" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


lundi 28 octobre 2013

Les mozarabes, raisons d'une minorité en terre musulmane

Les historiens insistent sur la disparition des chrétiens à partir du XIIème siècle en al-Andalousie. Certains prétendent que cet affaissement provient de la conversion des chrétiens à l’Islam. Un livre ose même remettre en cause l’idée de la conquête musulmane. Selon son auteur, elle ne traduirait que la lente et progressive avancée pacifique de l’Islam par la conversion de la population. De nombreux historiens ont rejeté cette thèse. Mais s’il y affaissement du christianisme en al-Andalousie, provient-il essentiellement des conversions des mozarabes ? 

Un transfert de population

Revenons à la conquête arabe en Orient lorsque les musulmans se sont emparés d’immenses territoires, souvent bien peuplés. Les conquérants sont alors dans l’obligation de gérer leurs conquêtes en dépit de leur infériorité démographique. Pour pallier à ce rapport défavorable, ils pratiquent une forte politique de déplacement de populations. Des tribus arabes quittent la péninsule arabique pour s’installer sur les nouvelles terres alors que les populations indigènes sont transférées vers d’autres territoires. Des tribus berbères et arabes s’implantent dans la péninsule quand des familles chrétiennes sont envoyées au Maghreb. Cette politique est aussi menée en al-Andalousie. Les Almohades ont surtout pratiqué ces transferts de population de manière intensive. Les berbères qui abordent la terre hispanique sont aussi accompagnés de leurs tribus. Par ces déplacements de population, l’affaiblissement des chrétiens est alors inévitable. Il est l’objectif des musulmans afin d‘asseoir leur autorité.

Une population meurtrie

Mais cette diminution s’explique aussi par d’autres raisons encore plus matérielles. Il faut le rappeler : la conquête ne se déroule pas dans la douceur. Elle est accompagnée de massacres qui déciment les populations chrétiennes lorsqu’elles refusent de se rendre. Pendant les premiers siècles d’occupation, des révoltes sont réprimées dans le sang. Devant une telle terreur, des chrétiens fuit leurs anciennes terres comme aujourd’hui encore, pour fuir la guerre et la désolation, des populations quittent leurs maisons en quête d'un refuge. 

Nous retrouvons cette « ambiance » dans la chronique mozarabe de 752. Elle relate brièvement les événements survenus entre les années 649 et 792 de l’ère hispanique dans les mondes byzantin, arabe, et hispanique. L’auteur serait « un clerc hispanique possédant de vastes connaissances quant à la doctrine et à l’histoire de l’Église dont il est bien informé des affaires »[1]. Elle aurait été écrite dans le sud-ouest de la Péninsule. 

Prisonniers crucifiés
par les Sarrasins
L’auteur se lamente de la violence et de la cruauté des troupes berbères et arabes. La situation est décrite de manière catastrophique. Nous sommes loin d’une vision « aseptisée » de la conquête ou d’une occupation relativement pacifique du territoire. Il décrit les conséquences désastreuses de la conquête « avec un luxe de détails macabres fait de carnages, de pillages et de dévastations »[2].

Et pourtant, le texte ne recèle aucune haine à l’égard de l’Islam. « En dépit du « patriotisme » intense de ce dernier [l’auteur], chrétien à la foi ardente […], regrettant l’époque où sa patrie jouissait de la liberté, et de son hostilité aux nouveaux gouverneurs du pays, on n’observe pas de haine dans son texte »[3]. Il faut donc prendre au sérieux sa description catastrophique. « Pas une seule foi, l’auteur n’exprime la moindre animosité envers la religion des Arabes : en vérité, il n’en dit absolument rien »[4].
Il n’y a pas seulement absence d’antagonisme religieux, il y a même absence d’allusion à l’Islam. « A aucun moment, il ne fait référence à l’Islam. Il ne considère pas non plus les musulmans arabes comme des chrétiens hérétiques, et encore moins comme des païens »[5]. C’est bien la terreur et la violence de la conquête qui marquent son esprit et non la religion musulmane. Les chrétiens fuient avant tout les ravages destructeurs des conquérants…

« Muza s'étendit en effet ensuite de tous côtez sans aucun obstacle, et conquit avec une égale facilité l'Espagne Ulterieure et la Citerieure jusqu'à Saragosse qu'il prit, qu'il livra au pillage et au glaive de ses soldats, et dont il emmena les habitans en captivité. Il traita avec une plus grande sévérité plusieurs autres villes des plus considérables d'Espagne, car il les réduisit en cendres, après avoir fait souffrir les plus cruels tourmens à leurs habitans. Il vouloit par cette conduite barbare intimider celles qui étoient en état de lui résister ; et de fait la terreur de ses armes jeta une si grande consternation dans tout le pays, que ces villes offrirent d'elles-mêmes de capituler et se rendirent par composition pour prévenir de plus grands mau. La plupart de leurs habitans ne se fiant pas cependant à la parole des Sarasins, et craignant d'être exposez à leurs mauvais traîtemens, prirent la fuite et se réfugièrent dans les montagnes, où malgré la disette des choses les plus nécessaires pour leur subsistance, ils défendirent le reste de leur liberté au péril de leur vie »[6]

