Le christianisme n’est ni
le fruit d’une spéculation philosophique ni le résultat d’une imagination
fertile. Il repose sur des faits historiques, notamment sur : la reconnaissance du
Messie en Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est-à-dire l’accomplissement en Lui de la
Sainte Écriture. Ce fait achève l’attente
du peuple de Dieu et inaugure un temps nouveau, un esprit nouveau. Le judaïsme
actuel refuse cette reconnaissance. Il
attend encore le Messie. C’est une
différence fondamentale entre les Chrétiens et les Juifs. Si ces derniers ne
veulent pas croire à la réalisation des prophéties en Notre Seigneur Jésus-Christ, ils ne peuvent pas en effet L'entendre et suivre son enseignement. Tout dialogue véritable et
sincère entre les Chrétiens et les Juifs débouche nécessairement sur l’idée du Messie et sur les prophéties.
L’incroyant ne croit pas
non plus en la venue du Messie. L’agnostique ne se prononce pas. Peuvent-ils même
comprendre sa signification ? Pourtant, ce fait historique a une valeur
apologétique indéniable. Il est non seulement l’accomplissement de prophéties
mais surtout la manifestation du plan de Dieu, de sa justice et de sa miséricorde. Comment peuvent-ils alors comprendre notre foi, notre culte, notre espérance s’ils
ignorent ce que Notre Seigneur Jésus-Christ a accompli ? Beaucoup de choses importantes leur demeurent alors voilées et
incompréhensibles.
En outre, ce sujet n’est
pas oublié par les adversaires du christianisme. Depuis plus d’un siècle, des
critiques remettent en cause cette vérité historique. Selon la thèse la plus
commune, Notre Seigneur Jésus-Christ n’aurait pas affirmée sa messianité mais
ce sont les Apôtres et leurs disciples qui auraient fini par se persuader qu’il
est le véritable Messie.
Ainsi, il n’est guère
envisageable dans un essai apologétique de ne pas étudier le messianisme et la
messianité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dans un article récent, nous avons
décrit l’image que les Juifs faisaient du Messie au temps de Notre Seigneur
Jésus-Christ. Nous allons désormais chercher à décrire le Messie à partir de la
Sainte Écriture et plus précisément à partir des titres qu'elle lui attribue.
Les
« Oints d’Yahvé »
« Messias » est la forme grécisée du
mot araméen « meshiha ‘ »,
de l’hébreu « mashia’h » de
la racine « MSH ». En grec,
il a donné « o Christos »
et en latin « unctus »,
c’est-à-dire « oint ». La
latin biblique a transcrit le mot grec, d’où « Christus » et en français « Christ ».
Le baptême du Christ Piero_della_Francesca |
Le terme hébreu signifie
« onction d’un homme dans de l’huile
d’olive »[1].
C’est une coutume en usage pour instituer des prêtres, des rois et des
prophètes comme nous le voyons dans la Sainte Écriture. « L’oint » se trouve revêtu d’un
caractère sacré et doté d’un mandat divin.
Dans l’Exode
et le Lévitique, l’onction marque la consécration d’Aaron et de ses
fils. Frère aîné de Moïse, Aaron est désigné par le Très Haut pour exercer le
sacerdoce. Consacré comme prêtre, il reçoit une consécration spéciale avec
l’onction solennelle d’huile sainte. « Tu
répandras sur sa tête l’huile de l’onction » (Ex., XXIX, 7). Dans le Lévitique,
« Versant l’huile sur la tête
d’Aaron, il l’oignit et le consacra. » (Lév., VIII, 12). Aaron
est le premier grand prêtre dont ses successeurs devront appartenir à sa
descendance. L’onction est aussi étendue à la consécration de tous les prêtres.
« C’est là l’onction d’Aaron et de
ses fils dans les cérémonies du Seigneur, au jour que Moïse les présenta pour
exercer les fonctions de sacerdoce ; et c’est ce que le Seigneur a
commandé de donner aux enfants d’Israël, comme culte perpétuel dans leurs
générations. » (Lev., VII, 37).
Le roi tient aussi son
pouvoir de Dieu. Il est son oint. L’onction est le rite essentiel au
couronnement des rois. Cette consécration n’est pas spécifique au peuple
d’Israël. Les païens le font aussi. Parmi les rois juifs, David est l’oint de
Dieu par excellence. Il est l’envoyé de Dieu, celui que Samuel a consacré. « J’enverrai vers toi un homme de la terre de
Benjamin, et tu l’oindras chef sur mon peuple d’Israël » (I.
Roi, IX, 16). David se désigne lui-même comme étant le « christ du Seigneur » (II.
Roi, I, 14). Ses successeurs seront aussi consacrés. Le couronnement du
roi Joas est en particulier décrit dans IV. Roi, XI et dans II
Paralipomène, XXIII.
Les Prophètes sont également
présentés comme les « oints de
Yahvé ». A la demande de Dieu, Elie oint le prophète Élisée (III.
Rois, XIX, 16). Isaïe se présente comme l’oint de Dieu mais dans ce
verset il fait aussi parler le Serviteur du Seigneur, le Messie. « L’esprit du Seigneur est sur moi parce que
le Seigneur m’a oint » (Isaïe, LXI, 1).
Mais l’oint de Dieu peut enfin
désigner des païens comme Cyrus le Grand. Ce roi est son oint à cause de la mission
divine que Dieu lui a confié à son insu. Dieu l’a « pris à sa droite, afin d’assujettir devant sa face les nations, de
faire tourner le dos aux rois, et d’ouvrir devant lui les portes des maisons,
et les portes des villes ne seront pas fermées. » (Is.,
XLV, 1). Il a été choisi pour être le sauveur et le libérateur du peuple de
Dieu. Il est son instrument. « C’est moi qui j’ai suscité pour la justice,
et toutes ces voies, je les dirigerai ; lui-même bâtira ma cité, il
renverra mes captifs sans rançon ni présent, dit le Seigneur Dieu des
armées. » (Is., XLV, 13). L’oint désigne donc l’homme mandaté par Dieu
pour accomplir sa volonté.
La Sainte Écriture
attribue donc à certaines personnes choisies par Dieu le titre d’« oint d’Yahvé » soit parce qu’elles
accomplissent des fonctions spécifiques qui nécessitent une consécration de
Dieu, soit parce qu’elles doivent réaliser une mission divine. Mais les livres
sacrés parlent aussi d’un personnage particulier qu’ils reconnaissent comme
étant roi, prophète et prêtre et comme le libérateur du peuple de Dieu.
Réunissant toutes ces fonctions, il porte de manière éminente l’onction divine.
Dans les derniers siècles avant Jésus-Christ, le titre en devient son nom
propre. Il est le Messie, le Christ.
Au temps de Notre Seigneur
Jésus-Christ, le titre de Messie désigne de manière unanime le Sauveur que Dieu
promet à son peuple. Il est l’envoyé de Dieu qui accomplira l’œuvre de
délivrance. Il est le chef qui viendra le libérer du joug des impies. Il se
présentera comme roi, prophète et prêtre.
Le Roi
Le premier caractère du
Messie, unanimement reconnu, est sa royauté éternelle. « Pour moi, j’ai été établi roi par lui sur Sion, sa montagne sainte,
annonçant ses préceptes. » (I. Ps., II, 6). Dans son action de
grâce, Anne, mère du prophète Samuel, annonce que Dieu « donnera l’empire à son roi, et il élèvera la
puissance de son Christ. » (I. Rois, II, 10). Il n’est pas un
roi comme un autre. Il est le plus grand. « Dieu, votre Dieu, vous a plus excellemment oint d’une huile de joie que
ceux qui participent à l’onction avec vous. » » (I. Ps., XLIV, 8) Son
trône subsistera d’âge en âge. Ce roi régnera éternellement. Remarquons qu’il
s’agit du premier passage biblique où apparaît le mot « Messie ».
Les prophéties le
décrivent comme un roi dont la puissance est hors du commun, un roi
victorieux qui abat ses ennemis, c’est-à-dire les adversaires de Dieu, les
impies. « Il a brisé des rois au
jour de sa colère. Il exercera ses jugements parmi les nations » (V.
Ps., CIX, 5-6). Le psaume XLIV est sans-doute l’un des psaumes
messianiques les plus clairs. Le Messie est en effet célébré comme un roi
triomphateur des ennemis de Dieu. « Vos
flèches sont acérées, des peuples tomberont à vos pieds ; elles
pénétreront dans les cœurs des ennemis du roi. » (I. Ps., XLIV, 6)
Son royaume s’étend à
partir de Jérusalem. Telle est une interprétation classique du Psaume CIX.
« La verge de votre puissance le
Seigneur la fera sortir de Sion [2] »
(V. Ps., CIX, 2). D'autres commentateurs voient plutôt sa puissance émergée à
partir de Jérusalem. Le royaume de Dieu qu’inaugure le Messie s’étendra ensuite
sur toute la terre. « Demandez-moi,
et je vous donnerai les nations en héritage, et en possession les extrémités de
la terre. » (I. Ps., II, 8)
Roi puissant, le Messie se
manifestera aussi par sa sagesse et ses jugements. « Voilà que des jours viennent dit le Seigneur ; et je susciterai à
David un germe juste ; un roi régnera, il sera sage, et il rendra le
jugement et la justice sur la terre. En ces jours-là Juda sera sauvé, et Israël
habitera en assurance ; et voici le nom dont ils l’appelleront : le
Seigneur notre juste. » (Jérémie, XXIII, 5-6).
