Il y a cinquante ans environ, on a cru que la Vérité pouvait combattre par elle-même le mensonge. On a alors voulu se réconcilier avec le Monde, rompant avec une histoire qu’on ne voulait plus assumer. Tout en rejetant le passé, on a décidé de ne plus rien censurer, de ne plus rien affirmer, de ne plus dénoncer. On lui a ouvert les portes de l’église, la conscience enivrée de ses audaces, plus sévère envers nos Pères qu'envers nos contemporains. Une page était tournée. L’Église devait être accueillante et chaleureuse. Sentant peut-être mai 68 s’approcher, on a voulu révolutionner le christianisme en détruisant tout ce qui pouvait s’opposer et énerver le monde. Teilhard n’est peut-être pas innocent dans ce mouvement désastreux…
Cette politique a conduit à un désastre. Qui peut encore en douter ? Nous payons aujourd’hui chèrement le prix d’une faute. Aujourd’hui en effet, qui se soucie des chrétiens lorsqu’à Paris et dans toute la France, ils dénoncent des lois cyniques ? Quelques centaines de contestataires et imbus de leurs privilèges ont plus de force qu’un millions de chrétiens et de sympathisants de morale chrétienne !
Il y a cinquante ans, on a décidé d’abandonner le champ de bataille aux adversaires de Dieu. Voyez notre cruelle absence dans le monde intellectuel, politique, culturel, médiatique. Aujourd’hui, les chrétiens ne font plus peur car ils n’existent pas. On a en outre détruit les moyens qui permettaient aux générations de transmettre ce qu’elle avait reçu. Au siècle dernier, les familles déléguaient une grande partie de leur rôle (éducation, catéchisme, formation intellectuelle) à des institutions et à des associations chrétiennes. Le jour où elles ont failli, ces familles ont été livrées à elles-mêmes. On a fait plus de ravage que les coups de nos adversaires.
Avons-nous enfin compris que la société chrétienne n’existe plus et que les valeurs chrétiennes se dissipent progressivement ? Tel est le résultat inouï de cinquante années d’abandon…
Aujourd'hui, nous avons peut-être pris conscience de ces erreurs. Nous voyons en effet paraître de nombreux ouvrages et des initiatives pour les dénoncer et relancer le combat. L’esprit de culpabilité et de honte, si bien cultivés par nos adversaires, a-t-il enfin fini de hanter nos consciences ? Nous savons que Dieu sait tirer de nos faiblesses des forces insoupçonnables. L’Histoire en est une illustration. Encore faut-il Lui demander pardon à Dieu et reprendre les armes.
Mais nous craignons que les rancœurs soient plus fortes que la raison et la foi, que la division demeure dans nos âmes, que l’ennemi continue de triompher à cause de nos dissensions. Il est temps de voir l’essentiel et de reconstruire ce qui a été si rapidement détruit. Il est temps de ne plus penser à soi et de panser nos blessures pour d’autres combats. Qu’on cesse de frapper l’Église si déjà cruellement atteinte ! Des silences sont parfois nécessaires et plus heureux. Craignons d’être désormais les responsables de la tragédie que nous vivons...
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