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Dans l'islam, la doctrine apparaît simple et facilement compréhensible. Elle nécessite aucune notion intellectuelle élevée. Mais, être simple ne signifie pas être clair, cohérent ou rationnel. Cette simplicité n'exprime que l'un des aspects les plus frappants de l'islam : une doctrine facilement accessible par tous. Attention : elle n'est pas non plus simpliste... Cette simplicité est plutôt l'expression d'une difficulté : l'absence de formulation systématique et précise des dogmes, qui se retrouvent dispersés dans le Coran. Elle s'explique aussi par l'absence de mystères et de paraboles.
La doctrine s'exprime généralement par une courte profession de foi : la chahada. « Il n 'y a que Dieu qu'Allah et Mahomet est son prophète » (Coran, verset VI, 157). Elle affirme l'unicité de Dieu et la mission divine du prophète, telles sont les deux articles de foi de tout musulman. Mais, l'islam comprend d'autres articles aussi fondamentaux :
- croire en un Dieu tout-puissant sous une triple unicité ;
- croire aux anges, aux djinns et à Satan ;
- croire aux Livres saints, dont l'ultime est le Coran ;
- croire aux prophètes et aux messagers dont le sceau est Mahomet ;
- croire au jugement dernier, au paradis, à l'enfer et à la résurrection ;
- croire au destin, c'est-à-dire à la science de Dieu.
Croire en Allah, le dieu unique
L'article fondamental de l'islam est l'unicité de Dieu. L'islam prêche la nécessité de croire en un Dieu unique sous la désignation arabe d'Allah. Cela consiste à reconnaître que :
- Dieu est le seigneur de toute chose et qu'il n'existe pas un autre seigneur en dehors de lui. Il est le créateur, le souverain de tous les êtres qu'il gouverne et qu'il n'est de créateur et de souverain sinon lui (unicité dans la seigneurie);
- Dieu est le seul qui mérite un culte exclusif et toute forme d'adoration (unicité dans la divinité) ;
- Dieu est le seul qui possède des attributs et des noms parfaits, sous la forme de 99 épithètes considérés comme révélés par Dieu et donc parfaits (unicité dans les noms et les attributs). C'est pourquoi le musulman doit invoquer Allah sous ces noms-là.
Ce monothéisme se réclame directement de l'héritage d'Abraham. Le Coran identifie les arabes comme les descendants d'Ismaël. L'islam est donc un retour à un monothéisme primitif, qui a été considéré falsifié et pollué par les Juifs et les Chrétiens. L'islam a donc pour mission de l'épurer et de le communiquer au monde arabe.
Les anges, les djinns et Satan
Les anges et les djinns sont des créatures de Dieu, les premiers venant de la lumière, les seconds du feu. Ils sont mortels. Le Coran et les hadiths donnent des indications précises sur leurs traits physiques, leurs capacités, leurs lieux d'habitation, leurs caractéristiques morales, etc.
Le point le plus important concernant les anges est leur infaillibilité au sens où ils ne peuvent qu'obéir à Dieu et exécuter toujours ses ordres. Parmi les anges les plus importants, nous pouvons citer : Djabra'il (Gabiel), le messager, Mikha'il (Michel), qui veille sur la nature, Izraf'il (Raphaël) qui sonnera à la trompette au Jugement dernier, Malik, le gardien de l'enfer, Ridhwane, le gardien du paradis...
Les anges glorifient Dieu et sont ses émissaires à ses messagers et à ses envoyés. Ils ont aussi pour mission de protéger les hommes dès leur conception, d'éveiller leurs bons sentiments et d'ôter les âmes des serviteurs à la fin de leur vie. Chaque homme dispose de deux anges gardiens qui mettent par écrit ses bonnes et mauvaises œuvres. Il dispose aussi d'un djinn.
Les djinns ressemblent aux hommes (reproduction, alimentation) mais ont des capacités plus élevées. Ils ont pour mission d'exécuter les ordres et d'éviter les interdits. Ceux qui obéissent vont aux paradis, les autres en enfer. Satan ou Iblis est un djinn qui, pour avoir refuser de se prosterner devant Adam, fut chassé du paradis. Il a droit jusqu'au jugement dernier d'égarer les hommes. Son objectif est simple : peupler au maximum l'enfer. Pour cela, il commande à toute une armée de djinns qui se plaisent à les tourmenter.
Croire aux Livres saints dont le Coran est l'ultime...
L'islam reconnaît l'origine divine de certains livres de la Bible tout en considérant qu'ils ont été falsifiés. Le Coran est le livre sacré par excellence, le seul incorruptible, préservé de toute altération. Il est considéré comme incréé, une manifestation de la puissance de Dieu. Ce dogme a pour conséquence le refus de toute critique du Coran. Il demeure par conséquence immuable, et cela dans la seule version arabe. Enfin, le Coran est toujours selon les musulmans le dernier des livres révélés.
Tout ce qui avait été retranscrit des révélations de Mahomet et tout ce que les compagnons avaient retenus de ses paroles ont été rassemblés en un livre, le Coran. Après de nombreuses rédactions, le calife Othman (644-656) en établit une « vulgate ». L'édition standard de 1923 d'El-Azhar tend à devenir la norme universelle sunnite. Le Coran se divise en 114 chapitres, appelés sourates, constitués de versets au nombre variable. L'ordre des versets et des sourates est purement arbitraire, sans ordre chronologique de la révélation. Les sourates sont classées des plus longues aux plus courtes.
