Dans des
articles anciens[1], nous
avons étudié de manière simple et rapide une des sciences majeures de notre
monde moderne : la physique quantique. En dépit de sa complexité, nous avons
voulu aborder cette matière. Il n’est pas en effet judicieux de vouloir parler
de la Création sans nous tourner vers la science qui tente de la décrire, voire
d’en expliquer l’origine. En outre, certains adversaires de la foi s’appuient
sur des conclusions scientifiques pour l’attaquer et remettre en cause le
christianisme. Sans avoir de telles intentions, certains de nos contemporains
peuvent être troublés par les discours scientifiques au point de refuser de
croire ou de perdre une foi déjà fragile. Il est donc important de connaître ce
discours. Nous suivons en fait les pas des écrivains apologétiques qui nous ont
précédés. L’étude de la science quantique a aussi été riche en enseignement.
Une autre théorie
a également émergé au XXe siècle au point de devenir aujourd’hui inévitable :
la théorie de la relativité. Elle est souvent évoquée pour décrire l’univers.
Comme la physique quantique, certains penseurs l’utilisent pour justifier un
discours hostile au christianisme. La relativité ne relève-t-elle que de l’ordre de
la science ? N’est-elle pas aussi valable dans l’ordre de la pensée et de la vérité ?
Elle a aussi la particularité de traiter la notion du temps. Or cette notion
est au coeur de l’évolutionnisme, une idéologie omniprésente et
mensongère, si contraire à la foi. C’est pourquoi depuis quelques articles,
nous étudions cette notion. Il est donc devenu inévitable d’aborder la théorie
de la relativité[2].
Comme dans
l’étude de la physique quantique, nous ne chercherons pas à nous encombrer de
formules. Nous ne chercherons pas non plus à vulgariser la théorie de la
relativité même si un tel danger est parfois difficile à éviter. La
vulgarisation est en effet dangereuse car à force de simplifier des théories
pour être comprises, nous finissons par les adapter au regard de l’opinion ou
à une philosophie particulière au point de colporter, voire confirmer, des
préjugés. Or, parfois, la science nous fait modifier notre façon de penser. Il
faut aussi prendre le recul nécessaire pour mieux juger les principes et les
interprétations d’une théorie. Or pour cela, il faut parfois être précis et
approfondir des notions que l’effort de vulgarisation ne permet pas. Notre
objectif est donc de présenter la théorie de la relativité de manière
compréhensible et suffisamment précise pour pouvoir porter un jugement
juste sur les discours qui l’évoquent.
Comme dans la
physique quantique, nous traiterons de ses principes et de ses conclusions sans oublier les interprétations dont ils ont fait l’objet et le contexte dans
lequel la théorie de la relativité s’est développée. Ainsi, nous demeurons hors du domaine scientifique, même si
nous devons parfois nous y aventurer. Nous n’avons d’ailleurs aucune prétention
scientifique. Nous laisserons en effet la parole aux hommes compétents.
Ce premier
article traite du commencement, c’est-à-dire du contexte qui précède la
naissance des théories de la relativité.
Retour
au XIXe siècle
Le XIXe siècle
est un siècle extraordinaire, notamment au niveau scientifique. C’est avant
tout le siècle de l’électricité. Coulomb (1736-1806), Ampère (1775-1836)
et Faraday (1791-1867) ont marqué ce siècle. Bien d’autres encore les sont suivis,
chacun ayant apporté sa pierre à un édifice extraordinaire. Le XIXe siècle est
aussi le siècle de l’électromagnétisme avec Maxwell (1831-1879) et ses quatre
équations étonnantes. Nous oublions souvent que ces hommes ont contribué à
forger le monde tel que nous le connaissons actuellement, un monde d’où émerge
notre modernité.
La
révolution de Maxwell
Revenons sur James Clerk Maxwell. Le scientifique reprend toutes les découvertes de ses prédécesseurs et
leurs résultats expérimentaux afin de les intégrer dans un modèle unique.