Roi d‘Israël
Les Juifs attribuent au
Messie un titre royal plus précis. Il est nommé « roi d’Israël ». « Et
toi Bethléem Ephrata, tu es très petit entre les mille de Juda ; de toi
sortira pour moi celui qui doit être le dominateur en Israël » (Miché,
V, 2). Cette prophétie rappelle deux autres, beaucoup plus anciennes, celle de
Jacob et celle de Balaam. Jacob, nommé aussi Israël, fils d’Isaac et petit-fils
d’Abraham, est le troisième grand Patriarche. Avant de mourir, il réunit ses
douze fils à son chevet afin de leur donner sa bénédiction. A travers eux, il
dessine le destin de tout Israël, des douze tribus. « Le sceptre ne sera pas ôté de Juda, ni le prince de sa postérité,
jusqu'à ce que vienne Celui qui doit être envoyé, et lui-même sera l’attente
des nations. » (Deut., XLIX, 10). Devin de grande réputation, Balaam
est appelé par le roi de Moab pour arrêter l’invasion des Hébreux. Il est
chargé de maudire le peuple d’Israël. Mais malgré lui, porte-parole de Dieu, il
annonce sa prospérité et son installation dans la Terre promise. Il annonce
également le Messie. « Il s’élèvera
une étoile de Jacob, et il s’élèvera une verge d’Israël ; et elle frappera
les chefs de Moab, et ruinera tous les enfants de Seth […] de Jacob sortira celui qui doit dominer et
perdre les restes de la cité. » (Nbre, XXIV, 17-19)
Selon la prophétie de Jérémie, le Messie appartiendra à la descendance de David.
Il est ainsi naturellement appelé « Fils
de David ». Dans une prophétie d’Isaïe, il est « un rejeton de la racine de Jessé ». Habitant de Bethléem,
Jessé est le père de David.
Par la voix de Nathan, Dieu
annonce à David que le Messie proviendra de sa descendance. « Et lorsque tes jours seront accomplis, et
que tu dormiras avec tes pères, je te susciterai un fils après toi, lequel
sortira de tes entrailles, et j’affirmerai son règne ; c’est lui qui
bâtira une maison à mon nom, et j’établirai fermement le trône de son royaume
pour toujours. » (II. Roi, VII, 12-13). Si cette
prophétie se rapporte en premier lieu à Salomon, elle s’adresse plus
spécialement au Messie.
« Ta maison et ta royauté seront pour toujours
assurées devant toi ; ton trône sera affermi pour toujours. » (II.
Rois, VII, 16) La mort de Salomon et la fin du royaume de David montrent toute la portée de cet oracle. La prophétie de Nathan est ainsi rappelée très
souvent dans l’Ancien Testament. Isaïe la rappellera notamment. « Sur le trône de David et sur son royaume il
s’assiéra pour l’affermir et le fortifier dans le jugement et la justice, dès
maintenant et à tout jamais. » (Isaïe, IX, 7). Le Messie viendra donc
rétablir la maison de David et restaurer « le tabernacle de David, qui est tombé » (Amos, IX, 11). Ainsi le Messie
est solennellement désigné comme le « Fils
de David » par excellence.
Le Prophète
Depuis Moïse, nous savons
que le Messie est un prophète. « Le
Seigneur ton Dieu te suscitera un Prophète de ta nation et d’entre tes frères,
comme moi : c’est lui que tu écouteras […] je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète semblable à
toi, et je mettrai mes paroles en sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui
aurai ordonné. » (Deut., XVIII, 15-18).
Selon quelques
commentateurs, ce prophète représenterait tous les prophètes d’Israël. Cet
oracle instituerait alors le prophétisme après avoir institué les juges, les
rois et les prêtres. Cependant les Pères de l’Église sont unanimes
pour voir en cette prophétie l’annonce du Messie comme prophète. En effet, au
temps de Notre Seigneur Jésus-Christ, le peuple juif désigne le Messie comme le
Prophète avec l’article « le »
pour le distinguer de tous les autres prophètes. « Parmi donc cette multitude qui avait entendu ces paroles, les uns disaient :
Celui-ci est vraiment le prophète. » (Jean, VII, 40). La
Samaritaine rappelle à Jésus que le Messie « nous apprendra toutes choses » (Jean, IV, 25). Il « m’a dit tout ce que j’ai fait, n’est-ce pas
le Christ ? » (Jean, IV, 29).
Le Messie est donc désigné
comme « point culminant de tous les
prophètes envoyés par Dieu »[3].
Il est décrit comme le Médiateur entre Dieu et les hommes pour annoncer la
parole divine.
Le Prêtre selon l’ordre de
Melchisédech
« Vous êtes prêtre pour l’éternité, selon
l’ordre de Melchisédech. » (V. Ps., CIX, 5). Melchisédech
apparaît une fois dans la Sainte Écriture. Il est « roi de Salem » et « prêtre
du Dieu très haut » (Gen., XIV, 18). Le nom de
Melchisédech, tiré de l’hébreu « Malki-Sèdèq »,
signifierait « mon roi est juste ».
Saint Paul le traduit par « roi de
justice ». Salem est l’un des noms archaïques de Jérusalem. Il est
donc « roi-prêtre ».
Melchisédech bénit Abram,
le futur Abraham, lui offre du pain et du vin et reçoit de lui la dîme de tout.
Si cette offrande pouvait paraître insolite et étrange, les Juifs ne pouvaient
pas ne pas comprendre la prophétie de ce « roi-prêtre ».
Remarquons enfin que le
Messie n’est pas prêtre selon l’ordre d’Aaron, le père du sacerdoce issu de
Moïse, mais selon un ordre beaucoup plus ancien. Soulignons aussi que
Melchisédech apparaît rapidement dans le récit biblique sans que nous sachions
ses origines et son destin. Il n’a ni commencement ni fin. Il évoque
l’éternité. Melchisédech est « sans
père sans mère, sans généalogie ; n’ayant ni commencement de jours, ni fin
de vie, ressemblant ainsi au Fils de Dieu, demeure prêtre à perpétuité. »
(Hébr., VII, 3). En outre, il reçoit
la dîme d’Abram. « Sans aucun
doute, c’est l’inférieur qui est béni par le supérieur. » (Hébr.,
VII, 7). Il est donc au-dessus du Grand Patriarche. Il est plus grand que les
fils d’Aaron. Son sacerdoce est nettement supérieur à celui des Lévites. Le
Messie est « prêtre pour l’éternité »
quand les fils d’Aaron sont prêtres pour un temps donné.
« Fils de l’homme »
Le titre « fils de l’homme » revient souvent
pour désigner le Messie. Dans un verset messianique, il désigne le
Messie : « Je regardais donc
dans la vision de nuit, et voici comme le fils d’un homme qui venait avec les
nuées du ciel ; et il s’avança jusqu'au vieillard, et ils le présentèrent
devant lui. Et il lui donna la puissance, et l’honneur, et le royaume ; et
tous les peuples, tribus et langues le serviront ; sa puissance est une
puissance éternelle, qui ne lui sera pas enlevée ; et son royaume, un
royaume qui ne sera pas détruit. » (Dan., VII, 13-14). Les versions
grecques et chaldéennes utilisent l’expression « fils d’homme »[4].
La Sainte Bible use aussi
la même dénomination « fils d’un
homme ». Dieu l’utilise en effet souvent[5]
pour interpeller le prophète Ézéchiel. « Fils d’un homme, tiens-toi sur tes pieds, et je te parlerai. »
(Ez.,
II, 1). L’ange Gabriel interpelle aussi le prophète Daniel par la même
dénomination. « Comprends, fils d’un
homme, parce qu’au temps de la fin s’accomplira la vision. » (Dan.,
VIII, 17). Par cette dénomination, Dieu leur rappelle son humble condition
humaine, sa faiblesse et son impuissance naturelle en regard de l’infinie
majesté et de la toute-puissance de Dieu.
Le titre « fils de l’homme » n’a pas la même
signification que la dénomination qu’utilise Dieu pour interpeller Ézéchiel ou
Job. Il désigne en effet un homme bien précis. L’expression correspond en
araméen à « bar –’enasha’ »,
« ’enasha’ » désignant un
homme déterminé et non pas le genre humain avec ses faiblesses et son
impuissance.
