Depuis des siècles, depuis qu’il se questionne sur
lui-même, l’homme cherche à définir ce qu’est la vérité tant cette question est
fondamentale pour lui. Car l'homme est avant tout un être en quête de vérité, guidé
par le désir du vrai. Or il semble aujourd'hui ne plus entendre cet appel. Mais cette quête est ancrée en lui, qu’il le veuille ou non, en tant
qu’être raisonnable.
Ces recherches ont abouti à de nombreuses réponses, à
une multitude de notions au point qu’aujourd’hui on affirme cette quête
impossible, illusoire, vaine. Cette funeste pensée s’oppose à notre foi qui
proclame fermement des vérités à croire. Tout relativisme, tout subjectivisme,
tout déflationnisme demeurent incompatibles à la foi. Comment pourrions-nous croire
en Dieu si finalement l’idée de Dieu dépend de nous ou du contexte dans lequel
nous vivons ? Et si elle ne dépend pas de nous, la vérité de Dieu
peut-elle s’imposer ?
Dieu se manifeste
Nous ne puisons pas la notion de Dieu dans une
philosophie, dans une vision du monde ou dans notre conscience. Elle n’est pas
empruntée au monde qui nous entoure. Elle vient de Dieu même qui se manifeste
d’abord avant de se faire connaître dans la Révélation.
Dieu se manifeste avant tout par sa Création. La Sainte
Écriture commence par le commencement, par l’instant zéro. Dieu se manifeste d'abord par sa puissance, mieux par sa Parole qui agit. Dieu dit et le monde fut créé. Aujourd’hui
encore, quelle plus belle manifestation divine que ce Monde qui se poursuit
dans un ordre parfait, sans cesse objet d’émerveillement ? Cette puissance
n’est pas en effet aveugle. Elle agit selon un ordre, une volonté bien précise.
Dieu est intelligence.
Au delà de sa puissance et d’une crainte légitime, nous sommes aussi témoins et objets de sa bonté, une bonté sans faille, généreuse et paternelle. Sans aucune raison, Dieu a crée le Monde, la vie et surtout l’homme
selon son image et sa ressemblance dans un état admirable. Toujours avec la
même liberté, Il lui remet son œuvre. Mais séduit et abusé, l’homme
ne tarde pas à Le trahir, à Le désobéir pour une vaine ambition. Au lieu de maudire
l’ingrat, Dieu le punit sévèrement tout en lui promettant la rédemption alors
que le véritable coupable est puni sans espoir de rémission. Dieu est miséricordieux
et justice. Adam et Ève tentent de se cacher dans l’espoir insensé de masquer
leur faute. Sans aucune surprise, Dieu les retire de leur bien fragile refuge.
Que peut-Il ignorer ? La Création ne lui cache rien, le fond de l’âme ne
lui est pas inconnu.
Mont Horeb |
Ainsi dès les premières pages de la Sainte Écriture,
Dieu se manifeste dans toute sa réalité. Il est loin d’être un Être suprême
abstrait, philosophique, sans saveur et sans goût. Il apparaît bien vivant, personnel
et unique. Une autre scène aussi riche nous révèle encore davantage sur Dieu.
Dieu se révèle à Moïse sous l’apparence du buisson ardent …
Le Tétragramme, révélation du nom divin
Sur le mont Horeb, dans le désert du Sinaï, Dieu révèle
son nom à Moïse : « Dieu dit à
Moïse « Je suis celui qui suis ». Il ajouta : « Tu
diras ainsi aux enfants d’Israël : celui qui est m’a envoyé vers
vous » (Exode, III, 14). Il est transcrit en hébreu par le tétragramme « yhvh », devenu « yahvé » en français. Il signifie
« Il est ». Il provient de
la déclaration de Dieu « ‘ehyeh »
qui peut être traduite par « je
suis ». Une traduction plus proche de l’hébreu propose « je suis qui je suis ». Les Hébreux
l’emploient à la troisième personne d’où la traduction de la Septante :
« Je suis celui qui est ».
Le tétragramme « yhvh »
pourrait tenir sa racine du terme « hayah »,
le verbe « être », qui
n’existe pas au présent mais à un temps qui indique la durée. Il peut aussi
signifier « devenir ».
C’est pourquoi dans certaines traductions de la Bible, le nom de Dieu est
traduit par « Je suis qui je serai »[1].
