" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 29 décembre 2017

Les leçons de la pré-réforme du XVIe siècle, besoin d'une réforme plus adaptée

Au XVIe siècle, un mouvement de redressement religieux anime de nombreux monastères et Ordres religieux. Il s’inscrit dans un mouvement plus vaste que certains historiens ont appelé « pré-réforme ». Mais s’il parvient à faire renaître un certain éveil religieux, il demeure localisé et en outre provoque en réaction, par ses maladresses et ses désillusions, un fort mouvement anti-monastique, y compris au sein des monastères. Il s’oppose en outre à une autre conception du christianisme qui anime aussi un autre mouvement en quête de réforme, celui de l’humanisme chrétien. Proches par les moyens employés et hostiles aux mêmes adversaires, ces deux mouvements demeurent néanmoins radicalement opposés par leurs intentions. La confrontation est alors inévitable. Enfin, fragile et peu durable, ce redressement n’évite pas la naissance et la progression d’une autre « réforme », ou plutôt d’une révolte puis d’une révolution religieuse, le protestantisme.

À partir du milieu du XVIe siècle, l’Église catholique doit non seulement combattre les abus qui l’affligent mais également raffermir la foi et s’opposer à l’extension du protestantisme. Elle entreprend à son tour un vaste et profond mouvement de redressement religieux, cette fois-ci plus efficace et étendu. Cette nouvelle réforme s’inscrit aussi dans un mouvement dynamique catholique plus global et plus profond, c’est-à-dire dans une véritable réforme catholique. Elle est incontestablement une réussite. La vie religieuse s’épanouit de nouveau jusqu’au jour où de nouveau, elle commencera à décliner…

Depuis les premiers pas dans le désert de Saint Antoine et des premières fondations monastiques en Gaule, le monachisme a en fait connu de nombreuses réformes au cours des siècles. De ces renaissances a toujours découlé un véritable progrès dans la vie religieuse et conduit à de nouvelles fondations, de nouvelles congrégations, de nouvelles formes de vie religieuse. De même, l’Église a aussi connu des périodes de déclin et d’apogée. Après une période de crise, elle se redresse plus vaillante et fervente avant de retomber dans de nouveaux travers. La réforme grégorienne puis la réforme tridentine en sont des exemples.

L’histoire de l’Église soulève ainsi la question de la réforme dans le christianisme, question qui demeure encore pertinente encore de nos jours, temps de crise et de désordre, de doute et d’amertume, voire de nostalgie. L’abbé de Rancé, le fondateur des Trappistes, peut nous aider à mieux comprendre la nécessité de la réforme dans l'histoire de Église. « Tant ce que l’on est demeuré dans ces premières règles, les choses ont prospéré et ont reçu une bénédiction toute particulière : il a protégé ses œuvres, il les a soutenues, il les a augmentées ; et l’expérience ne nous a trop appris qu’aussitôt qu’on a quitté les vues des Fondations, qu’on a suivi d’autres maximes et qu’on s’est fait des chemins qu’ils n’avaient point connus, les institutions les plus saintes ont dégénéré et se sont affaiblies ; en un mot, la sagesse humaine n’a fait que gâter ce qui était établi et qui ne devait subsister que par sa divine Providence. »[1] Pour mieux comprendre ses propos, nous allons nous interroger sur les échecs de la pré-réforme…

Retour à la pré-réforme

Rappelons d’abord les points qui caractérisent la pré-réforme et que nous avons pu identifier dans nos précédents articles. Elle se présente comme un ensemble d’initiatives locales, que soutiennent parfois des Papes, des évêques, des rois ou des autorités laïques, pour répondre à un relâchement général de la vie monastique suite à des épreuves douloureuses, à la dévastation et à la ruine des monastères, à une dépopulation et à une perte d’indépendance ou d’autonomie au profit des puissances du moment. Des événements extérieurs conduisent donc à un relâchement de la discipline. En dépit de l’autonomie plus ou moins grande des monastères, la vie monastique est influencée par les mouvements qui agitent la société. Ce relâchement provient aussi d’une adaptation progressive de la Règle par la mise en place de coutumes qui finissent par éloigner les moines de leur vocation première. La discipline s’assouplit. Les abus proviennent donc de causes externes et internes.

Une remise en cause des habitudes prises



 
La pré-réforme est marquée par un désir de retour aux origines. Conscients des abus, les réformateurs veulent revenir à la Règle et la faire respecter. Par conséquent, ce qui est contraire aux premières intentions des fondateurs est supprimé. Il ne s’agit pas, contrairement à ce que pense Érasme, à une vénération abusive à l’égard d’un fondateur, un Saint Benoît, un Saint François ou un Saint Dominique, qui prendrait la place du Christ. Il s’agit plutôt de revenir au véritable esprit monastique qu’exprime la Règle, c’est-à-dire à la renonciation de sa volonté propre afin de se livrer tout entier au Christ. Or, les textes coutumiers traduisent une volonté d’adaptation, d’assouplissement, de remises en cause. L’abandon de soi a alors perdu de sa valeur au cours des siècles. Les abus tant décriés par Érasme lui-même sont les fruits amers de ce relâchement. Ainsi il y a une volonté de retour aux origines pour épurer de la vie religieuse tout ce qui a pu l’affadir et la faire dégénérer afin de retrouver la première ferveur, et au-delà le sens premier du monachisme. Et par conséquent, les mesures réformatrices impliquent une remise en cause d’habitudes qui se sont accumulées depuis quelques siècles.

La pré-réforme tente aussi de réagir face à des déviations. Que devient la vie monastique si les moines sont plus souvent dans des universités que dans leur couvent ? Que devient leur solitude si la clôture n’est pas respectée ? Et le silence, comment peut-il être fructifiant si le monde finit par entrer dans les monastères ? Ainsi, les réformateurs s’opposent à l’intellectualisation des moines, à leur participation à la vie sociale, bref à tout ce qui entache l’identité du moine.

L’adaptation aux nouveaux besoins religieux

Dans la pré-réforme, il y a aussi une certaine modernité, c’est-à-dire une adaptation aux nouveaux besoins religieux. L’individualisation de la vie monastique ou encore la méditation personnelle au détriment de la prière collective et des offices dans le chœur en sont sans-doute les aspects modernes les plus caractéristiques. Les dortoirs disparaissent au profit des cellules individuelles. L’invention de l’imprimerie, qui permet à chaque moine de disposer des livres spirituels, notamment la Règle, modifie les comportements. Cette modernité se traduit aussi par la prise en compte de la nationalisation du monde chrétien, c’est-à-dire de l’émergence des États, de la mise en place de frontières, notamment celles de la langue. Ainsi les réformateurs prennent en compte plus ou moins consciemment du nouveau visage de la société. Tout en prônant le retour aux origines, la pré-réforme s’adapte, tentant de lier tradition et modernité.

Une résistance aux réformes

Néanmoins, usant des moyens parfois peu pertinents, voire peu louables, et enclin à des maladresses, les réformateurs ne réussissent pas à s’imposer. Leur échec relatif s’explique aussi par une forte opposition des moines, dits « déformés ». Bien des communautés résistent aux tentatives de réforme, à un retour de la discipline, à la fin des privilèges. Il n’est pas facile de quitter des habitudes si longtemps admises. Il est encore plus difficile d’admettre que ce qui a été longuement toléré puis accepté soit désormais condamnable. Cette opposition conduit alors à des incidents, voire à des affrontements. Des religieuses refusent la clôture qu’on veut leur imposer. Certaines en appellent au pouvoir laïc, d’autres préfèrent user de la force. Les réformateurs s’imposent aussi parfois par l’intervention de la force armée. Ainsi, une réforme peut faire face à une résistance et donner lieu à des conflits, voire à des scandales. La charité peut alors être cruellement blessée. Et si la charité est atteinte, comment la réforme peut-elle gagner des cœurs et des âmes ?

Pour l’imposer, les réformés ont en outre tendance à s’appuyer sur le soutien du pouvoir et sur le régime de la commende, les abbés commendataires étant davantage de leur côté. Ils en viennent à refuser l’élection libre des abbés afin d’éviter qu’un moine « déformé » dirige un monastère. Nous constatons alors une contradiction terrible qui ne fait qu’aggraver la situation et multiplier les conflits. Dans le but de réformer un monastère, les réformateurs en viennent à défendre le régime de la commende, et donc à réduire l’indépendance du monastère. Mais ont-ils d’autres choix ?

Une expérience décevante

Le réveil religieux peut aussi donner lieu à des désillusions. De nombreux humanistes ont cru que les réformes mises en place allaient répondre à leurs souhaits, voire à leurs idéaux. Mais rapidement, ils s’aperçoivent de leurs erreurs. Les valeurs que défendent les réformateurs s’opposent fortement à celles des humanistes et à la Renaissance. Leur réaction sera alors vive, à la hauteur de leurs déceptions. Ils quittent les monastères et les attaquent par des écrits virulents, souvent calomnieux. Leur ironie est effroyablement redoutable. Mais si le monachisme est remis en cause, souvent de manière malhonnête, il faut en voir les causes non dans la vie monastique en elle-même mais dans cette désillusion. Pour comprendre les attaques d’Érasme, il faut d’abord l’interroger et saisir ses déceptions.

En position de faiblesse

Et qui peut répondre à leurs mensonges ? Comment les moines peuvent-ils en effet répondre efficacement à leurs ouvrages puisqu’ils ont décidé de fuir le monde des lettres et de la culture ? Lorsque les protestants vont à leur tour s’attaquer au monachisme, ils seront aussi impuissants à leur opposer des arguments efficaces. Les conflits qui les opposent aux « déformés » et les scandales qui ternissent leurs images ne peuvent qu’aggraver la situation. Les adversaires de la vie monastique sont ainsi en position de force.

Ainsi, le temps n’est pas propice à la réforme des religieux. Elle peut naître dans un monastère ou dans une région mais elle ne peut se répandre. Les obstacles sont trop nombreux. Et peu à peu, elle perd ses soutiens. Son prestige diminue…

Une grande attente chez les fidèles

La pré-réforme éloigne aussi les fidèles de la vie monastique, et parfois de manière brutale. Or la dévotion demeure grande chez les fidèles. L’examen de conscience et l’oraison mentale se développent dans la population. Certes, la superstition dénature certaines pratiques, comme le culte des saints et des reliques, mais la ferveur religieuse est encore bien réelle. Une forte majorité de la population est authentiquement chrétienne. Les pèlerinages sont nombreux. La prédication attire encore beaucoup de monde. Et parallèlement à cette ferveur, de nombreux chrétiens ne se comportent guère chrétiennement. Faut-il alors dénoncer une certaine hypocrisie ? Nous ne le pensons pas. Nous y voyons plutôt un  profond déséquilibre spirituel. La guerre de religion qui va s’abattre sur l’Europe en sera la funeste manifestation. Le sang et la croix se côtoient allègrement. Les Chrétiens ont en fait besoin de guides et de lumières. Ils ont besoin d’être encadrés et formés. Livrés à eux-mêmes, ils se livrent à tous les excès et à toutes les influences. Avec la Renaissance et l’humanisme, leur regard a tendance à se tourner vers eux-mêmes alors qu’un profond besoin spirituel les tourne vers le ciel.

Qui pourrait alors aider ces chrétiens entraînés par tant de contradiction ? Les théologiens ? Comme nous l’avons constaté, ils sont trop éloignés de leurs préoccupations avec leurs débats stériles. Ils ne peuvent répondre à leur soif spirituel. Les moines ? Derrière leur clôture, refusant toute relation avec les fidèles laïcs pour respecter davantage leur Règle, les moines réformés ne peuvent pas non plus répondre à leurs besoins. Au contraire, ils s’éloignent de leurs inquiétudes. Leurs intentions sont hautement légitimes et louables. Leur popularité décroit inévitablement…

