Notre
Seigneur envoie ses douze Apôtres en leur commandant : « N’allez point vers les gentils, et n’entrez
point dans les villes des Samaritains ; mais allez plutôt aux brebis
perdues de la maison d’Israël. » (Matth., X, 6). Son enseignement est
clair. La Parole doit d’abord être annoncée aux Juifs. A plusieurs reprises en
effet, il précise sa mission. « Je
n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » (Matth., XV, 24). Les Apôtres sont donc
envoyés pour convertir les juifs. Fidèles aux ordres de Notre Seigneur
Jésus-Christ, ils enseignent auprès des Juifs dans le Temple et dans les synagogues.
La
prédication de Saint Pierre
Saint Pierre et Saint Jean guérissant un boiteux (gravure Doré bible ) |
Dans
sa première prédication, que relate les Actes des Apôtres, Saint Pierre interpelle
les Juifs de Jérusalem. « Prêtez
l’oreille à mes paroles. » (Act. Ap., II, 14). Pour expliquer
les miracles qu'il vient de faire, il en appelle au témoignage prophétique de
Joël et de David. Il affirme ainsi la continuité divine entre l’histoire sainte
et les événements dont ils sont témoins. Ce qui a été promis, préparé, ébauché dans le passé
se réalise enfin devant leurs yeux. Il donne donc du sens aux prodiges qui se
manifestent. Tout cela a en effet un sens. Ils sont la réalisation des desseins
divins.
Dans
sa deuxième prédication, Saint Pierre rappelle à ses auditeurs les souvenirs de
leurs ancêtres et unit de nouveau les événements au passé du peuple de Dieu.
C’est donc une même histoire qui se poursuit. Il n’y a ni rupture ni scission. La Sainte Écriture en est témoin comme le montre les prophéties. Notre
Seigneur est bien celui qui a été prédit par « tous les prophètes depuis Samuel et de l’alliance que Dieu a établie
avec nos pères […] » (Act. Ap., III, 25). En outre, Notre
Seigneur a été glorifié par « le
Dieu de nos pères », c’est-à-dire par « le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob » (Act.
Ap., III, 13). Celui que Saint Pierre prêche a été justifié par Celui que les
Juifs prétendent servir…
Avec
un ton mesuré, sans aucune animosité, Saint Pierre reproche alors aux
Juifs la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ, « que vous avez livré à Pilate et renié devant lui […] Vous avez renié le Saint et le Juste, et
vous avez sollicité la grâce d’un meurtrier. » (Act. Ap., III, 13-14)
Mais il diminue leur responsabilité. « C’est
par ignorance que vous avez agi, aussi
bien que vos chefs. »(Act. Ap., III, 17). La passion et
les souffrances ont aussi été prédites. Les Juifs ont finalement réalisé ce que
les prophètes avaient annoncé.
Rien
n’est pourtant perdu. « Repentez-vous
donc et convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés » (Act.
Ap., III, 19). Il y a certes continuité entre l’histoire sainte dont ils sont
les héritiers et Notre Seigneur Jésus-Christ mais le temps tant attendu est
venu, « jours dont Dieu a parlé
anciennement par la bouche de ses saints prophètes » (Act. Ap., III,
21), jours de rafraîchissement et de repos. Notre Seigneur Jésus-Christ est la
fin de cette histoire comme il est le but de la première partie du plan de Dieu, que relate l'Ancien Testament. Il est « le terme régulier et l’aboutissement final
de toute l’ancienne économie religieuse »[1].
Saint Pierre et Saint Jean devant Sanhédrin (P. Gall, XVIe) |
Pour
appuyer ses déclarations, Saint Pierre évoque l’autorité de Moïse que les
Juifs ne peuvent récuser. « Moïse a
dit : le Seigneur votre Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète
comme moi : vous l’écouterez en tout ce qu’il vous dira. Et quiconque n’écoutera pas ce prophète sera
exterminé du milieu du peuple. » (Act. Ap., III, 22-23). Il faut donc
écouter Notre Seigneur Jésus-Christ pour gagner cette éternité.
Il rappelle que les Juifs détiennent un
privilège puisqu’ils sont « les fils
des prophètes et de l’alliance » (Act. Ap., III, 25). Ils ont été
longuement préparés et c’est au milieu d’eux que Dieu a suscité le Sauveur. « C’est pour vous premièrement que Dieu,
suscitant son Fils, l’a envoyé pour vous bénir, afin que chacun revienne de son
iniquité. » (Act. Ap., III, 26).
Le
discours de Saint Pierre est interrompu. Saint Luc nous apprend que les
Sadducéens n’apprécient guère l’enseignement qu’il donne au peuple, notamment
la résurrection des morts en la personne de Jésus. Ils sont aussi probablement
mécontents qu’il puisse enseigner si librement au Temple. Comment les prêtres
et les scribes peuvent-ils ignorer leurs prédications ?
L’embarras
du Sanhédrin
Les
Apôtres sont alors conduits au Sanhédrin. Les membres du grand conseil juif
sont inquiets comme ils l’ont été avec Notre Seigneur Jésus-Christ. Rappelons
que la seconde prédication de Saint Pierre fait suite à l’émotion de la
population juive lorsqu’elle l’a vu guérir un boiteux. « Par quelle puissance ou au nom de qui avez-vous
fait cela ? » (Act. Ap., IV, 7). Le Sanhédrin ne
comprend pas comment Saint Pierre a pu accomplir un tel miracle. Ils savent
aussi qu’il l’a réalisé au nom de Celui qu’ils ont condamné à mort.
Guérison de l'aveugle-né (Duccio di Buoninsegna) |
Les
Sadducéens et les Pharisiens ne comprennent pas, pas plus qu’ils n’ont compris
Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils sont de nouveau confrontés à une situation
paradoxale. Ils sont en effet témoins d’un miracle indiscutable, reconnu par un
grand nombre. Or un miracle ne peut provenir que de Dieu ou de ses fidèles
serviteurs. L’aveugle-né que Jésus a guéri a été parfaitement lucide devant
ceux qui l’interrogeaient : « nous
savons que Dieu n’écoute pas les pécheurs ; mais si quelqu'un honore Dieu
et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce. Jamais on n’a ouï dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d’un
aveugle-né. Si celui-ci n’était pas Dieu, il ne pourrait rien faire. » (Jean,
IX, 31-32). Or pour les Sadducéens et les Pharisiens, l’auteur du miracle est
un homme infidèle aux prescriptions de la Loi tel qu’ils les entendent. « Cet homme n’est point de Dieu, puisqu'il ne
garde point le sabbat. » (Jean, IX, 16). L’aveugle-né a bien
compris qui était Notre Seigneur Jésus-Christ. Il ne résiste pas à l’évidence
des faits.
La
remise en question
Les
membres du Sanhédrin interrogent donc l’Apôtre qui de nouveau proclame
fermement la mission de Notre Seigneur Jésus-Christ et rappelle sans ambiguïté leur
responsabilité et leur erreur dans sa mort. « Ce Jésus est la pierre qui a été rejetée par vous qui bâtissiez, et qui
est devenu un sommet d’angle » (Act. Ap., IV, 11). Il fait en fait
allusion à une prophétie. Il les dirige donc vers la Sainte Écriture. C’est
encore la Sainte Bible finalement qui leur répond. Elle a aussi prédit les événements en cours : les disciples de Jésus sont rejetés par les autorités
juives.
Le
Sanhédrin interdit finalement les Apôtres « absolument
de parler et d’enseigner au nom de Jésus » (Act. Ap., IV, 1). Mais en
dépit de ses injonctions et de ses menaces, Saint Pierre ne peut pas se taire.
« Nous ne pouvons pas ne point
parler de ce que nous avons vu et entendu. » (Act. Ap., IV, 20). Or le
Sanhédrin est le tribunal suprême. Saint Pierre révoque pourtant son autorité.
« Jugez s’il est juste devant Dieu
de vous obéir plutôt qu’à Dieu. » (Act. Ap., IV, 19) Il
affirme finalement le droit divin et sa liberté d’apostolat. Le Sanhédrin n’a
pas d’autres choix que de le menacer. Il ne peut pas en effet le punir tant le
miracle est connu et éclatant. Qui ne peut pas y voir la main de Dieu ?
Les
miracles des Apôtres et le succès de leur apostolat auprès du peuple juif
énervent les Sadducéens. Les Apôtres finissent par être
emprisonnés, sans-doute pour être exécutés. Quelle fut alors leur surprise
lorsqu'ils apprennent que libérés de manière incompréhensible, ils enseignent
de nouveau librement au Temple en toute tranquillité ?!
De
nouveau emprisonné, Saint Pierre comparait devant le Sanhédrin. Le grand-prêtre
se plaint qu’il fasse peser sur lui le sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Quel revirement ! « Vous voulez faire retomber sur nous la
sang de cet homme ! » Il ne prononce pas le nom du condamné.
« Nous vous avons expressément
défendu d’enseigner ce nom-là » (Act. Ap., V, 28).
Mais
après avoir de nouveau affirmé le droit divin, Saint Pierre, inflexible, lui répète
inlassablement le même témoignage de Notre Seigneur Jésus-Christ : Dieu a
ressuscité Jésus qu’ils ont crucifié et l’a élevé « par sa droite comme prince et sauveur, pour donner à Israël pénitence
et rémission des péchés » (Act. Ap., V, 31). Il réaffirme la
continuité entre l’histoire sainte et Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est bien « le Dieu de nos pères » qui « a ressuscité Jésus » (Act.
Ap., V, 30). « Le
christianisme n’est pas chose nouvelle, il est impliqué dans la doctrine même
dont les membres du tribunal sont les représentants. »[2]
Gamaliel enseignant (British Library) |
En
colère, le prince des prêtres veut faire mourir les Apôtres quand l’un des
Pharisiens propose au Sanhédrin une voie plus sage. Gamaliel prend la parole.
Il est le maître de Saül, celui qui deviendra plus tard Saint Paul. Il est un des
premiers grands rabbins. Sa réputation est déjà grande. Il se lève dans
l’assemblée et demande l’éloignement des Apôtres afin d’exprimer plus librement
sa pensée.
Gamaliel
rappelle la révolte de deux chefs rebelles qui ont péri et dont leurs disciples
se sont vite dispersés. Flavius Joseph les mentionne aussi dans ses Antiquités
juives. Avec le temps, leur révolte s’est en effet vite estompée. De
même, le temps permettra de juger de la valeur du christianisme. « Ne vous occupez plus de ces hommes, et
laissez-les ; car si cette entreprise ou cette œuvre est de l'homme, elle se
dissipera ; que si elle est de Dieu, vous ne pourrez la détruire, et
peut-être que vous vous trouveriez combattre contre Dieu lui-même. » (Act.
Ap., V, 38-39). Prudent et mesuré, Gamaliel a été entendu. Le Sanhédrin
suit l’avis du Pharisien.
Cet
avis est surprenant pour deux raisons. D'une part, il révèle un certain doute
de la part d’un grand docteur de la foi. Et si effectivement l’œuvre est de
Dieu ? Les miracles ne peuvent qu’interroger les âmes attentives et non
aveugles. La persistance du christianisme est un argument apologétique
indéniable. Gamaliel demande donc au Sanhédrin de laisser agir le temps.
D'autre part, il ne se prononce pas sur l’enseignement des Apôtres. Il ne leur
reproche rien. Alors que les Pharisiens sont minoritaires dans l’assemblé, le
Sanhédrin accepte de suivre l’avis de Gamaliel. Il n’est pas le seul à douter…
En
dépit des supplices qu’ils ont subis, sans-doute pour les punir de rébellion à
l’égard du Sanhédrin ou par haine, les Apôtres poursuivent leur apostolat et
répandent la bonne parole en public, au Temple et dans les maisons
particulières. « Tous les jours, ils
ne cessaient, dans le Temple, et de maison en maison, d’enseigner et d’annoncer
le Christ Jésus. » (Act. Ap., V, 42). Les Apôtres gagnent
ainsi de nombreuses âmes à Jérusalem, y compris parmi les prêtres et les
scribes. « Une multitude de prêtres
obéissaient à la foi » (Act. Ap., VI, 7).
Le
discours de Saint Étienne
Un
autre épisode des Actes des Apôtres nous permet de mieux comprendre encore les
relations entre les premiers chrétiens et les Juifs. Saint Luc nous relate l’institution des diacres et l’apostolat de Saint Étienne. D'origine grecque, Saint Étienne se
démarque rapidement des autres diacres. Il accomplit
lui-aussi des miracles au nom du Seigneur Jésus-Christ. « Homme de plein de foi » (Act.
Ap., VI, 5), « plein de
grâces et de force » (Act. Ap., VI, 8), il apparaît plus
agressif et résolu que les autres disciples.
La
prédication de Saint Etienne soulève la résistance des Juifs de la Diaspora, et
plus particulièrement des Synagogues des Affranchis, des Cyrénéens, des
Alexandrins. Contre lui se coalisent en effet les Juifs occidentaux et
helléniques. Mais ils sont incapables de répondre à Saint Étienne. Pour le
faire taire, ils sont dans l’obligation d’user de moyens odieux. Ils subornent
des témoins qui l’accusent de blasphémer. « Nous l’avons entendu proférer des paroles blasphématoires contre Moïse
et contre Dieu. » (Act. Ap., VI, 11). « Cet homme ne cesse de proférer des paroles
contre le lieu saint et contre la Loi. » (Act. Ap., VI, 13). L’accusation
est terrible. Elle soulève naturellement la population et attire la colère du
Sanhédrin.
Prédication de Saint Étienne
( Charles-Joseph Natoire, XVIIIe)
|
Saint Étienne est conduit devant le Sanhédrin. Il parle
librement. Il professe clairement sa foi juive. Son discours montre combien il
est familier avec l’histoire du peuple d’Israël et avec le plan de Dieu. A
plusieurs reprises, il insiste sur la libre volonté et action de Dieu. « C’est lui » qui agit à sa
convenance. Et Moïse n’est que son serviteur. Il rappelle aussi les nombreuses
oppositions, contestations et révoltes qui sont intervenues au cours de la vie
de Moïse. Il évoque aussi les circonstances qui ont conduit à la construction
du Temple sans oublier la protestation de Saint Jérémie. Le prophète a en effet
protesté contre l’orgueilleuse sécurité des Juifs pour qui le Temple était une
garantie divine. Salomon lui-même sait combien le Temple lui est indigne. « N’est-ce pas ma main qui a fait toutes ces
choses ? »(Act. Ap., VII, 50). Tout le passé
montre finalement l’amitié de Dieu à l’égard de son peuple en dépit de ses
ingratitudes et révoltes, une amitié qui ne dépend pas des Juifs, qui dépasse
la Loi et le Temple, une amitié parfaitement libre. Il est donc faux de
donner au Temple et à la Loi une valeur absolue. Ainsi
Saint Étienne s’oppose à la conception juive de la religion.
Et continuant son
discours avec plus d’énergie, il accuse les Juifs de s’entêter à s’opposer à
Dieu. « Durs de tête et
incirconcis de cœur, vous résistez toujours à l’Esprit-Saint ; il en est de vous comme de vos pères.
Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils point persécutés ? » (Act.
Ap., VII, 51). Il dénonce leur aveuglement, leur étroitesse de cœur et
d’esprit, leur orgueil qui rabaisse Dieu à des pensées bien humaines. Il les
accuse d’avoir tué ces hommes qu’ils considèrent désormais comme des Justes par
excellence, ces prophètes qui ont annoncé la venue du Juste, celui-là même
qu’ils ont condamné à mort. Ils n’ont cessé de mépriser Dieu. Son réquisitoire
est sans appel.
La
foule est furieuse en entendant de tels propos. « En entendant ces paroles, la rage déchirait leur cœur, et ils grinçaient
des dents contre lui. »(Act. Ap., VII, 4). Mais ce n’est pas
la foule qui fait interrompre le discours. C’est une vision surnaturelle. Dans
le ciel, il voit la gloire de Dieu et de Jésus, debout à la droite du Père.
« Voici que je vois les cieux
ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Act.
Ap., VII, 56). C’en est trop pour les Juifs. Saint Etienne est finalement
lapidé, devenant le premier martyr d’une longue série. Cependant, imitant Notre
Seigneur Jésus-Christ, avant de mourir, il pardonne ses bourreaux…
Remarquons
que ce sont bien des Juifs qui tuent Saint Étienne, enfreignant ainsi la loi
romaine. Saint Étienne est bien l’objet d’une véritable exécution menée selon
les règles juives et non d’un excès de fureur d’une foule excitée. Les Romains
semblent être en fait absents de la scène. Ils sont moins préoccupés de leur
domination. Effectivement, nous sommes à une époque où Jérusalem est bien vue
par Rome. Elle a été la première cité à saluer le nouvel empereur Caligula.
Les
discours de Saint Pierre et de Saint Étienne sont riches d’enseignement.
Remarquons d’abord qu’ils prêchent en s'appuyant sur la Sainte
Écriture. Ils témoignent de ce qu’ils ont vu et entendu tout en rapportant
leurs témoignages aux prophéties bibliques. En outre, ils défendent leur foi et
leur piété. Et nombre de Juifs, y compris des chefs de synagogues, des prêtres
et des Pharisiens, adhèrent à leurs paroles. Les docteurs de la Loi ne
parviennent pas non plus à contester leur enseignement. En un mot, leurs
discours ne sont pas contraires à la foi juive et à la Sainte Écriture. Contrairement
aux accusations des Juifs, les chrétiens ne forment pas une « secte séditieuse » ou une « hérésie ». Ils s’opposent plutôt à
l’étroitesse d’esprit, à l’orgueil et à l’aveuglement des Juifs. « Le cœur de ce peuple s’est appesanti, et ses
oreilles se sont endurcies » (Matth., XIII, 15).
Conscient
de sa culpabilité et désespérant de tout salut, Judas a préféré se tuer. De
peur de se remettre en cause, les Juifs n’ont qu’une solution : réprimer les
chrétiens. Ils ne veulent point entendre leurs méfaits. Ils ne veulent plus
assumer la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Une
ère nouvelle
Saint
Pierre défend particulièrement la continuité de l’histoire sainte et de Notre
Seigneur Jésus-Christ. Il n’y a aucune rupture. Cependant, s’il y a continuité
et unité, il y a aussi nouveauté. Le temps du salut promis est enfin arrivé.
Notre Seigneur Jésus-Christ a ouvert les cieux. Un temps est donc achevé, un
autre commence. Saint Pierre révèle nettement la déchéance du Sanhédrin. Saint
Étienne révèle l’amitié de Dieu qui dépasse la Loi et le Temple. Nous sommes
désormais loin de la conception religieuse de leur temps, conception qu’ils dénoncent avec vigueur.
Si
cela est nouveau, rien n'est surprenant. Tout se déroule en effet
selon un plan divin que Dieu Lui-même a annoncé par ses Prophètes. Les signes
sont en effet nombreux dans la Sainte Écriture pour indiquer l’ère promise. En
refusant ces signes et en persévérant dans leur conception erronée, le judaïsme
a fait sécession.
Dans
une conclusion magnifique, Saint Paul reprend toutes les prophéties qui
annonçaient leur aveuglement : « Vous
entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; regardant, vous
regarderez, et vous ne verrez point. Car le cœur de ce peuple s’est appesanti,
leurs oreilles sont devenues sourdes, et ils ont fermé leurs yeux ; de
peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils entendent de leurs oreilles, qu’ils
ne comprennent de leur cœur, qu’ils ne se convertissent et que je ne le
guérisse. » (Act. Ap., XXVIII, 25).
Saint Étienne prononce sans doute le discours le plus clairvoyant. Il montre
l’origine de la sécession des Juifs. Leur conception de Dieu est radicalement
opposée au Dieu véritable. Dans une telle conception, que devient en effet sa
volonté divine et sa liberté ? La justice et l’amitié de Dieu sont bien
éloignées des vues étroites et orgueilleuses des Juifs. Les fidèles de Dieu ne
peuvent pas suivre une telle conception qui les éloigne de la véritable connaissance
et de l’adoration. Les chrétiens n'ont pas d'autre nécessité que celle de se séparer des Juifs pour
demeurer fidèles à Dieu et poursuivre le long chemin que Dieu a tracé afin de
conduire les hommes dans la bienheureuse éternité.
Références
[1] Dom Paul Delatte, Les Épîtres de Saint Paul, replacées dans le milieu historique des Actes des Apôtres, Actes des Apôtres, chapitre III, Tome I, 1928.
[1] Dom Paul Delatte, Les Épîtres de Saint Paul, replacées dans le milieu historique des Actes des Apôtres, Actes des Apôtres, chapitre III, Tome I, 1928.
[2] Dom Paul
Delatte, Les Épîtres de Saint Paul, replacées dans le milieu historique des
Actes des Apôtres, Actes des Apôtres, chapitre III.
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