" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


mardi 21 février 2012

L'islam: les premières contradictions

Dans les articles précédents, nous avons décrit brièvement l'origine de l'islam, la vie de Mahomet et sa doctrine. Il est désormais temps de présenter les objections les plus simples et les moins contestables (1) à l'égard de cette religion. Mais rapidement, nous allons nous confronter à une ligne de défense inattaquable des musulmans. Nous allons en effet nous heurter au Coran...


Dès la naissance de l'islam, des Juifs ont accusé Mahomet d'avoir mal cité leurs propres textes. Nous rencontrons en effet des erreurs ou plutôt des faits rapportés par le Coran qui ne correspondent pas à ceux relatés par la Sainte Bible. Nous ne savons pas quel est le fils d'Abraham qui est sujet du sacrifice (XXXVII, 102 à 107 (2) ). Est-ce Isaac ou Ismaël ? Certaines versions traduites du Coran indiquent Ismaël. Nous devons en effet souligner les silences du Coran sur certains évènements majeurs, voire fondamentaux de la Sainte Écriture. Nous ne trouvons trace ni de la Pâque, ni de l'arrivée du peuple hébreux en Terre promise. Si la remise des tables de la loi est mentionnée (VII), le contenu n'y est guère abordé. Le Coran rajoute aussi certains détails et enjolivements à des évènements bibliques. En rapportant l'œuvre de la Création, le Coran nous apprend la malédiction d'Iblis ou de Satan, qui refuse de se prosterner devant l'homme : « je vaux mieux que cette créature. Tu m'as créé de feu et tu l'as créé d'argile » (VII.12). Mais, la réponse des musulmans est assez spontanée : le Coran corrige la Bible puisque les Juifs et les Chrétiens l'ont falsifiée. Quelles sont les passages erronés et les falsifications ? Les musulmans nous diraient : ce qui contredit le Coran est faux, ce qui est confirmé par le Coran est juste. Néanmoins, la meilleure façon aurait été de dénoncer explicitement les abus et les fautes commis par les Juifs et les Chrétiens pour éclairer davantage les fidèles. Mais, ils peuvent nous rétorquer que Dieu fait ce qu'Il veut... 

Mais qui justifie le Coran ? Ou plutôt comment les musulmans peuvent-ils le justifier ? Saint Jean Damascène pose cette question fondamentale : « qui témoigne que Dieu lui a donné une Écriture, ou qui, parmi les prophètes, a annoncé qu'un tel prophète devait venir ? » (Des hérésies). Comment justifier que Mahomet est un prophète ? Dieu a-t-il manifesté sa mission divine par des miracles comme à Moïse à qui Il a donné les tables de la loi devant tout un peuple ? Dieu a-t-il prédit la venue et l'œuvre de Mahomet comme Il le fit avec Notre Seigneur Jésus-Christ ? Mahomet a-t-il même réalisé des prophéties ? Rien de tout cela. La doctrine de l'Islam donne aujourd'hui comme seule justification du Coran son caractère d'inimitabilité et le déclare incréé. 

Saint Jean Damascène nous apprend que Mahomet a été vraisemblablement influencé par un moine arien. Cette influence viendrait plus précisément des sectes ariennes ébionites ou nazaréenne (M. Alcader, Le vrai visage de l'islam). Selon des théories savantes, l'islam serait le résultat d'une mutation d'une secte judéo-chrétienne. Il est à noter que Saint Jean Damascène, qui vivait au milieu des musulmans, considéraient l'islam comme une hérésie chrétienne. Et naturellement, nous découvrons dans le Coran des éléments provenant d'apocryphes, dont le proto-évangile de Jacques, l'évangile arabe de l'enfance et l'évangile de l'enfance selon Thomas : Notre Seigneur Jésus-Christ naît sous un palmier, parle à Sainte Marie au berceau, anime un oiseau fait d'argile... Le Christ n'est pas mort sur la Croix. « Ils ont dit : nous avons tué le Messie Jésus fils de Marie, le Messager de Dieu. Or ils ne l'ont ni tué, ni crucifié, mais quelqu'un leur a ressemblé devant eux... Dieu l'a haussé à lui » (IV.157). Selon une autre version traduite du Coran, « ils ont eu l'illusion de l'avoir tué, crucifié ». Cette illusion est aussi commune à certaines hérésies gnostiques et ariennes. Les Chrétiens auraient rejetée ou refusé de reconnaître de telles vérités, selon les Musulmans, en les considérant comme hérétiques. Mais il serait alors plus juste que le Coran dénonce ces malveillances au lieu de présenter ces « vérités » comme des vérités connues et partagées. Mais Dieu fait ce qu'Il veut … 

Enfin, rappelons que le Coran n'est considéré comme authentique, indéfectible, incréé que dans sa seule version arabe. Il semblerait que cette croyance en indéfectibilité du Coran dans sa version arabe n'est pas « universellement » reconnue par les musulmans. Toutefois, il serait logique de restreindre cette authenticité à cette seule version car une traduction peut-elle garder ce caractère d'inimitabilité ? Nous pouvons alors faire deux remarques. 

