Au début du christianisme, l'idée de la Création ne semble pas avoir fait l'objet d'un développement particulier. Les Pères apostoliques ne s'attardent guère sur le sujet. Leur enseignement ne demeure pas moins instructif...
Saint Clément de Rome est le troisième successeur de Saint Pierre sur le siège de Rome. Il a écrit une lettre à l'Église de Corinthe qui date des dernières années du Ier siècle. Elle est considérée comme le texte le plus ancien de la littérature chrétienne non canonique. Une deuxième lettre, traditionnellement attribuée à Saint Clément de Rome, serait un apocryphe du début du IIème siècle.
Saint Clément distingue dans la Création deux actes qui manifestent successivement sa puissance et son intelligence : « par sa toute-puissance souveraine, il a affermi les cieux, et son incompréhensible intelligence en a exécuté l'ornement » (1). Il est émerveillé de l'harmonie du monde, fruit de la toute-puissance de Dieu. L'homme est « la plus digne de ses œuvres, car elle est douée d'intelligence, c'est l'homme qu'il a façonné de ses mains saintes et pures ; il en fait l'empreinte de sa propre image » (2). L'homme est le point culminant de tout l'œuvre créée.
Saint Clément souligne la bonté de Dieu envers ses créatures, spécialement envers l'homme. « Le souverain maître et créateur de l'univers a voulu que régnât la paix avec la concorde, car il désire le bien de toutes ses créatures et se montre surabondamment généreux envers nous qui avons recours à ses miséricordes par notre Seigneur Jésus-Christ » (3). Il y a similitude entre la création et le salut. « Il a eu miséricorde de nous, ses entrailles se sont émues et il nous a sauvés, ayant vu notre égarement et notre ruine,; et que nous n'avions d'espérance qu'en lui pour notre salut. Il nous a appelés quand nous n'étions pas ; c'est son libre vouloir qui nous a fait passer du néant à l'être » (4). Le païen est comme s'il n'était pas. Quand il devient chrétien, il passe du néant à l'existence. Le baptême est une deuxième création (5).
Le Pasteur d'Hermas est sans-doute aussi un des plus anciens monument littéraire de l'antiquité chrétienne. Hermas se donne lui-même pour un contemporain de Saint Clément de Rome. Il définit clairement la doctrine de la Création « ex-nihilo » : « premier point entre tous : crois qu'il n'y a qu'un seul Dieu, celui qui a tout créé et organisé (Ep., III, 9), qui a tout fait passer du néant à l'être ( II, Macch., VII, 28, Sag. I, 14) » (6). L'idée de la création « ex-nihilo » est répétée dans un autre passage. Elle est considérée comme une vérité fondamentale.
1. Saint Clément de Rome, Épître aux Corinthiens, XXXIII, 3.
2. Saint Clément de Rome, Épître aux Corinthiens, XXXIII, 4.
3. Saint Clément de Rome, Épître aux Corinthiens, XX, 11.
4. Saint Clément de Rome, 2ème Épître aux Corinthiens, I, 6-7.
5. Épître de Barnabé (IIème siècle : entre 70 et 132).
6. Le Pasteur d'Hermas, Précepte I, 1.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire