Au
XVIe siècle, la vie monastique manifeste une vigueur qui annonce la réforme
catholique. Les Ordres anciens cherchent à se redresser en combattant les abus
et à se transformer pour répondre aux nouveaux besoins spirituels. De nouvelles
congrégations sont fondées, de nouvelles familles religieuses apparaissent.
Pourtant, au même moment, les moines sont méprisés, raillés, ridiculisés au
point qu’aujourd’hui encore, l’image d’archaïsme et d’ignorance leur est
inéluctablement associée. Les critiques des humanistes et des protestants,
qu’ont ensuite reprises les prétendus philosophes des Lumières, semblent
concerner un autre temps et méconnaître le réveil religieux.
Pourtant,
comment pouvons-nous excuser leur ignorance puisque la plupart de ces railleurs
viennent de ces monastères réformés ? Luther a même défendu les fervents
réformateurs des chanoines augustins avant de les abandonner pour mener sa
révolution. Selon certains historiens, les religieux réformateurs seraient à l’origine de la
réformation protestante. Comme nous l’avons noté dans l’article précédent,
Érasme, Rabelais et bien d’autres sont profondément déçus de la vie monastique
qu’ils ont connue. Leurs écrits manifestent leur déception et leurs
désillusions. La restauration de la vie religieuse au XVIe siècle semble alors
provoquer l’antimonachisme …
Des
réformes monastiques limitées
Les efforts menés par les réformateurs demeurent le plus souvent localisés et
ne s’étendent pas à l’ensemble d’un Ordre ou d’une famille religieuse. Nombreux
sont en effet ceux qui demeurent attachés à leur existence, aux coutumes et à
une discipline peu rigoureuse. Les « déformés », comme on les appelle, se défendent contre les prétentions des réformateurs. Les Franciscains
finissent par se diviser et se constituer en deux branches bien distinctes
après une forte rivalité entre les Observants et les Conventuels. « Ce grand mouvement de l’Observance a bien,
comme le dira plus tard Léon X, revivifié un Ordre qui était presque
mort » : il n’a pas réussi à soulever l’Ordre de Saint François en
entier. »[1]
Saint Colette a fondé une nouvelle branche des Clarisses mais elle est
consciente des limites de sa réforme. Elle ne parvient pas à fonder une
communauté dans sa ville natale. Les réformes monastiques demeurent ainsi
fragmentaires et se révèlent inefficaces. Elles sont encore bien plus
impuissantes pour restaurer la vie religieuse dans l’Église.
Depuis
le XIVe siècle, un mouvement se dessine dans les arts et les lettres. Il était
surtout marqué par un retour aux œuvres antiques. On l’appelle « humanisme ». Tout esprit soucieux
de culture ne peut y échapper. Nombreux sont ceux qui recherchent les livres
anciens et rassemblent dans leur bibliothèque ces trésors de l’esprit. Avec
l’invention de l’imprimerie, les chefs d’œuvre gréco-romain se répandent.
Virgile, Cicéron, Plaute, Tacite, et bien d’autres sont au centre des
discussions et bouleversent les milieux intellectuels. Une fièvre s’empare ainsi des
élites, « fièvre de connaissance,
brûlant amour des idées. »[2] Un
véritable engouement pour le latin et le grec agite les intellectuels. Des
Académies, rassemblant ces hommes de culture, se créent d’abord dans les
grandes villes italiennes, à Florence, à Rome, à Naples, à Venise avant
d’apparaître dans toute l’Europe occidentale. De là vient la mode de se
désigner de noms latins ou grecs. Cette soif de connaissance aboutit à un
développement des langues antiques mais aussi des sciences et des méthodes
critiques. Dans tous les domaines, il y a un progrès réel.
Mais
en renouvelant les connaissances et les méthodes, l’humanisme ne touche pas
uniquement le savoir ou la culture. Il apporte une nouvelle conception du monde
et de la vie. L’homme en devient « le
centre unique d’intérêt, la norme de tout, la mesure du monde »[3] au point
d’exalter ses pouvoirs et en faire indirectement un rival de Dieu. En se
tournant de manière excessive vers les œuvres antiques, les humanistes mêlent à
leurs pensées chrétiennes des idées païennes. Cependant, chez certains, le christianisme
prédomine. Ils voient dans ce retour à la culture gréco-romaine un moyen
d’enrichir la foi, voire un renfort dans l’apostolat. Mais chez d’autres, la
tendance païenne finit par supplanter les certitudes traditionnelles,
s’opposant alors au christianisme. Il y a ainsi deux humanismes, un humanisme
chrétien et un humanisme païen.
Or
ces deux humanismes défendent deux conceptions de la vie radicalement
opposées. Selon la vision chrétienne, la nature humaine corrompue par le péché
a besoin du secours de Dieu pour retrouver son intégrité. De plus, l’homme
participe surnaturellement à la vie divine s’il la mérite par ses actes et s’il
reçoit la grâce divine. Selon la vision païenne, la nature est « la condition unique de tout ce qui est sur
la terre, le but de la connaissance et de l’action, le concept de valeur qui
permet d’apprécier ce qui est juste, saint, parfait. »[4] Mais deux
civilisations se rencontrent dans l’humanisme. Face à l’idéal chrétien se
dresse un autre idéal. La vraie grandeur se trouve dans l’homme totalement
affirmé, résolu à parvenir par ses propres efforts à sa fin ultime, à sa
perfection, dans le bien comme dans le mal. Machiavel est certainement l’un des
plus illustres représentants de cet humanisme.
Néanmoins,
certains chrétiens veulent opérer une synthèse entre l’humanisme et le
christianisme. Érasme est l’un d’entre eux. Il rêve d’un christianisme d’un
type nouveau. Rabelais, l’autre humaniste chrétien, nous donne la
maxime de vie de son monastère utopique qu’est Thélème : « Fais ce que tu voudras, parce que, gens
libres, bien nés, bien instruits, ont par nature un instinct et aiguillon qui
toujours les pousse à faits vertueux ! ». Nous retrouvons encore
l’idée d’une nature exaltée, suffisante pour la vertu, ou encore celle de
l’homme qui accomplit toute sa nature, qui va jusqu’au bout de soi, qui « vit sa vie ». Ce christianisme d’un
type nouveau se repose sur la confiance en l’homme. Il n'est plus tourné vers la
nature humaine créée par Dieu à son image, une nature inclinée vers le beau et le
bien, une nature dont l’épanouissement nécessite la grâce divine. Érasme défend
une religion accueillante et paisible, dans lequel prend toute sa place le
libre arbitre de l’homme. Il veut par conséquent changer profondément le
christianisme de son époque. L’Utopie de Saint Thomas More en est aussi une
illustration.
Ainsi,
les deux humanismes, chrétien et païen, ne peuvent que réagir contre une vision traditionnelle du
christianisme dont les meilleurs représentants semblent être les religieux en
quête de réforme. La renaissance du monachisme provoque alors leur
anti-monachisme.
Or,
tout semble rapprocher les humanistes chrétiens et les moines réformateurs.
Chacun cherche en effet à retourner aux origines et s’oppose aux abus qui
dénaturent le christianisme. Chacun veut retourner à l’authenticité de la
vie religieuse et refuse les signes extérieurs qui s’accumulent sans véritable
conviction. Chacun veut répondre aux nouveaux besoins religieux. La méditation,
la contemplation individuelle, la dévotion moderne, bref l’individualisation de
la vie monastique défendue par les réformateurs devraient convenir aux humanistes chrétiens. Ils devraient
aussi se rejoindre dans leur opposition commune à la scolastique desséchante, à
un monde universitaire peu attrayant pour les lettrés. Ces points communs
expliquent probablement l’entrée de nombreux humanistes dans la vie monastique.
Érasme est un ancien chanoine régulier d’une congrégation réformée, la
congrégation de Steyn. Rabelais est un franciscain de l’Observance. Et le grand
humaniste Lefèvre d’Étaples a voulu entrer dans le monastère réformé de
Saint-Germain-des-Prés. Ils participent même aux réformes comme Gilles de
Viterbe dans l’ordre des Augustins.