Un grand besoin spirituel

Le désir de réforme est vivement ressenti dans la population chrétienne. Elle demande une plus grande ferveur dans l’Église, une plus grande fidélité à la Parole de Dieu, et surtout la fin des scandales. Les discours de Luther sont ainsi largement entendus par une catégorie de population alors que, finalement, Luther ne souhaite aucune réforme. Il manifeste les contradictions qui secouent la société et pris par un orgueil démesuré, il a apporté la révolution. Comme Érasme, il s’est aussi égaré dans la voie monastique, croyant y trouver les remèdes de ses maux. Ces deux personnages portent en eux les réponses à nos questions. En embrassant la vie religieuse, ils ont voulu répondre à un besoin.

Impulsif, Luther cherche dans le monastère à apaiser les tourments qui affligent. La peur de la damnation l’obscène. Sa formation intellectuelle, très volontariste, et la dévotion moderne, très individualiste, le laissent seul devant la question fondamentale : le salut de l’âme. Il voit alors chez les chanoines réformateurs la voie qui pourrait lui permettre de se sauver. Un homme si zélé et fervent ne peut en effet se tourner vers ceux qui représentent le mieux l’idéal du religieux. Certes, il est un chanoine exemplaire, fidèle à la Règle, mais il en oublie l’esprit, l’esprit religieux, c’est-à-dire l’abandon de sa propre volonté. Il s’abîme dans l’ascèse et s’enorgueillit au fur et à mesure de ses pénitences. Constatant ces échecs, il se tourne alors vers les « déformés ».

Fervent humaniste, Érasme est entré dans la vie monastique, malgré lui selon certains commentateurs. Néanmoins, au début, il le compare à un jardin paradisiaque. En effet, la solitude et le silence lui plaisent. C’est idéal pour mener ses études et s’oublier dans les livres anciens. Or, les réformateurs rappellent que le moine ne gagne pas son salut par les livres ou par l’érudition. Constatant les abus dans ce domaine, ils ont violemment rejeté l’étude des lettres et des sciences de leur monastère. La désillusion est alors terrible pour Érasme.

Le drame de cette époque est l’absence de réponse adéquate aux besoins spirituels d’un grand nombre de chrétiens. La seule voie qui leur est proposée à leur époque, capable de répondre aux besoins d’authenticité et de ferveur, est la voie des réformateurs monastiques. Elle est la voie la plus attrayante aux premiers regards. La renaissance religieuse attire de nombreuses âmes en quête de renouveau. Or les réformateurs veulent un retour au vrai esprit monastique, c’est-à-dire à l’abandon de la volonté propre pour s’emplir de Dieu en quittant le monde. Mais tous ne peuvent pas prétendent à en suivre les exigences. La voie leur est trop dure, trop brutale. Elle n’est pas réservée à tous les Chrétiens. En un mot, c’est une véritable vocation. Nombreux sont alors les moines qui désertent ou apostasient. Or, à cette époque, il n’existe pas vraiment d’autres solutions. Il faut les inventer. Et certains s’y attellent…

Besoin d’une réforme plus globale

Quelles que soit la qualité des réformes monastiques entreprises dès le XVIe siècle, l’Église demeure encore en proie à des abus et à des difficultés. Pire encore. Des abbés commendataires, que défendent les réformateurs, ne sont guère à la hauteur des exigences chrétiennes. Et quand la réforme n’intéressera plus les pourvoyeurs de bénéfices, les mesures réformatrices ne seront qu’un vague souvenir.

Et le fidèle perçoit-il réellement le réveil religieux dans les monastères ? La clôture les éloigne de cette renaissance. Et dans les églises, les moines se sont éloignés d’eux. Que peuvent-ils penser de ces religieux devenus plus distants ? La pré-réforme n’apparaît alors à leurs yeux qu’au travers des incidents qui opposent réformés et déformés.

La plupart des Chrétiens n’y croient plus à la réforme. Les abus religieux, ce qui était communément accepté, est désormais mis au pilori. À mesure que la prise de conscience s’élève, le niveau de tolérance se réduit à l’égard des moines indignes. Ils sont donc plus réceptifs aux discours de leurs adversaires, même si ces derniers généralisent trop facilement et sont excessifs dans la description des abus. Les images caricaturales font davantage d’effets dans une population de plus en plus sévère. L’anti-monachisme ne fait qu’accentuer la colère et le mépris à l’égard de la vie monastique.

Conclusion

L’échec relatif de la pré-réforme monastique est très instructif. En dépit des bonnes intentions et des succès locaux, d’une renaissance religieuse manifeste, les réformateurs ne parviennent pas à répondre aux besoins spirituels de leurs contemporains. Les obstacles à leurs réformes et les résistances ainsi que leurs maladresses sont nombreux et entraînent des conflits, parfois violents, qui ternissent leur image. La charité ne brille pas dans ces querelles. Les Ordres anciens traversent alors une crise redoutable. Les querelles entre réformés et déformés risque de les diviser et de les amoindrir encore. L’adhésion à la réforme n’est pas encore suffisante forte et généraliser pour qu’une véritable renaissance élève la vie monastique. Il faudra encore attendre un siècle…

Pourtant, aux premiers abords, la réforme entreprise paraît répondre aux besoins d’un grand nombre de chrétiens, en particulier chez les élites. Elle répond en effet aux besoins d’authenticité, qui fait si cruellement défaut chez les clercs et les évêques. Or, rapidement, ils s’aperçoivent de leurs erreurs. La voie qui leur est proposée ne répond pas à leur vocation. Il faut en effet être appelé à cette vie. En effet, et c’est sans-doute l’origine de nombreuses désillusions, la vie monastique est avant tout une renonciation de soi, dans la solitude et le silence. Il est à l’encontre de l’esprit qui anime la société de l’époque, c’est-à-dire de la Renaissance et de l’humanisme. Conscients des abus et du relâchement dans les monastères, les réformateurs ont cherché à imposer de nouveau l’esprit monastique tout en adaptant les moyens aux nouveaux besoins spirituels les plus acceptables. Or Luther, Érasme et bien d’autres sont bien éloignés de cet esprit. Ils se recherchent eux-mêmes. Leur regard est tout tourné vers eux-mêmes. Mais comment est-il possible d’orienter leur âme vers Dieu si, dans la société, ils sont livrés à eux-mêmes, sans pasteurs dignes et convaincants ? C’est sans-doute tout le drame de ce temps comme du nôtre.

Au XVIIe siècle, l’Église a réussi à se redresser de manière extraordinaire lorsque ses pasteurs, en particulier les Papes, ont mené les efforts nécessaires pour guider de nouveau ses brebis et veiller sur elles. Elle a mobilisé toutes ses forces pour s’attaquer aux abus et aux négligences, pour mener leurs missions que Notre Seigneur lui a données.

Une réforme est donc possible et durable lorsque finalement l’homme se renonce à lui-même pour laisser Dieu le guider vers la voie qu’Il a tracée. Cela ne signifie pas qu’il doit cesser d’agir. Bien au contraire. En s’abonnant à la volonté divine, des forces sont en fait libérées et gagnent en efficacité puisque finalement, en se tournant vers Lui, elles sont en quelques sortes portées par Lui. Elles ne peuvent donc que réussir et soulever des montagnes. La réforme est ainsi nourrie de foi. Elle vit de la charité. Elle est élevée par l’espérance. Aucune véritable réforme ne peut donc naître d’une volonté purement humaine, d’un besoin affectif, intellectuel ou spirituel, encore moins d’un moi exorbitant… C'est toute la leçon que nous pouvons tirer de la révolution religieuse de Luther... Les prières des moines et des moniales, retirés dans leurs cellules derrière leur cloître, apportent ainsi leur concours à toute véritable réforme…





Notes et références
[1] Abbé de Rancé, Lettres spirituelles, 12 août 1673, dans Histoire des Ordres et congrégations religieuses en France du Moyen-âge à nos jours, XIII, Sophie Hasquenoph, Champ Vallon, 2009.

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