Si l'islam se considère comme une religion universelle, il faut d'abord, me semble-t-il, que le monde apprenne la langue arabe car inévitablement, elle est le lieu de passage obligé pour saisir la parole de Dieu. L'islamisation passe donc d'abord par une arabisation. Cela revient à revenir au temps de Babel quand l'humanité parlait une seule langue. Cela n'est pas si simple car il ne s'agit pas de la langue arabe moderne mais primitive. Cela nous conduit à la deuxième remarque qui nécessite quelques plus amples explications.

La langue arabe originelle ou primitive, celle qu'utilisait Mahomet, n'est pas celle qui est parlée et écrite actuellement. Elle a en effet évolué au cours du temps comme toute langue. Ainsi, le Coran a donné lieu à de nombreuses variantes pour prendre en compte la modernisation de la langue arabe. 

Sous les ordres d'Abu Bakr (v.573-634), Zayd ibh Thâbit a réalisé la première édition officielle. Le calife Uthman (579-656), aurait fait élaborer une nouvelle édition sous le contrôle de témoins. Sous le règne d'Abd al-Malik (646-705), le Coran aurait été de nouveau réécrit pour prendre en compte les progrès réalisés par la grammaire arabe. Deux évolutions majeures ont en effet fait évoluer l'arabe : l'ajout de voyelles et les points diacritiques. Ces derniers permettent de différencier certaines consonnes pour des mots prêtant à des ambiguïtés fortes. Plus tard, des ponctuations seront rajoutées pour permettre aux non-initiés une bonne prononciation des versets. Selon une tradition musulmane, les versions officielles du Coran sont contrôlées par des témoins directs ou par des comités d'experts. Ces garanties n'empêcheront pas des réticences, voire des oppositions musulmanes, dans leur réception. 

Le Coran n'est pas véritablement un livre comme un autre. Ce n'est pas un livre. « Coran » signifie lecture. « Le terme vient du syriaque Qur'ôino qui signifie lectionnaire ou si l'on veut, un livre dans lequel on trouve des textes à proclamer, à chanter » (Antoine Moussali). Le Coran est un recueil de textes destinés à être proclamés, psalmodiés, chantés. C'est pourquoi les sourates ont « le caractère de harangue ou de plaidoyers, émaillés d'interjections, exclamations et autres effets oratoires » (Laurent Lagartempe, Petit Guide du Coran, 1ère partie, p.47). La manière de prononcer le Coran est aussi importante que le contenu. Il existe ainsi différentes lectures autorisées du Coran. 

Les musulmans prétendent que le Coran dans sa version arabe est inimitable. Alors pourquoi tant d'améliorations ? Comment Abd al-Malik ou les autres peuvent justifier que leur version est la bonne quand ils touchent inévitablement à cette « inimitabilité »? Par un comité de grammairiens et d'experts en sémantique ? Mais, certains musulmans diront que seule la version originale, celle d'Abu Bakr ou d'Uthman, est la parole de Dieu. Alors, elle n'est pas accessible sans erreur aux non-arabes puisque les améliorations de la langue arabe ont été apportées en partie pour l'enseigner à des non-arabes. La parole de Dieu serait donc réservée à ceux qui maîtrisent la langue arabe primitif. Est-ce cela la vertu d'une religion universelle ? Les musulmans pourraient encore répondre que Dieu fait ce qu'Il veut. En effet... Mais, l'homme doit-il être arabisant pour être fidèle ? 

Les objections que présente cet article sont probablement les premières qui apparaissent à l'esprit à partir des connaissances que nous pouvons tirer de la doctrine islamique. Un musulman peut légitimement les rejeter, considérant que le Coran dans sa version arabe ne peut être erroné. Quelque soit l'objection que nous pouvons lui apporter, elle sera finalement dérisoire face au caractère d'infaillibilité du Coran, même si la doctrine de l'Islam semble aller à l'encontre de l'universalisme prôné par le même Islam. Mais, il peut nous rétorquer la tout-puissance et la liberté de Dieu. Dieu fait ce qu'il veut. Qui peut être Dieu pour Le juger ? Il y a un véritable abîme entre l'intelligence divine et la nôtre. En effet... Le débat est-il clos cependant ? Non car si Dieu peut faire ce qu'Il veut devant notre misère, Il ne peut aller à l'encontre de sa nature. Ainsi, Il ne peut pas être et ne pas être à la fois même s'Il est tout-puissant ; il est. Tout se justifierait car le Coran ou la parole de Dieu ne pourrait pas se tromper, étant incréé. Osons donc approfondir cette argumentation. Dans le prochain article, nous montrerons que cet argument implique une contradiction insoluble et pose un problème fondamental aux musulmans. 


1 Il existe des objections classiques qui malheureusement peuvent facilement être réfutées pour incompréhension du Coran, erreurs d'interprétation ou traduction du Coran erronée. 
2 Référence du Coran : numéro de la sourate suivi du numéro de versets. Les versets sont tirés du Coran traduit par Jean Grosjean, éditions Philippe Lebaud, collection Points-Sagesse (1979), cités par Laurent Lagartempe dans Petit Guide du Coran, éditions de Paris, 2003.

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