« Le célibat des prêtres n’est pas un dogme » (Mgr Pietro Parolin, secrétaire d'Etat au Saint Siège, 8 septembre 20113). Comme des chacals sautant sur leur proie, les médias s’empressent d’annoncer que peut-être l'Eglise songe à renoncer à la fin du célibat ecclésiastique, sujet sans-cesse remis en question par le Monde. Est-ce vraiment un scoop ? Le célibat n’a jamais été un dogme et il ne pourra jamais l’être. Il n’y a donc pas de surprise dans cette annonce qui n’en est finalement pas une. Est-ce de l’ignorance de la part des journalistes en quête de sensations, ou une manœuvre pour duper les esprits ?
Cette « annonce » nous oblige à traiter rapidement de deux sujets forts complexes mais si importants de nos jours pour s’opposer aux mensonges et aux confusions qui peuvent régner dans nos esprits. La méthode employée par les médias est si classique et pourtant si redoutable.
Le premier sujet est la définition même du dogme. Aujourd’hui pour nos contemporains, il signifie le plus souvent « vérité intangible ». Mais si nous traitons du célibat ecclésiastique, il faut resituer ce terme dans son contexte religieux, catholique. Le dogme désigne alors « l'énoncé officiel d'une vérité que l'Eglise enseigne au nom de Dieu et qui réclame l'assentiment de foi » (3). Il faut distinguer le contenu, la vérité en elle-même, et la forme, qu’est l'énoncé. La vérité est intangible en soi. Ce n’est pas en « dogmatisant » une vérité qu’elle devient vraie et donc intangible. Mais en la « dogmatisant », c’est-à-dire en la formulant de manière précise, solennelle, l’Église l’enseigne dans les termes appropriés qui n’appelle plus débat. C’est un acte d’autorité qui appelle désormais à l’obéissance. « Il faut se soumettre à la vérité qui se manifeste, et à l’autorité qui se prononce »(1). En définissant un dogme, l’Église prend donc position de manière légitime et irrévocable sur des questions qui posaient débat et divisaient les esprits.
Le deuxième sujet porte sur le célibat ecclésiastique. Il n’est pas une vérité de foi, encore moins une vérité en soi. Il est une règle de discipline imposée aux prêtres et aux évêques dans l’Église depuis les temps apostoliques. Il ne peut dont être formalisé comme une vérité. Il est donc vrai que « le célibat n’est pas un dogme » au sens propre du terme.
Mais le doute subsiste. Et si le secrétaire d'Etat du Saint Siège songeait au sens général en employant le terme de « dogme » ? S’il envisageait effectivement de changer la règle ? « Non, ce n’est pas un dogme de l’Église et il peut être discuté parce que c’est une tradition ecclésiastique ».
Nous entendons souvent que cette règle aurait été adoptée au VIIème siècle (2). Et alors ? Sa première définition formelle et précise semble en effet apparaître à cette époque non pour l’instituer mais pour répondre à une situation qui remettait justement en cause le célibat du prêtre.
Une loi n’est compréhensible qu’en fonction de l’intention du législateur. Effectivement, la règle a été formulée tardivement pour répondre à un besoin. Si nous étions tous des hommes honnêtes, y aurait-il des lois pour sanctionner la calomnie ? La loi n’a pas inventé l’honnêteté, encore moins la réputation. Et nous n’avons pas entendu la loi pour combattre la calomnie. Le célibat ecclésiastique existait avant même l’élaboration d’une règle le défendant. Et nous savons avec certitude que le célibat ecclésiastique était déjà appliqué depuis les temps apostoliques.
Pourquoi alors une telle « fausse nouvelle »? Erreur d'un prélat décrit pourtant comme un parfait diplomate ? Ne pouvait-il pas imaginer les conséquences d’une telle phrase ? Ou la volonté des journalistes de semer la zizanie en séparant une phrase de son contexte ? Nous avons déjà eu une telle manœuvre lors d’une déclaration de Benoît XVI sur le préservatif. Souvenons-nous de la tempête injuste et pitoyable qui s'est abattue sur le Saint Père. Déstabiliser l’autorité pour semer le trouble et la division… Bonne aubaine au moment où les chrétiens semblent se réveiller et s’unir contre le mariage pour tous !… Bonne occasion aussi pour rappeler combien l’Église est anachronique, dépassée, hors des préoccupations de nos temps !...
Va-t-on donc remettre en cause le célibat ecclésiastique? L’Église a déjà et souvent parlé de ce sujet. Jean-Paul II a clairement et fortement énoncé que le célibat ecclésiastique est une loi intangible qui appartient à la tradition. Que penser alors ? Le doute doit-il s’installer dans nos esprits ? Devons-nous encore anathématiser Vatican ? Cessons de jouer le jeu des médias et de "juger sur du vent." Laissons les médias si férules de « gros titres en première page », si contents de voir s’effondrer des « vérités intangibles », si prompts à diviser pour faire régner l’erreur. Profitons plutôt de cette « annonce » pour faire comprendre les raisons qui ont conduit l’Église à défendre et à maintenir le célibat ecclésiastique. Mais en sommes-nous capables ?
N'oublions pas que derrière cette règle, se trouve une réalité : le prêtre qui n’appartient plus qu’à Dieu …
« Quiconque est enrôlé au service de Dieu ne s’embarrasse point dans les affaires du siècle, afin de satisfaire celui à qui il s’est donné » (II, Tim., II .4).
« Donc, fils très aimés […] gardez en vos mœurs l’intégrité d’une vie chaste et sainte. Comprenez ce que vous faites. Ressemblez à ce que vous accomplissez : célébrant le mystère de la mort du Seigneur, ayez soin de faire mourir dans vos membres les vices et les concupiscences » (Cérémonie de l’ordination des prêtres).
(1) Selon Saint Augustin, De baptismo II,20.
(2) La règle du célibat ecclésiastique est définie au concile in Trullo en 692. Néanmoins, dès le premier concile de Nicée (325), et même au Concile d’Elvire en Espagne (309-325), le célibat est déjà bien présent. Le Pape Sirice (384-399) s’oppose à tout comportement contraire au célibat ecclésiastique.
(3) Chanoine L.-E. Marcel, Dictionnaire de culture religieuse, et catéchistique, 1938.
(1) Selon Saint Augustin, De baptismo II,20.
(2) La règle du célibat ecclésiastique est définie au concile in Trullo en 692. Néanmoins, dès le premier concile de Nicée (325), et même au Concile d’Elvire en Espagne (309-325), le célibat est déjà bien présent. Le Pape Sirice (384-399) s’oppose à tout comportement contraire au célibat ecclésiastique.
(3) Chanoine L.-E. Marcel, Dictionnaire de culture religieuse, et catéchistique, 1938.
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