" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


mardi 9 juin 2015

Le Messie, l'Oint de Dieu : les titres messianiques



Le christianisme n’est ni le fruit d’une spéculation philosophique ni le résultat d’une imagination fertile. Il repose sur des faits historiques, notamment sur : la reconnaissance du Messie en Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est-à-dire l’accomplissement en Lui de la Sainte Écriture. Ce fait achève l’attente du peuple de Dieu et inaugure un temps nouveau, un esprit nouveau. Le judaïsme actuel refuse cette reconnaissance. Il attend encore le Messie. C’est une différence fondamentale entre les Chrétiens et les Juifs. Si ces derniers ne veulent pas croire à la réalisation des prophéties en Notre Seigneur Jésus-Christ, ils ne peuvent pas en effet L'entendre et suivre son enseignement. Tout dialogue véritable et sincère entre les Chrétiens et les Juifs débouche nécessairement sur l’idée du Messie et sur les prophéties.

L’incroyant ne croit pas non plus en la venue du Messie. L’agnostique ne se prononce pas. Peuvent-ils même comprendre sa signification ? Pourtant, ce fait historique a une valeur apologétique indéniable. Il est non seulement l’accomplissement de prophéties mais surtout la manifestation du plan de Dieu, de sa justice et de sa miséricorde. Comment peuvent-ils alors comprendre notre foi, notre culte, notre espérance s’ils ignorent ce que Notre Seigneur Jésus-Christ a accompli ? Beaucoup de choses importantes leur demeurent alors voilées et incompréhensibles.

En outre, ce sujet n’est pas oublié par les adversaires du christianisme. Depuis plus d’un siècle, des critiques remettent en cause cette vérité historique. Selon la thèse la plus commune, Notre Seigneur Jésus-Christ n’aurait pas affirmée sa messianité mais ce sont les Apôtres et leurs disciples qui auraient fini par se persuader qu’il est le véritable Messie.

Ainsi, il n’est guère envisageable dans un essai apologétique de ne pas étudier le messianisme et la messianité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dans un article récent, nous avons décrit l’image que les Juifs faisaient du Messie au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous allons désormais chercher à décrire le Messie à partir de la Sainte Écriture et plus précisément à partir des titres qu'elle lui attribue.

Les « Oints d’Yahvé »

« Messias » est la forme grécisée du mot araméen « meshiha ‘ », de l’hébreu « mashia’h » de la racine « MSH ». En grec, il a donné « o Christos » et en latin « unctus », c’est-à-dire « oint ». La latin biblique a transcrit le mot grec, d’où « Christus » et en français « Christ ».


Le baptême du Christ

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Le terme hébreu signifie « onction d’un homme dans de l’huile d’olive »[1]. C’est une coutume en usage pour instituer des prêtres, des rois et des prophètes comme nous le voyons dans la Sainte Écriture. « L’oint » se trouve revêtu dun caractère sacré et doté d’un mandat divin.

Dans l’Exode et le Lévitique, l’onction marque la consécration d’Aaron et de ses fils. Frère aîné de Moïse, Aaron est désigné par le Très Haut pour exercer le sacerdoce. Consacré comme prêtre, il reçoit une consécration spéciale avec l’onction solennelle d’huile sainte. « Tu répandras sur sa tête l’huile de l’onction » (Ex., XXIX, 7). Dans le Lévitique, « Versant l’huile sur la tête d’Aaron, il l’oignit et le consacra. » (Lév., VIII, 12). Aaron est le premier grand prêtre dont ses successeurs devront appartenir à sa descendance. L’onction est aussi étendue à la consécration de tous les prêtres. « C’est là l’onction d’Aaron et de ses fils dans les cérémonies du Seigneur, au jour que Moïse les présenta pour exercer les fonctions de sacerdoce ; et c’est ce que le Seigneur a commandé de donner aux enfants d’Israël, comme culte perpétuel dans leurs générations. » (Lev., VII, 37).

Le roi tient aussi son pouvoir de Dieu. Il est son oint. L’onction est le rite essentiel au couronnement des rois. Cette consécration n’est pas spécifique au peuple d’Israël. Les païens le font aussi. Parmi les rois juifs, David est l’oint de Dieu par excellence. Il est l’envoyé de Dieu, celui que Samuel a consacré. « J’enverrai vers toi un homme de la terre de Benjamin, et tu l’oindras chef sur mon peuple d’Israël » (I. Roi, IX, 16). David se désigne lui-même comme étant le « christ du Seigneur » (II. Roi, I, 14). Ses successeurs seront aussi consacrés. Le couronnement du roi Joas est en particulier décrit dans IV. Roi, XI et dans II Paralipomène, XXIII.

