" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


mercredi 30 novembre 2011

Connaissance de l'Islam : la péninsule arabique avant Mahomet

La péninsule arabique avant Mahomet

Avant de présenter quelques critiques de l'islam, il est utile et nécessaire de décrire rapidement sa naissance, son développement et les éléments qui le constituent. En ce premier article, nous allons simplement décrire l'environnement dans lequel il a évolué, un environnement qui explique bien des traits de l'islam et ses premiers succès.

Byzance et Perse, deux puissants empires affaiblis

Au VIIème siècle, le Moyen Orient est le lieu de l'affrontement entre deux immenses empires, l'empire byzantin et l'empire perse, qui s'épuisent dans de nombreuses guerres (611-630). Le Nord de la péninsule arabique est un enjeu stratégique où ils interviennent constamment.
Deux grandes hérésies se sont répandues au Moyen-Orient, le nestorianisme et le monothélisme, condamnés respectivement en 431 (Concile d'Ephèse) et en 451 (Concile de Chalcédoine). Pourchassés par Byzance, des hérétiques se sont réfugiés dans l'empire perse avant de connaître de nouvelles persécutions. Le conflit devient violent entre les Byzantins et les monothélistes, notamment en Egypte et en Syrie. Pour des raisons fiscales et religieuses, le pouvoir byzantin finit par être détesté. L'empire byzantin est en outre en proie à des guerres civiles (602-610) qui provoquent des séditions dans l'administration.

Une péninsule arabique divisée

La péninsule arabique peut être divisée en deux parties :
  • le Nord, aux pluies rares qui expliquent la présence de steppes et d'un vaste désert de pierres et de sables, domaine des caravanes. On y trouve des tribus indépendantes, sous l'autorité d'un cheikh élu, qui s'affrontent régulièrement ;
  • le Sud, tourné vers l'Océan Indien, qui lui apporte de l'humidité par la mousson, propice à de riches cultures et à la sédentarisation dans les oasis du Hedjaz et surtout au Yémen. Se constituent des Etats éphémères, dont le célèbre royaume de Saba, avec une civilisation brillante et une société plus évoluée.
Mais, le Sud est tombé en décadence. Le Yémen connaîtra la domination éthiopienne puis perse jusqu'à la conquête musulmane. Ce déclin profite au Nord, et particulièrement à La Mecque.

La Mecque, une « république marchande »
Oligarchique et prospère, La Mecque peut jouer le rôle d'une capitale. Elle puise sa prospérité dans le commerce et les caravaniers, et dans un pèlerinage ancestral, qui conduit de nombreux païens vers la Kaaba.
Avec le déclin du Sud de l'Arabie, elle est devenue le centre de toutes les influences, vers laquelle converge les grandes routes commerciales. Les principales grandes familles sont les Qouraych, constitués de plusieurs clans, en particulier les Omayya et les Hachim.

Les nomades, des guerrières et des pillards
Les tribus nomades sont liées par des rapports de clientèles ou unies en puissantes confédérations guerrières. Elles s'adonnent aux razzias sur les oasis et sur les caravanes. Les relations entre les nomades guerriers, habitants du désert, et les sédentaires des oasis ou des villes, sont réglées par le rançonnage ou par un droit de protection. Les nomades font aussi des incursions sur les terres cultivées de basse Mésopotamie et de Syrie, bordant l'Arabie.  
Pour se protéger contre ces razzias, les byzantins et les perses ont mis en place une sorte de glacis protecteur en abandonnant leur défense à des tribus arabes : les Ghassanides, monophysites au service des Byzantins, et les Lakhmides, nestoriens au service des Perses, et tout cela en échange de subsides réguliers, de soutien militaire en armes et en chevaux, et de titres honorifiques. Néanmoins, des nomades pasteurs s'infiltrent et s'implantent progressivement sur la rive Ouest de l'Euphrate et sur les marges de la Syrie et de la Palestine.
Religion polythéiste
Un polythéisme frustre assigne à chaque tribu sa divinité propre, qui possède généralement un caractère astral, mais très mal individualisé. La Mecque honore Manât, la déesse du bonheur, Allât, la déesse du ciel, Alläh, un dieu créateur suprême. Ce dernier est loin d'avoir la première place dans ce panthéon même s'il prend de l'importance. Les Bédouins vénèrent essentiellement al'Ozzä, l'étoile du matin.
Le culte s'adresse à des arbres et surtout à des pierres sacrées, les bêtyles, dans lesquelles la divinité est censée résider. Ces pierres, ointes d'huiles et de parfums, recouvertes de tissus précieux et d'ex-voto, sont entourées d'un territoire saint où il est interdit de tuer un animal ou de pénétrer sans en préalablement purifié. La plus célèbre des pierres est la pierre noire, vénérée à La Mecque, enchâssée dans la Kaaba. Des idoles entourent le temple autour duquel s'accomplissent le rite essentiel du thawaf: le fidèle fait sept fois le tour dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre. Les tribus redoutent les djinns innombrables qui inspirent devins et poètes, tourmentent les voyageurs et les malades.
Influences chrétiennes et juives
  
La péninsule arabique est pénétrée par les courants religieux qui agitent ces puissants voisins. Le christianisme est répandu notamment dans le Najran, qui a connu des martyrs en 523, et au Yémen. Les hérésies, dont le nestorianisme, ont aussi atteint l'Arabie.
La communauté juive est importante. Essentiellement composée de paysans et d'artisans, elle s'est surtout implantée dans les oasis du Hijâz. Elle vit au milieu de païens, pasteurs semi-sédentarisés ou citadins. Ces derniers assurent le trafic caravanier entre la Palestine, la Syrie, la Perse et l'Océan Indien, trafic d'où l'Arabie tire sa richesse.
Il ne faut pas non plus oublier les « hanifs », personnages assez mystérieux, qui semblent, selon le Coran et d'autres sources, de purs monothéistes, non juifs et non chrétiens, qui se rattachent à Abraham.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire