Garant de la Sainte
Écriture, le peuple juif a gardé précieusement ce témoignage divin dans
l’attente du Messie. Dieu l’a en effet choisi, élevé et protégé pour entendre
et conserver la Parole de Dieu. De son sein sont sortis des Prophètes qui au nom
du Tout-Puissant ont décrit parfois de manière précise le Sauveur et ses œuvres
afin de préparer son peuple à reconnaître son avènement. Mieux encore. C’est de
ce peuple que doit sortir le Sauveur. En échange, il doit servir Dieu dans ses
commandements et obéir fidèlement à la Loi qu’Il lui a remise. Béni à plusieurs
reprises, il est le peuple de l’alliance, le peuple de la Loi, un peuple
en attente.
Pour les Chrétiens, cette
attente s’est achevée en Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est en effet Celui qui
devait être envoyé. Il est le Messie. Pour les Juifs, cette attente se poursuit
encore. Ils refusent en effet de voir en
Lui la réalisation des prophéties bibliques. Cette reconnaissance est le point
fondamental qui différencie le christianisme et le judaïsme.
Cette différence est
essentielle. Car si Notre Seigneur Jésus-Christ est le Messie, Il doit être
l’instaurateur d’une nouvelle alliance, cette fois-ci définitive. Il est Celui
par qui le Salut est accessible. Il est la Vérité, la Vie, la Voie. Nous devons
donc L’entendre, Le suivre et Lui obéir en toute chose. Car s’Il est l’envoyé,
l’écouter c’est écouter Celui qui l’a envoyé. Si nous le méprisons, nous
méprisons Celui qui l’a envoyé.
La messianité de Notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas
une invention de ses disciples, les Apôtres ou des communautés chrétiennes qui
s’organisent et s’accroissent rapidement. Notre Seigneur Jésus-Christ s’est
bien affirmé comme étant le Messie promis. Ses paroles et ses gestes sont
clairs. Mais si cela est faux, Il serait alors un imposteur, le christianisme une
imposture, un mensonge ou une erreur. L’ancienne Loi serait aussi toujours
d’actualité. Le judaïsme aurait encore du sens. Le peuple juif serait aussi toujours
le seul réceptacle des bénédictions divines. L’enjeu est donc considérable, non
seulement pour les Juifs et les Chrétiens mais aussi pour tous les hommes.
Évidement, les Chrétiens et les Juifs ne peuvent être à la fois dans la vérité.
Ils ne peuvent donc ensemble proclamer que leur religion est vraie. L’une est
certainement fausse et inefficace.
Mais grand pédagogue dans sa sagesse infinie, Dieu a longuement préparé l’avènement du Messie afin que nous puissions Le reconnaître. Tel est le rôle des prophéties de l’Ancien Testament. C’est donc à partir de la Révélation que nous pouvons savoir qui enseigne la vérité, le christianisme ou le judaïsme.
Par ailleurs, le Messie ne doit-Il pas non plus nous témoigner de Celui qui l’a envoyé ? Ne doit-il pas en outre nous éclairer sur le sens et la finalité de la Loi ? Le voile qui recouvre la Sainte Écriture ne sera-t-il pas enlevé ? La pensée de Dieu nous sera en effet accessible par Lui.
Regardons et écoutons Notre
Seigneur Jésus-Christ. Il ne cesse de souligner qu’Il est vraiment Celui qui
devait être envoyé. Pour justifier ses paroles, Il demande d’être jugé par ses
œuvres. Car c’est par des faits bien concrets que doivent se réaliser les
prophéties. C’est au regard de la Sainte Écriture qu’Il doit être en effet jugé.
Car qui est le Messie si ce n’est Celui qui doit manifester la volonté de
Dieu et l’accomplir ? De mêmes, les Apôtres et les défenseurs de la foi
chrétienne montrent effectivement que les prophéties se réalisent pleinement en
Lui. Il n’y a pas en effet d’autres choix. Le christianisme et le judaïsme
doivent être jugés en fonction de la Sainte Écriture.
Encore faut-il L’interpréter correctement. La difficulté est de lire la Parole de Dieu selon la pensée de Dieu et non selon nos préjugés ou un regard biaisé qui nous enferment dans nos certitudes bien humaines, dans nos préjugés généralement réconfortants. Il ne s’agit pas non plus de voir la réalité historique selon nos certitudes et nos préjugés mais de les regarder objectivement afin de les accepter ou de les refuser comme accomplissements des prophéties, c’est-à-dire des manifestations de la volonté et de la puissance divine. En un mot, sommes-nous dans la lumière de Dieu ou aveuglés par nos pensées ?
Le débat entre les Chrétiens et les Juifs doit donc porter sur l’interprétation de la Sainte Écriture et sur les événements historiques. Or la plupart de ces faits passés sont enseignés dans les Évangiles et dans la Sainte Tradition. D’autres sont aussi visibles dans le monde, passé ou actuel. Quels sont les rapports entre les prophéties bibliques et des faits qui sont annoncés comme étant leur accomplissement ? La lecture biblique doit donc être au centre de toute discussion. Sa valeur, sa légitimité et son efficacité doivent être prouvées.
Cela est vrai pour exposer
et défendre la foi aux Juifs mais est-ce aussi le cas pour les païens qui
méconnaissent la Sainte Écriture ? Effectivement, les Chrétiens peuvent
s’appuyer sur la Sainte Écriture pour justifier le christianisme aux Juifs
puisqu’ils partagent la même conviction : l’origine divine de la Sainte
Bible. Ils reconnaissent formellement sa véracité et son indéfectibilité. C’est
une solide base de discussion. Mais pour les non Juifs, devons-nous d’abord défendre
l’origine divine de la Sainte Écriture avant d’exposer son
accomplissement ? Rappelons quelques faits indéniables.
Depuis deux siècles, les
études bibliques et les découvertes archéologiques confirment de manière
satisfaisante l’antiquité des livres bibliques et leur intégrité essentielle.
Les ouvrages qui composent l’Ancien Testament datent bien avant l’ère
chrétienne. La Septante qu’utilisent les Chrétiens est en outre un ouvrage
juif, une traduction ancienne grecque d’une version hébreu, en vue de répondre
aux besoins des communautés juives hellénisées. Elle fait autorité au temps de
Notre Seigneur Jésus-Christ. Par conséquent, la Sainte Écriture et sa version
grecque, la Septante, ne sont pas des œuvres chrétiennes ou christianisées.
Elles sont indépendantes des faits qui remontent au temps de Notre Seigneur
Jésus-Christ. C’est un point capital que nous devons mentionner.
En outre, les œuvres
composant le Nouveau Testament sont des témoignages authentiques d’une réalité
historique. Les critiques sérieux et honnêtes ne remettent plus en cause la
sincérité des évangélistes et des Apôtres. En dépit de leurs intentions
apologétiques évidentes, les Évangiles peuvent être utilisés
comme des œuvres historiques fiables. Certaines sources extérieures, juives ou
profanes, tendent à confirmer sa fiabilité historique.
Enfin, nous savons que les
écrits des évangélistes et des Apôtres sont aussi très anciens. Leur rédaction
s’achève bien avant la fin du Ier siècle. Au cours du temps, leur intégrité substantielle
a été préservée. La mise en place rapide d’une forte structure ecclésiastique,
hiérarchisée et soudée par des liens durables et permanents, chargée
d’enseigner et de veiller à cet enseignement, a été un puissant obstacle à sa
falsification et à sa déviation, volontaires ou non.
Si nous démontrons que
- des versets bibliques décrivent des faits qui se sont bien réalisés bien après leur rédaction, sans aucun lien logique ou naturel ;
- ces versets bibliques sont considérés comme étant des prophéties, c’est-à-dire « la prévision certaine et l’annonce de choses futures qui ne peuvent être connues par les causes naturelles » ;
- les faits historiques qui s’y rapportent sont uniques et ne peuvent porter à confusion ;
Pourrions-nous accuser les
Chrétiens de falsifier la Sainte Écriture pour justifier leur foi ? L’intégralité substantielle des œuvres de l’Ancien Testament, notamment de la
version grecque, est une preuve suffisante pour rejeter cette hypothèse.
L’autorité des Septante au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ est un puissant
argument contre les objections juives qui refusent son autorité depuis
l’élaboration de leur canon biblique au Ier siècle.
Pourrions-nous accuser les
évangélistes et les Apôtres de falsifier la réalité historique pour qu’elle
concorde aux annonces bibliques ? Il faudrait alors remettre en cause leur
sincérité, ce qui s’avère aujourd’hui peu crédible, y compris pour les non
croyants.
Pourrions-nous alors
accuser leurs successeurs de falsifier le témoignage des évangélistes et des
Apôtres pour les adapter aux versets bibliques ? Ce n’est guère non plus sérieux,
compte tenu de l’élaboration rapide et définitive des œuvres du Nouveau
Testament et du contrôle interne de l’Église. Il faudrait alors démontrer qu’elles
ne sont pas intègres de manière substantielle, ce qui apparaît comme étant une
difficulté insurmontable.
Reste une dernière
possibilité. Les évangélistes et les Apôtres, tout en étant sincères, se seraient-ils trompés dans l’interprétation des faits qu’ils ont rapportés ? Leur témoignage
serait alors erroné. Ils ont décrit ce qu'ils auraient aimé voir, sous-entendue selon
une lecture de l’Ancien Testament. Leur volonté de convertir les Juifs ou de
surmonter un probable désespoir en seraient la motivation. Or des faits rendent
peu probables cette dernière hypothèse.
D’abord, les évangélistes
et les Apôtres ne comprennent guère ce dont ils sont témoins. Les Évangiles
montrent incontestablement leur ignorance et leur incrédulité. Ils ne sont
guère différents de la foule qui acclame Notre Seigneur Jésus-Christ avant de
demander sa mort. C’est bien après les faits qu’ils saisissent le sens de tous
les gestes et paroles de leur Maître.
En outre, leur capacité
intellectuelle, leur attitude et bien d’autres signes montrent leur incapacité
à concevoir une doctrine cohérente et crédible. Ils partagent bien la
conception religieuse des Juifs de leur époque qui se révèle bien éloignée de l’enseignement de Notre Seigneur
Jésus-Christ. Cela est tellement vrai que les adversaires du christianisme
souligneront leur origine modeste pour le discréditer. Comme une religion
pourrait-elle venir d’hommes si ignorants et faibles ?
Les adversaires eux-mêmes
du christianisme confirmeront le témoignage des évangélistes et des Apôtres.
Les miracles de Notre Seigneur Jésus-Christ ne seraient que les œuvres d’un
magicien formé en Égypte. Les Juifs ne s’opposent pas à la véracité des faits
historiques mais à l’interprétation des prophéties. Les païens critiqueront les
œuvres de Notre Seigneur Jésus-Christ comme étant indigne de la divinité. Ils
ne renient pas les faits mais leur interprétation.
Enfin, n’oublions pas que
certaines prophéties ne dépendent pas du témoignage des évangélistes et des
Apôtres. L’expansion du christianisme, la conversion des païens, le rejet des
Juifs, la fin du culte de l’Ancienne Loi, l’universalité du salut, etc. sont des
réalités historiques qui nous renvoient à des prophéties, réalités affirmées
par d’autres sources que la Sainte Écriture.
Tout cela rend peu
probable l’hypothèse d’une interprétation erronée des faits historiques décrits
dans le Nouveau Testament. Par ailleurs, un fait encore plus frappant apporte
encore plus de crédibilité au témoignage des Apôtres et des évangélistes. Notre
Seigneur Jésus-Christ Lui-même a annoncé des faits qui se sont avérés justes. Il
a en effet prophétisé des événements qui se sont réellement produits. La
destruction du Temple est probablement l’événement prédit le plus pertinent. Ce
fait est suffisamment précis et son annonce incontestable pour le prendre
comme exemple. Les Évangiles synoptiques ont été écrits bien avant la chute de
Jérusalem. Au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ, il n’était guère possible
de croire à un tel désastre, compte tenu du contexte.
Ces faits ne démontrent
pas évidemment de manière scientifique la réalité des prophéties et de leur
accomplissement en Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils apportent cependant
suffisamment d’arguments crédibles pour les prendre en considération avec
sérieux et les accepter de manière raisonnable, y compris par un païen. Or si
nous acceptons la réalité des prophéties et leur accomplissement, nous devons
alors les accepter comme signe de la manifestation de Dieu. Car qui peut
prévoir l’avenir avec certitude et sans moyen naturel ?
Nul ne peut être hors du
présent. Le voyage dans le temps demeurera, au grand bonheur des férus de
science-fiction, un rêve inaccessible, non faute de moyens ou de connaissance,
mais par nature même du temps et des lois qui régissent le monde. La science
nous apporte alors un appui inestimable. L’homme ne pourra jamais être prophète
par lui-même. Qui peut donc nous révéler l’avenir si ce n’est celui qui peut
être hors du temps ?
La prophétie est un signe
de l’existence de Dieu et de sa manifestation. Elle manifeste la pensée et
la volonté de Dieu. Donc les œuvres bibliques et les faits qui s’en rapportent
sont des manifestations divines, de son existence, de sa puissance et de sa
science. Quand Il accomplit des prophéties, Notre Seigneur Jésus-Christ justifie ce qu’Il est. Il nous ramène à la
Sainte Écriture qui témoigne donc de Lui. Il manifeste la volonté de Dieu. Il
est donc envoyé par Dieu.
La prophétie a donc une
valeur apologétique fondamentale, y compris auprès des païens. Elle n’est pas
réservée au débat avec les Juifs. Elle va même au-delà du messianisme de Notre
Seigneur Jésus-Christ puisqu’elle révèle la présence de Dieu dans l’histoire.
Elle est un signe d’une réalité qui dépasse notre misère humaine…
Référence
[1] Saint Thomas d’Aquin. Voir Émeraude, juin 2015, article « La valeur apologétique des prophéties ».
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