Fra Angelico et les maîtres de la lumière, « un moment de grâce, de couleurs divines, de constructions savantes » (P.Verdy, A.F.P.).
Parfois, peu de choses suffisent pour comprendre l'essentiel. Certes, il est utile et nécessaire, surtout en ce temps d'égarement et d'activisme, de déceler les erreurs et d'y réfléchir, de les dénoncer et de les démonter, mais il ne faut pas non plus oublier de souligner le vrai, de montrer le bien et d'acclamer le beau. Nous avons peut-être tendance à imiter certains journalistes qui semblent ne trouver leur fondement que dans la misère et la souffrance ici-bas. L'exposition « Fra Angelico et les maîtres de la lumière » qui a eu lieu récemment au musée Jacquemart-André est une brillante réponse à tous ceux qui usent de l'art et en abuse pour des intentions certainement peu avouables.
Que pourraient répondre en effet Antoine Artaud ( cf article) et ses disciples devant cet art sublime, fait de lumière et de quiétude, qui se laisse admirer dans de petites salles par une foule nombreuse ? Ils affirment que l'art ne peut exprimer la réalité. Par leurs peintures, Fra Angelico (1387-1455) et les peintres prestigieux (1) qui l'ont côtoyé font plus que représenter le monde visible. C'est l'insaisissable qui transparaît dans leurs tableaux. La foi se voit, se sent, se touche. Sans difficultés, l'âme se sent élever aux plus belles vérités et à des demeures inaccessibles aux communs des mortels.
Selon la théorie de la cruauté, le théâtre doit provoquer des traumatismes et des chocs pour atteindre efficacement le spectateur. Quelle erreur quand nous songeons à la joie qui resplendit sur les visages de ces hommes et de ces femmes enthousiasmés par les peintures de Fra Angelico ! Qui peut demeurer impassible devant ces merveilles d'art ? Car nous touchons à l'ineffable ! L'âme sort de l'exposition apaisée, rayonnante et fortifiée. La beauté si proche et si pure nous transporte loin des vanités et des mensonges de ce monde.
Quand Antoine Artaud et ses compères veulent déconstruire l'homme, Fra Angelico le construit et l'élève dans un ravissement rarement atteint. Tout dans les peintures exposées est presque d'une perfection inégalable : le beau, le vrai et le bien. Nous pouvons dire qu'après ce passage dans le divin, nous avons le pressentiment, peut-être erroné, d'avoir changé et progressé en bien. Est-ce une illusion ou la marque d'un véritable art ? S'ils parviennent à tant de bienfaits, pouvons-nous dire que Fra Angelico participe à l'œuvre de la création tant il a bien usé des dons que Dieu lui a donnés pour sa plus grande gloire ?
Dans le monastère de Florence, les fresques de Fra Angelico avaient pour rôle d'aider les dominicains à méditer sur les mystères de Dieu. Nous avons eu la chance et la joie à notre tour de contempler certaines de ces œuvres, et nous pouvons comprendre toute leur pertinence et la richesse de cette méditation. L'art apparaît dans toute sa grâce et facilite la prière tant il nous fait découvrir ce que les mots sont bien faibles à exprimer...
Alors, aux disciples des théâtres misérables qui nous affligent et autres spectacles morbides, nous leur demandons de quitter les ténèbres et de goûter à la lumière et à la pureté de la peinture de Fra Angelico. Ils auront peut-être la grâce de se convertir. Car l'âme ne peut rester insensible à tant de merveilles...
Selon un gardien du musée, certains visiteurs restaient de longues heures dans l'exposition et finissaient par lui avouer qu'ils avaient découvert ou retrouvé la foi...
Deo gratias…
« De la Vierge en majesté à la Vierge d'humilité, il donne la pleine mesure de son talent en parant la Sainte de splendides drapés, en la baignant dans un flot de lumière dorée et en conférant à son visage beauté et bonté […] Et lorsqu'il grimpe aux cieux pour immortaliser le Jugement dernier, l'Ascension ou l'Assomption […], sa maîtrise de la lumière prend une dimension mystique : ses tableaux resplendissent d'une lueur intrinsèque, les couleurs chatoient et les dorures éblouissent. Cela ne fait aucun doute, l'exposition Fra Angelico nous ouvre les portes d'un paradis qui brille de mille feux...» (Cécile Duclos, www.latoiledepandore.fr)
1 Loranzo Monaco, Masolino, Paollo Uccello, Filippo Lippi, Zanobi Strozzi
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