Enjeux associés au nom
Dans les civilisations sémantiques, le nom a une
importance capitale. Il est le symbole le plus intime de la personne qu’il
désigne. Donner un nom revient à le posséder. Ainsi Dieu demande-t-il à Adam de
donner un nom à tout ce qui vit comme signe de son pouvoir sur les choses qui
lui étaient livrées. « Tous les
animaux de la terre et tous les volatiles du ciel, ayant donc été formés de la
terre, le Seigneur Dieu les fit venir devant Adam, afin qu’il vit comment il
les nommerait ; or le nom qu’Adam donnera à toute âme vivante, est son
vrai nom » (Génèse., II, 19).
Selon le troisième commandement de Dieu, il est défendu
de prononcer en vain le nom de Dieu. Les Hébreux s’interdisaient de le prononcer
sauf une fois par an par le grand prêtre lors de la fête des expiations.
D’autres noms lui étaient alors substitués, en particulier Adonaï, « Seigneur ». Cette dernière transcription
aurait entraîné le barbarisme « Jéhovah »
en voulant adapter « adonaï » au
tétragramme « yhvh ».
Un nom révélateur
« Passage
d’une extrême importance : d’une part, il souligne la continuité entre la
révélation faite aux Pères et celle dont Moïse est gratifié ; d’autre
part, il livre le nom propre où s’exprime, autant qu’il peut se faire,
l’essence divine. »[2] Nous
pouvons en effet interpréter le nom divin sous deux points de vue différents,
historique et théologique. Cela ne signifie pas que nous devons les opposer. Ils
sont complémentaires.
D'un point de vue historique, il signifie la fidélité
ou l’immuabilité, comme le précise Dieu à la suite de sa déclaration. Il
précise en effet qu’il est « le Dieu
de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob […] ;
c’est là mon nom pour l’éternité. » (Exode, III, 15). Il vient
affirmer à Moïse qu’Il est Celui qui a assisté les patriarches. Il est donc le
Dieu de l’alliance et de la promesse…
Dire que Dieu est « Celui qui est » signifie aussi qu’Il a l’être par lui-même
contrairement à tout ce qui existe ici-bas. Il définit l’être par excellence. D'un point de vue ontologique, Il
est la Vérité absolue. Il désigne plus précisément l’attribut d'aséité
spécifique à Dieu. Dans une simplicité
étonnante et sublime, le nom exprime donc l’essence divine autant qu’il est possible
de l’exprimer. La théologie chrétienne tirera toute la richesse du sens
théologique de « yahvé ». Les philosophes peuvent aussi atteindre cette connaissance de Dieu par le seul raisonnement. Les
Hébreux ont surtout manipulé ce nom sous le sens historique même s’ils ont
reconnu la transcendance et l’omnipotence de Dieu.
Ce nom est ainsi d’une très grande richesse. Il désigne
Dieu que nous pouvons atteindre par l’Histoire et par la Raison. Il est le Dieu
de l’alliance et de la promesse qui, sans cesse, au cours des événements, est
intervenu - et intervient encore - au profit de son peuple et de tous les hommes. Il a donc laissé des
témoignages que nous pouvons recueillir. L’Histoire porte ainsi son empreinte. Il est aussi le Dieu qui réalise sa
promesse. Sa fidélité n’est
pas du passé, elle persiste encore de nos jours. Dieu se souvient de nous. Il
est aussi le Dieu tel que la raison peut le connaître, Celui qui est. Il est
donc accessible à la raison.
Nous pouvons aussi souligner que contrairement aux
autres peuples que les Hébreux ont connus et côtoyés, le nom de Dieu n’est
associé à aucun autre terme. Il est en fait très abstrait contrairement aux
notions de dieux des autres religions.
Alleluia
Célèbre acclamation liturgique, l’alléluia se
traduirait par « louez Yah »
ou encore plus précisément « louez
Yahvé », « Yah »[3] étant un
dérivé liturgique de « Yahvé ».
Présente dans les Saintes Écritures, elle est aussi utilisée par l’Église
catholique dans sa liturgie. « Les
chants de l’alléluia sont l’expression vive de notre louange à Dieu, et de nos
soupirs vers le ciel. Nous nous laissons aller à la jubilation, plutôt que nous
ne chantons, plongeant dans une syllabe en plusieurs neumes, afin que notre âme
ravie soit pleine de ces douces mélodies, et s‘élance là où les saints,
environnés de gloire, tressaillent de joie. »[4]. Toute
louange revient à Dieu. Tout se termine par cette acclamation qui résonne et
envahisse le ciel…
Références
[1] Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf. Selon Ernst Bloch, Dieu chemine sans cesse avec son peuple et l’humanité en perpétuel devenir. [2] Initiation biblique, Introduction à l’étude des Saintes Écritures, chap. XXVI, sous la direction de A. Robert et A. Tricot, Desclée et cie, 1938.
[3] Yah serait une prononciation liturgique de Yahvé.
[4] Abbé Ruppert au XIIème siècle.
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