christianisme et ouvert l’apostolat aux convertis païens ? Il est donc surprenant d’accuser Saint Paul de « judaïser » le christianisme, lui l’Apôtre des Gentils et l'adversaire des judéo-chrétiens. 

Étrange aussi cette croyance en Notre Seigneur venu d’un peuple aryen. Cette idée viendrait en fait de Houston S. Chamberlain. En 1899, il a en effet émis l’hypothèse que Jésus était « aryen d’inspiration »[11]. L’idée aurait été reprise par Dietrich Eckart, un des hommes influents d’Hitler. Heschel « aryanise » également le Christ. 


L’évocation de Marcion est judicieuse. Comme nous l’avons évoqué dans de précédents articles, les Pères de l’Église ont dû combattre le gnosticisme qui rejetait l’Ancien Testament, prétendue œuvre du mal, et ont défendu l’idée de Dieu auteur des deux Testaments. Rosenberg rattache ainsi le christianisme positif à une tradition très ancienne et donc tente d’asseoir la légitimité de la vision nazie du christianisme. Mais encore une fois quelle manipulation de l’histoire ! 

Les gnostiques rejettent l’Ancien Testament car ils considèrent l’Ancien Testament comme l’œuvre du mal, d’un démiurge qui emprisonne l’esprit dans la matière. D'autres hérétiques le rejettent car ils voient une incompatibilité entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Or les nazies le rejettent pour d’autres raisons propres à leur idéologie : il incarne en quelque sorte le peuple juif et la dilection de Dieu à son égard, ce qu’ils ne peuvent accepter compte tenu de leur antisémitisme effréné. 

Par ailleurs, que comprennent-ils de la Sainte Écriture puisque cette haine du juif oriente leur interprétation ? Dans Mein Kampf, Hitler voit le Christ comme un adversaire du peuple juif. Son interprétation de l’épisode du Temple est un exemple de son aversion. « Celui-ci n'a jamais fait mystère de l'opinion qu'il avait du peuple juif, qu'il a usé, lorsqu'il le fallut, même du fouet pour chasser du temple du Seigneur cet adversaire de toute humanité »[12]. Selon l'interprétation nazie, les Juifs sont l’Antéchrist annoncé comme le pense Dietrich Eckart et bien d’autres théologiens allemands protestants et catholiques. 

Cette distinction dans le christianisme est aussi pertinente car elle peut par des discours ambigus ne pas choquer les chrétiens allemands surtout lors des campagnes électorales. En outre, Hitler ne suit pas ouvertement les positions de Rosenberg. Seuls certains radicaux osent s’opposer ouvertement aux catholiques ou aux protestants. La situation changera progressivement vers une radicalisation du discours. 

Un christianisme purement humain

Dans Mein Kampf, nous retrouvons l’idée d’un « christianisme positif », sous-entendu vrai et bon. Parlant du Juif, Hitler écrit : « sa vie n’est que de ce monde et son esprit est aussi profondément étranger au vrai christianisme que son caractère l’était, il y a deux mille ans, au grand fondateur de la nouvelle doctrine [celle du Christ] ». Hitler parle souvent d’« une foi chrétienne-judaïque »[13]. La judaïté de sa foi se manifeste notamment par sa « morale de la compassion » qu’il trouve méprisable, contrairement à la notion qu’il a de Dieu, d’un Dieu probablement wagnérien. Nous retrouvons les critiques d’un Celse ou d’autres païens qui refusaient toute compassion ou même attention envers les faibles. Cette prétendue faiblesse est folie. Elle est à leurs yeux signe d’impuissances et donc l’aveu de l’origine purement humaine du christianisme. La vie des faibles n’a pas de valeurs …

Un christianisme de dupe 

Pour consolider son pouvoir et poursuivre son ascension, Hitler a besoin des voix des chrétiens dans un pays à majorité protestante. Ses discours à l’égard du christianisme sont donc apaisants, voire séduisants. « Le gouvernement national protégera fermement le christianisme comme base de notre morale commune. »[14] Il présente les thèses de Rosenberg comme une opinion personnelle qui n’engage pas le parti. Avant le vote des pleins pouvoirs au Reichstag, il promet au parti catholique de protéger les œuvres catholiques et de favoriser les relations avec le Saint Siège. Ce discours est encourageant dans un pays qui a fortement réduit les pouvoirs de l’Église à la fin du XIXe siècle. A la conférence de Fulda, le cardinal Bertram, soucieux d’apaisement et plutôt convaincu du danger du communisme, publie une déclaration qui lève « les interdictions et les mises en garde » tout en rappelant les erreurs doctrinales du nazisme. 