Des chrétiens fuient donc la domination musulmane pour se réfugier dans des territoires moins hostiles et pour rejoindre leurs coreligionnaires, notamment au Nord de la péninsule. Cette fuite a du croître au fur et à mesure du développement et de l’extension des royaumes chrétiens. Ce n’est pas alors étonnant que le terme de « mozarabe » a d’abord été employé dans les terres de Léon. Elle atteste leur refus de vivre en al-Andalousie. Ils fuient une existence qu’ils ne peuvent supporter. 

Cordouans exilés

Une vie de clandestinité

La disparition progressive des chrétiens en al-Andalousie peut donc s’expliquer en partie par le déplacement forcé ou volontaire de la population. Une autre solution est possible : la clandestinité. Comme nous l’avons pu constater dans le récit des martyres [21], des chrétiens font semblant de vivre comme des musulmans. Il ne leur est pas possible de vivre ouvertement leur foi

La pression sociale sur les chrétiens est très forte. Ils doivent payer un impôt spécifique, de plus en plus écrasant. Tout fonctionnaire non musulman finit par perdre son emploi. Tout chrétien perd systématiquement sa position sociale. Une grande famille qui voudrait garder son statut social dans la société musulmane n’a pas d’autre choix que la conversion, sincère ou apparente. Une oligarchie locale ne peut donc espérer se maintenir sans se convertir à l’Islam. « Les impôts touchaient particulièrement les classes sociales de chrétiens riches, ceux qui désiraient le plus leur intégration à la société musulmane et qui voyaient diminuer leurs possibilités de promotion, surtout avant le XIe siècle, devant la décadence de la culture chrétienne et le peu de prestige que montraient les sociétés chrétiennes du nord » [1].

Une minorité d'abord juridique 

Nous pourrions penser que les chrétiens ont un statut particulier parce qu’ils sont minoritaires comme parfois nous pouvons le lire. « Les minorités médiévales dans la péninsule sont donc déterminées par leur appartenance à une religion minoritaire. Ainsi, ont-elles un statut juridique propre qui précise et limite leurs droits »[7]. Terrible erreur. Car l’Islam impose un statut juridique particulier non pas parce que les chrétiens appartient à une religion minoritaire mais parce qu’ils sont non-musulmans [8]. Ils appartiennent à une religion minoritaire de droit et non de fait.


Les traités conclus lors des capitulations instaurent ce statut de minorité. Des exemples bien réels montrent qu’effectivement cette règle est strictement appliquée. Toute la vie du chrétien se règle ensuite sur ses clauses. Ils instaurent la discrimination sociale, un statut concret, quotidien, bien visible. Le chrétien doit savoir qu’il est inférieur au musulman et vivre réellement cette infériorité. Nous insistons : ce statut d’infériorité doit être visible aux yeux de tous… 

La notion de « minorité » n’est donc pas liée à une situation démographique. « Quand l'Islam s'installe en Hispanie au début du VIII siècle, les chrétiens, qui formaient démographiquement la majorité de la population du pays, devinrent selon la loi islamique, une minorité religieuse »[9]. Par la conquête des terres, l’Islam considère les chrétiens comme étant des gens de seconde zone en situation d’infériorité et donc appartenant à une minorité par rapport aux musulmans. « La condition humiliante de dhimmî, n'est guère enviable. Elle entraîne de nombreuses mesures discriminatoires pour ces citoyens de seconde zone […] Une situation aussi pénible finit obligatoirement par entraîner de nombreuses conversions, certaines d'entre elles étant d'ailleurs on ne peut plus sincères »[10].


Un statut plus ou moins appliqué

Le statut de la dhimmitude est différemment appliqué aux chrétiens selon les régions. Selon la chronique mozarabe de 754, un des premiers gouverneurs musulmans d’al-Andalus « a poursuivi les Sarrasins et les Maures d’Espagne pour avoir usurpé ce qui avait été antérieurement payé pour obtenir la paix et a rendu de nombreuses choses aux chrétiens »[1]. Dans la période des taïfas, période de troubles et d’instabilité, les communautés chrétiennes ont souffert de l’absence de pouvoir central suffisamment fort pour faire appliquer les lois. Bien que le droit musulman respecte le statut de chrétien, la société musulmane fait pression de diverses manières sur les populations chrétiennes et leur impose des humiliations sociales. L’État a pour rôle d’encadrer cette pression sociale afin qu’elle ne dégénère pas et ne va pas à l’encontre de ses intérêts

D'autres chrétiens ne disposent pas de ce statut de « protégés » : ils sont voués à la captivité ou à l’esclavage. Seule la conversion à l’Islam peut le libérer de ses chaînes[11]. « Pour échapper à leur long emprisonnement, des chrétiens se convertirent parfois à l'Islam de plein gré. C'est ainsi que la garde personnelle des sultans de Grenade fut composée dès le XIII siècle de renégats d'origine chrétienne »[12].

Des chrétiens en manque d’églises, rejetés vers les périphériques

Les conditions sociales permettent-elles aux chrétiens de vivre leur foi ? Elle a notamment besoin d’églises, d’un encadrement épiscopal, de prêtres... 

Mosquée de Cordoue, gravure de 1891
Pendant la conquête, de nombreuses églises ont été détruites. Une étude sur la répartition des églises dans la ville de Cordoue nous paraît intéressante [13]. Son auteur démontre que « s’il y a bien des églises, et des chrétiens pour les fréquenter, dans la Cordoue du VIII-IXème siècle, elles étaient situées dans la périphérique urbaine ». Un texte juridique musulman (fatwa) du Xème siècle déclare en effet qu’on ne peut construire ou restaurer des églises qu’hors de la vue des musulmans, et à l’écart de leur sanctuaire. Les églises de Cordoue à l’intérieur de la ville ont été détruites ou récupérées pour être transformées en mosquées. La cathédrale de Cordoue [14] a d’abord été à moitié transformée en mosquée avant que la seconde moitié ne soit rachetée par les autorités musulmanes pour agrandir leur lieu de prière. Les autorités permettent aux chrétiens de construire leur église mais hors de la ville et de la vue des musulmans. Or « l’absence d’églises implique raisonnablement l’absence d’une population qui en aurait l’usage » [15]. En clair, ils rejettent les chrétiens hors de la cité. Leurs églises, signes de leur existence, ne doivent pas être visibles des musulmans…

Toujours selon cette étude, les chrétiens seraient répartis dans des faubourgs spécifiques, dans des agglomérations rurales ou dans les montagnes. 

Cathédrale mosquée de Cordoue
Cette réalité est parfaitement conforme aux lois musulmanes. « On ne construit pas d’église dans la dar al-Islam, ni dans son sanctuaire, et que ne se trouve pas parmi eux [les chrétiens] de musulmans. Car on ne leur interdit pas de les construire entre eux, ni d’introduire u vin chez eux, ni de se procurer des porcs. Mais s’ils se trouvent au milieu des musulmans, tout cela leur est interdit. Quant à la réparation de leurs églises anciennes, qui leur ont été laissées, à moins que cela a été stipulé dans le traité de capitulation, il le leur est observé et on leur interdit d’y faire des croisement, que l’accroissement soit visible ou caché. S’il leur a été stipulé qu’il ne leur serait pas interdit d’innover les églises, et que l’immam leur a concédé ce point par ignorance, le Prophète a interdit […] »[16]. L’auteur de ce texte s’appuie sur un hadith : « N’élevez parmi vous rien des Juifs ni des Chrétiens ».

Des chrétiens en manque d’évêques et de prêtres

Mais les chrétiens peuvent vivre leur foi sans église. Il est donc risqué de mesurer l’importance de la population chrétienne, voire de la localiser, en fonction de la présence d’églises. Leur principale préoccupation est surtout de disposer de prêtres et d’évêques suffisants, capables de donner les sacrements, surtout celui du baptême.

« Déjà peu nombreux et limités surtout à un milieu urbain déclinant, les chrétiens auraient eu besoin pour se maintenir d'un encadrement épiscopal qui, si l'on en juge par l'absence presque totale de références à des sièges épiscopaux effectivement pourvus dans la région à l'époque musulmane, leur fit défaut »[17]. Il est noté dans certaines régions une interruption dans la succession épiscopale, soit par disparition de l’évêché, soit par regroupement afin de mieux répondre aux besoins des fidèles. D’autres témoignages soulignent l’absence ou l’insuffisance d’un encadrement suffisant. L’arrivée des Almohades puis celle des Almoravides n’ont fait qu’accentuer la pression sur les structures de l’Église. « Les propriétés chrétiennes, laïques et ecclésiastiques ne seront confisquées qu’à partir de la deuxième moitié du XIIe s., avec l’arrivée des Almohades »[18] (90). 

Ce besoin d’évêques ou de prêtres est aussi une nécessité en terre musulmane : l’Islam ne traite avec les chrétiens comme avec d’autres non-musulmans qu’au travers d’une communauté structurée et hiérarchique. « II doit exister une organisation administrative chrétienne, ou une communauté de référence, qui soit responsable devant l'autorité musulmane » [19]. L’individu dispose de droits s’il appartient à une communauté reconnue. Ainsi des chrétiens étrangers peuvent constituer une communauté reconnue si elle dispose d’un prêtre. Les commerçants chrétiens forment ainsi un groupe influent car il est « présidé » par un prêtre.

Le statut social d’un individu identifie même son appartenance à une communauté reconnue. « Si l'évêque de Malaga, Hosteogis, dénonçait devant le fisc les populations chrétiennes rurales, c'est parce que, n'étant pas inscrites comme tributaires, elles n'avaient pas le statut de chrétien et, de ce fait, devenaient tout à fait légalement musulmanes »[20]. 

Conclusion

Depuis la conquête de la péninsule ibérique, les populations chrétiennes vivent dans une situation peu enviable, faite de souffrances, d’humiliations et de vexations. Il n’est pas bon pour un chrétien de vivre sous la domination musulmane. La fuite est une solution pour échapper à un tel sort. La conversion à l’Islam est aussi une autre. Il est par ailleurs difficile de mesurer la sincérité d’une conversion, surtout dans le passé et dans un contexte de pression sociale forte. Sans le soutien de prêtres et d’évêques en nombre suffisant, persécutés et relégués dans un état social d’infériorité, les chrétiens sont fortement tentés d’embrasser la religion musulmane. Considéré par principe et par droit comme étant une population « minoritaire », elle finit par l’être concrètement. Cessons donc de parler de cohabitation pacifique ou de « tolérance » en al-Andalousie. La tolérance musulmane n’a qu’un but : l’élimination progressive des chrétiens. Enfin, beaucoup d'explications peuvent expliquer l'affaissement visible du christianisme : déplacement forcé ou volontaire des chrétiens, vie chrétienne clandestine, conversion intéressée ou réelle à l'Islam...

En conclusion, l’époque de la conquête musulmane nécessitait de l’héroïsme de la part des chrétiens. Et pourtant, le christianisme s’est maintenu en dépit de son silence. 





Références
[1] López Pereira cité dans La kûra de Beja et le territoire de Merola de Santiago Macias, thèse de l'université de Lyon, soutenue en 2007
[2] John Tolan, Les Sarrasins, 2003.
[3] Sanchez Albornos.
[4] John Tolan, Les Sarrasins
[5] Roger Collins, La conquista arabe
[6]Histoire Générale de Languedoc de Dom Claude Devic et Dom Joseph Vaissete, 1730- 1745, Religieux Bénédictins de la Congrégation de St Maur, augmenté et continué jusqu'en 1830 par Alexandre du Mège2.
[7] Manuela Marin et Joseph Pérez, L'Espagne des trois religions du mythe aux réalités. Introduction. In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, N°63-64, 1992. 
[8] Manuela Marin et Joseph Pérez, L'Espagne des trois religions du mythe aux réalités
[9] Mikel de Epalza, Les mozarabes. État de la question In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, N°63-64. 
[10] Raymond Le Coz, Les Mozaraves et les débuts de la médecine dans la-Abdalous
[11] Ils peuvent être aussi libérés par rachat ou échange, grâce notamment à des ordres religieux (Les Trinitaires, Les Mercédaires). Les « alfaqueque » (rédempteurs) étaient aussi chargés de médiateurs pour obtenir la libération des chrétiens. 
[12]  Rachel Arié,  Les minorités religieuses dans le royaume de Grenade (1232-1492) In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, N°63-64. 
[13] Jean-Pierre Molénat, La place des chrétiens dans la Cordoue des Omeyyades d’après leurs églises (VIII-IXème siècle)
[14] Ou la moitié du territoire attribuée à la cathédrale. 
[15] Jean-Pierre Molénat, La place des chrétiens dans la Cordoue des Omeyyades d’après leurs églises (VIII-IXème siècle)
[16] Ibn al-Magisun cité dans Jean-Pierre Molénat, La place des chrétiens dans la Cordoue des Omeyyades d’après leurs églises (VIII-IXème siècle)
[17] Pierre Guichard, Les Mozarabes de Valence et d'Al-Andalus entre l'histoire et le mythe.
[18] Jean-Pierre Molénat, Mudéjars et mozarabes à Tolède du XIIe au XVe siècle
[19] Mikel de Epalza, Les mozarabes. État de la question
[20] Mikel de Epalza, Les mozarabes. État de la question
[21] Voir Émeraude, août 2013, article Les martyrs en Al-Andalousie : le prix de la tolérance.

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