Prendre du recul pour pouvoir porter un jugement serein et solide… Et comment prendre du recul sans être amarré à un point fixe et certain ? Ce n'est donc pas le moment de suivre le Monde dans sa folle course si nous voulons conserver ce que nous sommes et non ce qu'il souhaite.
Emporté par un optimisme excessif et par un lyrisme déplacé, Teilhard veut que l’homme marche selon le sens du Monde et qu'il s'élance dans l’incertitude et l’inconstance quand il devrait plutôt se reposer sur la sagesse héritée du passé afin de progresser d’un pas assuré ... L‘être plutôt que le devenir…
Il est particulièrement frappant de ne voir dans ses livres aucun doute sur ses théories, aucune remise en cause de ses « sentiments », aucune interrogation sur les bien-fondés du progrès scientifique tant vanté. Tout est certain, exaltation, confiance absolue. Peu d’esprit critique, peu de recul finalement ... C’est symptomatique… Pourquoi une telle infaillibilité dans un esprit scientifique ?…
Le monde que nous connaissons n'est plus le même que celui de Teilhard. Et le monde qu’il a cru voir naître n’est pas celui dans lequel nous vivons. Pourquoi tant de désillusions, lui qui prétendait comprendre l’Évolution ? Son absence de recul probablement. Que devons-nous penser de ses erreurs de perception ? Est-ce le moment de changer en profondeur la doctrine chrétienne ?
La conception du Monde de Teilhard n’est finalement qu’une construction de l’esprit, fondée sur une idéologie, sur des certitudes infondées, sur un optimiste exagéré. Aujourd’hui, elle apparaît bien obsolète. Devons-nous alors faire évoluer le christianisme sur des bases aussi incertaines et sur une perception si fragile et erronée ? Il perdrait toute crédibilité et conduirait l'homme à d'incessantes remises en question au moment même où il a besoin de certitudes. Pouvons-nous admettre une telle instabilité pour des choses aussi sérieuses et lourdes de conséquence quand justement l'homme a tant besoin d'un port d'attache solide et sûr ? C'est bien mépriser et méconnaître l'âme de l'homme. C’est bien ignorer la réalité des choses…
Nous ne pouvons pas évidemment accuser Teilhard d’avoir ignoré le futur, même si certains signes et travaux scientifiques de son époque pouvaient l’orienter, mais n'a-t-il pas pris le risque de jouer au prophète et de vouloir engager des hommes dans une voie innovante et attrayante certes, mais fausse et périlleuse ?
Nous sommes désormais dans un Monde où règnent le relativisme, le scepticisme et l’agnosticisme, c’est-à-dire dans un Monde où la conscience erre et se perd. Elle ne se construit pas dans une conscience collective, mais se dissout dans le néant. Le temps de Teilhard, temps de rationalisme et de scientisme triomphant, est en cours d'achèvement pour laisser sa place à la postmodernité, c’est-à-dire à la fin des illusions...
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