" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 12 juin 2015

Les prophéties messianiques


Psautier de Paris : prière d'Isaïe
(Xe siècle, peinture sur parchemin)
Au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ, le peuple juif est dans l’attente. Le souvenir des promesses divines est au fond de son cœur. Il attend depuis des siècles « celui qui doit venir » (Gen., XLIX, 26). Les « îles sont dans l’attente » (Is., CLII, 4). Le Messie est « le désir des collines éternelles » (Gen., XLIX, 10), « le désir des nations » (Aggée, II, 7-8). Que Jérusalem tressaille donc d’une grande joie en dépit de sa détresse ! « Pousse des cris d’allégresse, fille de Jérusalem ! Voici que ton Roi vient à toi » (Zach., IX, 9) Qu’elle ne perde pas courage !

Mais des faux Messies peuvent conduire le peuple de Dieu à de terribles désillusions. L’attente peut être si grande qu’il est tentant de le voir dans des aventuriers ou des hommes providentiels. Les Apôtres eux-mêmes auraient pu attribuer à tort le titre de Messie à Notre Seigneur Jésus-Christ. Bar Kokhba ne prétendait-il pas être lui-même l’Envoyé de Dieu ?

Pour éviter ces erreurs et reconnaître le véritable Messie, la Sainte Écriture décrit avec précision ses actions et dessine ses principaux traits, parfois avec de nombreux détails. Elle nous donne donc des signes qui nous permettent de désigner le « Désiré des nations ». C’est à partir de ce témoignage fixé définitivement dans les prophéties qu’il est alors possible de discerner le vrai Messie.

Les titres messianiques, signes de Celui qui doit être envoyé de Dieu

Selon la Sainte Écriture, le Messie sera un Roi triomphateur qui au service de Dieu écrasera ses ennemis. Fils de David, rejeton de la racine de Jessé, le Messie rétablira la maison de David et étendra son royaume sur toute la terre.

Prophète, il portera la Parole de Dieu, que tous devront écouter. « Je raconterai votre nom à mes frères ; je vous louerai au milieu de l’assemblée. »(Ps., XXI, 23). Sa mission comporte donc un rôle d’enseignement. « Venez, et montons à la montagne du Seigneur, et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers ; parce que de Sion sortira la loi, et la parole du Seigneur de Jérusalem. » (Is., II, 2). Sa prédication sera une réussite. « Il convaincra beaucoup de peuples » (Is., II, 4).

Prêtre selon l’ordre de Melchisédech, un ordre supérieur à celui des Lévites, il offrira un culte digne de Dieu. 

Les titres messianiques nous donnent déjà des informations sur ce que sera le Messie. Les noms portent un sens qui dépasse la simple désignation. La Sainte Écriture apporte des informations plus précises qui nous permettent de bien reconnaître Celui qui doit être envoyé…

Le Messie Dominateur

Le Messie est annoncé comme un dominateur. « Demandez-moi, et je vous donnerai les nations en héritage, et en possession les extrémités de la terre. Vous les gouvernerez avec une verge de fer, et vous les briserez comme un vase de potier. » (I. Ps., II, 8-9). Il dominera au profit du peuple de Dieu. Par lui, Jérusalem régnera en effet sur toutes les nations. « Et il arrivera dans les derniers jours que la montagne préparée pour la demeure du Seigneur sera établie sur le sommet des montagnes, et elle sera élevée au-dessus des collines, et tous les peuples y afflueront. » (Is., II, 1-2).

Sa domination instaure un temps nouveau, le règne de la paix, une paix éternelle. Maître des peuples, « il publiera la paix aux nations, et sa puissance s’étendra depuis une mer jusqu'à une autre mer, et depuis les fleuves jusqu'aux confins de la terre. » (Zach., IX, 10). Ainsi comme le désigne Isaïe, il est le « Prince de la paix » (Is., IX, 6).

Le Messie établira donc son peuple dans la gloire, la justice et la paix. « Il parlera paix pour son peuple, et pour ses saints, et pour ceux qui se tournent vers leur cœur. Assurément près de ceux qui le craignent est son salut, afin que la gloire habite dans notre terre. La miséricorde et la vérité se sont rencontrées ; la justice et la paix se sont donné un baiser. » (III. Ps., LXXXIV, 9-10)

Ce temps de gloire est aussi celui de l’unité. Tout le peuple de Dieu sera en effet réuni sous un même roi. « Il paîtra son troupeau dans la force du Seigneur, dans la sublimité du nom du Seigneur son Dieu ; et ils se convertiront, parce qu’alors il sera glorifié jusqu'aux extrémités de la terre. » (Michée, V, 3-4)

Dieu s’engage donc à fournir à son peuple triomphe et félicité. Il garantit un royaume qui perdura dans le temps. La venue du Messie est donc associée à la joie. « Jubile, fille de Jérusalem ; voici que ton roi viendra à toi, juste et sauveur » (Zach., IX, 9).

Le Messie inaugurera donc un temps nouveau, une terre renouvelée qui ne cessera point. « Le loup habitera avec l’agneau, et le léopard se couchera près du chevreau » (Is., XI, 6). C’est un temps de paix, d’équité et de justice.

Le Messie, Sauveur du Monde

Le Messie a un rôle qui dépasse cependant le seul peuple juif. Sa mission touche toutes les nations, c’est-à-dire tous les peuples. Dès les premiers pages de la Sainte Écriture, Dieu annonce en effet au monde entier la venue d’un libérateur. Le Protévangile est la première prophétie de la venue du Sauveur. « Et je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci te meurtrira à la tête, et tu meurtriras au talon. » (Gen., III, 15). Le diable sera écrasé.  

Ce salut n’est donc pas réservé à un peuple mais à tout le genre humain. Dieu annonce bien à Abram qu’en lui, « seront bénies toutes les nations de la terre » (Gen., XII, 3). La bénédiction divine touche ainsi tous les peuples sans exception. Cette promesse est renouvelée à Isaac. « Je multiplierai ta postérité comme les étoile du ciel, et je donnerai à ta postérité toutes ces contrées, et en ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre» (Gen., XXVI, 4). Jacob reçoit à son tour la confirmation de la venue du Messie, source du salut universel. « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. » (Gen., XXVIII, 35).

Dieu a posé le Messie en « lumière des nations » afin qu’il soit « mon salut jusqu'à l’extrémité de la terre. » (Is., XLIX, 6) Il pourra alors dire « à ceux qui étaient dans les fers : Sortez ; à eux qui étaient dans les ténèbres : Venez à la lumière. Sur les chemins, ils trouveront à paître, et dans toutes les plaines seront leurs pâturages. Ils n’auront pas faim ni soif ; la chaleur ne les atteindra pas, ni le soleil : parce que celui qui a pitié d’eux les conduira, et à des sources d’eaux il les fera boire. […] Voici que ceux-ci viendront de loin, et voici que ceux-là viendront de l’aquilon et de la mer, et ceux-ci de la terre du midi. » (Is., XLIX, 9-12).

Une nouvelle Jérusalem

Toutes les nations adoreront le véritable Dieu. « En ce temps-là on appellera Jérusalem, le trône du Seigneur, et toutes les nations s’y rassembleront au nom du Seigneur, dans Jérusalem, et elles ne courront après la perversité de leur cœur très mauvais. » (Jér., III, 17). Cette ville nouvelle annonce une nouvelle alliance. « Voilà que des jours viendront, dit le Seigneur, et je ferai une nouvelle alliance avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda. Non pas selon l’alliance que j’ai formée avec leurs pères […] alliance qu’ils ont rendue vaine. » (Jér., XXXI, 31). Ce verset signifie clairement la fin de l’ancienne alliance et donc de la Loi.

Toujours par la voie de Jérémie, Dieu précise la nouvelle alliance : « Voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël après ces jours-là : je mettrai ma loi dans leurs entrailles, et je l’écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple. […] Tous me connaîtront, depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand, dit le Seigneur ; parce que je pardonnerai leur iniquité, et que de leur péché je ne me souviendrai plus. » (Jér., XXXI, 33-34). Et cette alliance n’aura pas de fin.

Même les pires dépravations seront effacées. « Ta sœur Sodome et ses filles retourneront à leur ancien état ; Samarie et ses filles retourneront à leur ancien état. » (Ézéchiel, XVI, 55-56). Jérusalem qui est tombé dans les crimes trouvera aussi les moyens de se rétablir.

Un enfant nous est donné, une Vierge enfantera

Cependant, le Messie viendra d’un peuple particulier, celui de l’alliance établie entre Dieu et Abraham. « En ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre, parce que tu as obéi à ma voix. » (Gen., XXII, 18). Au cours du temps, le choix se précise. Nous apprendrons qu’il viendra de la tribu du Juda par la voie de Jacob, de la souche de Jessé par Isaïe.

Pour identifier le Messie, Dieu nous a donné un signe particulier. « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voilà que la vierge concevra et enfantera un fils, et son nom sera appelé Emmanuel. » (Is., VII, 14). Il naîtra précisément à Bethléem. « Et toi, Bethléem Ephrata, tu es très petit entre les mille de Judas : de toi sortira celui qui doit être le dominateur en Israël » (Michée, V, 2).

Le Précurseur du Messie

En outre, le Messie sera annoncé. Sa venue sera précédée d’une préparation. « Voici la voie de quelqu'un qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur » (Is., XL, 3). Un homme parlera pour préparer sa venue et les cœurs. « Dis aux cités de Juda : voici votre Dieu. Voici que le Seigneur viendra dans sa puissance. Et que son bras dominera ; voici que sa récompense est avec lui, et que son œuvre est devant lui. Comme un pasteur, il paîtra son troupeau, et avec son bras, il rassemblera les agneaux. » (Is., XL, 9-11).

Malachie, le dernier des prophètes, rappelle encore plus clairement l’avènement d'un précurseur et sa mission : « Voici que moi j’envoie mon ange, et il préparera la voie devant ma face. Et aussitôt viendra dans son temps le dominateur que vous cherchez, et l’ange de l’alliance que vous désirerez » (Mal., III, 1). Il nous donne en outre deux indications sur ce précurseur du Messie. « Il sera comme un feu qui fond les métaux, et comme une herbe de foulons. Et il sera assis fondant et épurant l’argent ; et il purifiera les fils de Lévi, et il les coulera comme l’or et l’argent. » (Mal., III, 2-3) Il a pour rôle de purifier les fils d’Israël. Dans une autre prophétie, il l’appelle Elie. « Voici que moi je vous envoie Elie, le prophète, avant que vienne le jour grand et terrible du Seigneur. Et il ramènera le cœur des pères aux fils et le cœur des fils à leur père, de peur que je vienne et que je ne frappe la terre d’anathème. » (Mal., IV, 5-6).

Le temps du Messie

Dieu nous a donné aussi des signes qui nous permettent d’identifier le temps de la venue du Messie. Le peuple de Dieu connaîtra la prospérité. « Il fera descendre sur vous la pluie du matin, et la pluie du soir comme au commencement. Vos aires seront pleines de blés, et vos pressoirs regorgeront de vin et d’huile. […] Et vous mangerez abondamment, et vous serez rassasiés. » (Joël, II, 23-26). Le peuple de Dieu ne sera plus confondu. « Vous saurez que c’est moi qui suis au milieu d’Israël, moi qui suis le Seigneur votre Dieu » (Joël, II, 27).

C’est aussi un temps où les dons de prophétie se répandront : « je répandrai mon esprit sur toute la chair ; vos fils prophétiseront ainsi que vos filles ; vos vieillards songeront des songes et vos jeunes hommes verront des visions. Mais aussi sur mes serviteurs et servantes en ces jours-là je répandrai mon esprit. » (Joël, II, 28-29). L'Esprit de Dieu se répandra.

Les miracles seront nombreux. « Prenez courage, et ne craignez point ; car voici que votre Dieu amènera la vengeance de rétribution ; Dieu lui-même viendra, et il vous sauvera. Alors les yeux des aveugles s’ouvriront, et les oreilles des sourds entendront. Alors le boiteux bondira comme le cerf, et la langue des muets sera déliée ; parce que des eaux se sont répandues dans le désert, et des torrents dans la solitude. Et la terre qui était aride sera comme un étang, et celle qui avait soif, comme des fontaines d’eaux. » (Is., XXXVI, 5-7)

Dans ses dernières paroles, Jacob annonce la fin du pouvoir de Juda qui se maintiendra jusqu'à la venue de Messie . « Le sceptre ne sera pas ôté de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu'à ce que vienne celui qui doit être envoyé, et lui-même sera l’attente des nations » (Gen., XLIX, 10).


Le Messie l'agneau de Dieu, souffrant, abandonné, docile et libre

Deux psaumes (XXI, LXVIII) annoncent que le Messie sera tourmenté. « Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » (Ps. XXI, 1). Nous découvrons les souffrances qu’il devra subir tant dans sa chair que son esprit. « Ils ont percé mes mains et pieds. Ils ont compté tous mes os. » (Ps. XXI, 17-18) Sa solitude est grande. « J’ai attendu avec constance quelqu'un qui prit part à ma tristesse, et nul ne l’a fait ; et quelqu'un qui me consolât, et je n’ai trouvé personne. » (Ps. LXVIII, 21).La description est assez précise. « Ils se sont partagé mes vêtements et sur ma robe, ils ont jeté le sort. » (Ps. XXI, 19) « Ils m’ont donné pour nourriture du fiel, et dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre » (Ps. LXVIII, 22).