Pour cela, il s’appuie sur un modèle préexistant, celui de la mécanique. Il
conçoit les champs électriques et magnétiques comme un ensemble d’engrenages et
de roues extrêmement complexe. Par ce mécanisme, il relie les phénomènes
électriques et magnétiques. En agitant une charge électrique, on crée un champ
électrique variable qui à son tour crée un champ magnétique variable qui
lui-même produit un champ électrique variable, etc. Ainsi se propagent de
manière continue les champs électriques et magnétiques. C’est ce que nous
appelons l’électromagnétisme. Maxwell élabore quatre lois sous forme
d’équations pour traduire les relations entre les champs électriques et
magnétiques. Elles donneront naissance à de nombreuses
inventions (moteurs, magnétophones, appareils électroménagers, téléphones,
radios, etc.).
Certes, son
modèle mécanique s’est vite révélé erroné et naïf. Il est depuis longtemps oublié. En
manipulant ses équations, Maxwell va surtout faire une grande découverte, celle
qui est la base d’une véritable révolution scientifique. Il s’aperçoit en effet
que son modèle ressemble fort à la description mathématique du son. Or le son
se propage sous forme d’onde. Il en déduit alors que la perturbation
électromagnétique se propage aussi sous forme d’onde. Il découvre aussi que la
vitesse de l’onde se rapproche de celle de la lumière. Il finit par conclure
que la lumière se propage sous la forme d’onde traversant le champ
électromagnétique selon les lois qu’il a définies. Il met en pièce la théorie
corpusculaire de la lumière[3].
La
fin de Newton ?
Rappelons que
jusqu’à Maxwell, le monde scientifique travaillait selon les lois définies par
Newton. Le succès du modèle de Newton
est très surprenant puisqu’en son temps, elles n’ont été guère acceptées. Fondamentalement, elles sont difficilement
croyables. En effet, elles impliquent des actions à distance. Comment des
objets peuvent-ils interagir sans aucun contact physique ? Cela ressemble
fort à de la magie. La loi gravitationnelle semblait peu crédible pour la communauté scientifique Comment
la Terre pouvait-elle agir instantanément sur un objet ? Quand nous songeons à
l’aspect philosophique de la théorie de Newton, c’est-à-dire à l’essence même
de son modèle, nous ne pouvons en effet qu’être perplexes. Mais la théorie de
Newton a été si féconde qu’elle s’est imposée en dépit des critiques.
Le modèle
électromagnétique s'oppose à cette idée d’actions à distance. Les
changements se transmettraient désormais sous forme d’ondes. En outre, au contraire de Marwell, Newton considère la lumière comme des corpuscules. Ainsi à la fin
du XIXe siècle, la physique dispose de deux grandes théories, la mécanique et
l’électromagnétisme, qui sur plusieurs points se contredisent. La lumière,
est-elle corpusculaire ou ondulaire ? Les phénomènes agissent-ils de
manière continue ou discontinue ?
Étrangeté
de l’électromagnétisme
Auréolées de
ses succès et de ses applications pratiques, les lois électromagnétiques se
sont imposées à la communauté scientifique. Le modèle dans lequel elles étaient
définies a aussi rapidement été oublié. Tout en les utilisant, les
scientifiques ont vite abandonné l’idée d’un fondement mécanique aux phénomènes
électromagnétiques. Les lois de Marwell sont en fait devenues des principes à partir
desquelles s’est développée la science moderne. Le même phénomène s’est produit
avec la physique de Newton. Ses lois ont été abondamment utilisées alors que
leurs fondements ont été vite oubliés. Leurs succès les ont validées au point
qu’elles sont devenues des vérités allant de soi jusqu’au jour où la science
vient ébranler nos certitudes
Cependant, dès
le départ, les lois de Marwell ont posé une réelle difficulté aux scientifiques.
Si les phénomènes électromagnétiques se propagent en effet sous forme d’onde,
il faut bien un milieu qui porte et transmet ces ondes. Sans air, il n'y point de son ; sans étendue d'eau, point d'onde. Il faut nécessairement un médium qui transmet la
propagation de l'onde. Nous retrouvons la fameuse idée de l’éther. Les lois de Marwell
imposent donc l’existence de l’éther sans lequel les ondes électromagnétiques ne
pourraient se propager. Or s’il existait, il comporterait des caractéristiques
étranges. L’éther se comporterait en effet comme un milieu subtil qui
remplirait tout l’espace et pourtant se comporterait comme s’il était absent. Des expériences sont montées pour le détecter mais en vain, elles
échouent toutes.
Les lois de
Maxwell posent aussi d’autres problèmes aux scientifiques. Elles s’opposent en
effet à la théorie de la relativité définie par Galilée, le fondement même de la physique …
La
théorie de la relativité de Galilée
Galilée (1564-1642) |
Contrairement
à ce que nous pensons naïvement, la notion de relativité n’est pas nouvelle.
Elle a été formellement définie par Galilée u XVIIe siècle. Elle traduit ce que nous voyons dans notre vie quotidienne.
Depuis Galilée en effet, nous ne pouvons
pas parler de mouvement sans référentiel, c’est-à-dire sans définir le point de
vue à partir duquel nous observons un mouvement. Une personne assise dans un
train est immobile par rapport au conducteur du train alors qu’elle file à des
centaines de kilomètres à l’heure pour un observateur immobile sur le quai de
la gare regardant passer le train. De même, ancrés sur la Terre, nous pouvons
dire que l’univers tourne autour de la Terre alors que si nous sommes dans l’espace,
nous observerons une autre réalité. Ce sont deux observations d’un même
phénomène mais vu selon deux points de vue ou encore deux référentiels
différents. La description d’un mouvement, c’est-à-dire son observation, dépend
du référentiel dans lequel on l’observe. Tout mouvement est donc relatif.
Définissons deux termes importants. Un mouvement est dit uniforme rectiligne lorsque sa vitesse est constante et sa trajectoire est une ligne droite. Un référentiel peut être en mouvement par rapport à un autre. deux référentiels sont dit inertiels s'ils sont en mouvement uniforme rectiligne l'un par rapport à l'autre.
Dans un de ses
ouvrages, Galilée
prend l’exemple de poissons nageant dans un bocal. Si le bateau est à l’arrêt
ou en mouvement uniforme, le mouvement du poisson reste identique pour un observateur sur le bateau. En un
mot, les référentiels inertiels sont équivalents. Les descriptions d'un mouvement sont identiques dans les deux référentiels.
En outre, l’observateur ne perçoit pas le mouvement du bateau
en regardant seulement le poisson. Le mouvement d’un référentiel inertiel n’est
pas détectable par lui-même. Prenons un autre exemple. Asseyons-nous dans un
train. A côté de nous, par la fenêtre, nous voyons un autre train. Quand ce
second train démarre, nous avons l’impression que c’est nous qui bougeons. Mais
dès qu’il disparaît, nous laissant seuls sur la voie, nous découvrons vite
notre erreur. Le paysage fixe nous confirme en effet notre immobilité.
Dans son
expérience virtuelle, Galilée ne décrit pas simplement le mouvement d’un
poisson dans un bocal. Il décrit aussi une bouteille d’eau qui se vide goutte
par goutte dans un grand récipient en dessous d’elle. De même que nous ne
voyons aucune différence dans le mouvement du poisson dans son bocal, nous ne
percevrons pas de différences dans le mouvement de ce goutte-à-goutte si le
bateau est à l’arrêt ou en mouvement uniforme. Cela revient à dire que
l’accélération est identique dans les deux référentiels, ou dit autrement les
lois de la dynamique sont les mêmes dans un référentiel fixe ou en mouvement
uniforme.
Selon Galilée,
le mouvement est donc observé de la même manière dans un référentiel inertiel,
c’est-à-dire en mouvement uniforme ou immobile. Aucune expérience interne au
référentiel ne permet de déterminer si son mouvement est uniforme ou
inexistant.
Les
« transformations de Galilée »
Galilée
confirme l’expérience par une démonstration mathématique. Il établit notamment une
relation mathématique qui associe les descriptions d’un même mouvement observé
dans deux référentiels inertiels. Elles sont appelées « transformations
de Galilée ». Les positions d’un objet, c’est-à-dire ses coordonnées dans l'espace,
dans un référentiel peuvent alors se déduire de sa position dans un autre référentiel
inertiel. Ainsi nous arrivons à concilier des observations d’un même mouvement
mais selon des référentiels ou points de vue différents. Nous pouvons donc passer
d’un référentiel à un autre sans difficulté.
Coordonnées X, Y, Z d'un point pour déterminer une position dans un référentiel |
En soi, le
mouvement demeure absolu. Il est vrai au sens où l’objet se déplace de la même
façon quel que soit le point de vue de l’observateur. Son mouvement comme sa
cause ne dépendent pas de l’observateur[5].
Dans la physique, les lois de Newton restent aussi identiques quelques soient les référentiels inertiels. Elles ne
dépendent pas de l’observation. Effectivement, les lois de Newton ne
changent pas lorsque nous leur appliquons les « transformations de Galilée ».
Les
lois de Maxwell en danger
Or stupéfaits,
les scientifiques découvrent que les équations de Maxwell changent si nous les
soumettons aux « transformées de
Galilée ». En effet, après transformation, les formules donnent des
termes nouveaux qui viennent compliquer les équations. En outre, ces termes nouveaux
décrivent d’étranges phénomènes que les expériences ne confirment pas.
Si des
phénomènes nouveaux apparaissent lorsque nous changeons de référentiel inertiel, nous en
déduisons rapidement que l’observateur serait capable par lui-même d’identifier
s’il est au repos ou en mouvement uniforme. En regardant le mouvement du
poisson rouge, nous pourrions savoir si le bateau est à l’arrêt ou en mouvement
uniforme. Nous sommes donc en contradiction avec la loi de relativité de Galilée. C’est pourquoi cette découverte bouleverse
la communauté scientifique. Soit les lois de Maxwell sont fausses, soit la
transformée de Galilée est fausse.
Lorentz au
secours des lois de Maxwell
Mais si les
équations de Maxwell sont fausses, comment pouvons-nous expliquer leur
succès ? Les « transformées de
Galilée » seraient-elles fausses ? Lorentz (1853-1928) s’attaque
au problème. Il parvient alors à corriger les « transformées de Galilée » afin que les lois de Maxwell
respectent le principe de relativité. Ces équations seront appelées « transformation de Lorentz ».
Elles ont l’avantage de conserver la structure de Maxwell tout en préservant les
lois de Newton. Des expériences confirmeront aussi leur véracité.
L’erreur de
Galilée est même justifiée. En effet, les « transformations de Lorentz » se réduisent à celles de Galilée
pour des mouvements dont la vitesse est beaucoup plus basse que celle de la
lumière. En un mot, les « transformées de Lorentz » prennent en compte tous les mouvements, y compris
ceux qui ne sont pas discernables à l’œil alors que les « transformées de Galilée » ne sont
vraies que pour des cas particuliers, conformes à nos observations
quotidiennes. Les « transformées de
Galilée » ne sont finalement que des approximations suffisantes pour
notre expérience quotidienne quand les « transformations de Lorentz »
sont plus générales.
La communauté scientifique
est alors soulagée. Elle se félicite même de ce progrès incontestable. Elle a
amélioré sa connaissance du monde et peut poursuivre ses progrès.
Mais
les « transformées de Lorentz » sèment à leur tour la panique
La joie
des physiciens est de courte durée. La découverte de Lorentz provoque à son
tour une vive inquiétude dans la communauté scientifique. Si nous appliquons en
effet les « transformées de Lorentz »
à un mouvement à un temps donné, nous obtenons des valeurs de temps différents
pour le même mouvement dans un autre référentiel inertiel. Le temps fait aussi
l’objet d’une transformation ! En un mot, deux événements perçus comme
simultanés dans un même référentiel cessent de l’être si nous les observons
dans un autre référentiel ! Le principe de simultanéité n’est plus
respecté. Le temps absolu de Newton n’existe plus !
Pire encore.
Nous arrivons à des conséquences en apparence stupide. En manipulant les
équations, Lorentz puis d’autres, comme Poincaré, découvrent que les dimensions
d’un corps et le temps varient en fonction du mouvement du référentiel. En se
déplaçant, les corps se rétrécissent et le temps passe plus lentement. Toujours
avec « les transformées de Lorentz »,
Poincaré en vient à démontrer l’invariance de la vitesse de la lumière. Ils
arrivent vite à une conclusion : les « transformées de Lorentz » ou le principe de simultanéité sont
faux. Cependant, ils ne cessent pas leurs recherches. Des solutions très
complexes sont élaborées pour concilier les théories. Mais la communauté
scientifique est de nouveau en émoi.
Au début du
XXe siècle, la physique se débat ainsi dans de profondes contradictions.
L’édifice que les scientifiques ont édifié depuis plus de trois siècles se
fissure dangereusement. Il finit par s’écrouler en 1905.
Une
solution bouleversante
En 1905,
trente-et-une page d’un article scientifique, intitulé Sur l’électrodynamique des corps
en mouvement, apportent aux savants une réponse aussi extraordinaire
qu’inattendue à leurs difficultés. L’auteur est un inconnu : Einstein (1879-1955). En
quelques pages retentissantes, il leur dévoile une nouvelle théorie : la
théorie de la relativité restreinte.
Sa solution est en effet révolutionnaire. Il
remet en cause la physique de Newton et plus particulièrement sa notion du
temps[6].
Mais elle a l’immense avantage de réunir la mécanique classique et
l’électromagnétisme dans une seule théorie dans un cas particulier (mouvement
référentiel). Plus tard, de manière plus ambitieuse et plus approfondie,
Einstein élaborera la théorie de la relativité générale qui fonde une nouvelle
physique dans tous les cas. La communauté scientifique est abasourdie. Toute la
tradition scientifique est balayée.
Einstein,
un scientifique insolite ?
Qui était Albert
Einstein avant son article ? Après un premier échec,
Einstein intègre l’École polytechnique fédérale de Zurich, où enseignent de
grands scientifiques comme Heinrich Weber, Adolf Hurwitz et Hermann Minkowski.
Autrefois considéré comme solitaire et introverti, il s’y montre épanoui,
assistant avec enthousiasme aux cours de physique. Mais rapidement, il se fait
remarquer par son arrogance et son orgueil. Son professeur lui dira :
« vous êtes intelligent, jeune
homme, mais vous avez un défaut : vous ne laissez personne vous faire la
moindre remarque. Pas la moindre. »[7]
Son attitude finit par lui mettre à dos tout le corps professoral. Toute son
enfance est en effet marquée par un refus du système scolaire. Avant son
intégration à Polytechnique, les rapports qu’il a eus avec ses professeurs ont
toujours été houleux. Pourtant, il n’était guère un cancre. Au contraire. Il
n’a cessé de confirmer de bonnes dispositions en mathématiques et en physiques.
Mais son attitude lui fermera une carrière académique classique…
Peu soucieux
des traditions, voire des conventions sociales, Einstein se montre un esprit
indépendant et particulier convaincu de son intelligence. Il ne supporte pas
notamment l’esprit qui règne dans les lycées allemands, tous empreints
d’autoritarisme. C’est pourquoi il réussit à fuir l’Allemagne. Pour fuir aussi
les obligations de service militaire, il prend la nationalité suisse. Il haït
sans-doute l’esprit militaire. « Si
quelqu’un peut prendre plaisir à marcher en rang aux sons d’une musique, cela
suffit pour que je le méprise ; c’est par erreur qu’il reçu un cerveau,
puisque sa moelle épinière lui suffirait amplement. »[8]
Durant la première guerre mondiale, il se consacrera uniquement à ses travaux.