Comme
nous l’avons déjà noté, la réforme monastique se caractérise par une dimension
individuelle et par la valorisation de la culture monastique différente de la
culture universitaire. Ce deuxième point ne peut donc satisfaire les
humanistes. Mais ce ne sont que des moyens pour atteindre un idéal, un idéal de perfection qui se fonde
principalement sur le renoncement de leur propre volonté, le respect des vœux
et sur la vie de prière en union avec Dieu. Nous retrouvons donc l’idéal des
premiers moines. Il y a donc bien un retour aux origines de la vie monastique. Et là se trouve l'abîme qui sépare les réformateurs et les humanistes. Car, le sacrifice de soi est radicalement contraire au volontarisme que prônent les
humanistes.
Le
cloître attire aussi de nombreux humanistes qui, loin des tourments du monde,
peuvent se consacrer aux loisirs des Belles Lettres. Érasme loue le cloître,
véritable « jardin des délices »[5]. Or
rapidement, ils constatent que les monastères réformés bannissent les humanités
et les ouvrages anciens. Les réformateurs leur rappellent qu’il faut être des chrétiens et non des cicéroniens. Les religieux réformés se méfient en effet de
toute étude intellectuelle qui affadie la piété. Ils veulent avant tout être
des hommes de prière et de méditation. C’est pourquoi le saint le plus souvent
cité comme modèle est Saint Jérôme, cet érudit qui a fini par abandonner ses
ouvrages pour se consacrer entièrement à la vie religieuse. « Non, tu n’es pas chrétien, tu es
cicéronien. », lui dit une voix dans son sommeil. Dans certaines
congrégations réformées, comme celles de Valladolid ou de Saint Justine de
Padoue, il est interdit aux moines de prendre des grades universitaires. Il y a
bien une opposition radicale entre les réformateurs et les humanistes.
« Réformé »
et « déformé »
La
réforme n’est pas une chose aisée à mener dans un monastère. Ce n’est pas parce qu’une forte personnalité
ou un saint homme cherchent à réformer un monastère que les moines vont le suivre spontanément ou que d’autres monastères du même Ordre vont l’imiter. Des religieux n’y
adhèrent pas, y compris dans les maisons où ils sont minoritaires. Il est en
effet bien difficile de quitter ses habitudes, surtout lorsqu’elles ne paraissent
pas anormales ou abusives, encore plus les particularismes de certains
monastères. Certains veulent aussi demeurer fidèles aux textes coutumiers,
c’est-à-dire les coutumes et les statuts. Ce ne sont pas simplement des textes
qui définissent la vie communautaire et adaptent la Règle selon les
circonstances. Ce sont aussi des documents qui justifient leurs droits et leurs
privilèges. Ainsi des luttes opposent les « réformés » et les « déformés », entre Les défenseurs de la Règle et les bénéficiaires de la coutume,
les premiers au nom de la réforme, les seconds au nom de leurs intérêts
particuliers. Les uns en viennent à idéaliser la Règle, les autres à justifier
sa nécessaire adaptation.
Les
« réformés » se présentent surtout
comme les ardents défenseurs d’une véritable vie monastique et décrivent les
« déformés » comme de
dangereux moines, souillés par le mal, comparables aux pestiférés. Ce sont
alors des bêtes à traquer et à expulser. Les « réformés » peuvent alors apparaître comme de
moines fidèles à leur vocation au contraire des « déformés ». Mais leurs adversaires les décrivent aussi comme
des sectaires, enfermés dans leurs prétentions, se croyants les meilleurs.
En outre, un pressent besoin de réforme est vivement ressenti aussi bien dans la société que dans l’Église, en particulier chez les humanistes. Or « l’urgence de la réforme ne s’impose pas parce qu’il y a plus d’abus qu’auparavant mais parce qu’il y a un désir de réforme, un désir de conversion généralisé qui explique que, dans le climat donné de l’époque, ce qui était peut-être jusqu’alors admis est désormais jugé comme étant totalement inadmissible. Car s’il y a des abus sans réforme, il n’y a jamais de réforme sans qu’elle désigne ces abus. »[6] Par conséquent, le « réformé » apparaît comme le meilleur moine, le « déformé » comme le pire des moines. Disons que le « réformé » est nettement plus exigeant que le « déformé ».
En outre, un pressent besoin de réforme est vivement ressenti aussi bien dans la société que dans l’Église, en particulier chez les humanistes. Or « l’urgence de la réforme ne s’impose pas parce qu’il y a plus d’abus qu’auparavant mais parce qu’il y a un désir de réforme, un désir de conversion généralisé qui explique que, dans le climat donné de l’époque, ce qui était peut-être jusqu’alors admis est désormais jugé comme étant totalement inadmissible. Car s’il y a des abus sans réforme, il n’y a jamais de réforme sans qu’elle désigne ces abus. »[6] Par conséquent, le « réformé » apparaît comme le meilleur moine, le « déformé » comme le pire des moines. Disons que le « réformé » est nettement plus exigeant que le « déformé ».
Ainsi
en une époque où la quête de salut est grande, les monastères réformés
apparaissent comme la meilleure voie pour tous ceux qui soucieux de leur âme.
Or comme nous l’avons déjà évoqué, les réformes monastiques sont éphémères ou
localisées. Elles ne s’imposent pas au XVIe siècle. Comment pouvons-nous expliquer ce relatif échec ?
Le
relatif échec de la réforme monastique
Selon les commentateurs,
notamment Jean-Marie Le Gall, l'échec s’explique par la manière avec laquelle ils
imposent la réforme. Certains, majoritaires dans leur monastère, expulsent les
moines récalcitrants, voire en appellent aux forces de l’ordre. Des privilèges, même mineurs, que des monastères ont gagnés et toujours défendus sont subitement supprimés. Le port de
l’habit rouge dans certaines maisons de chanoines réguliers est ainsi interdit.
En imposant la Règle, tombée en désuétude, les réformateurs uniformisent la vie
religieuse des monastères d’un même Ordre, ce qui peut être considéré par les
« déformés » comme une
violation des coutumes et de l'identité de leur monastère. Or certaines coutumes étaient peut-être recevables. Elles ne méritaient peut-être pas autant de mépris. Ces méthodes radicales soulèvent l’adversité. Les « déformés » contestent aussi les procédés pour nommer les abbés. Le choix par élection leur est refusé. Ils
s’opposent notamment à la pratique de la commende que d fendent les réformateurs. Cette pratique va même à l'encontre de la Règle.
Le
régime de commende, que nous avons défini dans l’article précédent, n’est pas
une si mauvaise chose au XVIe siècle tant que les abbés commendataires
soutiennent les réformateurs. Bien qu’ils ne soient pas moines, les
commendataires sont soucieux de leur vie spirituelle. Il faut
souligner qu’à cette époque, les moines réformés sont puissamment aidés par les
abbés commendataires et soutenus par les rois. Ils acceptent ainsi le Concordat
de Boulogne par lequel le roi de France obtient le droit de nommer les abbés
car, disent-ils, il nommera de bons abbés. Cette imposition de la réforme par
la hiérarchie est alors mal vécue. Certes, le régime de la commende a permis de
répandre les mesures de réforme en plaçant des réformateurs comme abbés
commendataires, mais que se passera-t-il quand le roi ne pensera guère au bien
spirituel des moines ou quand le commendataire ne cherchera qu’à profiter des
revenus de ces biens ? Ainsi en refusant de s’opposer systématiquement à
cette pratique, les réformateurs la banalisent sans le vouloir. La commende
finira par détruire ce pour quoi elle a été favorisée, c’est-à-dire la réforme
monastique.
Les
« réformé » et les « déformés » sont donc en proie à une
forte opposition, qui parfois peut les conduire à des procès, voire à des confrontations violentes. Les divisions sont alors fortes dans les Ordres religieux. Certains parviennent à sauvegarder leurs unités, comme les Dominicains, d’autres finissent par
se diviser comme les Franciscains. Mais une telle lutte peut faire scandale… La
population locale ne peut guère alors apprécier ces étrangers, que sont généralement les réformateurs, qui viennent
semer la pagaille ans les monastères alors que les « déformés » leur rendaient bien
service. Ainsi les querelles entre les moines, entre « réformés » et « déformés » a pour conséquence une perte de crédibilité des religieux. C’est sans-doute ces luttes que critiquent Érasme. Mais contrairement à ce qu’il dit, ce n’est ni l’ambition ni le besoin de se distinguer qui expliquent ces conflits. L’enjeu est bien plus élevé.
Enfin,
si la réforme s’impose dans un monastère, elle ne s’enracine pas toujours. Elle
s’étiole progressivement. Ainsi les monastères réformés peuvent retomber dans
l’irrégularité. Les exemples de monastères qui retombent dans le scandale après avoir été réformés aggravent encore la déconsidération du monachisme.