Dans la version arabe, le Coran est une œuvre poétique inimitable dont la beauté est considérée comme signe de son caractère sacré et de son authenticité. L'islam présente ce dogme de l'inimitabilité comme le miracle suprême.
Le Coran est un mélange indissociable constitué de règles de droit privé, de conseils de moral et un recueil religieux qui contient une cosmologie et qui énonce les devoirs religieux du croyant. Il passe, côte à côte, et sur le même plan, les affirmations religieuses et mystiques, des règles précises et sommaires de politique et d'éthique, les préoccupations de Mahomet dans sa vie publique et ses discours, des invectives contre ses adversaires, des exhortations à la guerre sainte ou à la patience, des tableaux saisissants de la fin du monde, du paradis et de l'enfer. Comme nous l'avons vu dans la vie de Mahomet, le Coran reflète les préoccupations d'un chef religieux, politique et militaire qui tente d'organiser une nouvelle communauté.
Les hadiths
Outre le Coran, l'islam se réfère à des transmissions de paroles, actes et approbations de Mahomet et de ses compagnons. Ces récits sont appelés hadiths. Il y eut de nombreuses compilations de hadith, dont certaines ne sont pas reconnues comme authentiques par les différentes branches de l'islam. On compte plus d'un millions et demi de hadiths.
Ces hadiths sont souvent utilisés pour répondre aux besoins du moment et compléter le Coran, qui ne peut répondre à toutes les questions que se pose la communauté musulmane. Certains hadiths peuvent ainsi être opportunément découverts par des imams pour imposer une nouvelle loi, ce qui explique aussi les critiques portées sur leur authenticité.
A chaque hadith est associé une chaîne des témoins, garants de leur authenticité. Cette chaîne a fait l'objet de critiques pour déterminer le degré de confiance, critiques qui ont suscité de vices controverses.
La Sunna
Pour compléter le Coran et les hadiths, les musulmans ont recours à la tradition, au récit des faits, gestes, actes et paroles du Prophète. C'est un résumé des coutumes et des conceptions de la plus ancienne communauté. Le livre des hadiths est contenu dans l'ensemble de la Sunna. La Sunna peut se passer du Coran mais le Coran a besoin d'être expliqué par la Sunna. La Sunna est donc indissociable au Coran. Les jurisconsultes ont introduit des éléments nouveaux par la Sunna. Les musulmans respectant cette tradition se nomment les sunnites, gens de la Sunna.
Croire en ses prophètes et en ses messagers
Allah a élu certains hommes, les prophètes et les messagers, pour révéler progressivement aux hommes la vérité et appeler les peuples choisis à une obéissance que leur aveuglement leur a fait parfois oublier. Le prophète est chargé de rappeler et d'appuyer des prescriptions d'origine divine déjà révélées avant lui. Le messager révèle de nouvelles prescriptions ou rappelle celles déjà révélées par un autre messager. Tous sont envoyés par Dieu pour son adoration, l'établissement de sa religion et la confirmation de sa triple unicité. L'islam demande une obéissance à tous les prophètes et messagers, sans exception.
Mahomet n'est pas seulement le dernier des envoyés. Il en est le sceau, celui qui rétablit dans son intégrité la révélation divine, déjà reçue partiellement par les Juifs et les Chrétiens, mais déformée par eux. Alors que les autres ont été envoyés pour un peuple particulier, seul Mahomet adresse son message à toute l'humanité.
Le Jugement dernier
L'histoire du monde doit s'achever par la résurrection et le Jugement dernier. La fin des temps sera marquée par des bouleversements effrayants. Le madhi, le bien dirigé d'Allah, restaurera la pratique de la vertu. L'Antéchrist, le faux messie, sèmera la ruine et le deuil. Il sera finalement tué par Jésus, à nouveau sauveur de l'humanité. Au jour du Jugement, tous les hommes mourront et ressusciteront. Chacun comparaîtra devant Allah, muni du livre contenant tous ses bonnes et mauvaises actions.
L'homme est responsable de ses actes et sera jugé au Jugement dernier. Il n'y a pas dans l'islam de péché originel, ni déchéance de la nature humaine, mais aveuglement temporel. Seuls les envoyés et les martyrs ont accès directement au paradis.
Il existe un enfer,divisé en sept étage dont l'étage supérieur comprendra les musulmans coupables et dans les autres les différentes catégories d'infidèles.
La foi au destin
Croire au destin revient à reconnaître la science éternelle de Dieu, sa volonté agissante et sa toute puissance. La foi dans le destin comprend deux degrés :
- Dieu connaît ses créatures, leurs états, leurs destinées ;
- ce que Dieu veut se produit, et inversement, ce qu'il ne veut pas ne se produit pas.
Tout musulman doit croire au destin imparti en bien comme en mal. Le mal n'est qu'une mauvaise perception du bien car rien de mal ne sort de Dieu. Par conséquent, l'islam demande une parfaite soumission à la sagesse et au vouloir divin.
La doctrine de l'islam ainsi décrite est celle la plus couramment admise. Trois points sont importants à noter :
- il s'est développé dans l'islam une science de la foi, le fiqh, qui a conduit à la naissance de nombreuses écoles, hérésies et sectes dans l'islam ;
- une réflexion théologique s'est développée surtout à partir du Xème siècle en prenant notamment comme référence la philosophie grecque, effort qui a été stoppé ;
- les doctrines musulmanes sont inséparables à des pratiques strictes et à une morale simplifiées, à une sorte de contrat qui garantit les meilleures conditions d'existence dans la vie présente et la récompense éternelle dans la vie future.
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