" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 20 janvier 2012

La guerre sémantique. Un exemple : la théorie du genre

Les principes


Antonin Artaud renie le langage articulé, c'est-à-dire la parole et le texte, d'autres savent parfaitement le manipuler pour aboutir au même résultat : le renversement de l'esprit ou encore une réévaluation des valeurs. Deux philosophies actuellement dominantes dans les milieux académiques, intellectuels et artistiques ont pour objet le langage. La théorie du genre les emploie pour s'imposer dans notre société. Il est donc particulièrement intéressant d'en connaître les grands principes avant de voir une application concrète. 

« La conception que tout individu a du monde est et reste toujours une construction de son esprit et on ne peut jamais prouver qu'elle ait une quelconque autre existence » (Erwin Schrödinger, L'Esprit et la Matière). 


Selon le constructivisme, la réalité est une construction de l'esprit. Cette représentation de la réalité ne se révèle que par le langage. Cette réalité se construit selon la puissance immanente à la société qui s'exprime par des normes et des valeurs. Le sens des mots tout comme l'individu se crée donc dans le social. 


« Le problème à la fois politique, éthique, social et philosophique qui se pose à nous aujourd'hui n'est pas d'essayer de libérer l'individu de l'Etat et de ses institutions, mais de nous libérer, nous, de l’État et du type d'individualisation qui s'y rattache. Il nous faut promouvoir de nouvelles formes de subjectivité » (Michel Foucault dans son cours au Collège de France, Du Gouvernement des vivants). Pour rendre ainsi normal l'homosexualité, il prône « de créer des formes culturelles ». 


En conséquence, pour connaître la réalité, il faut « déconstruire » ou encore « démolir » le langage, c'est-à-dire décomposer la structure du langage pour retrouver les sens véritables qu'il exprime. Il faut « désassembler » les notions philosophiques. C'est le déconstructivisme. Cela conduit à une réorientation du discours, de l'histoire et de la tradition. Au lieu de cloisonner un terme à un sens, cette philosophie ouvre divers sens, une incertitude infinie, une indétermination de sens. Cela nécessite de désorganiser les systèmes et de renverser l'ordre conceptuel. 

Ces deux philosophies, le constructivisme et le déconstructivisme, ont d'abord conquis les mouvements contestataires en France et dans le monde anglo-saxon dès les années 70 avant d'influencer aujourd'hui le monde artistique et le monde académique. Ce sont les courants philosophiques dominant de notre époque... 




Un cas pratique : l'identité sexuelle... 

L'identité sexuelle révèle deux aspects : la réalité biologique et la représentation construite de cette réalité, c'est-à-dire le fait social. Ainsi, devons-nous distinguer le « sexe » qui comprend les propriétés biologiques et permet de caractériser le corps féminin et le corps masculin, et le « genre » qui couvre cette réalité construite, les identités masculine ou féminine, en tant qu'elles sont une construction sociale. Dans ce cadre conceptuel, le sexe est donc d'ordre biologique et le genre d'ordre social. On a ainsi déconstruit l'identité sexuelle. Nous pouvons aussi distinguer les pratiques ou les orientations sexuelles sous le terme de « sexualité ». L'homosexualité ou l'hétérosexualité relèvent de la sexualité. Que se passe-t-il si nous parvenons à donner une réalité à ces concepts et à les disjoindre à des fins idéologiques ? 

Ces concepts ont été mis en place pour étudier un domaine de réalité sociologique. Mais, l'étude n'était pas neutre. Car derrière cette étude se trouve un présupposé marxiste selon lequel toute différence recouvre une structure de domination, et dans notre cas d'étude, de domination d'un sexe par rapport à un autre. Il s'agit de mettre en évidence la hiérarchie entre les sexes et de montrer une discrimination jugée injuste car source d'oppression à l'égard des femmes. Il faut donc établir l'égalité et dépasser cette hiérarchie. L'égalitarisme est le deuxième présupposé... 
Les mouvements féministes demandent ainsi que l'être humain ne se définisse plus selon son sexe, mais selon son genre. L'identité sexuelle n'est donc pas une réalité mais un produit de la société et de l'histoire. Elle est donc changeante. Pour progresser vers la justice, et par conséquent vers l'égalité des sexes, il faut déconstruire le genre et gommer les différences entre homme et femme... 

Toujours selon cette théorie, l'identité ne peut pas se fonder sur une réalité biologique. Cela reviendrait à refuser de se construire soi-même, à refuser sa propre liberté. En outre, l'être humain doit aussi s'échapper de l'oppression sociale pour être libre et se construire selon son propre vouloir, selon son désir. Le désir est finalement le seul fondement de cette identité. Il suffit de « vouloir être » pour être ce que l'on veut. Ainsi, l'orientation sexuelle prime sur le genre et sur le sexe. La sexualité est donc la seule valeur à inculquer. 


Il y a désormais distinction entre le sexe et le genre, considérés non plus comme des concepts, mais comme des réalités. Ce qui était objet d'étude devient réalité ! Il y a plus qu'une distinction ! Il y a véritablement séparation, « déconnexion ». La représentation de la réalité est sciemment déconnectée de la réalité. Ce qui est objet d'étude devient réalité ! Tel est le prodige réalisé. Le langage modifie la manière de penser et la façon de vivre. Ainsi, l'être humain ne s'identifie plus par des propriétés biologiques mais par sa propre identité sexuelle, qu'il est libre de construire par lui-même. Ainsi, souhaite-on se marier avec une personne sans se préoccuper de savoir s'il s'agit d'un homme ou d'une femme ! 

Prenons deux autres exemples... 

En introduisant le terme d'hétérosexualité, implicitement, on introduit la notion d'homosexualité. L'hétérosexualité est « cependant une fiction, car ce n'est pas la sexualité des individus qui a jamais fondé le mariage, ni la parenté, mais d'abord le sexe, c'est-à-dire la distinction anthropologique des hommes et des femmes » (philosophe Sylviane Agacinski, tribune du Monde du 26 juin 2007). En inventant une classe illusoire de sujet, on introduit automatiquement l'autre classe opposée, l'homosexualité. Deux catégories sont ainsi opposées. On retrouve la question de l'égalité et de la discrimination entre ces deux classes. Puis, on présente cette inégalité comme injustifiée. L'hétérosexualité est montrée comme une « production spécifique de l'Occident moderne et même bourgeois » (Michel Foucault, Histoire de la sexualité). L'homosexualité apparaît alors comme un choix possible, légitime. Cette méthode de construction permet « d'introduire du neuf dans notre conscience culturelle, politique et personnelle ; c'est découvrir une nouvelle façon de nous voir et c'est créer, peut-être, de nouvelles façons d'être dans notre peau » (Michel Foucault, Deux points de vue sur l'Amour grec). Une nouvelle forme culturelle est née! 

Prenons comme dernier exemple le terme de filiation. On le déconstruit en deux termes : on parle de parents pour traduire la filiation biologique et de parentalité pour révéler la composante sociale de la filiation. On déconnecte progressivement les deux termes. La fonction de parentalité n'est donc plus liée à la nature et donc aux sexes mais à un fait social, à une construction sociale qui est possible de modifier dans le sens du progrès. Ainsi, quel que soit son sexe, on peut prétendre à la parentalité. « Un parent n'est pas nécessairement celui qui donne la vie, il est celui qui s'engage par un acte volontaire et irrévocable à être le parent » (association des parents gays et lesbiens). Cela ouvre la voie à l'adoption des enfants par des homosexualités. 

« L'étude de la théorie du gender est inscrite dans le programme de la plupart des disciplines dans toutes les universités ; ainsi se diffusent ses notions au nom de la volonté de construire un monde plus égalitaire et sans discriminations. Derrière des propos apparemment généreux, se cache une véritable entreprise de sape qui s'en prend délibérément à tout ce qui pourrait rappeler et signifier la différence sexuelle. Le christianisme est le premier visé. » (Tony Anatrella, Le Règne de Narcisse). 


Il faut être conscient qu'actuellement une véritable entreprise de démolition est menée pour changer les valeurs de la société et notre propre façon de penser. Cette entreprise inavouable utilise deux philosophies : le constructivisme et le déconstructivisme. Le langage est le support de cette manipulation intellectuelle et sociale dont le but est de parvenir à un changement profond de la société... 

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