Mais tous les évêques ne sont pas dupes des discours d’Hitler. « Le christianisme des nazis n’est plus le christianisme du Christ »[15]. C’est une nouvelle religion beaucoup plus dangereuse que le marxisme et le capitalisme. 

Dès 1934, les masques tombent. Le Mythe du XXe siècle est inscrit au programme de formation des maîtres d’école. Rosenberg devient le responsable de la formation des cadres du parti national-socialisme. Et les attaques contre l’Église se multiplient. Le cardinal Pacelli, futur Pape Pie XII, n’a qu’un mot pour dénoncer le jeu d’Hitler : « une canaille indigne de confiance », « une personne fondamentalement mauvaise »[16]. Aucun compromis avec le nazisme n’est possible

Un christianisme national 


Ludwig Muller (1883-1945)
Le programme d’Hitler préconise la liberté religieuse nonobstant les intérêts de l’État et les sentiments de la nation allemande. Mais rapidement, il présente la division confessionnelle comme une menace pour la communauté allemande. Hitler prône donc l’unité religieuse. Dès 1933, il souhaite réunir l’ensemble des églises protestantes en une seule église sous la direction d’un évêque luthérien. Un « parti des chrétiens allemands » se constitue au sein des protestants avec le soutien du parti national-socialiste. Un de leurs articles de foi est « la prééminence de l’État national-socialiste ». Une de leur volonté est de constituer une église de race aryenne. Suite à des élections au sein des églises protestantes, Hitler nomme un Reichsbishof, évêque d’état, en la personne de Ludwig Müller, ancien luthérien, pasteur militaire. L’élément essentiel du christianisme positif devient alors la foi du peuple-souverain, la foi de la nation. Ainsi quand il brandit des symboles chrétiens, le régime nazi ne songe qu’au christianisme positif et à cette religion nationale. « Le national-socialisme ambitionnait de remplacer toutes les religions puisqu’il entendait se proposer comme un succédané de la religion. Avec le temps, dans les intentions d’Hitler, son Église politique aurait remplacé toutes les Églises. »[17] 

Le « christianisme positif » est la religion révélée du peuple allemand. « Le parti s’appuie sur le fondement du christianisme positif qu’est le national socialisme. Ce dernier résulte de la volonté de Dieu, révélée dans le sang germanique. Dire que le christianisme consiste dans la foi en Christ, fils de Dieu, me fait rire. Le vrai christianisme est représenté par le parti, et le peuple germanique est appelé par le Führer à appliquer un christianisme authentique et concret. Le Führer est le protagoniste d’une nouvelle révélation. »[18]

Race aryenne, la source du salut 

Hitler ne voit dans le catholicisme ou le protestantisme qu'une religion utile pour la race allemande. « Le gouvernement nation considère les deux confessions chrétiennes comme les facteurs les plus importants pour la conservation morale de notre personnalité ethnique. » Tout doit en effet se ramener à la race aryenne. L’individu n’existe pas en tant que tel. Le nazisme conduit à la destruction de l’individu, de la personnalité humaine. Comment le christianisme peut-il alors apporter à la personne humaine les biens surnaturels dont elle a besoin quand l’individu n’existe plus ? 

L’individu n’existe en fait que par rapport à la race à laquelle il appartient. « La source première et la règle première de toute organisation sociale, de tout l’ordre juridique est l’instinct racial. »[20] Et comme l’aryen est aux yeux des allemands le « créateur de la plus haute civilisation humaine », « la solution de tous les problèmes est dans la vocation d’une race suprême, d’un peuple de seigneurs disposant des ressources et des possibilités du globe tout entier ». La source du salut de l’humanité est donc dans la réalisation de cette vocation. Elle n’est donc pas dans le christianisme mais dans la race aryenne. La puissance n’est donc qu’un moyen pour réaliser cette vocation. 