Finalement,
la réforme monastique du XVIe siècle ne s’étend guère sur tous les monastères.
Elle demeure localisée. Il faudra attendre le siècle suivant pour voir naître
de grandes congrégations monastiques réformées. Cet échec peut alors expliquer
la désillusion de ceux qui se sont investis ans ce mouvement et ont crus en la renaissance de la vie religieuse. Le doute et la désillusion gagnent leur esprit. Certains d’entre eux verront le remède dans le
protestantisme …
Conclusion
Les
« réformés » en dénonçant
les abus des moines « déformés »
n’ont-ils pas indirectement nourri l’antimonachisme ? Leurs
confrontations n’ont-elles pas nui à l’idéal monastique qu’ils défendaient ?
En insistant sur l’importance de la Règle et en prétendant vivre dans un état
de perfection, n’ont-ils pas scandalisé certains chrétiens ? Était-il
judicieux de s’appuyer sur des autorités politiques ou religieuses pour imposer
la réforme, autorités dont certaines ne brillent pas par la réforme de leurs mœurs ?
De nombreuses maladresses expliquent sans-doute les critiques d’un Érasme ou
d’un Rabelais. Une réforme peut en effet échouer par les moyens mis en œuvre
pour la mener et par les divisions qu’elle peut alors créer. L’exemple du XVIe
siècle montre qu’elle peut même s’avérer dangereuse et contre-productive.
Mais la déception des humanistes vient surtout d’un malentendu. Certains
humanistes sont entrés dans un monastère réformés, espérant poursuivre librement leurs
études de manière sereine. Ils le voient comme l’endroit idéal pour leurs
humanités, ou encore le lieu propice à un retour tant rêvé vers un passé vénérable, loin de la
détestable université. Mais, la réalité est toute autre. Quelle
déception ! Les abbés leur demandent de renoncer à eux-mêmes ! Le
contraire de ce qu’ils recherchent ! Ils perdent rapidement leur
enthousiasme lorsqu’ils découvrent leurs illusions. « La révélation est cruelle et douloureusement vécue. Elle les conduit
souvent à l’apostasie de cléricature, voire parfois de foi et à une critique
antimonastique virulente. »[7]
Érasme,
Rabelais et bien d’autres, ont ainsi cru faire cohabiter la vocation
monastique, que les réformés tentent de restaurer, et l’esprit humaniste, ou
encore concilier l’amour de Dieu et l’amour des Lettres ? En abandonnant
son habit, Érasme montre publiquement que cela n’est pas possible. Il ne peut
être à la fois lettré et régulier. À partir de ce moment, il se montre
particulièrement dur et acerbe contre les moines. Il peut alors user des
maladresses des moines « réformés » et des scandales qu'ils provoquent pour attaquer le monachisme en lui-même. Cela ne cache pas le véritable motif
de leur combat. Il ne peut comprendre qu’un moine renonce à lui-même et que
c’est par cette renonciation qu’il peut mieux répondre à l’amour de Dieu… Es-tu
chrétien ou cicéronien ? …
Notes et références
[1] Daniel-Rops, L‘Église de la Renaissance et de
la Réforme, une Révolution religieuse : la révolution protestante,
III, Fayard, 1955.
[2] Daniel-Rops, L‘Église de la Renaissance et de la
Réforme, une Révolution religieuse : la révolution protestante,
IV.
[3] Daniel-Rops, L‘Église de la Renaissance et de
la Réforme, une Révolution religieuse : la révolution protestante,
IV.
[4] Daniel-Rops, L‘Église de la Renaissance et de
la Réforme, une Révolution religieuse : la révolution protestante,
IV.
[5] J. Chomarat, Pourquoi Érasme s’est-il fait
moine ?, dans Actes du Colloque national Erasme,
Tours 1986.
[6] Jean-Marie Le Gall, La
vie monastique au temps des réformes, Journées-Rencontres sur les tapisseries,
23-24 septembre 2006.
[7] Sophie Hasquenoph, Histoire
des Ordres et congrégations religieuses en France du Moyen-âge à nos jours,
XIII, Champ Vallon, 2009.
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