Fondamentalement pacifiste, il prendra néanmoins conscience que face à la
montée du nazisme, il sera nécessaire de prendre les armes. C’est sans-doute
grâce à son intervention que les Américains réussiront à inventer la bombe
atomique avant les Allemands.
Sa vie privée
est aussi hors norme. Mileva Maric est son premier véritable amour. Scientifique
et chercheur comme lui, elle donne naissance une fille de manière
quasi-clandestine, hors mariage. Contre l’avis de ses parents, il l’épouse.
L’avenir donnera raison à sa mère. Cette idylle se finira en tragédie. Plus
tard, il divorcera pour se marier avec sa maîtresse. Einstein n’est pas non plus un
véritable père comme nous l’entendons. Selon ses biographes, de manière générale, il méprise
les sentiments naturels qu’il qualifie de primitifs.
A la sortie de
l’école polytechnique de Zurich, contrairement à la carrière classique d’un
élève, Einstein ne trouve aucun poste d’enseignement et de recherche. Il
accusera ses maîtres d’en être responsables. « Ces gens-là considèrent instinctivement tout jeune intelligent comme
une menace à leur dignité momifiée. »
[9]
Après divers petits métiers, en 1902, il trouve un poste au Bureau fédéral de
la propriété intellectuelle de Berne grâce à un de ses camarades d’étude. S’il
n’est guère prestigieux, son poste lui assure toutefois salaire et loisir, deux
conditions indispensables pour mener des études scientifiques en toute liberté.
Son emploi lui donne aussi l’opportunité de découvrir les nouvelles inventions
et de revenir à un passe-temps de sa jeunesse, les machines électriques.
Le père
d’Einstein, Hermann, était un des premiers entrepreneurs en approvisionnement
d’électricité d’Allemagne. Avec son frère Jacob, il a fondé en 1885 une
compagnie d’ingénierie électrique. Jacob en était le responsable technique
quand Hermann en était plutôt le responsable des activités commerciale jugés insolubles par les techniciens.
Lorsqu’en
1905, il publie son article, Einstein est un scientifique en marge du système. Ses écrits sont pourtant révolutionnaires. Il publie quatre
articles. Ils traitent de la nature quantique de la lumière, du mouvement
brownien, de l’équivalence entre la masse et l’énergie puis de sa théorie de
relativité. Contrairement à la tradition, dans ce dernier article, Einstein ne
se réfère à aucun scientifique de son temps. Le message est clair : il ne
leur doit rien.
Ainsi le XIXe
siècle est souvent décrit comme le siècle de la modernité. Pendant des années,
les scientifiques ont fait de bouleversants progrès dans le domaine de la
connaissance, progrès qui ont aussi conduit à l’amélioration de la vie. Mais au
fur et à mesure des progrès, le fondement de la science s’est aussi
dangereusement fragilisé. Les découvertes successives ont apporté son lot de
surprises, de joies et de déconvenues. Les désillusions se sont succédées. Les
certitudes se sont effritées. Les évidences se sont envolées. Quand s’achève le
XIXe siècle, la physique de Newton vacille. Le nouveau siècle bouleversera les
esprits. Scientifique hors norme, Einstein est un des auteurs de la révolution
qui s’annonce. Pour comprendre la théorie de relativité et ses conséquences, il
est important de prendre en compte ce contexte particulier.
[2] Ou
plutôt les théories de la relativité puisqu’elle comprend une théorie
restreinte et une théorie générale.
[3] Voir
Émeraude, article Qu'est-ce que la lumière ?, janvir 2014.
[5] Nous
excluons le domaine quantique où l’observation intervient dans ce qu’il
observe. La physique quantique est exclue de notre raisonnement.
[6] Voir Émeraude, article Le temps de Newton, mars 2015.
[7] Cité
dans Einstein
et la Relativité, L’espace est une question de temps,
collection Grandes idées de la science, présentée par Etienne Klein, 2014.
[8]
Einstein, cité dans Einstein, la joie de la pensée, François Balibar,
Découvertes Gallimard, 1993.
[9] Cité
dans Einstein
et la Relativité, L’espace est une question de temps.
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