" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


dimanche 27 novembre 2011

La nation (1), quelle drôle d'idée?...

    Résumé d'une conférence (octobre 2011) 1ère partie

L'idée de la nation est au cœur de nos siècles, non seulement en France et en Europe mais également au Moyen Orient. Elle est encore très importante dans le monde intellectuel et ne laisse guère insensible le pouvoir politique. Il est pourtant difficile d'en fournir une définition claire et complète. Néanmoins, il est possible d'en donner quelques traits et d'en tirer des enseignements intéressants.

Qu'est-ce que la nation avant le XIXème siècle?

Le terme de « nation » provient de « nascere » dont le sens est naître. Il a désigné à Rome et au Moyen-Age un groupe d'hommes étrangers, ayant la même origine naturelle ou parlant la même langue (Université de Paris, Collège des quatre nations).. 

Dans certaines traductions françaises de la Vulgate, la Bible parle souvent de « nation ». Elle désigne les « gentes », d'où provient le terme de « gentils », terme qu'il faut entendre, dans le langage biblique, des peuples autres que celui d'Israël. 

         Diverses conceptions au XIX-XXème siècle
  • conception organique : la nation se fonde que sur des critères ethniques, biologiques, linguistiques ; 
  • conception filiale : la nation, une société naturelle dont l'appartenance ne s'explique que par la naissance, l'hérédité ; 
  • conception volontariste : la nation, une association de membres volontaires, soit libres d'y adhérer (conception constitutionnelle, révolutionnaire), soit un plébiscite de tous les jours (Ernest Renan) ; 
  • conception marxiste : la nation, un processus historique, une communauté disposant de caractères propres mais aussi de liens économiques.
Ces conceptions donnent à la nation soit une idée permanente, éternelle, et exclusive (conceptions organique et filiale), soit une idée mortelle et universelle (conception volontariste). Dans tous les cas, la nation prime sur toute autre communauté et surtout sur l'individu. 

Elles semblent être le fruit d'idéologies et ne prennent pas en compte la variété concrète des nations. L'idée de nation est très liée à une histoire vécue ou racontée, ou aux rôles politiques qu'ont a pu jouer des intellectuels et des hommes politiques. 

Pour essayer de mieux comprendre ce qu'est l'idée de la Nation, il serait intéressant de la distinguer avec des termes très proches, souvent confondus :
Nous allons désormais suivre un autre cheminement qui nous apportera d'autres éléments de réflexions. Comment peut se construire une Nation ? Deux exemples de constructions se présentent à nous, la France (construction déductive) et l'Allemagne (construction inductive). En France, l'Etat s'est construit lentement, de génération en génération, avant que n'apparaisse la nation française. En Allemagne, la nation a précédé l'Etat. La nation allemande est née durant l'occupation française au début XIXème siècle alors que l'Etat allemand a été fondé en 1870 à Versailles. Pour constituer une Nation, il faut avant tout une conscience nationale et cette conscience n'est pas innée. Elle est le résultat d'un processus complexe. 

Entre identité collective et identité individuelle

L'homme est partagé entre deux nécessités naturelles : celle d'appartenir à une société et donc de se fondre dans une identité collective, et celle d'avoir une existence personnelle, d'avoir sa propre individualité. L'identité de l'homme se construit sur ces deux tendances : le nous et le moi. 

L'une des identités peut dominer l'autre. La prédominance du moi a été favorisée par le cartésianisme, le protestantisme, le capitalisme et le romantisme. L'individualité est aujourd'hui fortement marquée au détriment de l'identité collective. Cette dernière est exaltée par le nationalisme, le fascisme, le communisme... 

Prochaine épisode : comment se construit une nation...

Etat-Nation : il existe des Etats avec de nombreuses nations et des nations réparties sur plusieurs Etats. L'idée d'Etat-Nation, une seule nation dans un seul Etat, conduit à une confusion et à la supériorité de la Nation sur l'Etat. La Nation dispose elle-même de la souveraineté et des prérogatives de l'Etat. L'Etat en est devenu comme l'organe de la Nation et non plus de la communauté qu'il représente. C'est désormais la Nation qui exprime cette représentativité.

Etat : entité politique et juridique durable, souverain sur un territoire précis, représentant une communauté indépendante, soumise à une autorité, et disposant de fonctions régaliennes, puis une organisation pour les assurer. C'est pourquoi aussi l'Etat peut faire des lois et les faire appliquer. La Nation n'est pas de nature politique ou juridique mais sociale, sans aucune existence juridique. 

Patrie : « la terre des pères », de nos ancêtres. C'est le patrimoine hérité et rassemblé de nos pères, comprenant aussi les valeurs qu'ils nous ont transmises par leurs exemples. C'est bien une chose concrète, parfois palpable. La Nation serait la communauté des héritiers de ce patrimoine et de ces valeurs. Elle regroupe et relie des générations. 

Prochain article : La naissance d'une nation...

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