Le prophète Isaïe décrit aussi un Messie tourmenté qui s’abandonne dans les insultes et les coups. Il se montre en effet docile à ceux qui le frappent « J’ai abandonné mon corps à ceux qui me frappaient, mes joues à ceux qui arrachaient ma barbe ; je n’ai pas détourné ma face de ceux qui me réprimandaient et qui crachaient sur moi. » (Isaïe, L, 6). Cette image du Messie s’offrant est encore plus flagrante dans les prophéties suivantes. Il porte les souffrances pour le peuple de Dieu alors qu’il est innocent des crimes qui lui sont imputés. Il est une victime offerte pour le salut du peuple de Dieu. « Il a vraiment lui-même pris nos langueurs sur lui, et il a lui-même porté nos douleurs […] lui-même il a été blessé à cause de nos iniquités, il a été brisé à cause de nos crimes : le châtiment, prix de notre paix, est tombé sur lui ; et par nos meurtrissures nous avons été guéris. Nous tous, comme des brebis, nous avons erré ; chacun s’est détourné vers sa voie : et le Seigneur a mis sur lui l’iniquité de nous tous. » (Isaïe, LIII, 6)

Le Messie est bien innocent. Certes, il est accusé mais aucun accusateur ne parviendra à le confondre. « Le Seigneur Dieu est mon aide : c’est pour cela que je n’ai pas été confondu ; c’est pour cela que j’ai présenté ma face comme une pierre très dure, et je sais que je ne serai pas confondu. Près de moi est celui qui me justifie, qui me contredira ? » (Is., L, 7-8).

Dans les versets prophétiques d’Isaïe (Isaïe, LIII, 1-4), la souffrance et l’abandon du Messie sont terribles. Il est l’« homme de douleur », abandonné par tous et défiguré. Il est « comme un rejeton d’une terre altérée », « comme un lépreux », « méprisé, et le dernier des hommes ». « Nous l’avons compté pour rien ». « Il n’a ni éclat ni beauté ». Sa solitude est extrême. « Le Seigneur m’a abandonné, et le Seigneur m’a oublié » (Is., XLIX, 14).


Pourtant, toutes ces souffrances sont volontaires. « Il a été offert parce que lui-même l’a voulu et il n’a pas ouvert sa bouche ; comme une brebis, il sera conduit à la tuerie, et comme un agneau devant celui qui le tond, il sera muet, et il n’ouvrira pas sa bouche. » (Isaïe, LIII, 7) Finalement, « il a été retranché de la terre des vivants, à cause du crime de mon peuple, je l’ai frappé » (Isaïe, LIII, 8)



Son sacrifice, la victoire du Messie

Mais parce qu’il a livré son âme à la mort, « qu’il a été compté parmi les scélérats ; parce qu’il a porté les péchés d’un grand nombre, et qu’il a prié pour les transgresseurs » (Isaïe, LIII, 12), il sera récompensé. Le Messie triomphera. « Mais le Seigneur a voulu le briser dans son infirmité ; s’il donne, pour le péché de son âme, il verra une race de longue durée, et la volonté du Seigneur, par sa main, sera dirigée. De ce que son âme a souffert, il verra le fruit, et il sera rassasié ; par sa science mon serviteur justifiera lui-même un grand nombre d’hommes, et leurs iniquités, lui-même les portera. » (Isaïe, LIII, 10-11) Par ses humiliations et ses souffrances, le Messie vaincra. « Voici que mon serviteur aura l’intelligence, il sera exalté, élevé et glorifié. Comme beaucoup ont été frappés de stupeur à ton sujet, ainsi sera sans gloire son aspect parmi les hommes et sa forme parmi les fils des hommes. C’est lui qui aspergera beaucoup de nations ; devant lui, les rois fermeront leur bouche » (Is., LII, 13-15). Il a porté les péchés alors qu’« il n’a pas commis d’iniquité, et que la tromperie n’a pas été dans sa bouche. » (Is., LIII, 9).

Le rejet de son peuple

Mais le Messie sera méprisé par les siens. « Il ne sera pas son peuple, le peuple qui doit le renier » (Dan., IX, 26). Il sera détesté par les nations. « Israël ne sera pas rassemblé » (Is., XLIX, 5). Son peuple ne le comprendra pas. « Écoutant, écoutez, et ne comprenez pas ; et voyez la vision, et ne la discernez pas ; aveugle le cœur de ce peuple, et rends ses oreilles sourdes, et ferme ses yeux ; de peur qu’il ne voie de ses yeux, et qu’il n’entende de ses oreilles, et que de son cœur, il ne comprenne, et qu’il ne se convertisse et que je ne le guérisse. »(Is., VI, 9-10).

Cependant, le peuple de Dieu pleurera sur la victime qu’il a accusée et tuée. « Ils regarderont vers moi, qu’ils ont percé ; et ils pleureront amèrement celui qu’ils ont percé, comme ils pleureront leur fils unique, et ils s’affligeront à son sujet, comme on a coutume de s’affliger à la mort du premier-né. » (Zacharie, XII, 10).

Une venue datée

Selon le songe de Nabuchodonosor, interprétée par le prophète Daniel, le royaume messianique viendra après la succession de quatre grands empires terrestres, symbolisés par quatre métaux (or, argent, airain, fer). « Dans les jours de ces royaumes, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui jamais ne sera détruit, et son royaume ne sera pas donné à un autre peuple […] Il subsistera éternellement. » (Dan., II, 44).Une petite pierre se détachera de la montagne et les renversera pour devenir un royaume qui ne se finira jamais. « Selon que vous avez vu qu’une pierre détachée de la montagne sans les mains d’aucun homme, et qu’elle mit en pièces l’argile et le fer, et l’airain et l’argent, et l’or, le grand Dieu a montré au roi les choses qui doivent arriver dans la suite » (Dan., II, 45).

Dieu sera encore plus précis pour déterminer le temps messianique. Il révèle en effet à Daniel les années qui le sépare de la délivrance. « Soixante-dix semaines ont été abrégées pour ton peuple et pour ta ville sainte, afin que soit abolie la prévarication, et prenne fin le péché, et que soit effacée l’iniquité, et que vienne la justice éternelle, et que soit accomplie la vision et la prophétie, et soit oint le saint des saints. Sache donc, et remarque bien : Depuis que sortira la parole pour de que de nouveau soit bâtie Jérusalem, jusqu'au Christ Chef, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines, et de nouveau sera bâtie la place publique et les murailles dans les temps difficiles. Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort ; et il ne sera pas son peuple, le peuple qui doit le renier. Et un peuple, avec un chef qui doit venir, détruira la cité et le sanctuaire ; et sa fin sera la dévastation, et après la fin de la guerre la désolation décrétée. Mais il confirmera son alliance avec un grand nombre dans une semaine ; et au milieu de la semaine cesseront l’oblation et le sacrifice ; et l’abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation continuera jusqu'à la consommation et à la fin. » (Dan., IX, 24-27).

La prophétie de Daniel est précieuse. Le Messie apparaîtra 70 semaines d’années (490 ans) après la publication de l’édit autorisant la reconstruction de Jérusalem. Cette période est divisée en trois périodes. Après cet édit, il faudra en effet 7 semaines (49 ans) pour que les murs de la ville sainte soient achevés, puis 62 semaines (434 ans) pour que le Christ apparaisse et au milieu de la dernière semaine (7ans), il sera mis à mort. Daniel rappelle la prophétie d’Isaïe mais annonce aussi la désolation à Jérusalem et dans le Temple.

Finalement, en résumé, selon les prophéties de l’Ancien Testament, le Messie devra naître d’une vierge dans la ville de Bethléem, de la descendance d’Abraham, de la tribu de Juda, de la famille de David. Il doit apparaître quand Juda aura perdu le sceptre de l’autorité, 70 semaines après la publication de la construction de Jérusalem. Sa venue sera préparée par un précurseur. L'Esprit de Dieu se répandra, les miracles foisonneront, une nouvelle terre et une nouvelle alliance seront inaugurées. Il relèvera le peuple de Dieu et rétablira un nouvelle Jérusalem et apportera le salut à toutes les nations. Mais libre, il s’offrira volontairement en sacrifice pour le salut d’un grand nombre. Humilié et détesté, défiguré par les souffrances, il sera mis à mort et finalement transpercé. Et les siens ne le recevront pas. Mais contre toute apparence, ce sacrifice apportera la victoire et le triomphe de Dieu par le Messie, sauveur des hommes…


« Cieux, versez rosée d’en haut, et que les nuées pleuvent un juste : que la terre s’ouvre, qu’elle germe un sauveur, et que la justice naisse en même temps ; moi, le Seigneur, je l’ai créé. » (Is., XLV, 8).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire