Selon
une thèse fermement condamnée par l’Église, « le Christ n’a pas enseigné un corps de doctrine déterminé applicable à
tous les temps et à tous les hommes, mais il a plutôt commencé un mouvement
religieux adapté ou à adapter à divers temps et à divers lieux. »[1] Le christianisme ne serait qu’un mouvement religieux particulier, issu du
judaïsme, que Notre Seigneur Jésus-Christ aurait initié en vue de mieux
répondre aux besoins des hommes. Comme les besoins varient avec le temps et les
lieux, le christianisme devrait aussi évoluer avec le temps. Selon une autre erreur, l’homme
aurait eu besoin non pas d’un mouvement réformé ou adapté du judaïsme mais
d’une nouvelle religion en rupture avec celles qui existaient en son temps. Le
Christ aurait alors fondé une nouvelle religion. Ces thèses sont toutes erronées
et dangereuses. Croire que le christianisme n’est qu’une réforme du judaïsme ou
une rupture, c’est finalement le remettre en question et plus particulièrement
remettre en cause son origine divine.
Une
religion ne peut être en effet une nouveauté. Elle n’aurait aucune crédibilité.
Elle doit être aussi vieille que le genre humain. Elle ne peut non plus se
contredire dans le temps. Si elle n’est pas fidèle à elle-même, si elle ne
s’enracine pas dans le passé, elle n’est qu’une chimère, qu'une invention humaine.
Le
christianisme, adaptation ou rupture du judaïsme ?
Temple de Jérusalem (reconstitution) |
Parmi les
erreurs que nous avons présentées, certaines omettent également la multiplicité des opinions religieuses qui
caractérise le temps de Notre Seigneur Jésus-Christ. Elles confondent souvent
la religion juive de cette époque avec le judaïsme orthodoxe, c'est-à-dire celui qui s’est développé après la
destruction du Temple en l’an 70.
La
vision d’un christianisme comme une rupture ou une réforme de la religion juive
ne se justifie pas. Elle provient probablement d’une vue simpliste de la
situation religieuse au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ. Elle est aussi généralement
mêlée d’une mauvaise intention. Le but est bien de remettre en cause le
christianisme en le présentant soit comme une nouveauté, soit comme une
déviation d’une religion ancestrale donc vénérable. Dans les deux cas, les
critiques tentent de le présenter comme une adaptation humaine de la religion
juive, une déviation religieuse, une invention humaine.
Ce
regard simpliste et erroné du christianisme s’efface rapidement lorsque nous
étudions avec attention les différents témoignages historiques de l’époque. Les
chrétiens eux-mêmes refusent une telle conception de leur religion. Il est vrai
que leur position ne surprend pas. Quels croyants en effet ne prétendraient-ils
pas être fidèles à une foi originelle et éternelle ? Aucune religion ne
peut prétendre à une origine divine si elle ne demeure pas fidèle à une volonté
divine durable et cohérente dans le temps. L’islam lui-même prétend remonter à
la foi d'Abraham. Toute religion digne de ce nom tente alors de prouver que si elle
est la continuité d’une religion antérieure authentique, elle la corrige et
doit la remplacer. Elle apporterait ainsi la vérité et la lumière au sens où elle
redresserait une foi menacée ou déviante et renouerait avec la foi originelle. L’ancienne
religion est alors accusée de ne plus être légitime. L’islam dénonce ainsi les Juifs
et les Chrétiens d’avoir trahi Dieu et falsifié les Saintes Écritures. Nous
retrouvons aussi cette pensée dans le protestantisme ou dans le modernisme
catholique. L’important est donc de savoir déceler cette continuité …
Dans
notre article, il s’agit de présenter la position de Notre Seigneur
Jésus-Christ Lui-même. Comment considère-t-il son enseignement par rapport aux
pensées religieuses dominantes du peuple juif à laquelle il appartient ?
« Ne
pensez pas que je sois venu abolir la Loi et les Prophètes »
Nous
savons que Notre Seigneur Jésus-Christ fait l’objet de deux accusations de la
part des autorités juives et des gardiens de la foi. Ils l’accusent de violer
la Loi et d’être un usurpateur, un faux Messie. A plusieurs reprises, il est même
dénoncé comme blasphémateur. Ainsi par son comportement et son enseignement, il
est accusé d’éloigner les Juifs de la vérité et de la justice divine. Nous
pourrions alors en conclure que le christianisme ne serait donc qu’un mouvement
hétérodoxe juif.
