Quand une injure véritable est publique, il est nécessaire, voire obligatoire, de réparer l'offense publiquement, par un pèlerinage, des prières publiques ou par d'autres moyens religieux. Quand nos voix s'élèvent vers Dieu en prenant à témoin la cité, elle est essentiellement religieusement. Il y a donc réparation de l'offense commise.
Mais, si cette manifestation est une protestation publique, elle devient politique. Elle n'est plus religieuse. Il n'y a donc pas de réparation possible. Car elle ne s'adresse plus seulement à Dieu seul mais aux autorités de la cité. Dans notre société médiatisée, où tout se confond, où seules les idées simples sont perçues, où seule la force de la parole et de l'image compte, cette manifestation demande de la prudence et de la vigilance.
Si une manifestation est mal organisée et se dégénère rapidement au point de provoquer de la violence, elle ne peut guère conduire à un bienfait. Car celui qui veut faire justice par soi-même commet une nouvelle offense. Et cette offense rejaillit inévitablement sur cette action collective au point de la couvrir. Une manifestation publique demande donc avant-tout un encadrement et une organisation efficaces afin qu'elle se déroule dans la paix et dans l'ordre. Et cette tranquillité doit également imprégner sa préparation. Sinon les passions guident les pas et excitent les cœurs.
Que signifie ensuite une manifestation dont les participants ne sont pas unis par la même intention ? Il y a manifestement duperie. Si Notre Seigneur Jésus-Christ est l'objet de l'offense, un musulman et un chrétien ne peuvent guère s'associer à la même action, à la même protestation. C'est absurde. Comme le chrétien ne peut s'associer à une action menée par des organisations contraires au Christ et à sa doctrine ! L'intention de la manifestation doit donc être clairement définie et exprimée avant et lors de la manifestation afin d'éviter de telle méprise. Si cette manifestation conduit à des confusions, il y a risque de manipulation...
Il est encore vain de vouloir manifester dans les rues en méprisant la loi qui la permet et l'encadre. Car vouloir la méconnaître, c'est prendre le risque de manquer de civisme et de commettre un délit, et cela de manière injustifiée. Un tel risque est-il en effet justifié devant Dieu ? Oui, diront certains car l'offense est grave. Certes, mais est-elle conséquente ? Car doit-on en effet prendre le risque d'aller en prison chaque fois que Dieu est offensé publiquement ? N'oublions pas que l'Eglise a toujours refusé dans ses rangs ceux qui couraient volontairement vers le martyre.
Enfin, une manifestation publique ne doit pas conduire publiquement à notre condamnation et à celle de notre foi. Comprenons-nous bien. Le monde nous condamnera toujours et elle rejettera notre foi. La condamnation dont nous parlons est celle de notre infidélité. Si nous ne sommes pas tels que Notre Seigneur nous le demande, en cohérence avec notre foi, nous ne sommes que des menteurs et des hypocrites ! La manifestation n'est donc pas un lieu de colère, mais une lieu de charité, une charité brûlante d'amour de Dieu. Toute action sans charité est vaine.
L'image que nous véhiculons à travers une manifestation publique est certainement primordiale pour l'apostolat. Toutes nos interventions publiques ou privées doivent être un moyen de soigner cette image, une image sans stéréotype, afin que nous soyons crédibles aux yeux des incroyants. Car c'est par cette image que se juge notre religion...
Ainsi, pour répondre à une offense véritable et publique, il est important, voire obligatoire, de manifester publiquement sa désapprobation quand la manifestation réunit au moins les quatre conditions suivantes : préparation sérieuse et sereine, respect de la loi, intention claire et précise, exemplarité chrétienne dans la charité.
Mais, avant tout, nous devons aussi nous interroger sur la nature de l'offense. Est-elle bien véritable ? Est-elle réellement publique ? N'avons-nous pas tendance à réagir trop hâtivement, à vouloir agir avant tout, sans discernement, à foncer tête baissée ? Maladie bien caractéristique et dramatique de notre temps ! Il faut avant tout du recul, se dépassionner, réfléchir et s'informer raisonnablement afin que la foi et la raison gouvernent nos décisions et nos actions, sans néanmoins se fixer dans l'indécision ou la crainte.
Cet effort de recul et de réflexion est inévitable en notre époque tant la vie actuelle est complexe et désordonnée, tant l'information est diffuse, sans contrôle. Car si nous nous trompons de buts, épuisant nos énergies dans de vaines mobilisations, nos ennemis ne nous manqueront pas. Et notre image comme notre apostolat en souffriront. La protestation publique est donc source de dangers. Résumer aussi nos actions à ces manifestations risque de nous conduire à nous enfermer dans une position de faiblesse et et dans le communautarisme, peu favorable à l'apostolat. Ces actions doivent être précédées, accompagnées, suivies par une apologétique efficace...
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