" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


lundi 1 septembre 2014

Et si les chrétiens avaient raison...


Si dans le métro parisien un inconnu nous accoste pour nous vendre un billet, nous refuserons de l’acheter même si nous devons patienter de longues minutes pour en acquérir un de manière sûre. De même, avant d’entrer des informations sensibles sur un site Web, nos mots de passe ou notre numéro de carte bancaire par exemple, nous vérifions si ce site est bien celui qui se prétend être et s’il présente un minimum de garanties de sécurité. Dans la vie quotidienne, nous prenons ainsi grand soin de ne pas être abusés. Pour cela, nous cherchons des signes qui nous garantissent d’une certaine authenticité. Un distributeur de billet ou un vendeur en tenue derrière un pupitre, une adresse Web cohérente associé au célèbre cadenas... Ces signes nous rassurent car recouverts d’une autorité supposée fiable, ils peuvent être dignes de confiance

Et pourtant, cette prudence que nous appliquons régulièrement, nous l’oublions quand il s’agit de choses beaucoup plus importantes, qui concernent par exemple notre vie intérieure et le salut de notre âme.

L’homme est éblouissant d’incohérence. Il adhérerait à n’importe quel discours persuasif sans chercher à en connaître le fondement. Il suivrait n’importe quel prophète sans chercher à savoir qui l’a envoyé. Il mangerait à n’importe quel arbre sans juger de la qualité de ses fruits. Nos propos sont naturellement exagérés. Et pourtant, combien de mensonges et de préjugés persistent-ils à cause de sa naïveté époustouflante ? Les médias vivent de sa crédulité. La politique actuelle ne subsisterait pas sans démagogie. La démocratie moderne est un leurre quand elle se bâtit sur la duperie. Et c’est ainsi que les aveugles suivent d’autres aveugles…

La cause viendrait-elle d'un manque de conscience à l’égard de l'importance de ce bien qu’est la vérité ? L'homme fait attention quand il s’agit de son porte monnaie ou de sa réputation mais son esprit ou son âme, en a-t-il la même préoccupation ? Cherche-t-il vraiment à préserver sa vie intellectuelle et sa vie intérieure autant qu’il cherche à protéger des biens beaucoup moins essentiels ?

Ou peut-être a-t-il plus confiance en son propre jugement sur les choses de l’esprit que sur les produits bien concrets de ce monde ? Mais est-il capable par lui-même de garantir la véracité d’un témoignage ? Évidemment non. Il croit en des journalistes car ils portent des signes qu’il croie dignes de confiance. Le fait d’annoncer une nouvelle au journal télévisé de 20 heures lui suffit parfois à lui conférer une certitude inébranlable. Le politique s’égare aussi parfois dans l’erreur et dans une frénésie ridicule, faute de recul et de profondeur. Il se laisse dominer par l’impression que lui donne l’ampleur de la nouvelle, ampleur orchestrée plus ou moins par des professionnels de la communication. C’est sans doute la magie de l’image et des médias qui l'impressionnent et donnent force et crédibilité à leurs discours. Ce n’est pas une véritable autorité qui lui commande de croire mais ses sentiments et ses passions qu’on excite à merveille. Et pourtant, paradoxalement, la côte de crédibilité des médias ne cesse de chuter.

Nous constatons la même chose dans le choix de nos dirigeants politiques. A chaque élection, l’électeur croie en leurs promesses et leur offre un chèque en blanc et rapidement, il s’aperçoit de la vanité de leurs discours. Il se laisse abuser par des paroles qui ne s’appuient que sur ses rêves et ses désirs. Il préfère peut-être choisir un avenir chimérique que le dur présent avec ses difficultés et ses incompréhensions. Faut-il alors accuser les politiques qui en bons dialecticiens lui promettent bien des rêves ? Et pourtant il sait que nous jouons avec des dés pipés. Leur art parfois subtil lui convainc plus que sa raison et sa sagesse….

Et que dire de la confiance que nous pouvons accorder aux hautes autorités des États dans la conduite de la politique extérieure quand nous voyons les désastres qu’ils ont provoqués au nom de principes tant loués et si vides de sens alors que des intérêts plus concrets les commandent ? Des chefs d’États ont légitimé leurs actions sur des peurs qui se sont avérées vaines car fondées sur des mensonges et des idéaux qui nous abusent. Et certains croient encore en leurs discours sur la liberté et les droits de l’homme.


Et comme ces Romains qui à la veille d’un désastre annoncé croyaient encore à un empire éternel, l’homme contemporain vit dans la naïveté du temps présent, ignorant la tempête gronder à ses frontières. Les combattants musulmans bien aguerris resteront-ils éternellement en Afghanistan, en Irak, au Libye, ou en Syrie sans penser à ces terres riches d’Occident si peu défendues ? Ne voient-ils pas imposer l’islam dans nos pays si affaiblis par le vice et la lassitude ? Laisseront-ils longtemps le pays des mécréants et des infidèles en dehors de la juridiction d’Allah ?



Et que dire encore de ces vendeurs qui vivent de nos rêves. Aujourd’hui, tout est à vendre, y compris nos organes, au point que l’homme est lui-même ravalé au rang de produits dans notre société qui vante et défend la dignité humaine. Et comme des enfants croyant encore au Père Noël, l’homme moderne se laisse abuser par la dialectique commerciale. Et les paradoxes s’enchaînent sans nous étonner. La société crie au respect de la Terre et de la nature quand elle gaspille allègrement les ressources naturelles. Inlassablement, elle court derrière le dernier produit à la mode, la dernière technologie, le dernier gadget. Il défend les droits de l’homme quand il court acheter des vêtements à bas prix, refusant de voir les mains esclaves qui les ont façonnés pour son bon plaisir. Consommation frénétique d’une société moralisante. Que de contradictions !


Et que dire de cet État qui ose espionner le monde entier ? Il prêche la liberté et les droits de l’homme tout en nous vendant des produits piégés. Si nous n’avions jamais été dupes de leurs activités, nous sommes bien surpris des moyens mis en œuvre. Leur ampleur déconcerte même les plus grands experts. Qui peut encore croire au rêve d’Internet, terrible toile dans lequel nous nous sommes laissés piéger ? Qui peut encore croire à sa neutralité ? Quelle terrible désillusion cette prison dans lequel nous nous sommes laissés enfermés !

Et enfin, songeons encore à l'État qui intervient de plus en plus dans notre société, dans nos familles, dans notre vie intérieure au nom de principes idéologiques et d'intérêts économiques. Au mépris de nos valeurs profondes, il nous impose une manière de vivre et de pensée pour lequel il n’a aucune légitimité. Après l’avortement et le mariage homosexuel accompagné de ses droits comme l’adoption, va-t-il très bientôt accepter le commerce des naissances et l’euthanasie ? Nous n’oublions pas qu’au XXe siècle, des États démocratiques ont légalisé l’eugénisme avant même les cruautés du nazisme. De quelle légitimité l'Etat peut-il se permettre d’intervenir dans des domaines qui dépassent ses compétences ? La victoire aux élections suffisent-elles à lui accorder des droits qu'il ne peut réclamer ? De quelle autorité impose-t-il aussi des programmes scolaires qui inculquent des idéologies à nos enfants et s’opposent aux vertus les plus élémentaires ? Après le laïcisme, la théorie des genres ? Est-cela le rôle de l'école ?... Et crédules, des citoyens laissent l’État agir selon des règles dont il est le seul auteur. Depuis trop longtemps, il intervient partout sans discernement, écoutant plus les minorités agissantes et les intérêts particuliers que le bien commun. 

Et après tout cela, toutes ces chimères dans lesquels nous vivons depuis bien longtemps, des voix dénoncent encore la crédulité des chrétiens, leur obscurantisme et leur ignorance ! Et si finalement les chrétiens avaient raison... Si l’homme prenait soin de son âme… Et si nous élevions notre regard vers Dieu, vers la vérité...


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