Certes, notre conception ou représentation du temps
peut être inconsciente au sens où elle agit en nous sans que nous nous en
apercevions. Elle peut aussi être « imposée »
en nous par notre éducation ou par le conditionnement social. Pendant deux
siècles, la notion du temps absolu conçu par Newton a dominé les esprits
scientifiques et domine encore l’opinion.
Une représentation du temps peut aussi être pleinement choisie
et assumée. La conversion à une religion ou à une idéologie oriente et modèle
inévitablement notre conception du temps. La conversion d’une âme passe parfois
par la remise en cause d’une conception devenue désuète ou obsolète.
Vision cyclique ou linéaire du temps
Il existe en effet plusieurs types de représentations
du temps, dont certains ont dominé certaines époques. La plus ancienne est
probablement la vision cyclique du temps, les événements revenant régulièrement
après une certaine période. Le temps est donc imaginé comme un cercle sans fin
ni début. Cette vision cyclique présente plusieurs modèles. Le cercle peut être strict au
sens où les événements se répètent strictement au moindre détail. Il peut être
lâche, le cercle se modifiant au cours du temps, les événements pouvant
eux-mêmes l’influencer. Les grandes étapes du cercle sont néanmoins préservées, les
détails évoluant au cours des périodes.
La droite est une vision extrême du temps. Il peut aussi être vu comme une demi-droite, commençant et ne s’achevant pas, ou perçu comme un segment, le temps étant encadré par un début et une fin.
Dans ces représentations linéaires, rien n’indique si
le temps est réversible ou non. Depuis le XIXe siècle, la ligne du temps est
marquée d’une flèche[1],
montrant ainsi que les événements se succèdent les uns aux autres selon un sens
irréversible. Le retour dans le passé est alors inconcevable.
Nous pouvons encore enrichir cette vision linéaire en lui donnant une courbure. Une ligne peut être strictement croissante, s’élevant davantage vers le « haut » ou strictement décroissante en plongeant vers le « bas » ou encore n’être qu’une succession de « haut » et de « bas », périodiques ou non. Mais ces « hauts » et ces « bas » n’ont de sens que si la courbe est incluse dans un repère préalablement défini. Sans repère, tout cela n’a guère de sens…
Évidemment, nous pouvons complexifier ces représentations
en les associant. Une vision linaire ou cyclique peut subitement s’enrichir de
plusieurs visions cycliques.
Dans toutes ces représentations, nous voyons que le
temps est vu comme une ligne fermée (vision cyclique) ou ouverte (vision
linéaire). Il apparaît bien comme un flux continu. Les choses passent par des
états successifs de manière déterminée et continue sans qu’un « blanc » ne soit possible. Nous
sommes certains qu’un glaçon plongé dans un verre d’eau fond progressivement et
non soudainement. Cette représentation est bien conforme à notre expérience. Le
temps apparaît bien comme une succession d’instants continus à l’image d’une ligne
qui n’est qu’une succession de points.
Les qualités représentatives du temps
S’il y a généralement unanimité dans une vision
continue du temps, les philosophes et scientifiques divergent lorsqu'ils cherchent
à qualifier ce temps. Les divergences tournent autour de quatre propriétés :
l’éternité, l’infinité, la réversibilité, la variabilité.
Nous parlons :
- d’éternité pour signifier que le temps peut être vu comme sans début et sans fin. Il est un flux qui ne cesse pas d’exister. Il a été, est et le sera toujours ;
- d’infinité quand il n’a pas de fin tout en ayant une origine. Dans le cas où il admet une fin, il est dit fini ;
- de réversibilité lorsque son cours peut être inversé, ce qui signifie que le futur peut devenir passé et le passé devenir futur. Le retour dans le passé est alors possible. Les événements passés peuvent donc se reproduire ;
- de variabilité. La courbe linéaire du temps est vue comme croissante ou décroissante lorsque le temps manifeste une évolution, un enrichissement ou une régression, une dégradation. Cela nécessite peut-être de porter un jugement de valeur sur l’écoulement du temps.
Nous pouvons constater que dans la vision cyclique, le
temps est nécessairement réversible et éternel. La vision linéaire est moins
précise. Plus elle est enrichie ou complétée, plus le temps apparaît comme fini
et irréversible. Nous pouvons même lui associer un niveau de valeur si la
vision est encadrée dans un référentiel moral.
Une représentation des perceptions
Ces représentations du temps reflètent-elles vraiment
le temps ? Effectivement non puisque le temps n’a pas d’existence en soi.
Elles reflètent en fait notre perception des changements qui affectent le monde
ou encore simplement notre manière de voir le monde et les phénomènes qui s‘y
déroulent.
La vision cyclique tente de représenter le cycle des
événements naturels dont nous sommes témoins. Le jour laisse sa place à la nuit
selon un rythme imperturbable. Chaque année, après l’automne, l’hiver se lève
pour laisser ensuite sa place au printemps avant que ne revienne l’été. Tout
autour de nous, nous sommes témoins de nombreux cycles. Le cycle de l’eau est
bien connu. Le plus classique est celui de la vie. Après la vie, vient la mort
d’où sortira de nouveau la vie. Ne sommes-nous pas nés de la poussière et voués
à la poussière ? Les aiguilles de notre montre parcourent inlassablement
les mêmes cercles. La vision cyclique tend à refléter la répétition inlassable
de certains phénomènes avec une régularité plus ou moins lâche.
La vision linéaire définit plutôt la fuite du temps,
ces événements passés que nous regrettons et que nous ne pouvons pas changer ou
cet avenir que nous souhaitons ou appréhendons. Elle reflète le vieillissement
inéluctable, l’inaccessible jeunesse lorsqu’elle est une fois perdue. Notre
existence est unique, comme notre passé …
Mais est-ce le monde qui modèle notre conception du temps ou le contraire ? N’avons-nous pas en effet tendance à voir notre monde selon notre propre conception du temps ?
Mais est-ce le monde qui modèle notre conception du temps ou le contraire ? N’avons-nous pas en effet tendance à voir notre monde selon notre propre conception du temps ?
La conception du temps peut aussi influencer notre regard sur le monde. Un temps considéré comme éternel conduit à penser à un monde éternel, sans création et sans fin. Lorsqu’il est perçu comme infini, le monde est vu comme une création qui perdure toujours. D’une représentation finie du temps dérive celle d’un monde créé qui s’achèvera nécessairement. Une courbe croissante du temps est l’image d’un progrès continu, d’un monde ne pouvant évoluer que positivement.
Irréversibilité ou réversibilité ?
L’irréversibilité des phénomènes n’est pas seulement
une certitude que nous acquérons avec l’expérience. Le regret n’est pas une
lubie de la conscience. Il se fonde sur une réalité passée que nous ne pouvons
plus effacer ou modifier. Elle est aussi un principe scientifique. Nous la
trouvons notamment dans le second principe de la thermodynamique. Cette loi stipule
que les transformations physiques sont irréversibles sous certaines conditions.
Un système physique complexe ne peut spontanément revenir à l’un des états
qu’il occupait antérieurement. Cette loi s’applique donc à un niveau
macroscopique. Cette réversibilité serait en fait possible au niveau
microscopique. La science fait aussi l’hypothèse de phénomènes réversibles dans
certains cas précis. Selon les théories de la relativité et de la mécanique, certains
phénomènes physiques sont en effet réversibles. Effectivement, les formules
scientifiques n’imposent pas de sens à la ligne temporelle. Elles sont
applicables pour des valeurs temporelles positives comme négatives.
La notion de réversibilité ou d’irréversibilité des
événements au sens physique se joue en fait sur la probabilité. Henri Poincaré
illustre cette notion par le cas simple d’un vélo dont un pneu est crevé. Si le
cycliste attend suffisamment longtemps sans rien faire, il se peut que son pneu
se regonfle par le simple jeu du mouvement des molécules d’air. Nous pouvons en
effet concevoir que plus le système est complexe, plus la probabilité de
réversibilité est faible. Or la notion de probabilité est généralement absente
dans les formules scientifiques. Elle introduit un niveau de complexité que le scientifique
ne peut aborder.
Devenir et être, éternelle et nécessaire question
L’opposition
entre visions cyclique et linéaire est très ancienne. Elle remonte à
l’antiquité. Le plus souvent, nous résumons cette dualité en présentant les
philosophies d’Héraclite et de Parménide.
Pour Héraclite,
tout est changement. « A ceux qui
entrent dans des fleuves identiques, autres et autres leurs eaux coulent
dessus. […] Il est impossible de
descendre deux fois dans le même fleuve. » Il prône en effet
l’irréversibilité du temps et l’inéluctabilité du changement. Le perpétuel
changement est pour le grec la condition de l’unité. Il voit dans les
oppositions le ressort de ces transformations. « Tout
vient à l’être par querelle et par nécessité. » Cependant, au-delà des
métaphores classiques, Héraclite défend l’idée d’un temps sempiternel. Le monde
a été, est et le sera toujours. Si tout est en effet changement, tout revient
finalement au même. « Le jour et la
nuit sont uns » [2].