Les Prophètes sont également présentés comme les « oints de Yahvé ». A la demande de Dieu, Elie oint le prophète Élisée (III. Rois, XIX, 16). Isaïe se présente comme l’oint de Dieu mais dans ce verset il fait aussi parler le Serviteur du Seigneur, le Messie. « L’esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a oint » (Isaïe, LXI, 1).

Mais l’oint de Dieu peut enfin désigner des païens comme Cyrus le Grand. Ce roi est son oint à cause de la mission divine que Dieu lui a confié à son insu. Dieu l’a « pris à sa droite, afin d’assujettir devant sa face les nations, de faire tourner le dos aux rois, et d’ouvrir devant lui les portes des maisons, et les portes des villes ne seront pas fermées. » (Is., XLV, 1). Il a été choisi pour être le sauveur et le libérateur du peuple de Dieu. Il est son instrument.  « C’est moi qui j’ai suscité pour la justice, et toutes ces voies, je les dirigerai ; lui-même bâtira ma cité, il renverra mes captifs sans rançon ni présent, dit le Seigneur Dieu des armées. » (Is., XLV, 13). L’oint désigne donc l’homme mandaté par Dieu pour accomplir sa volonté.




La Sainte Écriture attribue donc à certaines personnes choisies par Dieu le titre d’« oint d’Yahvé » soit parce qu’elles accomplissent des fonctions spécifiques qui nécessitent une consécration de Dieu, soit parce qu’elles doivent réaliser une mission divine. Mais les livres sacrés parlent aussi d’un personnage particulier qu’ils reconnaissent comme étant roi, prophète et prêtre et comme le libérateur du peuple de Dieu. Réunissant toutes ces fonctions, il porte de manière éminente l’onction divine. Dans les derniers siècles avant Jésus-Christ, le titre en devient son nom propre. Il est le Messie, le Christ.

Au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ, le titre de Messie désigne de manière unanime le Sauveur que Dieu promet à son peuple. Il est l’envoyé de Dieu qui accomplira l’œuvre de délivrance. Il est le chef qui viendra le libérer du joug des impies. Il se présentera comme roi, prophète et prêtre.

Le Roi

Le premier caractère du Messie, unanimement reconnu, est sa royauté éternelle. « Pour moi, j’ai été établi roi par lui sur Sion, sa montagne sainte, annonçant ses préceptes. » (I. Ps., II, 6). Dans son action de grâce, Anne, mère du prophète Samuel, annonce que Dieu « donnera l’empire à son roi, et il élèvera la puissance de son Christ. » (I. Rois, II, 10). Il n’est pas un roi comme un autre. Il est le plus grand. « Dieu, votre Dieu, vous a plus excellemment oint d’une huile de joie que ceux qui participent à l’onction avec vous. » » (I. Ps., XLIV, 8) Son trône subsistera d’âge en âge. Ce roi régnera éternellement. Remarquons qu’il s’agit du premier passage biblique où apparaît le mot « Messie ».

Les prophéties le décrivent comme un roi dont la puissance est hors du commun, un roi victorieux qui abat ses ennemis, c’est-à-dire les adversaires de Dieu, les impies. « Il a brisé des rois au jour de sa colère. Il exercera ses jugements parmi les nations » (V. Ps., CIX, 5-6). Le psaume XLIV est sans-doute l’un des psaumes messianiques les plus clairs. Le Messie est en effet célébré comme un roi triomphateur des ennemis de Dieu. « Vos flèches sont acérées, des peuples tomberont à vos pieds ; elles pénétreront dans les cœurs des ennemis du roi. » (I. Ps., XLIV, 6)

Son royaume s’étend à partir de Jérusalem. Telle est une interprétation classique du Psaume CIX. « La verge de votre puissance le Seigneur la fera sortir de Sion [2] » (V. Ps., CIX, 2). D'autres commentateurs voient plutôt sa puissance émergée à partir de Jérusalem. Le royaume de Dieu qu’inaugure le Messie s’étendra ensuite sur toute la terre. « Demandez-moi, et je vous donnerai les nations en héritage, et en possession les extrémités de la terre. » (I. Ps., II, 8)

Roi puissant, le Messie se manifestera aussi par sa sagesse et ses jugements. « Voilà que des jours viennent dit le Seigneur ; et je susciterai à David un germe juste ; un roi régnera, il sera sage, et il rendra le jugement et la justice sur la terre. En ces jours-là Juda sera sauvé, et Israël habitera en assurance ; et voici le nom dont ils l’appelleront : le Seigneur notre juste. » (Jérémie, XXIII, 5-6).

Roi d‘Israël

Les Juifs attribuent au Messie un titre royal plus précis. Il est nommé « roi d’Israël ». « Et toi Bethléem Ephrata, tu es très petit entre les mille de Juda ; de toi sortira pour moi celui qui doit être le dominateur en Israël » (Miché, V, 2). Cette prophétie rappelle deux autres, beaucoup plus anciennes, celle de Jacob et celle de Balaam. Jacob, nommé aussi Israël, fils d’Isaac et petit-fils d’Abraham, est le troisième grand Patriarche. Avant de mourir, il réunit ses douze fils à son chevet afin de leur donner sa bénédiction. A travers eux, il dessine le destin de tout Israël, des douze tribus. « Le sceptre ne sera pas ôté de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu'à ce que vienne Celui qui doit être envoyé, et lui-même sera l’attente des nations. » (Deut., XLIX, 10). Devin de grande réputation, Balaam est appelé par le roi de Moab pour arrêter l’invasion des Hébreux. Il est chargé de maudire le peuple d’Israël. Mais malgré lui, porte-parole de Dieu, il annonce sa prospérité et son installation dans la Terre promise. Il annonce également le Messie. « Il s’élèvera une étoile de Jacob, et il s’élèvera une verge d’Israël ; et elle frappera les chefs de Moab, et ruinera tous les enfants de Seth […] de Jacob sortira celui qui doit dominer et perdre les restes de la cité. » (Nbre, XXIV, 17-19)

Fils de David

Selon la prophétie de Jérémie, le Messie appartiendra à la descendance de David. Il est ainsi naturellement appelé « Fils de David ». Dans une prophétie d’Isaïe, il est « un rejeton de la racine de Jessé ». Habitant de Bethléem, Jessé est le père de David. 

Par la voix de Nathan, Dieu annonce à David que le Messie proviendra de sa descendance. « Et lorsque tes jours seront accomplis, et que tu dormiras avec tes pères, je te susciterai un fils après toi, lequel sortira de tes entrailles, et j’affirmerai son règne ; c’est lui qui bâtira une maison à mon nom, et j’établirai fermement le trône de son royaume pour toujours. » (II. Roi, VII, 12-13). Si cette prophétie se rapporte en premier lieu à Salomon, elle s’adresse plus spécialement au Messie.

« Ta maison et ta royauté seront pour toujours assurées devant toi ; ton trône sera affermi pour toujours. » (II. Rois, VII, 16) La mort de Salomon et la fin du royaume de David montrent toute la portée de cet oracle. La prophétie de Nathan est ainsi rappelée très souvent dans l’Ancien Testament. Isaïe la rappellera notamment. « Sur le trône de David et sur son royaume il s’assiéra pour l’affermir et le fortifier dans le jugement et la justice, dès maintenant et à tout jamais. » (Isaïe, IX, 7). Le Messie viendra donc rétablir la maison de David et restaurer « le tabernacle de David, qui est tombé » (Amos, IX, 11). Ainsi le Messie est solennellement désigné comme le « Fils de David » par excellence.

Le Prophète

Depuis Moïse, nous savons que le Messie est un prophète. « Le Seigneur ton Dieu te suscitera un Prophète de ta nation et d’entre tes frères, comme moi : c’est lui que tu écouteras […] je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète semblable à toi, et je mettrai mes paroles en sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui aurai ordonné. » (Deut., XVIII, 15-18).

Selon quelques commentateurs, ce prophète représenterait tous les prophètes d’Israël. Cet oracle instituerait alors le prophétisme après avoir institué les juges, les rois et les prêtres. Cependant les Pères de l’Église sont unanimes pour voir en cette prophétie l’annonce du Messie comme prophète. En effet, au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ, le peuple juif désigne le Messie comme le Prophète avec l’article « le » pour le distinguer de tous les autres prophètes. « Parmi donc cette multitude qui avait entendu ces paroles, les uns disaient : Celui-ci est vraiment le prophète. » (Jean, VII, 40). La Samaritaine rappelle à Jésus que le Messie « nous apprendra toutes choses » (Jean, IV, 25). Il « m’a dit tout ce que j’ai fait, n’est-ce pas le Christ ? » (Jean, IV, 29).

Le Messie est donc désigné comme « point culminant de tous les prophètes envoyés par Dieu »[3]. Il est décrit comme le Médiateur entre Dieu et les hommes pour annoncer la parole divine.

Le Prêtre selon l’ordre de Melchisédech

« Vous êtes prêtre pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisédech. » (V. Ps., CIX, 5). Melchisédech apparaît une fois dans la Sainte Écriture. Il est « roi de Salem » et « prêtre du Dieu très haut » (Gen., XIV, 18). Le nom de Melchisédech, tiré de l’hébreu « Malki-Sèdèq », signifierait « mon roi est juste ». Saint Paul le traduit par « roi de justice ». Salem est l’un des noms archaïques de Jérusalem. Il est donc « roi-prêtre ».

Melchisédech bénit Abram, le futur Abraham, lui offre du pain et du vin et reçoit de lui la dîme de tout. Si cette offrande pouvait paraître insolite et étrange, les Juifs ne pouvaient pas ne pas comprendre la prophétie de ce « roi-prêtre ».

Remarquons enfin que le Messie n’est pas prêtre selon l’ordre d’Aaron, le père du sacerdoce issu de Moïse, mais selon un ordre beaucoup plus ancien. Soulignons aussi que Melchisédech apparaît rapidement dans le récit biblique sans que nous sachions ses origines et son destin. Il n’a ni commencement ni fin. Il évoque l’éternité. Melchisédech est « sans père sans mère, sans généalogie ; n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie, ressemblant ainsi au Fils de Dieu, demeure prêtre à perpétuité. » (Hébr., VII, 3). En outre, il reçoit la dîme d’Abram. « Sans aucun doute, c’est l’inférieur qui est béni par le supérieur. » (Hébr., VII, 7). Il est donc au-dessus du Grand Patriarche. Il est plus grand que les fils d’Aaron. Son sacerdoce est nettement supérieur à celui des Lévites. Le Messie est « prêtre pour l’éternité » quand les fils d’Aaron sont prêtres pour un temps donné.

« Fils de l’homme »

Le titre « fils de l’homme » revient souvent pour désigner le Messie. Dans un verset messianique, il désigne le Messie : « Je regardais donc dans la vision de nuit, et voici comme le fils d’un homme qui venait avec les nuées du ciel ; et il s’avança jusqu'au vieillard, et ils le présentèrent devant lui. Et il lui donna la puissance, et l’honneur, et le royaume ; et tous les peuples, tribus et langues le serviront ; sa puissance est une puissance éternelle, qui ne lui sera pas enlevée ; et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit. » (Dan., VII, 13-14). Les versions grecques et chaldéennes utilisent l’expression « fils d’homme »[4].

La Sainte Bible use aussi la même dénomination « fils d’un homme ». Dieu l’utilise en effet souvent[5] pour interpeller le prophète Ézéchiel. « Fils d’un homme, tiens-toi sur tes pieds, et je te parlerai. » (Ez., II, 1). L’ange Gabriel interpelle aussi le prophète Daniel par la même dénomination. « Comprends, fils d’un homme, parce qu’au temps de la fin s’accomplira la vision. » (Dan., VIII, 17). Par cette dénomination, Dieu leur rappelle son humble condition humaine, sa faiblesse et son impuissance naturelle en regard de l’infinie majesté et de la toute-puissance de Dieu.

Le titre « fils de l’homme » n’a pas la même signification que la dénomination qu’utilise Dieu pour interpeller Ézéchiel ou Job. Il désigne en effet un homme bien précis. L’expression correspond en araméen à « bar –’enasha’ », « ’enasha’ » désignant un homme déterminé et non pas le genre humain avec ses faiblesses et son impuissance.

