Un questionnement sur la souffrance,
une réponse qui conduit à l'apostasie...
Résumé de la pièce
Devant le visage du Christ, un père incontinent est victime de diarrhées colossales. Le fils le lave ; le père s'excuse en pleurant ; le fils le console en riant. Mais à peine la nouvelle couche installée sur les fesses du père-enfant, la colique reprend. Le père pleure encore, le fils a le courage de rire encore. Ce courage, il ne l'aura plus à la troisième couche, s'effondrant après un instant de colère dans les bras de son père en pleurant à son tour. L'appartement n'est plus qu'un immense ramassis de merde. Le tout sous le regard du fils de Dieu : le fond du décor est constitué du portrait du Christ. Les yeux du Christ voient tout, scène et salle. Le fils court embrasser le visage du Christ tandis que le père asperge maintenant d'excréments tout l'appartement à l'aide d'un bidon géant. Sur la scène, à peu près débarrassée de ses éléments, débarquent des enfants de retour de l’école qui ôtent leurs cartables et, comme ils caillasseraient des oiseaux, balancent des grenades explosives sur le Christ. Au retour du silence, à la disparition des enfants, après un long temps, le visage du Christ dégouline d’un sang noir. Bientôt son visage se déforme et se déchire. Alors apparaissent en lettres d’or une phrase : « You are (not) my shepherd », (« Tu n’es pas mon berger »), avec le « not » qui clignote...
Des scènes sont très choquantes pour un chrétien. Mais comme toute pièce conceptuelle, au-delà des images insultantes, il faut dévoiler les idées que veut exprimer l'auteur. Pour cela, il suffit parfois de l'entendre et de lire les critiques des hommes habitués à ce genre d'art. Les messages sont clairs :
- tout montre l'abjection d'un monde, le nôtre, devant le regard impuissant du Christ : décor déshumanisant, aseptique, humiliation d'un homme devant des spectateurs, excréments omniprésents ;
- face à cette misère, un homme, le fils, possède tous les attributs du Christ (douceur, abnégation, pardon, amour). Il se remplit de bonté quand son père se décompose ;
- le père se vide et n'a plus rien, son honneur disparaissant sous les yeux des spectateurs. Quand le visage du Christ est imbibé de sang noir, il se lève pour la première fois et quitte la scène. Pourquoi ? ;
- quand les enfants jettent des jouets sous forme de grenades, se révoltant peut-être contre cette misère ou contre le Christ impuissant, au retour de l'école (après avoir reçu les « lumières » de la connaissance ?), l'auteur veut montrer une nouvelle passion du Christ par une autre injustice. Selon un critique, il s'agirait de la révolte des enfants de l'Humanité contre leur Créateur. La scène sera supprimée après les premières manifestations ;
- la fin s'achève avec le visage lacéré, des rayons lumineux le traversant. Comme le signale l'auteur, il s'agit de passer à travers le Christ, qui est un passage ;
- comme conclusion, la phrase « tu es mon berger » , le« not » qui clignote. Est-il ou non le berger ?
Dans ce spectacle, l'homme a deux visages : soit il dispose des attributs du Christ, il est en quelque sorte divinisé, soit il est abominable, devant un Christ impuissant, qui ne fait que regarder. Tout cela dans une misère exécrable. Dieu y est cruellement absent. Tout est révolte dans cette pièce, devant un visage qui voit non seulement la pièce mais aussi les spectateurs, et les hommes. Ce visage interroge aussi le spectateur. La phrase qui achève la pièce est révélatrice. Il est ou il n'est pas le berger. Au spectateur de répondre à cette question …
Le public est devant un spectacle déstructurant. Tous les sens sont en éveil et dans une parfaite disharmonie. S'agit-il encore de l'art ? Comment une âme peut-elle sortir indemne de ces coups répétés d'une violence inouïe ?... Et les enfants qui jouent un rôle de révoltés injustes, pourront-ils sortir indemnes de cette expérience ?
La pièce est donc profondément religieuse et philosophique dans laquelle apparaissent des conceptions dangereuses pour la foi et le salut. Pièces déstructurante, sans aucune harmonie, confondant les genres, nous ne sommes pas devant une œuvre d'art, mais plutôt un manifeste à portée philosophique. Ce questionnement ne se veut pas blasphématoire selon l'auteur mais ne saurait légitimer les moyens disproportionnés utilisés. Dès lors, le questionnement devient une agression violente où tout le monde est pris en otage, où tout le monde est forcé à prendre position. Des interview de spectateurs montrent en effet que les spectateurs finissent par douter et par perdre leur foi...
Que répondre ? Qu'il existe une autre manière de comprendre et de traiter la souffrance ! Manière parfaitement illustrée par Notre Seigneur et par ses saints. Qu'il existe une autre cité, celle de Dieu, qui ne se confond avec la cité terrestre! Le problème de la souffrance a été brillamment traité par Saint Augustin dans la Cité de Dieu.
Et aux scènes insultantes, choquantes pour notre foi, au-delà de nos manifestations, il reste nos prières et nos sacrifices en réparation ! Prions aussi pour les spectateurs et pour tous ceux qui participent à cette pièce avant que le châtiment divin ne les frappe...
Prochain article : porter un regard de foi...
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