" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 21 décembre 2012

Micro-évolution, macro-évolution


Forts des conclusions de notre étude, nous pouvons avec justice et sans crainte rejeter les théories de l'évolution ou plus simplement l'évolutionnisme. Cependant, nous restons un peu perplexes. Car nous ne pouvons pas ignorer un fait incontestable : des êtres ont évolué au point de créer de nouvelles espèces (au sens scientifique (1)). Les évolutionnistes peuvent en effet nous présenter des cas avérés d'évolutionnisme soit dans notre monde contemporain, soit dans un passé éloigné, pour justifier leur théorie. Sur des cas précis, nous ne pouvons guère en effet les récuser. D'où vient alors l'apparente contradiction ?... 


Nous allons vous présenter la thèse séduisante de Denton, un créationniste avéré. L'idée n'a pourtant rien d'originale car elle a été déjà énoncée au XVIIIème siècle, notamment par Buffon (2). Denton distingue dans l’œuvre même de Darwin deux théories : une théorie restreinte et une théorie étendue, qui n'est que l'extension de la théorie restreinte à l'ensemble des organismes vivants. Il distingue finalement la micro-évolution de la macro-évolution. Dans le premier cas, des espèces peuvent évoluer par processus naturel sous l'action de la sélection naturelle. Des espèces ne seraient donc pas toutes immutables. Darwin se justifie par de nombreuses observations et des cas précis. Mais ensuite, il extrapole la possibilité de variations sur l'ensemble des espèces. Il en conclut qu'aucune espèce n'est fixe. Il va encore plus loin. Comme les espèces évoluent et qu'elles disposent suffisamment de temps pour évoluer, elles a nécessairement donné naissance à de nouvelles espèces. Par l'évolution, des espèces ont donc engendré de nouvelles espèces, ce qui explique que les mammifère viendraient des reptiles, eux-mêmes des poissons, etc. Le raisonnement est simple. Selon donc Darwin, ce qu'il se passe sur une petite échelle est possible à grande échelle, pour toutes les évolutions, quel que soit leur ordre de grandeur... 

En reprenant des résultats scientifiques obtenus depuis 1859, Denton justifie la théorie restreinte : « la sélection naturelle a été directement observée et il ne fait plus aucun doute aujourd'hui qu'il se crée de nouvelles espèces dans la nature » (3). Mais, il rejette son extrapolation : « même si la théorie restreinte de Darwin a été confirmée, son application généralisée reste aussi peu fondée qu'il y a cent vingt ans. La réussite du modèle darwinien à l'échelle de la micro-évolution ne sert qu'à souligner sa défaillance à l'échelle de la macro-évolution » (4). 

Que dit finalement Denton ? Il précise deux choses. D'une part, l'évolutionnisme n'est plus possible à partir d'un certain degré de complexité. D'autre part, l'évolution sur une petite échelle est possible mais n'est pas obligatoire. Nous sommes dans le cadre d'une possibilité et non d'une obligation. 

La démarche de Darwin, consistant à extrapoler un cas restreint à l'ensemble des espèces, ne tient plus devant les découvertes de la science. Nous avons en effet pu entrevoir l'impossibilité et l'improbabilité d'une création ou d'une modification importante d'un organe à partir de processus naturel. Mais, par mutation génétique, il est possible de concevoir la modification d'une couleur d'une peau sans remettre en cause le fonctionnement de l'organisme. Une modification de couleur peut apporter un avantage à l'espèce mutée, ce qui peut alors favoriser son développement. Prenons un exemple. 


Il y a plus d'un siècle, il semblerait que tous les papillons de la variété « géomètre du bouleau », encore appelé phalène, étaient de couleur claire, comme ils le sont dans les régions rurales. Cette couleur est adaptée aux arbres clairs ou aux rochers couverts de lichens, sur lesquels les papillons passaient la journée au repos. Or, aujourd'hui, dans les villes anglaises, prédomine une variété de papillons de couleur sombre, bien mieux camouflés dans un paysage où les arbres et les rochers sont noircis par la pollution. Cette variété de papillon a donc évolué. Cette évolution est en outre plus adaptée à son environnement. Ainsi, peut-il mieux échapper aux prédateurs et donc mieux survivre. L'évolution est donc possible et elle correspondait à un avantage réelle. 


Un autre exemple, souvent évoqué. A partir de fossiles et de formes intermédiaires, des paléontologues ont déterminé une évolution concevable du cheval dans le temps. On passe de l'Eohippus jusqu'au cheval moderne, en précisant les changements dans la structure des membres et du crâne. Certes, cette évolution n'est pas parfaite et fait l'objet de critiques de la part de scientifiques, mais cet exemple a l'avantage de représenter clairement une séquence évolutive naturelle convaincante. Cependant, cette séquence se déroule sur une courte période et sur des évolutions minimes. 

Or, la modification du système respiratoire nécessaire pour passer du milieu aquatique au milieu terrestre, la transformation de nageoires en ailes, et bien d'autres encore transformations aussi vitales et fondamentales, est d'une complexité plus considérable que le changement d'une couleur ou de la longueur d'un bec. Nous sommes sur une autre échelle de grandeur. Aujourd'hui, la science peut encadrer davantage l'évolutionnisme dans des limites raisonnables au lieu de se laisser manipuler dans une dogmatisation outrancière. Nous pouvons faire le parallèle entre la théorie de Newton et la théorie de la relativité, la première étant vraie jusqu'à une certaine limite pour laisser sa place à la seconde... 

La théorie restreinte n'est pas en outre une loi générale mais une explication possible de cas observés pour des évolutions mineures. Elle répond à des observations avérées et donne des conclusions cohérentes et très probables. La génétique a confirmé cette possibilité. Il est donc difficile de la remettre en question dans l'explication de certains cas d'évolution d'espèces. Ainsi, nous pouvons la considérer comme une possibilité naturelle sans toutefois la considérer comme une obligation, applicable à toutes les espèces. Ce n'est qu'une capacité donnée à certains êtres vivants pour survivre. 

Il est très raisonnable de croire que Dieu n'a pas créé toutes les variétés de papillons en imaginant toutes les couleurs possibles de leurs ailes. Cela ne contredit pas le sens biblique du terme « espèce ». A l'origine, Dieu n'a pas non plus isolés les espèces sur des espace confinés. Comme l'homme, elles se sont répandues sur toutes la Terre. Certaines d'entre elles ont pu s'isoler, ce qui a alors favorisé à des évolutions mineures de faire évoluer une espèce. Dieu aurait ainsi laissé une certaine "liberté" ou "marge de manœuvre" à son œuvre pour qu'elle se développe et s'adapte aux nouvelles circonstances environnementales. Sans degré de "liberté", toute œuvre complexe dans un monde fluctuant est en effet vouée à disparaître... 

Il est donc pertinent de distinguer fermement les deux niveaux d'échelles d'évolution. La théorie restreinte ne semble pas remettre en cause la foi, entrant parfaitement dans le modèle créationniste et donnant encore plus de vigueur à notre foi en un Dieu providentiel. Néanmoins, encore faut-il préciser que cette évolution est une capacité et non une loi. La théorie générale est une erreur incontestable... 

En conclusion, l'évolutionnisme n'est pas une science mais bien une idéologie qui, à partir d'une théorie possible et réservée à des cas particuliers, tente d'expliquer toute la vie. Les mécanismes d'évolution dans notre monde ne sont que des mécanismes de faible ampleur, une des solutions pour garantir au système sa solidité et sa persistance. 

Les mécanismes d'évolution n'explique donc pas l'unité et la diversité des espèces... 


1. Voir Émeraude, juillet-août, article « Qu'est -ce qu'une espèce au sens scientifique ? ». 
2. Voir Émeraude, juillet-août, article « L'évolutionnisme n'est pas aussi évidente que cela ». 
3. Denton, Évolution, une théorie en crise, chap. IV, édition Flammarion, traduit de l'anglais par Nicolas Balbo, 1992, de Evolution, a Theory in crisis, ed. Burnett Books Ldt, 1985.
4. Denton, Évolution, une théorie en crise, chap. XV.

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