A
plusieurs reprises, au cours de notre étude apologétique, nous avons rencontré
le judaïsme comme source de difficultés, d’erreurs ou d’incompréhension. Le
christianisme en est-il la continuité au point d’en être la servante comme dans
le judéo-christianisme ? Ou le christianisme s’en est-il séparé pour
devenir l’un de ses farouches adversaires comme dans le marcionisme ? Ou
bien encore est-il une des formes du judaïsme qui a précédé l’orthodoxie juive
actuelle comme le suppose certains juifs ? Ainsi est-il parfois condamné par les uns comme fortement
influencé par le judaïsme ou par les autres comme profondément antisémite. Certains
chrétiens recherchent alors à expurger du christianisme tout ce qui peut le
rappeler quand d’autres voient dans les éléments doctrinaux contraires au
judaïsme une innovation purement humaine. Quand Pie XI affirme au monde en pleine deuxième guerre mondiale que
nous sommes tous des fils d’Abraham , de
nombreuses consciences ont été choquées quand d’autres y voyaient un appel à la
judaïsation du christianisme. Nous arrivons alors à des confusions et à des
absurdités qui remettent en cause le christianisme, le dénature ou le rendent
inaudible.
D'autres
erreurs sont encore plus graves par leur nouveauté et leur audace. Le
paganisme, le judaïsme et le christianisme seraient les phases successives du
développement naturel de la conscience religieuse de l’humanité. Les païens auraient conçu l’idée des divinités puis
les Juifs auraient inventé l’idée du Dieu unique et enfin les chrétiens
auraient imaginé le Dieu universel. Étapes transitoires vers la religion de
l’homme...
Imprégnation,
opposition, évolution… Aujourd'hui les relations entre le judaïsme et le
christianisme ne peuvent être ignorées dans l’apologétique. Nous allons donc
tenter d’y voir plus clair.
A
l’origine et aujourd'hui encore, le chrétien ne naît pas chrétien ; il le devient. Le baptême nous rend chrétiens. Les premiers disciples du Christ proviennent
soit du judaïsme, soit de la gentilité c’est-à-dire du paganisme. Dans les
premiers temps, le chrétien est donc avant tout un converti. La conversion
implique un retournement profond du converti, un véritable renoncement d’une
manière de vivre, d’un modèle de pensée, d’une conception du monde. Un converti
est un homme nouveau. Son regard intérieur a changé. Il voit le monde et la vie
autrement.
La
conversion implique nécessairement la renonciation à une ancienne vie, à une
religion ou à une philosophie. Vu de l’extérieur, de la part de ses
anciens coreligionnaires, le converti apparaît donc comme un traître, un
renégat. La situation du chrétien dans les premières générations est encore
plus nette puisque le christianisme est issu du judaïsme. Porphyre voit le
chrétien comme un renégat envers sa religion première, comme un fils infidèle à
son père, comme un homme innovant qui rompe avec les traditions. Il souligne sa
nouveauté pour mieux marquer la rupture avec le passé, son ingratitude, son
orgueil contrairement au judaïsme et aux religions de ses pères.
Mais
aujourd'hui, pris de scrupule, entretenu notamment par l’opinion et les médias,
le chrétien est tenté de sentir dans la conversion une certaine gêne. La
conversion n’entraîne-t-elle pas trahison et affrontement ? La séparation
impliquerait déchirure et violence. Ne serait-elle pas alors la source d’un
prétendu antisémitisme ? Plus récent, le christianisme pourrait être considéré
comme un héritier infidèle qui aurait oublié ses devoirs envers son père
naturel. Le drame de l’holocauste et la culture de ce drame ne font
qu’accentuer cette situation délicate. Ainsi, nous voyons plusieurs initiatives
malheureuses pour atténuer tout ce qui pourrait heurter la sensibilité juive
dans le christianisme. Une des dernières que nous avons découvertes est la
modification du nom des deux parties constituant la Sainte Bible. Au lieu de
l’appellation traditionnelle d’Ancien et de Nouveau Testament, nous voyons en
effet apparaître les noms de Premier et de Second Testament. Derrière ce
changement, se trouve aussi une grave erreur. Certains prétendent que la
Nouvelle Alliance n’a pas supprimé l’Ancienne…
Revenons
aux premiers temps pour mieux préciser ce moment où le christianisme est apparu. Peut-être
ce retour aux origines nous apportera des réponses. Nous allons donc décrire en quelques articles l’époque de Notre Seigneur Jésus-Christ. Y aurait-il deux alliances ?...
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