Dans la Sainte Écriture,
le titre de « Fils de Dieu »
est donné aux anges, aux justes, à Israël et aux rois. « Les cieux publieront vos merveilles,
Seigneur, comme aussi vote vérité dans l’assemblée des saints. Car qui, dans
les nuées, sera égal au Seigneur, et qui semblable à Dieu parmi les fils de
Dieu. » (III. Ps., LXXXVIII, 6-7). Dans une belle prière, Salomon
s’adresse à Dieu et lui rappelle qu’il a été choisi pour roi de son peuple et
pour juge de ses fils et de ses filles (voir Sag., IX, 7). Les enfants
d’Israël sont entendus comme les enfants de Dieu. « Voici ce que dit le Seigneur : Mon fils premier-né est Israël »
(Ex.,
IV, 22). Par Moïse, Dieu demande en effet au Pharaon de laisser son fils
quitter l’Égypte pour le servir. Salomon, roi si sage, est aussi nommé fils de
Dieu (voir II. Rois, VII, 14).
Le verset qui attribue la
dignité de « fils de Dieu »
à Salomon est aussi vu comme une annonce du Messie. « Moi je serai son père, et lui sera mon fils » (II.
Rois, VII, 14) Nous retrouvons la filiation du Messie dans un psaume
que des Pères de l’Église considèrent aussi comme messianique : « Lui-même m’invoquera, disant : vous
êtes mon père, mon Dieu, et le garant de mon salut. Et moi, je l’établirai
mon premier-né, le plus élevé des rois de la terre. » (III. Ps., LXXXVIII, 17). Le
Messie est le fils par excellence. « Le
Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils, c’est moi qui aujourd'hui vous ai
engendré. » (I. Ps., II, 7).
« Emmanuel »
Par la voix d’Isaïe, Dieu
a attribué plusieurs qualificatifs au Messie, qui sont devenus des noms. « Un enfant nous est né, et un fils nous a été
donné ; et sa principauté est sur son épaule, et son nom sera appelé
Admirable, Conseiller, Dieu, Fort, père du siècle à venir, Prince de la paix. »
(Is.,
IX, 6). Dans sa prophétie, un nom lui est donné : « Son nom sera appelé Emmanuel » (Is., VII, 14), nom qui signifie
« Dieu avec vous ». Cet
enfant est le signe fourni par le ciel. Il garantit la protection divine dont
il sera le vivant témoignage. Il est le nouveau tabernacle dans lequel il
aimera se reposer, la lumière qui guidera son peuple.
Le Messie est en effet doté
en plénitude de l’esprit de Dieu. Dans une autre prophétie, Isaïe décrira en
effet les dons messianiques qu’il manifestera. « Une fleur s’élèvera de sa racine, et l’esprit du seigneur reposera sur
lui ; l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de
force, l’esprit de science et de piété, et l’esprit de crainte du Seigneur le
remplira. » (Is., XI, 1-3).
Dans la Sainte Écriture,
depuis la Genèse jusqu'au dernier prophète, Dieu annonce à plusieurs reprises
l’arrivée du Messie, le Christ. Il est appelé Roi d’Israël, Fils de David, Fils
de Dieu, Fils de l’homme. Il est le Prophète et le Prêtre par excellence. Son
nom est Emmanuel. Au-delà des titres le désignant, Dieu annonce son rôle et ses
caractères. Le nom porte en effet un sens qui dépasse la simple désignation. Le
Messie doit assumer à la fois le sacerdoce et la royauté, portant la Parole de
Dieu. Disposant de l’amitié et de la puissance de Dieu, dominateur et
souverain, il doit manifester la gloire divine. Le Messie est donc « celui qui doit venir » (Gen.,
XLIX, 26), « le désir des collines
éternelles » (Gen., XLIX, 10) ou encore « le désir des nations » (Aggée,
II, 7-8). Ainsi les « îles sont dans
l’attente » (Is., CLII, 4). Zacharie demande
alors à Jérusalem de tressaillir d’une grande joie. « Pousse des cris d’allégresse, fille de Jérusalem ! Voici que ton
Roi vient à toi ; il est juste, lui, et protégé de Dieu ; il est
humble, monté sur un âne, et sur un poulain, petit d’une ânesse. […] Il parlera
de paix aux nations ; sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, du
fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. » (Zach., IX, 9-18). Mais comment
le reconnaître Lui qui est si attendu ?...
Notes et références
[1] Wikipédia, article « Messie dans le judaïsme », 2 avril 2015.
[2] Sion est le nom primitif de la ville de Jérusalem. Elle est conquise par David.
[3] Nicolau, Sacrae Theologia Summa, tome I, théologie fondamentale, Biblioteca de Autores Cristianos, dans Apologétique, Abbé Bernard Lucien, Tome 3, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, éditions Nuntiavit, 2011.
[4] Voir note de la Sainte Bible selon la Vulgate, l’abbé J.-B. Glaire.
[5] 87 fois du chapitre II au chapitre XLVII.
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