Parménide
défend l’éternité et la permanence. Il refuse en fait tout changement. L’être
n’existe que dans le présent. « Jamais
il n’était ni ne sera, puisqu'il est maintenant, tout entier à la fois, un, et
d’un seul tenant. »[3]
L’être n’existe ni dans le passé ni dans le futur. Il ne voit donc aucune
existence au temps. Sa représentation serait plutôt linéaire comme le lit du fleuve
qui immuable porte l’eau jusqu'à la mer. Une ligne dessinée sur une feuille
reste pour l’observateur une figure figée. Nous pouvons concevoir le temps se
déplaçant selon cette ligne mais finalement tout est fixe, seul notre regard
est mouvant.
Ces deux
philosophes grecs affrontent en fait un problème essentiel, le même problème auquel répond Newton : comment l’être peut-il concilier unité et immobilité avec le changement et la multiplicité que nous percevons ? L’idée du temps est ainsi
inévitable quand nous abordons l’idée de l’être. La pensée se heurte au conflit
qui oppose le devenir et la permanence, la multiplicité perçue et la nécessaire
unité. Il n’y a point de changement sans stabilité. « Pour autour de soi des réalités, pour exister, des réalités qui durent. » Les questions que soulève
l’évolutionnisme sont aussi des questions d'ordre métaphysique, même si les
évolutionnistes refusent généralement d’en discuter. Les idéologies
évolutionnistes tentent en effet à leur tour de donner une réponse à cette
difficulté tout en excluant cependant toute question métaphysique d’où leurs
erreurs…
Des visions
multiples et complexes dans l’antiquité
Chronos, dieu du temps de la mythologie grec |
Aristote s’oppose à l’idée platonicienne du temps.
Associé au mouvement sans être confondu, le temps est considéré comme un flux
continu qui n’a ni origine ni fin. Il le voie comme un cercle à l’image des
cycles naturels. La société est aussi en proie à des changements cycliques,
constitués d’ascensions et de déclins. Il refuse une vision linéaire selon
laquelle elle progresse de manière continue. Cependant, il refuse l’idée que
les événements se répètent strictement dans le temps.
Contrairement à l’idée dominante d’un temps continu, Épicure
défend la discontinuité du temps. Fidèle à sa conception atomiste du monde, il
considère en effet le mouvement comme étant discontinu en dépit de l’apparente
continuité. Il distingue en fait le temps concevable par la raison et le temps
sensible tel que nous le percevons. Il n’est en fait continu qu’en apparence
car nous ne pouvons pas percevoir la discontinuité. Cette distinction s’appuie donc
sur une remarque très importante : la différence entre le mouvement
perceptible par nos sens et le mouvement des atomes qui se déplacent.
Comme nous venons de le voir de manière peut-être
simple et rapide, la vision du temps est complexe et multiple dans la vieille
civilisation grecque. Elle est le reflet des philosophies qui n’ignorent pas
l’apparente contradiction entre l’être et le devenir.
L’ordre moral du temps
Une représentation cyclique du temps tend à souligner
la régularité que nous constatons dans la nature. Elle reflète ainsi un certain
ordre naturel. Les événements se répètent sans surprise. Chez les Grecs
anciens, le temps manifeste même l’ordre moral. Ils parlent de « tribunal du temps » devant lequel
les hommes devront porter la responsabilité de leurs actes.
Ce rôle du temps se retrouve en particulier dans les
systèmes qui défendent l’idée de métempsychose. A l’issue d’une existence
correspondant à un cycle, une vie reprend une nouvelle existence sous une forme
inférieure ou supérieure selon le jugement apporté à la vie passée.
Le temps est le lieu où s’applique une sanction, temps
aussi d’expiation et de réparation des fautes. Il apparaît alors comme porteur
d’une certaine sérénité – car il apporte le rachat – ou d’une inquiétude – car
il est aussi temps de sanction. Il est alors le lieu de notre libre arbitre. Nous sommes bien éloignés de l’idée de
fatalisme que nous pouvons retrouver dans les représentations cycliques
strictes du temps. Dans cette dernière vision, les événements revenant de
manière sempiternelle, le libre arbitre n’est qu’une amère illusion.
Le temps, révélateur d’illusions
Pour Sophocle, le cycle du temps est l’image d’une
fluctuation inflexible de la fortune. En ce sens, la vie apparaît insensée,
dérisoire. Que devient le changement dans ces conditions ? « C’est la même chose en nous que la vie et la
mort, la veille et le sommeil, la jeunesse et la vieillesse, car ceux-ci se
transforment en cela, et inversement cela se transforment en ceux-ci. »[6]
Les propos d’Héraclite décrit aussi une existence qui peut paraître bien illusoire.