Ainsi l’adhésion au « christianisme positif » revient à fonder la foi sur l’antisémitisme et sur le totalitarisme étatique. Il va à l’encontre de l’enseignement de l’Église. Il s'oppose notamment à l’origine divine de l’Ancien Testament et à l’universalité de la Rédemption que l’Église n'a cessé d'enseigner. Il prône aussi un christianisme indépendant de Rome et incorporé à un État, idée particulièrement combattue par l'Eglise au cours des siècles. Elle a toujours affirmé que l’État ou tout ce qui le symbolise n’étaient pas au-dessus de Dieu. Il y a donc incompatibilité entre le christianisme et le nazisme. « Aucun catholique ne pouvait accepter [le programme national-socialiste] sans renier sa foi sur des points capitaux »[21]. Hitler n’est pas dupe : « on est chrétien ou allemand, pas les deux à la fois »[22]. 

Ceux qui recherchent un remède à notre société malade devront donc se détourner du mythe nazi car la puissance de cette idéologie est bâtie sur des principes fondamentalement mauvais. Elle ne peut qu’apporter impiété, désordre et destruction. Le Tentateur a offert à Notre Seigneur les royaumes de ce monde, c’est-à-dire la puissance sur les hommes. C’est à ce moment là qu’Il l’a jeté et qu’Il l’a vaincu. Résistons à cette tentation. Soyons héroïques. Dieu n’a jamais vaincu le monde par les armes du monde. Faisons confiance en Notre Seigneur Jésus-Christ…



Références

[1] André François-Poucel, ambassadeur de France en Allemagne cité par Daniel-Rops, Un Combat pour Dieu, 1870-1939, Chapitre IX, éditions Fayard, 1963. 
[2] Les chrétiens pouvaient aussi être séduits par le combat que mène Hitler contre le communisme considéré à cette époque comme ennemi n°1 de l’Église. En outre, la craindre de se passer pour « mauvais allemands » ou « mauvais patriotes » a sans-doute aussi poussé les chrétiens à se taire.
[3] Lettre pastorale de Mgr Gfoellner, évêque de Linz.
[4] Mgr Hugo cité dans Jean Sévilla, Historiquement incorrect, Le Livre de Poche, Fayard, 2011.
[5] Jean Sévilla, Historiquement incorrect, Le Livre de Poche, Fayard, 2011.
[6] Hitler, Mein Kampf, 
www.abbc3.com/historia/hitler/mkampf/fra.
[7] Daniel-Rops, Un Combat pour Dieu.
[8] Rosenberg, Le Mythe du vingtième siècle.
[9] Rosenberg, Le Mythe du vingtième siècle.
[10] Rosenberg, Le Mythe du vingtième siècle.
[11] H. S. Chamberlain, La genèse du XIXe siècle, 1899.
[12]Hitler, Main Kampf, Tome Ier, 11.
[13] Hitler, Main Kampf, Tome Ier, 11.
[14] Hitler, 1er février 1930, première déclaration gouvernementale citée dans Jean Sévilla, Historiquement incorrect.
[15] Cardinal Faulhaber, mémorandum adressé au Pape le 17 mars 1933 cité dans Jean Sévilla, Historiquement incorrect.
[16] Cardinal Pacelli dans une audience accordée à Alfred Klieforth, ancien consul des États-Unis à Berlin cité dans Jean Sévilla, Historiquement incorrect.
[17] Franco Cardini, Le Dieu d'Adolf Hitler, 31 décembre 2005, voxnr.com.
[18] Hans Kehrl, ministre chargé des affaires ecclésiastique, cité dans Les 12 000 martyrs chrétiens de la seconde Guerre mondiale de Louis Guerche, revue L’histoires des Papes et des Saints, n°3.
[19] Hitler devant le parlement allemand cité par Daniel-Rops, Un Combat pour Dieu.
[20] Daniel-Rops, Un Combat pour Dieu.
[21] Évêque de Munster cité dans Daniel-Rops, Un Combat pour Dieu.
[22] Daniel-Rops, Un Combat pour Dieu.

[23] Journal officiel du Vatican.

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