" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 9 mars 2012

Esprit de vérité

Depuis le commencement du christianisme, la foi et la morale chrétiennes font l'objet de critiques acerbes et parfois violentes. Comme tant d'autres antichrétiens, Louis Rougier  (1889-1982) considère le christianisme comme l'ennemi de la raison et de la science. Il  use de tout son savoir et de ses compétences pour les attaquer. Mais manipuler de vastes connaissances, parfois douteuses et peu fiables, selon une certaine logique, ne suffit pas à justifier des accusations et à fonder une argumentation. Encore faut-il vouloir suivre les exigences de la vérité ! 

Louis Rougier  a vécu à une époque où on prétendait que seule la science pouvait détenir la clé de la connaissance. Toute vérité non démontrée scientifiquement n'était pas considérée comme vraie. Ainsi, certains scientifiques pensaient supprimer rapidement les différentes formes d'ignorances et d'obscurantismes, dont la source serait les religions. Aujourd'hui, la science a abandonné ces prétentions et cherche dorénavant à mieux connaître ses limites. Consciente de sa propre fragilité, elle sait notamment qu'une vérité ou une erreur peut ne pas être démontrée. Les connaissances qu'elles acquièrent sont en outre insuffisantes pour embrasser toute la vérité et expliquer le monde. Si une théorie scientifique vient encore nous affirmer une vérité irrécusable, nous pouvons légitimement nous demander si elle est vraiment scientifique. 

Comme la science, l'art est aussi un moyen de saisir et de faire comprendre la vérité. Mais, faut-il encore respecter la fin pour laquelle il est ordonné. Car il peut aussi bien créer de la lumière que des ténèbres. Mais dans le deuxième cas, est-ce encore de l'art ? 

La question de la connaissance demeure un des enjeux de notre époque, surtout quand nous sommes si submergés d'informations, de données, d'images et de bruits, provenant de multiples sources. Mais, les véritables enjeux que nous connaissons ne sont pas liés aux connaissances en elles-même, mais plutôt à leur origine, à leur manipulation et à leur diffusion. 

Car il existe de nombreux mensonges qui se parent de connaissances et se couvrent de belles vertus philosophiques, scientifiques ou artistiques. Or, ces connaissances peuvent être présentées et agencées selon des intentions peu avouables, des aprioris ou des idéologies, et être confortées par des citations erronées ou détachées de leur contexte. Seules, elles ne suffisent pas pour démontrer des hypothèses et affirmer des vérités qui n'en sont pas. Il faut avant tout les traiter selon un esprit de vérité, c'est-à-dire selon des exigences propres à la vérité. Quelles sont ces exigences ? Le détachement de soi, l'honnêteté, le loyalisme, la rigueur, l'esprit critique, et avant tout l'humilité. Nous ajouterons bien une autre qualité : le sens des responsabilités. Sans cet esprit de vérité, il n'y a pas de science comme il n'y a pas d'art, et encore moins de philosophie... 

Rechercher ou présenter la vérité nécessite avant tout de s'y soumettre. Et nous savons qui est la Vérité, source de toute vérité... 


















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