Or
les faits démontrent le contraire. Notre Seigneur Jésus-Christ est un Juif qui
respecte les commandements de la Loi et demande à ses disciples de les
respecter. Au lépreux qu’il vient de guérir, il lui demande de se présenter au
prêtre et de se purifier comme le prescrit Moïse. Il demande aussi à la foule
qui le suit d’appliquer ce qu’enseignent les Pharisiens. Son enseignement est en
effet parfaitement clair : il n’est pas venu pour abroger la Loi.
La
Sainte Écriture est en outre bien présent dans son enseignement. Notre Seigneur
Jésus-Christ justifie ses paroles et ses gestes en la citant à plusieurs
reprises. Il ne peut guère non plus surprendre celui qui connaît la Sainte
Écriture. Il la reprend, la résume, l’éclaire. Il parle même comme un docteur
avec une autorité qui ne trompe pas. Aucun scribe ou Pharisien ne parvient à le
contredire ou à le confondre en dépit des nombreux pièges qu’ils lui
présentent.
En
outre, Notre Seigneur Jésus-Christ présente publiquement son enseignement. Il
parle au Temple, dans les synagogues ou sur la place publique. Il ne refuse pas
non plus les débats. Certes par prudence il emploie des paraboles mais pour
celui qui sait entendre, rien n’est véritablement caché. La vérité doit être lumineuse.
Il demande aussi à ses disciples de parler ouvertement.
Enfin
n’oublions pas que parmi ses disciples se trouvent des Juifs. Certains sont
mêmes des Pharisiens. L’un d’entre eux appartient au Sanhédrin. Son
enseignement n’est donc pas si contraire à la foi juive.
Notre
Seigneur Jésus-Christ participe aussi à tous les moments de la piété et du
culte juifs. Le Temple est également au centre de ses pensées. Sa colère est
ainsi grande de le voir transformer en un vaste marché. « Ne faites pas la maison de mon Père une
maison de trafic » (Jean, II, 16).
En
un mot, Notre Seigneur Jésus-Christ est irréprochable dans ses paroles et dans
ses faits et gestes. Son enseignement est parfaitement orthodoxe et conforme à
la Sainte Écriture. Il se repose sur l’autorité des Patriarches et des
Prophètes qui témoignent de lui.
« Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu, pour votre tradition ? » (Matth., XV, 3)
Il
est vrai cependant que Notre Seigneur Jésus-Christ s’oppose fermement aux
différentes prescriptions qui commandent l’existence du Juif à son époque. Car
il fait une distinction entre les différentes règles qui s’imposent au Juif et
règlent son existence, voire l’enchaînent. Certaines proviennent de la Sainte
Écriture. Elles sont donc d’origine divine. D’autres ont été développées,
précisées, ajoutées, notamment par les scribes lors de l’exil de Babylone. Elles
viennent d’une tradition bien humaine.
Notre Seigneur Jésus-Christ rappelle en effet aux Pharisiens cette distinction fondamentale. Il indique aussi qu’elles se reposent sur des autorités et des intentions d’inégales valeurs ; elles n’ont donc pas toutes la même importance. Il montre l’exemple de David qui par nécessité a mangé les offrandes qui étaient pourtant destinées aux seuls prêtres. Il rejette notamment les multiples pratiques liées au sabbat et aux ablutions. « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. »(Marc, II, 27). Il les accuse donc de supplanter la Loi de Dieu par des lois humaines, de confondre ce qui est de Dieu et ce qui est de l’homme.
Notre Seigneur Jésus-Christ rappelle en effet aux Pharisiens cette distinction fondamentale. Il indique aussi qu’elles se reposent sur des autorités et des intentions d’inégales valeurs ; elles n’ont donc pas toutes la même importance. Il montre l’exemple de David qui par nécessité a mangé les offrandes qui étaient pourtant destinées aux seuls prêtres. Il rejette notamment les multiples pratiques liées au sabbat et aux ablutions. « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. »(Marc, II, 27). Il les accuse donc de supplanter la Loi de Dieu par des lois humaines, de confondre ce qui est de Dieu et ce qui est de l’homme.
Cette
confusion implique en particulier deux erreurs graves. Elle détourne d’abord le
Juif de la véritable finalité de la religion au point qu'il se concentre uniquement sur les
moyens. Les Pharisiens et les Sadducéens ne comprennent plus le sens même de la
Loi et demandent d’appliquer des règles en les vidant de l’esprit de la Loi. Ils
en oublient l’essentiel au point de désobéir aux commandements de Dieu. Ainsi en
enfermant le Juif dans ces prescriptions, ils s’opposent à l’accomplissement de
la Loi. Ce sont des aveugles qui guident des aveugles.
La
deuxième erreur est encore plus redoutable. L’amour et la justice de Dieu ne
consistent pas en effet en un strict suivi de multiples prescriptions mais en
une obéissance beaucoup plus profonde, celle du cœur et de l’esprit. Notre
Seigneur Jésus-Christ donne en effet le véritable sens des commandements de
Dieu et veut les faire appliquer avec sagesse avant toute considération
humaine. Il revient donc aux sources mêmes de la Loi, c’est-à-dire à Dieu. Il
élève la foi alors qu’elle ne cesse d’être rabaissée par ceux qui sont censés
en être les interprètes et les défenseurs. Que
devient la justification de l’âme si elle ne se repose que sur des
prescriptions extérieures ? Dieu ne récompense finalement que l’obéissance
à des règles, aussi nombreuses soient-elles. Est-cela la justice divine ? Elle
devient purement superficielle et rapidement dangereuse. Elle oriente en effet
l’homme vers l’ostentatoire et l’hypocrisie, vers la pure extériorité…
Le
discours de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la montagne est significatif. Il
prône une autre conception de la religion, plus intérieure et profonde. « Au lieu d’être extérieure, elle sera chose d’âme ; au lieu d’être
une justice devant les hommes, elle sera une justice devant Dieu. »[2] Il
demande en effet d’incliner notre vie vers Dieu et de gagner les biens
surnaturels selon le jugement divin et non selon les pensées humaines. Il ne
s’agit pas d’attirer les regards et l’approbation des hommes ou de gagner de la
réputation en montrant ses largesses, ses pénitences et en étalant une dévotion
tapageuse. Tout doit être gardé soigneusement dans le secret de l’âme que seul
Dieu peut connaître. La prière, l’aumône ou le jeûne doivent garder un
caractère intime et discret afin qu’ils ne s’accomplissent que devant Dieu et
non devant les hommes. Et Dieu qui voit dans le secret récompensera… Notre
Seigneur peut alors rappeler au Pharisien l’accusation d’Isaïe : « ce peuple s’approche de moi par sa bouche
mais son cœur est loin de moi » (Isaïe, XXIX, 13). Dans un tel
esprit, vain est le culte qu’ils rendent à Dieu.
« Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. » (Luc, XII, 33-34)
La
conception religieuse des Pharisiens et des Sadducéens est radicalement
différente. Ils voient leur salut dans leur origine juive et le respect
intégral de la Loi. Hors d’Israël, point de salut. Que devient alors la liberté
de Dieu ? Cette prétention est vivement condamnée. Saint Jean Baptiste l’a
déjà dénoncée en annonçant la venue de celui qui doit les confondre :
« Race de vipère, qui vous a montré
à fuir devant la colère qui va venir ? […] Ne songez pas à dire en
vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père, car je vous le dis, Dieu peut,
de ces pierres mêmes, susciter des enfants à Abraham. » (Matth.,
III, 8-9).
Notre
Seigneur Jésus-Christ est en effet particulièrement sévère à l’égard du comportement
des Pharisiens. Ses mots sont durs à entendre, terribles et sans nuance. Il les
accuse d’hypocrites et d’orgueilleux, à la recherche d’applaudissements.
« Gardez-vous soigneusement du
levain des pharisiens et des sadducéens. »(Matth., XVI, 6). « Ce n’est pas ceux qui me disent :
Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume des cieux ; mais celui
qui fait la volonté de mon Père qui êtes aux cieux. » (Matth.,
VII, 21) Il demande donc de respecter la Loi de manière authentique, le regard
tourné uniquement vers Dieu. Tout en appliquant ce que les docteurs de la Loi
enseignent, il ne s’agit pas d’imiter ceux qui ne recherchent qu’à plaire aux
hommes. Ils obtiendront certes la satisfaction devant leurs contemporains mais
non devant Dieu.
Or
parmi les Pharisiens, cette ostentation n’est pas sans arrière pensée. « Il y a beaucoup de gens insubordonnés, vains
discoureurs et séducteurs, surtout parmi les circoncis ; il faut fermer la
bouche à ces hommes qui bouleversent des familles entières et, pour un
misérable gain, enseignent ce qu’il ne faut pas. » (Matth.,
XXIII, 14) L’intention peut être guidée par le gain…
D’une
manière profonde, Notre Seigneur recentre donc l’homme vers un rapport d’intimité avec Dieu. Toute la vie doit être ordonnée à Lui. Si
l’œil se fixe sur le monde, l’âme vivra selon le regard du monde.
Nous
pouvons alors comprendre les mots terribles qu’il jette sur les scribes et
les Pharisiens. « Malheur à vous,
scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume
des cieux. […] Malheur à vous,
scribes et pharisiens hypocrites, parce que sous le prétexte de vos longues
prières vous dévorez les maisons des veuves […] Malheur à vous guides aveugles
[…] qui négligez les choses les plus graves de la foi, la justice, la
miséricorde et la foi […] parce que vous vous nettoyez les dehors de la coupe
et du plat, tandis qu’au-dedans vous êtes pleins de rapines et de souillures
[…] Ainsi vous aussi, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais
au-dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. » (Matth.,
XXIII, 13).
« Si
la lumière qui est en vous est ténèbres, quelles seront les
ténèbres ! » (Matth.,
VI, 23)
Mais
comment peuvent-ils comprendre la Sainte Écriture quand leur regard est tourné
vers des pensées bien matérielles et qu’ils ne songent qu’à protéger et défendre leurs
certitudes ? Il y a bien une confrontation entre leur croyance et une réalité. Au
lieu de remettre en cause leurs certitudes, les Pharisiens rejettent les témoignages de Notre Seigneur Jésus-Christ. Voilà le point d’achoppement. Ils
n’entendent pas ce qu’ils devraient entendre. Ce n’est donc pas la réalité qui
commande leur foi mais bien l’idée qu’ils s’en sont faits.
Le
temps est enfin venu
Notre
Seigneur Jésus-Christ n’est donc pas venu abroger la Loi mais lui redonner son
sens véritable. Il ne s’est pas non plus présenté comme un innovateur mais
comme un maître dont son enseignement dépasse de loin celui des Pharisiens. Il
enseigne les grandes vérités religieuses, réaffirme la doctrine juive et
apprend aux Juifs à les vivre réellement selon la volonté de Dieu.
Cependant,
il ne se présente pas comme porteur d’une réforme ou d’un mouvement plus
authentique. Il est plus qu’un maître et un sage, il se présente comme le Messie,
non pas comme l’imaginent les Juifs mais comme l’annoncent les Saintes
Écritures. Il est venu en effet accomplir ce qui était prévu. Il réalise en
effet la Loi. Il n’est donc ni un conservateur ni un innovateur mais un
réalisateur. Là est la nouveauté. Le temps a changé, les cieux se sont ouverts.
Notre Sauveur est enfin parmi nous.
Voyez
mes œuvres et jugez
Contrairement
aux rabbins, Notre Seigneur Jésus-Christ n’apporte pas simplement un discours ou
une interprétation de la Parole de Dieu. Il agit et se justifie plus par des
actes que par des paroles. Ses miracles confirment ce qu’il enseigne et ce
qu’il est. Et cette justification est vivement repoussée par les autorités
juives. Le Talmud le présente comme un magicien. Des Juifs voient en lui un
démon. Ils ne croient pas en ses miracles. Ont-ils oublié les miracles de
Moïse ? Ont-ils perdu le sens surnaturel, la toute-puissance divine ? « Hypocrites, vous savez juger d’après
l’aspect du ciel et de la terre ; mais ce temps-ci, comment ne le
reconnaissez-vous point ? » (Luc, XII, 56).
La
source de leur rejet est peut-être ailleurs. Comment cet homme en effet peut-il
réaliser des miracles alors qu’il ne suit pas les prescriptions qu’ils
demandent de suivre ? Les Juifs se heurtent toujours à leur conception de la religion.
Pour eux, le Juste consiste à être fidèle à une pratique. Dieu récompensera
l’homme selon son obéissance à la Torah. Notre Seigneur Jésus-Christ leur
montre que la justice n’appartient qu’à Dieu et non à l’homme.