« Fils de Dieu »

Dans la Sainte Écriture, le titre de « Fils de Dieu » est donné aux anges, aux justes, à Israël et aux rois. « Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur, comme aussi vote vérité dans l’assemblée des saints. Car qui, dans les nuées, sera égal au Seigneur, et qui semblable à Dieu parmi les fils de Dieu. » (III. Ps., LXXXVIII, 6-7). Dans une belle prière, Salomon s’adresse à Dieu et lui rappelle qu’il a été choisi pour roi de son peuple et pour juge de ses fils et de ses filles (voir Sag., IX, 7). Les enfants d’Israël sont entendus comme les enfants de Dieu. « Voici ce que dit le Seigneur : Mon fils premier-né est Israël » (Ex., IV, 22). Par Moïse, Dieu demande en effet au Pharaon de laisser son fils quitter l’Égypte pour le servir. Salomon, roi si sage, est aussi nommé fils de Dieu (voir II. Rois, VII, 14).

Le verset qui attribue la dignité de « fils de Dieu » à Salomon est aussi vu comme une annonce du Messie. « Moi je serai son père, et lui sera mon fils » (II. Rois, VII, 14) Nous retrouvons la filiation du Messie dans un psaume que des Pères de l’Église considèrent aussi comme messianique : « Lui-même m’invoquera, disant : vous êtes mon père, mon Dieu, et le garant de mon salut. Et moi, je l’établirai mon premier-né, le plus élevé des rois de la terre. » (III. Ps., LXXXVIII, 17). Le Messie est le fils par excellence. « Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils, c’est moi qui aujourd'hui vous ai engendré. » (I. Ps., II, 7).

« Emmanuel »

Par la voix d’Isaïe, Dieu a attribué plusieurs qualificatifs au Messie, qui sont devenus des noms. « Un enfant nous est né, et un fils nous a été donné ; et sa principauté est sur son épaule, et son nom sera appelé Admirable, Conseiller, Dieu, Fort, père du siècle à venir, Prince de la paix. » (Is., IX, 6). Dans sa prophétie, un nom lui est donné : « Son nom sera appelé Emmanuel » (Is., VII, 14), nom qui signifie « Dieu avec vous ». Cet enfant est le signe fourni par le ciel. Il garantit la protection divine dont il sera le vivant témoignage. Il est le nouveau tabernacle dans lequel il aimera se reposer, la lumière qui guidera son peuple.

Le Messie est en effet doté en plénitude de l’esprit de Dieu. Dans une autre prophétie, Isaïe décrira en effet les dons messianiques qu’il manifestera. « Une fleur s’élèvera de sa racine, et l’esprit du seigneur reposera sur lui ; l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de piété, et l’esprit de crainte du Seigneur le remplira. » (Is., XI, 1-3).

Dans la Sainte Écriture, depuis la Genèse jusqu'au dernier prophète, Dieu annonce à plusieurs reprises l’arrivée du Messie, le Christ. Il est appelé Roi d’Israël, Fils de David, Fils de Dieu, Fils de l’homme. Il est le Prophète et le Prêtre par excellence. Son nom est Emmanuel. Au-delà des titres le désignant, Dieu annonce son rôle et ses caractères. Le nom porte en effet un sens qui dépasse la simple désignation. Le Messie doit assumer à la fois le sacerdoce et la royauté, portant la Parole de Dieu. Disposant de l’amitié et de la puissance de Dieu, dominateur et souverain, il doit manifester la gloire divine. Le Messie est donc « celui qui doit venir » (Gen., XLIX, 26), « le désir des collines éternelles » (Gen., XLIX, 10) ou encore « le désir des nations » (Aggée, II, 7-8). Ainsi les « îles sont dans l’attente » (Is., CLII, 4). Zacharie demande alors à Jérusalem de tressaillir d’une grande joie. « Pousse des cris d’allégresse, fille de Jérusalem ! Voici que ton Roi vient à toi ; il est juste, lui, et protégé de Dieu ; il est humble, monté sur un âne, et sur un poulain, petit d’une ânesse. […] Il parlera de paix aux nations ; sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, du fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. » (Zach., IX, 9-18). Mais comment le reconnaître Lui qui est si attendu ?...



Notes et références
[1] Wikipédia, article « Messie dans le judaïsme », 2 avril 2015.
[2] Sion est le nom primitif de la ville de Jérusalem. Elle est conquise par David. 
[3] Nicolau, Sacrae Theologia Summa, tome I, théologie fondamentale, Biblioteca de Autores Cristianos, dans Apologétique, Abbé Bernard Lucien, Tome 3, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, éditions Nuntiavit, 2011. 
[4] Voir note de la Sainte Bible selon la Vulgate, l’abbé J.-B. Glaire. 
[5] 87 fois du chapitre II au chapitre XLVII.

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