Rien n’est constant, tout change. L’homme
apparaît comme dépendant du temps. Il le subit avec plus ou moins de fatalisme selon la
représentation qu’il en fait. Pourtant, le temps n’est pas une réalité. Nous
subissons en fait l’ordre naturel de la vie puisque nous faisons partie de la nature. Mais la vie subit aussi nos actions. Nous influençons parfois le cours du temps…
Événement et causalité
Par la science, nous pouvons prédire des événements physiques
grâce à des théories et des lois qu’elle formalise par des formules
mathématiques. Ainsi pouvons-nous sans difficulté prédire le mouvement des
astres ou la trajectoire d’une fusée. Les mêmes causes produisent en effet les
mêmes effets. Le principe de causalité est le fondement de toute science.
Le modèle cyclique est-il compatible avec la loi de causalité ? Dans une telle conception du temps, si une cause produit un effet, l’effet peut être antérieur à la cause, ce qui est bien inconcevable. L’antériorité et la postériorité n’ont pas en fait de sens dans une vision cyclique du temps. Il n’est pas possible de distinguer la cause et l’effet, chaque événement pouvant être perçu comme cause et effet d’un même événement. Le modèle linéaire du temps est donc celui de la science. Le principe de causalité impose aussi une direction à la ligne, sinon un effet existera avant sa cause. La science identifie donc le temps comme une flèche…
Selon toujours le principe de causalité, un point sur
la ligne conditionne le point suivant sans qu’il y ait un retour possible vers
le passé. La ligne serait-elle alors prévisible ? Le temps serait-il écrit
avant que le futur n’arrive ? D'un point sur la ligne, nous pourrions
alors imaginer les points suivants et finalement tracer toute la ligne. Tout l’avenir
nous est alors accessible si nous connaissons l’ensemble des lois qui
conditionnent les phénomènes ici-bas à un instant précis. Telle était la
croyance de Laplace et des scientistes. Les scientifiques ont depuis longtemps
abandonné cette prétention. Le déterminisme laplacien n’est pas envisageable
non pas par simple impossibilité technique de tout connaître mais par faiblesse
de notre nature. Nous sommes donc incapables de dessiner la ligne du temps quelle
que soit la capacité de nos supercalculateurs.
Temporalité et moralité
La notion du temps porte notre vision de l’univers et
des changements qui l’affecte. Nous ne représentons pas en soi le temps mais
les états successifs des objets et les événements qui surviennent, tels que
nous percevons. Notre représentation du temps reflète alors le jugement que
nous portons sur ces changements, sur leur enchaînement, sur leurs causes et
leurs conséquences, ou encore sur le sens général qu’ils manifestent. Et nous
jugeons aussi les choses selon cette conception du temps. Dans la vision
cyclique, l’homme est plutôt l’objet d’un ordre dont il est entièrement
dépendant. Dans la vision linéaire, la situation est différente. Rien n’est
véritablement écrit. Tout est encore possible. La liberté a du sens non
seulement pour l’homme mais aussi pour Celui qui de toute éternité dirige le
monde.
Dieu et le temps
Cyclique ou linéaire, la représentation que nous
faisons du temps est ainsi étroitement associée à des notions beaucoup plus
hautes, d’ordre moral et religieux.
Pour tous les philosophes grecs, le temps est la manifestation de l’ordre de l’univers, lui-même porteur de vérités morales et religieuses. Il est le reflet des dieux. Il est indissociable à leurs actions. La plupart considère cet ordre comme un cycle imperturbable. Toute nouveauté est vue comme un désordre.
Pour tous les philosophes grecs, le temps est la manifestation de l’ordre de l’univers, lui-même porteur de vérités morales et religieuses. Il est le reflet des dieux. Il est indissociable à leurs actions. La plupart considère cet ordre comme un cycle imperturbable. Toute nouveauté est vue comme un désordre.
La vision judaïque ou chrétienne du temps est aussi
influencée par leur pensée religieuse. Mais contrairement aux païens, elle est également
liée à un plan divin. Le temps est en effet perçu comme la réalisation d’une
volonté divine. Il est ainsi plutôt conçu comme une flèche qui doit
nécessairement arriver au but que Dieu s’est fixé. Ce temps a donc une origine
et une fin. Il est irréversible, orienté. Du passé, il s’élance dans l’avenir
sous la direction de la Providence. Il est en particulier erroné de parler
d’une « fuite du temps »
comme s’il était sans contrôle.
