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Il est impossible de comprendre l'islam sans connaître son fondateur. Or, nous savons peu de choses de lui. Les seules sources qui nous restent sont le Coran, les hadiths, qui constitue une recueil de tous ses faits et ses gestes, et une première biographique historique, la Sïrat al rasoul, « vie du prophète », écrit deux siècles après la mort du Mahomet.
Mahomet, ou Muhammad en arabe, est né à La Mecque entre 570 et 580. D'une famille pauvre, il appartient, par le clan des Hächim, à la puissante tribu des Qoaraïchites. Orphelin de bonne heure, élevé par un oncle généreux, il s'engage dans le commerce caravanier. Puis, il entre au service d'une riche veuve, Khadidja, qu'il épousera par la suite et qui deviendra un de ses plus forts soutiens dans les épreuves.
Au cours de ses voyages, Mahomet rencontre souvent les « hommes des Livres » que sont les juifs et des chrétiens hérétiques, probablement des nestoriens. Il est très probable qu'il subit de leur part une certaine influence, notamment de la part de moines. C'est à partir de ces rencontres qu'il découvre la Bible qu'il ne lira cependant jamais.
Une inquiétude religieuse l'agite. Il traverse des crises d'abattement qui se manifestent en brusques exaltations et en visions. Une nuit, non loin de la Mecque, Saint Gabriel lui apparaît. Il lui montre un livre, la « mère des livres », prototype de tous les livres révélés, mais Mahomet n'arrive pas à lire ou ne sait pas lire. Alors, il sent que le Livre du Ciel descend en lui. Dans les états de transe, il en reçoit fragment par fragment, que ses fidèles retiennent par cœur avant de les transcrire aussitôt sur tout ce qu'ils peuvent (planchette, pierres plates, écorces de palmiers, omoplates de mouton). Les beau-pères de Mohammed, Abou Bakh et Omar, feront rassembler tout ce qui a été écrit et tout ce que ses compagnons ont retenu. Ce sera le Coran.
Mahomet finit par sortir de ses crises en étant convaincu d'être porteur d'une nouvelle révélation divine, déjà parvenue aux juifs et aux chrétiens, qu'il a pour mission de communiquer aux arabes et en arabe. Il prêche la nécessité pour les arabes d'adhérer au monothéisme, de croire en un Dieu unique, connu désormais sous le nom d'Allah en arabe. Après la série des prophètes, depuis Adam jusqu'à Jésus, Dieu leur a enfin envoyé un prophète arabe en sa personne.
Il se met donc à prêcher, d'abord à ses proches, sa femme, son gendre Ali, ses amis Abou Bakr, Oman, Othmân, qu'il réussit à convaincre, puis à sa famille et à sa tribu avant de parler publiquement à La Mecque. Moqué par les uns, honni par les autres, il finit par quitter sa ville natale, en 622, Yathrib, cité caravanière rivale de la Mecque. Cette date correspond au point de départ de l'ère musulmane, l'hégire.
Pour marquer le rôle donné à la ville d'Yathrib, elle sera désormais connue sous le nom de Madînat an-Nabî ou Al-Madîna, c'est-à-dire Médine, « la Ville du Prophète ». Elle deviendra en effet le centre de propagande religieuse et du gouvernement islamique. A Yathrib, une nouvelle communauté naît et se développe. Mahomet l'organise de manière théocratique en dehors de l'organisation tribale traditionnelle. Il en devient le pontife comme le chef qui règle la vie quotidienne. Parallèlement, il élabore sa doctrine religieuse. Sa puissance grandit.
Mais, Mahomet rencontre de nombreuses résistances. Les Mecquois l'accusent d'être « madjûn », c'est-à-dire possédé par un djinn. Sa doctrine s'oppose aussi à leurs intérêts commerciaux. Les deux camps s'affrontent. Mahomet attaque et pille leurs caravanes, les Mecquois ripostent...
Les chrétiens et les juifs refusent d'admettre sa mission prophétique. En outre, les juifs semblent soutenir les Mecquois. L'intransigeance juive marque fortement Mahomet au point qu'il décide, après une « révélation », de changer le rite de la prière. A l'origine tournée en direction de Jérusalem, elle doit désormais s'orienter vers la Kaaba et donc vers la Mecque. Kaaba devient la maison d'Allah, édifiée par Abraham, ancêtres des arabes et promoteur de la religion pure, comme celle des hanifs. Rapidement, Mahomet montre son indépendance envers les chrétiens et les juifs.
Comme les résistances sont fortes, Mahomet change de stratégie. Il abandonne la prédication au profit de la diplomatie et de la guerre. Après quelques luttes contre les Mecquois, il obtient, par la diplomatie et un mariage de circonstance, l'autorisation d'entrer à la Mecque en 629. Il écarte les grandes familles marchandes et s'empare de la ville. Il en devient le maître.
Mahomet ne semble pas se satisfaire de la situation. Il constitue des troupes, tend des embûches, mène des razzias au-delà de la péninsule arabe et revient, chargé de butins. Contre ses adversaires, il fait la guerre et parvient à unir les tribus de la péninsule arabe. Il lance même une expédition contre les Ghanassanides, mais sans succès. Le 8 juin 632, rentré à Médine, il y meurt. Fâtima, une de ses filles, est la seule de ses enfants à lui donner une postérité.
D'un lyrisme biblique, comparable aux anciens prophètes, Mahomet ressemble peu à ces derniers, surtout à la fin de sa vie. Il n'est ni un martyr, ni un ascète. Son harem contiendra jusqu'à neuf femmes, alors que sa doctrine le limite à quatre. Il se présente toujours comme un homme mortel et faillible. Il est aussi un chef politique qui légifère, s'occupe des intérêts matériels et dirige les campagnes militaires. Mahomet doit organiser simultanément et indissolublement la foi et la société...
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