Soumis aux païens, le
peuple juif est un peuple divisé tant au niveau religieux que politique. « Au début de l'ère chrétienne constitue
certainement un des moments où la multiplicité des courants se manifeste avec
le plus d'intensité. »[1] Éparpillés dans l’empire romain et divisés en Palestine, les
juifs ne forment guère un bloc monolithique. Le judaïsme au temps de Notre
Seigneur Jésus-Christ est donc bien différent du judaïsme contemporain.
La diversité juive
Au temps de Notre Seigneur
Jésus-Christ, la secte est un groupe de juifs qui se caractérise par « la faiblesse des effectifs et par un
sentiment aigu d’une différence, d’une supériorité, d’une élection »[2].
Elle appartient au judaïsme officiel. Depuis Flavius Josèphe, nous avons
l’habitude de reprendre cette terminologie pour désigner les groupes religieux de cette
époque : les Pharisiens, les Sadducéens et les Zélotes. À ces sectes, nous
pouvons rajouter les Esséniens sans oublier les groupes hérétiques. Sans être un groupe
marginal ou une secte, nous devons aussi ajouter les Juifs de la diaspora,
notamment autour de la mer Méditerranée. Parmi ces juifs, se trouvent aussi des
hérétiques.
La diversité des juifs
n’est pas simplement d’ordre religieux. Le peuple juif est aussi divisé politiquement
et culturellement. Comment le juif doit-il se comporter avec l’occupant romain
ou avec la culture hellénique ? Faut-il défendre la politique
d’Hérode ? Entre les Zélotes et les Hérodiens, les Juifs doivent parfois
choisir…
Les Pharisiens
Les Pharisiens semblent
provenir de « Hassidéens »
(ou « Assidéens »), qui ont
combattu fermement au côté des Macchabées pour défendre la religion juive
contre l’hellénisation d’Israël. Le terme vient d’« hasidim » ou « assidim »[3]
qui signifie les pieux. Le nom de Pharisien apparaît au temps de Jean Hyrcan
(135-104). Pour des motifs religieux, ils se sont cependant opposés aux rois asmonéens.
Leur nom peut aussi être tiré d’un terme hébreu, « peroushim » (ou « perushim »)
qui signifie « séparés ». Ce
sobriquet leur est donné du fait qu’ils cherchent à vivre séparés du vulgaire,
c’est-à-dire des « ‘am-hâ’ârés », pour se garder de
toute impureté légale et pratiquer de manière austère les prescriptions de la
Loi. L’esprit séparatiste est « une
note distinctive du pharisaïsme »[4].
Les rois asmonéens
s’opposent en général à l’influence des Pharisiens. Ils se refusent en effet de
se plier à leurs interprétations juridiques. Sous le règne
d’Hérode le Grand, les Pharisiens perdent leur pouvoir. Ils refusent
de lui prêter le serment de fidélité et ne se mêlent pas aux affaires politiques.
Leurs actions ne s’exercent plus que dans le domaine religieux comme guides
spirituels de la communauté juive. Leur ascendant sur le peuple est alors considérable. Sous l’occupation romaine, ils ne s’opposent pas en principe à la
juridiction de Rome dans la mesure où la liberté d’observer la Loi est sauve.
Ils conseillent même aux Juifs la soumission aux Romains tout en aspirant à
l’instauration d’un régime théocratique qui permettrait à Israël d’assumer sa
mission religieuse.
Les Parisiens proviennent
de toutes les classes de la société juive. Ce sont surtout des laïques. Pour
entrer dans cette sorte de communauté, il faut posséder :
- une connaissance exacte des commandements et des traditions ;
- adhérer à l’enseignement des docteurs du parti ;
- accomplir minutieusement tous les préceptes relatifs à la Loi et aux traditions.
Leurs chefs sont des scribes. La plupart des scribes professent les
doctrines pharisiennes et c’est par eux que les Pharisiens influencent le
peuple juif et le Sanhédrin. C’est pourquoi les noms de scribe et de pharisien
sont interchangeables.
La science juridique des
Pharisiens se concentrent particulièrement sur trois points :
- l’observation du repos sabbatique ;
- les purifications rituelles légales ;
- les dîmes lévitiques, c’est-à-dire le paiement des redevances sacrées.
Ils ont
multiplié les interdictions touchant le sabbat, entrant dans les détails les
plus intimes. Les règles les plus minutieuses se sont ajoutées aux
prescriptions de la Loi sur la question des impuretés. Les Pharisiens ont ainsi
érigé tout un ensemble de préceptes détaillés.
Sur le plan doctrinal, les
docteurs pharisiens contribue à l’élaboration de concepts religieux plus précis
ou plus spiritualistes à partir de la Sainte Écriture et de la tradition orale.
Il semble que la tradition des anciens, élaborée par des déductions subtiles, est
parfois placée au-dessus de la Loi. Les Pharisiens croient à l’immortalité de
l’âme, au jugement après la mort, à la résurrection des corps, qu’ils
restreignent aux seuls justes, et à l’existence des anges. Ils attendent
fermement la venue du Messie et le règne de Dieu ici-bas.
Les Pharisiens se
distinguent aussi des autres juifs par un amour sincère de la Loi allant
jusqu'au culte excessif au point d’enfermer le peuple juif dans cette même
Loi. Selon leurs doctrines, pour plaire à Dieu, il est nécessaire de connaître
les préceptes et observances marqués dans la Loi ou fixés par la tradition des
anciens puis de les accomplir. Le moindre commandement est obligatoire. Par
conséquent, seule la connaissance exacte de la Loi et la pratique des
commandements de la Loi procurent la possession de la justice. « L’idéal du pharisien était élevé, mais
il n’avait pour l’atteindre que son orgueil »[5].
Leur application à observer minutieusement la lettre de la Loi sans se soucier
suffisamment de l’esprit les fait verser dans un formalisme religieux mesquin.
De ce formalisme découle notamment un profond mépris pour tous ceux qui ne
s’astreignent pas à leurs observances.
La tentation est alors
grande de voir la piété comme uniquement affaire d’intelligence et non de cœur.
La religion du Pharisien risque aussi de dégénérer en un formalisme extérieur, où
l’observation minutieuse du rite se trouve être l’objet principal de
l’attention et de l’effort. Un autre danger menace le Pharisien : il risque de se croire
l’ouvrier de sa justice et de sa sainteté, ce qui le porte à avoir de lui-même
un sentiment d’estime exagéré, favorise l’orgueil et, dans bien des cas, mène à
l’hypocrisie.
Le Pharisien et le Publicain (Gustave Doré) |
Les Pharisiens finissent
par mépriser tous ceux qui ne professent pas le même culte qu’eux, notamment
les ignorants, les gens dont la moralité est inférieure à la leur ou relâchée
mais aussi les prêtres peu soucieux des lois de pureté rituelle et les pécheurs
publics. Parmi eux, les « ‘am hâ’âres »,
ou littéralement les gens de la terre ou du peuple. Les Pharisiens s’éloignent
d’eux de peur d’en être souillés.
Les Pharisiens
représentent une école religieuse autour duquel se groupent des sympathisants.
Leur influence et leur autorité sur les Juifs n’ont pas cessé de grandir. « Le Judaïsme, les Pharisiens étaient le cœur.
Comme tels, ils survivront à la
catastrophe de 70, toujours semblables à eux-mêmes, souples en apparence, mais,
en réalité, ne concédant que pour obtenir. »[6]
Les Sadducéens
Selon l’hypothèse la plus
communément admise, le nom des Sadducéens est tiré de Sadoc, fils d’Achitob, de
la race d’Eléazar, qui, au temps de Salomon, a supplanté Abiathar dans le culte
suprême[7].
Il est le fondateur de la famille sacerdotale par excellence. Les prêtres sont en
effet souvent appelés fils de Sadoc dans l’Ancien Testament. Selon Saint
Jérôme, le terme peut aussi être dérivé de « tsaddiq » ou « zaddikim »
qui signifie « juste ». Les
Sadduccéens prétendent en effet observer rigoureusement la Loi seule.
Les Sadducéens forment le
parti des prêtres. Leurs principaux représentants appartiennent à
l’aristocratie sacerdotale. Issus des familles fortunées, ils forment une
véritable aristocratie juive dont l’influence est très importante. Certains
grand-prêtres y sont issus. Ils sont ainsi les maîtres du Temple, les chefs du
personnel cultuel, héritiers de la tradition des prêtres, versés dans la
connaissance du cérémonial liturgique.
Du le IIIe siècle
avant Jésus-Christ jusqu'à l’avènement des rois asmonéens, le pouvoir est exercé dans l’état juif par le grand prêtre qu’assiste un conseil composé de
représentants des grandes familles. Les rois asmonéens prennent ensuite la
direction des affaires religieuses et politiques. D'origine lévitique, les rois
sont aussi grand-prêtre. Ainsi cumulent-ils les pouvoirs religieux et
politiques, cumul unique dans l’histoire du peuple juif.
Plus dociles aux
Pharisiens, Jean Hyrcan (135-104) réduit le pouvoir des prêtres. Les membres
de l’aristocratie sacerdotale et laïque se liguent contre les docteurs
pharisiens en un groupement rival, celui des Sadducéens. Ils finissent par être influents sous la fin du règne de Jean Hyrcan puis de celui de son
successeur. Mis à l’écart temporairement, les Sadducéens redeviennent puissants sous Aristobule II (67-63) avant d’être durement traités et décimés par
Hérode. L’annexion de la Judée à la province de Syrie leur redonne de
l’importance. Sous l’occupation de Rome, le grand prêtre est le
représentant officiel des Juifs. Très présents au Temple et jouissant d’une
autorité très grande au Sanhédrin, les Sadducéens participent activement à la
direction des affaires public de l’an 6 à 70. Le parti disparaît à la
destruction du Temple de Jérusalem.
Fondé pour s’opposer aux
docteurs pharisiens, considérés plutôt comme progressistes, le parti sadducéen
représente le conservatisme religieux qui s’en tient en matière
religieuse à la lettre de la Loi et repousse tout développement dogmatique qui
s'appuient uniquement sur la tradition des anciens. Ils refusent toute vie
d’outre-tombe, toute idée d’immortalité personnelle, tout jugement individuel
après la mort, toute résurrection des défunts. Au niveau du droit, les Sadducéens
appliquent rigoureusement la loi du talion contrairement aux Pharisiens qui
admettaient parfois des adoucissements et des compensations pécuniaires.
Le peuple juif ne les aime guère pour leur dureté et leur arrogance à l’égard de tous ceux qui n’appartiennent pas à l’aristocratie juive. Les Sadducéens apparaissent à ses yeux comme surtout soucieux de garder leur rang social et leurs privilèges, s’accommodant assez bien de la domination romaine. « C’étaient des gens ambitieux, opportunistes en conséquence, et très larges sur la question des alliances, ententes et compromissions avec les païens et demi-Juifs […] »[8]
Le peuple juif ne les aime guère pour leur dureté et leur arrogance à l’égard de tous ceux qui n’appartiennent pas à l’aristocratie juive. Les Sadducéens apparaissent à ses yeux comme surtout soucieux de garder leur rang social et leurs privilèges, s’accommodant assez bien de la domination romaine. « C’étaient des gens ambitieux, opportunistes en conséquence, et très larges sur la question des alliances, ententes et compromissions avec les païens et demi-Juifs […] »[8]
Les Esséniens
Dans un article précédent [12],
nous avons déjà évoqué le cas des Esséniens. Certains historiens remettent en
cause leur existence. D'autres pensent qu’ils sont à l’origine des manuscrits
de Qumrân.
Depuis le début du dernier
siècle avant Jésus-Christ, ils forment une sorte de communauté qui s’est
développée à Jérusalem, en plusieurs bourgs de Judée et à Engaddi, sur la rive
occidentale de la mer Morte. Après un noviciat, s’il est accepté à entrer dans
la communauté, l’Essénien promet d’obéir à la règle, de pratiquer ses rites et
de garder secret ses doctrines et ses traditions. Il renonce au mariage et à
tout bien.
Les Esséniens s’appliquent
à suivre rigoureusement la Loi et se montrent particulièrement scrupuleux en
matière de pureté légale. La recherche de pureté absolue est une de leurs
caractéristiques. Leur piété se manifeste par des prières et des offrandes
au Temple et par tout un ensemble de pratiques ascétiques. Ils se montrent
finalement plus radicaux que les partisans du pharisaïsme.
Les Esséniens croient en
l’immortalité de l’âme mais aussi en sa préexistence au corps. Après la mort,
elle devait retourner dans les régions célestes d’où elle venait. Ils croient
aussi en la rétribution au terme de la vie présente sans admettre la
résurrection corporelle des justes.
La communauté de Qûmran se
présente plutôt comme une communauté coupée du Temple depuis que les rois asmonéens ont accaparé le pouvoir religieux. Elle forme même le seul Temple
légitime auquel il faut présenter des offrandes spirituelles. La recherche de
la pureté légale est encore accentuée.
Les Zélotes forment plutôt
un parti politique reconnu comme étant particulièrement extrémiste. Comme leur
nom l’indique, ils sont zélés pour les observances. Ils partagent la croyance
des Pharisiens dont ils se sont détachés. Mais, contrairement aux Pharisiens,
leur « nationalisme » prend
le pas sur la religion. Ce sont des patriotes ardents, farouches, qui ne
reconnaissent d’autre seigneur et maître que le Dieu d’Israël. Ce sont donc des
adversaires acharnés de la domination étrangère.
Les Zélotes se sont
organisés au temps du recensement de Quirinus en l’an 6 ou 7 de notre ère, sous
la direction de Judas le Gaulonite. Véritables révolutionnaires, ils usent de
tous les moyens, y compris l’assassinat, pour combattre l’occupant et punir les
croyants tièdes ou trop conciliants avec les Romains. Jusqu'à la révolte de 66,
ils mènent une lutte, parfois ouverte et violente, contre les païens installés
en Palestine. Ils provoqueront la catastrophe de 70.
Les Hérodiens
Moins importants, les Hérodiens
forment un parti que citent seulement les Évangiles[9].
Peut-être Flavius Josèphe parle d'eux orsqu'il mentionne ceux qui
partagent les sentiments d’Hérode ?
Ce sont les partisans de
la famille d’Hérode et du gouvernement des Hérode et tous ceux qui se sont
ralliés à l’autorité romaine. Ce sont probablement des courtisans ou tous ceux
qui n’ont guère été lésés par les Iduméens. Ils ne semblent avoir aucune
influence sur le peuple juif.
Les « ‘âm hâ’ârés »
Le terme d’« ‘am hâ’ârés » signifie « gens du pays ». Ils ne sont pas
véritablement une secte ou un parti. Les Pharisiens désignent par ce terme le
bas peuple qu’ils considèrent comme ignorant et peu digne de confiance en
termes de religion. Les Sadducéens les méprisent aussi.
Les Samaritains
Les Juifs attribuent ce
nom aux habitants de la Samarie après la conquête de la ville par les Assyriens
en 722 avant Jésus-Christ. Après les déportations, le roi assyrien, Sargon II,
en déporte la majorité de la population et installe des Assyriens dans le
royaume du Nord. Les colons emportent avec eux leurs dieux. L’adoration au Dieu
d’Israël n’a pas cependant disparu. Il a été même remis en honneur sur demande
des colons eux-mêmes. Un mélange s’est alors opéré. L’ancien royaume de Judée devient
une terre idolâtre. Les juifs d’Israël méprisent les Samaritains qu’ils considèrent
comme des païens, voire des « suppôts
de Satan ». Ils évitent leur contact.
Lors de leur retour de
l’exil de Babylone, les Juifs veulent reconstruire le Temple de Jérusalem. Les
Samaritains demandent à participer à cette œuvre, aide que les juifs rejettent
aussitôt avec mépris. Les Samaritains se séparent alors définitivement d’Israël
et élève sur le mont Garizim un temple concurrent à celui de Jérusalem. Ils sont
aussi rejoints par un grand nombre de juifs qui ont refusé de se séparer de leurs
épouses étrangères comme le demandaient les autorités religieuses juives de retour d'exil. En 128 avant Jésus-Christ, Jean
Hyrcan détruit le temple samaritain. Toutefois, le mont Garizim reste un lieu
de culte.
Les Samaritains sont
plutôt conciliants avec Rome. Ils acceptent de servir dans les armées romaines et hérodiennes. Au cours de la période trouble qui suit la mort d’Hérode, la
Samarie demeure calme. Une cohorte de Samaritaines est envoyée contre les
Judéens révoltés contre le pouvoir romain. Cependant, sans doute las des
exactions commises par les procurateurs romaines, ils se soulèvent avec les
Juifs lors de la grande révolte vers 67 contre l’autorité de Rome. Vespasien
les assiègent sur le mont Garizim. Dix mille cents mourront…
Les Juifs de la diaspora
Au début de l’ère
chrétienne, il existe de nombreuses communautés juives dans le monde connu des
Grecs et des Romains. Leur expansion est extraordinaire, surtout autour de la
Méditerranée.
Nathan (6ème) - http://lastel-histoire-geo.wifeo.com/ |
Disséminé dans tout
l’empire romain, les Juifs forment des groupes très solidaires, que
reconnaît et protège la loi romaine. Dirigés par un conseil d’anciens,
ils sont libres d’exercer leur culte et de régler leurs affaires intérieures ou
privées selon les lois et coutumes du droit juif. Ils peuvent obtenir le titre
de citoyen romain soit par privilège, soit par affranchissement, ce qui leur
assure une meilleure protection de la part des autorités et les exempte de
certaines charges. Ils peuvent aussi obtenir le droit de cité. Cependant, ils
appartiennent toujours à la communauté juive.
Les Juifs de la diaspora
demeurent généralement fidèles à la croyance monothéiste et garde intacte la
foi aux destinées glorieuses d’Israël. Jérusalem reste leur capital. Ils
envoient régulièrement des offrandes au Temple et, chaque année, plusieurs
milliers d’entre eux se rendent à Jérusalem pour passer la Pâque dans la Ville
sainte. Ils sont assidus aux réunions liturgiques de leur synagogue, conservent
jalousement les coutumes et traditions reçues de leurs ancêtres. Ils se sentent
attachés par le double lien du sang et de la religion.
Ils connaissent le grec.
Seuls les rabbins connaissent l’hébreu. Les textes sacrés et les prières sont
lus en grec. Certains de ces juifs ont été influencés par l’hellénisme comme
par exemple Philon, platonicien juif, qui a tenté de faire une synthèse entre la révélation de la Sainte Écriture et la philosophie de Platon.
Sans
pourtant se mélanger aux païens qui les entourent, les Juifs éprouvent moins de répulsion à leur égard que chez leurs frères de Palestine. Ils sont
aussi moins préoccupés de pureté légale.
Parmi les Juifs de la
Diaspora, nous trouvons des hérétiques, notamment les thérapeutes alexandrins.
Localisés à Alexandrie, ils ressemblent aux Esséniens préoccupé « d'éthique et de cosmologie, d'allégorie et
de mystique, plus que de casuistique, de messianisme et d'eschatologie » [10].
Les « craignant
Dieu », les « metuentes »
St Pierre et Corneille |
Les Juifs de la Diaspora
mènent une grande activité missionnaire. Ce prosélytisme remonte au temps de
l’exil, de la captivité de Babylone. Un certain nombre d’étrangers sont admis
dans la communauté juive. Des païens en Palestine et dans le
monde gréco-romain ont en effet embrassé la religion juive, parfois de manière forte.
Les rois asmonéens ont ainsi imposé la circoncision aux populations des
territoires qu’ils ont conquis. Ils ont « rejudaïsé » la Galilée.
Les Juifs de la Dispersion sont animés de la même volonté sans toutefois
employé les mêmes méthodes.
De nombreux écrits
apologétiques ont été diffusés soit pour faire connaître aux païens la foi et
l’histoire juives, soit pour défendre la religion contre les attaques dont elle
fait souvent l’objet. Une littérature apocryphe apparaît aussi pour exalter le
Dieu d‘Israël et décrire le peuple juif comme le dépositaire et le révélateur
de la science et de la philosophie.
Les Juifs atteignent
surtout les païens par leurs vertus religieuses et morales et par leur enseignement. Ils présentent une doctrine religieuse
très claire et très haute sur Dieu, un culte tout spirituel élevé, une
moralité supérieure et un code de règles précis pour la conduite de la vie. Les
Synagogues sont ouvertes aux païens. Quand les païens admettent la foi en un
seul Dieu et abjure leur idolâtrie, ils peuvent prendre part aux assemblées
liturgiques. Ils deviennent alors les « craignant Dieu ». Pour faire réellement partie de la communauté
et se soumettre à toutes les prescriptions de la Loi, ils doivent être circoncis après avoir pris le bain rituel de purification.
Or la circoncision est un obstacle souvent difficile à surmonter. Non seulement elle est regardée comme
étant une humiliation mais surtout parce qu’elle leur faisait perdre le droit
de cité. « La circoncision, elle,
était plutôt un frein, expliquant qu’il y ait eu plus de convertis parmi les
femmes »[11].
Ainsi les juifs se contentent souvent d’une adhésion à la foi en Dieu.
Des juifs généralement peu appréciés
Si les Juifs sont ainsi
divisés pour des questions religieuses ou politiques, ils font généralement tous l’objet
d’un mépris général de la part des païens. Ces derniers ne les apprécient guère. Ils ne supportent pas le caractère national très accentué de leur
religion et leur intransigeance religieuse. Ils ne supportent
guère non plus leur mépris à l’égard de tout autre culte que celui du Dieu
unique, leur fierté d’être si différents des autres peuples et leur jalousie à
sauvegarder leur caractère propre. Parfois, un incident sans grande importance
transforme cette méfiance en haine, cette animosité en hostilité violente. Des
juifs ont été massacrés par milliers en Égypte et en Syrie. Nous oublions
souvent : l’antisémitisme est d’abord une réalité païenne.
Références
[1] Jean Hadot, Revue de l'histoire des religions, tome 162, n°1, 1962, synthèse de la lecture du livre de Marcel Simon, professeur de l’Université de Strasbourg, Les sectes juives au temps de Jésus, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Mythes et Religions », 1960, www.persee.fr.
[2] Marcel Simon, Les sectes juives au temps de Jésus cité par Jean Hadot, Revue de l'histoire des religions.
[3] Du terme « chassidim », les pieux.
[4] R. P.J. Renié, Manuel d’Écriture Sainte, Tome IV, 2ème partie, n°142.
[5] Prat, La théologie de Saint Paul, tome I, Beauchesne, 1930 cité dans Manuel d’Écriture Sainte, R. P.J. Renié, Tome IV, 2ème partie, n°143.
[6] Abbé Lusseau et abbé Coulomb, Manuel d’études bibliques, tome IV, chapitre VII, §II, Téqui, 1938.
[7] Voir I. Chronique, XXIX, 22 et I. Reg., II, 35.
[8] P.de Grandmaison, Jésus-Christ, I, cité dans Manuel d’études bibliques, abbé Lusseau et abbé Coulomb, tome IV, chapitre VII, §II, Téqui, 1938.
[9] Voir Matth., XXII, 16 et Marc, III, 6.
[10] Marcel Simon, Les sectes juives au temps de Jésus cité par Jean Hadot, Revue de l'histoire des religions.
[11] Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les Juifs, Picard, 2009, dans GéoHistoire, « Une longue soumission à l’empire », décembre 2006-Janvier 2005, n°18.
[12] Voir Émeraude, janvier 2015, Les Manuscrits de la mer Morte.
[6] Abbé Lusseau et abbé Coulomb, Manuel d’études bibliques, tome IV, chapitre VII, §II, Téqui, 1938.
[7] Voir I. Chronique, XXIX, 22 et I. Reg., II, 35.
[8] P.de Grandmaison, Jésus-Christ, I, cité dans Manuel d’études bibliques, abbé Lusseau et abbé Coulomb, tome IV, chapitre VII, §II, Téqui, 1938.
[9] Voir Matth., XXII, 16 et Marc, III, 6.
[10] Marcel Simon, Les sectes juives au temps de Jésus cité par Jean Hadot, Revue de l'histoire des religions.
[11] Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les Juifs, Picard, 2009, dans GéoHistoire, « Une longue soumission à l’empire », décembre 2006-Janvier 2005, n°18.
[12] Voir Émeraude, janvier 2015, Les Manuscrits de la mer Morte.
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