" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


mardi 26 novembre 2013

Birth control, planning familial, contrôle de naissance ...

« Les droits liés à la sexualité et la procréation font partie des droits humains fondamentaux »[1]. Pour être plus clair, le contrôle de naissance est devenu intouchable. Qu’est-ce que le contrôle de naissance ? Il désigne :
  • un ensemble de pratiques anticonceptionnelles ou encore contraceptives ;
  • une doctrine qui les justifie et les encourage ;
  • un ensemble de mouvements qui prônent cette doctrine et diffusent les pratiques contraceptives. 
D’abord connu sous l’expression de « Birth control », il est aujourd’hui connu sous le nom de « Family Planning » ou encore de « planning familial ». D’origine américaine et anglaise, il s’est répandu dans les pays occidentaux puis à l’ensemble de la planète. Depuis 1968, le planning familial est déclaré comme un des droits fondamentaux au sein des Droits de l’Homme [2]. Il serait donc malséant de ne pas connaître ce « droit » fondamental. Les deux articles suivants tentent de définir ce qu’est véritablement le contrôle de naissance… 

Dans la suite, nous désignerons par « contrôle de naissance » les mouvements qui prônent la doctrine et diffusent les moyens contraceptifs…

Qu’est-ce que le contrôle de naissance ?

L’expression « Birth Control » peut être rapprochée d’une autre expression plus connue « Self control », qui signifie « contrôle de soi » ou encore « maîtrise de soi ». « Birth Control » signifierait alors « contrôle de naissance » ou plus clairement « maîtrise de sa procréation ». Elle désigne alors la capacité de l’individu de vouloir un enfant lorsqu’il le veut. Elle vise essentiellement les femmes en âge de procréer. Nous retrouvons des slogans bien connus de 1968 : « un enfant quand je veux, comme je veux… ». 

Un gynécologue le définit par « l’ensemble des mesures visant à favoriser la natalité ; lorsque les conditions sociales, matérielles et morales s’y prêtent ». Cette définition nous paraît inexacte. Le contrôle de naissance ne cherche pas à favoriser la natalité mais à la réguler uniquement par des moyens actifs, c’est-à-dire par des moyens anticonceptionnels ou contraceptifs. A l’origine du mouvement, l’avortement y était exclu. Un des arguments du « Birth Control » était justement d’éviter les avortements mais aujourd’hui le planning familial le défend au même titre que les moyens contraceptifs. 

Le terme « contrôle », qui signifie plutôt en français « vérification », est une traduction impropre du terme anglais « control ». La notion de « maîtrise » indique en effet une action de commandement et de direction. Nous pourrions alors plutôt parler d’une « procréation dirigée ». Elle est dirigée en vue d’un objectif. Lequel ?

Une autre expression anglaise est encore employée : « planned parenthood », c’est-à-dire « parentalité planifiée ». Le contrôle de naissance vise désormais la parentalité. Le cœur du sujet n’est plus la naissance, c’est-à-dire l’enfant qui doit ou ne doit pas naître, mais le fait même d’être parent ou non. L’enjeu n’est plus du côté de l’enfant mais des « géniteurs ». L’expression est aussi plus explicite. Il y a bien une idée de planification dans le contrôle de naissance

Le contrôle de naissance est surtout connu sous le nom de « Family planning », traduite par « planning familial ». La nouvelle expression étend davantage son cadre de référence. L’objet de la planification est désormais la famille.

Une forte représentation internationale

De manière pratique, le contrôle de naissance se concrétise par des mouvements nationaux [3] et internationaux. Dans la plupart des États, nous pouvons trouver une association de planning familial officielle. Au niveau international, deux mouvements représentent le planning familial : 
  • International Planned Parenthood Federation (IPPF) ;
  • Population Council. 
Ces mouvements influencent les grandes conférences internationales et les organismes de l’ONU, tels que l’Organisation Mondiale de la Santé




Depuis 1952, le « planning familial » est défendu au niveau international par International Planned Parenthood Federation (IPPF), un réseau mondial de 151 associations. Il développe des partenariats avec des organisations gouvernementales et non-gouvernementales, des agences de l’ONU. Elle assiste et accompagne les associations de planifications familiales dans les pays où il n’en existe pas et facilite l’échange d’expérience entre ces membres. Enfin, elle participe à de grandes conférences internationales où elle diffuse sa philosophie. Ses objectifs sont vastes et variés : 
  • la sexualité :
o prendre en compte toutes les sexualités pour « une sexualité épanouie dans le respect de l’autre » ;
o promouvoir l’éducation à la sexualité et son intégration dans les programmes sexuels ;
  • la contraception et l’avortement :
o écouter et orienter pour une demande d’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) ;
o accompagner dans le choix d’une contraception ;
  • la procréation hors paternité :
o privilégier une maternité choisie (Procréation médicalement assisté, droit d’accoucher anonymement, adoption) ;
  • la lutte contre le Sida et les infections sexuellement transmissibles ;
  • la lutte pour les droits de la femme ;
  • former et informer sur les questions de sexualité et sur les violences faites aux femmes…





Population Council [4] est une organisation non-gouvernementale, fondée en 1952 par John D. Rockefeller III. Ses activités tournent autour des problèmes démographiques, de l’assistance technique et des recherches biomédicales. Ses recherches touchent la planification familiale, la contraception, l’avortement, la pauvreté, le genre, la jeunesse, …Il finance aussi des recherches technologiques sur ces sujets. Il dispose de quinze bureaux répartis dans le monde. Il suit des programmes dans plus de 50 pays. Il publie notamment des documents sur la pauvreté, le genre et la jeunesse…

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est un organisme des Nations Unies qui joue également un rôle dans le planning familial. Elle s’efforce de promouvoir la planification familiale selon plusieurs axes : prestation de services correspondant à des méthodes contraceptives, élaboration de nouvelles méthodes, élaboration de normes de qualité et de rapports sur la sécurité des méthodes employées, etc. 

De l’interdiction à l’oppression en passant par la tolérance appuyée

Certains États soutiennent les mouvements de planning familial sans aucune contrainte [5] quand d’autres les interdisent, cas plutôt rares. Généralement, ces mouvements sont subventionnées [7], le contrôle de naissance faisant partie des priorités de santé nationales. 

Dans ceux qui les encouragent ou les aident, nous pouvons distinguer deux attitudes : soit ils apportent un soutien financier ou législatif aux associations, sans pourtant intervenir directement, soit ils dirigent eux-mêmes une politique de contrôle de naissance, généralement pour réduire la croissance démographique. Une politique de planning familiale peut favoriser la stérilisation, notamment par des primes ou l’obliger, pratique extrême, voire contradictoire à la notion même du contrôle de naissance… 

Depuis la Conférence internationale sur la population et le développement qui s’est tenue au Caire en 1994, le discours sur le contrôle de la population a changé. Il « réfute désormais toute politique démographique qui transformerait les êtres humains en cibles d'objectifs chiffrés. Désormais, ces politiques doivent être fondées sur les « droits reproductifs », c'est-à-dire le droit des individus et des couples à décider librement du nombre, de l'espacement et du moment de naissance de leurs enfants, en leur assurant les moyens et l'éducation nécessaires, ainsi que le droit d'atteindre le niveau le plus élevé possible de santé sexuelle et reproductive et le droit de prendre des décisions concernant la reproduction sans discrimination, coercition ou violence » [8]. 





Au-delà des mots et des doctrines, le contrôle de naissance est une pratique très répandue non seulement en France mais dans le monde entier. Son influence est considérable dans les instances internationales. Son domaine d’action n’a cessé de s’étendre : procréation, sexualité, genre, violence à l’égard des femmes … Sa cible a aussi changé. Il vise désormais les adolescents... Quel était le domaine prioritaire de l’IPPF pour les années 2004-2009, devenu le premier axe stratégique pour les années 2009-2015 ? « Remettre en cause les pratiques et normes culturelles qui présentent un danger pour les jeunes ainsi qu’agir comme un catalyseur pour un mouvement mondial des jeunes dont le but est de changer les mentalités »[6]. Changer les mentalités, tel est en fait le leitmotiv du « Birth Control » comme du Planning Familial…





Références
[1] Service de planning familial de Genève, http://planning-familial.hug-ge.ch
[2] Voir Historique du Planning familial du Dr M.-P.Molitor-Peffer. 
[3] Planned Parenthood Federation of America (P.P.F.A.), Mouvement Français pour le Planning Familial (France ), etc. 
[4] http://www/ined.fr, Activité des organisations internationales en matière démographique, 1ère partie, in Population, 24e année, n°4, 1969. 
[5] On parle de liberté reproductive. Voir Politiques démographiques et liberté reproductive d’Ariette Gautier. 
[6] Articles IPPF sur http://ngp-db.unesco.org.
[7] Selon le site www.observatoiredes subventions.com (13/04/2012), le Planning familial français a obtenu 2,6 millions d'euros de subventions du gouvernement français en 2012.
[8] Politiques démographiques et liberté reproductive d’Ariette Gautier.

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