Contrairement à la vision grecque, les Juifs et les Chrétiens ne voient pas Dieu et les hommes dans des mondes indifférents. Certes Dieu est éternel,
c’est-à-dire hors du temps alors que l’homme est temporel, périssable. Ils ne
vivent pas cependant séparés dans deux mondes différents inaccessibles. Il
n’existe en effet qu’un seul univers. Il est donc insensé de les voir dans une
sorte de dualité, enfermés dans un système clos. Rappelons aussi qu’il est
insensé de vouloir représenter l’éternité sous forme de cycle. Récemment,
nous avons pu lire un article qui oppose Dieu et les hommes, le cycle pour l’un
et la linéarité pour l’autre[7]. À partir d’une présentation de la notion du temps à travers l’histoire, l’auteur
expose un christianisme erroné.
Les Juifs et les Chrétiens se différencient par
l’adhésion ou non à un événement. Les premiers attendent encore le Messie quand les
seconds croient qu’il est déjà arrivé. Ainsi les Juifs attendent un temps qui
doit venir quand les chrétiens conçoivent le temps en fonction d’un événement
déjà survenu, qui éclairent désormais la flèche du temps.
Le temps sous deux cycles
Ainsi apparaissent clairement deux ordres, celui de la
nature et celui de l’homme ou de l’histoire, non opposables ou indifférents,
mais interagissants. L’un peut être vu comme un modèle cyclique
tel que nous le percevons dans les événements naturels, l’autre linéaire,
directionnel, irréversible. L’un est commandé par des lois, indépendantes de
nous, l’autre par des volontés. L’un reflète le mouvement que nous percevons et
que nous pouvons prédire, l’autre manifeste la capacité à « créer » de l’événement. L’un est
mesurable et déterminable, l’autre est libre. Nous pouvons aussi suivre Hegel qui
différencie l’ordre de la nature, où tout se reproduit et se répète, et l’ordre
de l’histoire, temps événementiel où tout est unique. Nous pouvons aussi
rajouter l’ordre scientifique que traduisent ou fondent les formules mathématiques,
un ordre linéaire mais déterministe, contrairement à l’ordre de l’histoire,
lieu du libre-arbitre.
Or généralement, ces ordres sont mélangés dans une unique
représentation du temps d’où des confusions, des malentendus et des erreurs. La
vision cyclique propre à l’ordre naturel tend ainsi à représenter également l’ordre
de l’histoire quand l’ordre scientifique tend à dévorer celui de la nature. Il est
donc indispensable de dissocier les ordres dans nos représentations. Que
devient alors ces confusions lorsque le temps est perçu comme une réalité et
non un être de raison ? C’est probablement l’erreur de l’évolutionnisme…
Mais ces ordres ne peuvent subsister sans un ordre
supérieur. Le devenir et l’être ne peuvent non plus être une unique réalité cohérente
sans considérer une autre réalité. Se pose inévitablement l’idée
d’un ordre divin …
Notes et références
[1] Innovation d’Eddington en 1927.
[1] Innovation d’Eddington en 1927.
[2]
Héraclite, fragment 57 dans Le
développement de la philosophie contemporaine, « Temps et histoire dans la diversité des
cultures », Le temps dans la pensée grecque, Dr
G. E.R. Llyod, 25 octobre 1972.
[3]
Parménide, fragment 8, dans Le
développement de la philosophie contemporaine, « Temps et histoire dans la diversité des
cultures », Le temps dans la pensée grecque, Dr
G. E.R. Llyod, 25 octobre 1972.
[4] Plotin, Ennéades,
I, 11, 7 dans Réflexions sur le concept de temps, Michel Paty, conférence
organisée par le Centre national de documentation pédagogique dans le cadre de
la fête de la science, Grand salon de Sorbonne, Paris, 18 octobre 2000.
[5] Plotin, Ennéades,
dans Le
développement de la philosophie contemporaine, « Temps et histoire dans la diversité des
cultures », Le temps dans la pensée grecque, Dr
G. E.R. Llyod.
[6]
Héraclite, fragment 88, dans Le
développement de la philosophie contemporaine, « Temps et histoire dans la diversité des
cultures », Le temps dans la pensée grecque, Dr
G. E.R. Llyod, 25 octobre 1972.
[7] Xavier
COSNARD, Représentations du temps et
de la formation, SPIRALE, Revue
de Recherches en Éducation, 2005 HS4.
[8] Saint Saint-Exupéry, Courrier sud.
[8] Saint Saint-Exupéry, Courrier sud.
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