D’une
manière générale, les Juifs sont scandalisés par l’attitude de Notre Seigneur
Jésus-Christ. Il ose parler avec des pécheurs, des publicains et les gens du
peuple. Il ose même s’entretenir avec une Samaritaine. Cela doit être choquant
pour celui qui voit dans le peuple juif l’unique source du salut. Comment ?
Il ne pratique pas les multiples ablutions corporelles. Comment le Messie
peut-Il ignorer leur impureté ? Le Messie, n’est-il pas venu vaincre les
impies ? Le Pharisien ne songe qu’au salut du peuple d’Israël, à un salut
collectif. Or le cœur de l’enseignement de Notre Seigneur Jésus-Christ est le
salut de l’homme. Deux points de vue qui s’opposent encore…
Le Bon Samaritain
José Tapiro Baro (1836-1913)
|
Notre
Seigneur Jésus-Christ se présente comme le Messie, le « Fils de l’homme » tant attendu. « Si vous croyiez à Moïse, vous croiriez sans doute à moi aussi,
parce que c’est de moi qu’il a écrit. Mais si vous ne croyiez point à ses
écrits, comment croirez-vous à mes paroles ? » (Jean,
V, 46-47) Ses paroles le disent, les prophètes l’annoncent, ses actes le
confirment. Mais que ce Messie est bien différent de l’image que les Juifs se sont faits ![3]
« Ne
versez pas un vin nouveau dans une vieille outre »
Notre
Seigneur Jésus-Christ ne cherche pas à adapter la religion comme l'imaginent les Pharisiens. Il exclut tout accommodement avec un tel
judaïsme. Il n’est pas en effet pertinent de rapiécer un vêtement usager avec
des morceaux d’étoffe solide ou de verser du vin nouveau dans de vieilles
outres. Il refuse toute compromission ou fusion avec la religion telle qu’elle
est conçue des Pharisiens et qui donnera le judaïsme orthodoxe actuel.
Ancré dans ses certitudes, le Pharisien est habitué au vieux vin et ne peut
apprécier la saveur du vin nouveau.
Le judaïsme des Pharisiens ou des Sadducéens est vétuste, incompatible avec le plan de Dieu. En réalisant la Loi, Notre Seigneur Jésus-Christ inaugure une nouvelle ère marquée par un nouvel esprit comme le prévoie la Sainte Écriture. Ce nouvel esprit réclame une nouvelle œuvre qu’est le christianisme. Ce dernier n’est donc pas une adaptation du pharisaïsme ou du mosaïsme aux besoins des fidèles ou une simple variété de la Loi juive. Il est véritablement une création nouvelle tout en étant fidèle au plan de Dieu. Continuité dans le plan de Dieu, nouveauté dans l’homme. Saint Paul l’a bien compris. Il s’agit de se dévêtir du vieil homme pour se revêtir de l’homme nouveau.
Voir
Notre Seigneur Jésus-Christ comme un fondateur d’une religion innovante ou un
réformateur, c’est ne rien comprendre à son enseignement. Il est un maître qui se
présente comme la Voie à suivre pour demeurer fidèle à Dieu, une Voie que Dieu
a tracée depuis le commencement. Il est venu éclairer la Parole de Dieu. Il est
conforme à la Sainte Écriture dans son enseignement, dans son action, dans
sa pédagogie. En un mot, si nous embrassons tout le passé, et non pas
uniquement sur une période très courte de l’histoire, aussi importante
soit-elle, nous constaterions sans difficulté qu’il est la continuité de
l’histoire que Dieu mène en toute liberté et toute justice…
Mais
soulignons-le, il n’est pas seulement un maître ou un sage, il est surtout le
Messie tant promis, venu réaliser ce que les Patriarches et les Prophètes
attendaient. L’œuvre de la Rédemption se réalise en Lui. Il est le Messie qui a
instauré une ère nouvelle. La Loi n’est donc plus d’actualité. Par sa venue,
tout ne peut plus être pareil. Le temps a changé. Le ciel s’est ouvert. Un
nouvel esprit est nécessaire. Esclaves, nous sommes devenus libres.
Références
[1] Décret du Saint Office, Lamentabili, 3 juillet 1907.
[2]Dom Paul Delatte, L’Évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ le Fils de Dieu,
chapitre V, Maison Alfred Mame et fils, 3ème édition, 1926.
[3] Voir Émeraude,
avril 2015, article « L’idée du
Messie au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ ».
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