Aujourd’hui, il n’est guère
bon d’être catholique, encore moins pratiquant, même si le terme de catholique non pratiquant nous semble bien
peu compréhensible. Au XVIe siècle, c’est plutôt le religieux qui fait l’objet
de toutes les satires et critiques. Rabelais nous a laissé un portrait peu
flatteur du moine, « bel expéditeur
d’heures, beau débrideur de messes, bau décrotteur de vigiles, bref pour tout
dire un vrai moine s’il en fut jamais depuis que le monde moinant moina de
moinerie, par ailleurs clerc jusqu’aux dents en matière de bréviaire. »[1]
Les coups proviennent soit
des humanistes, dont Érasme est sans-doute l’un des plus acerbes, soit des
protestants, avec Luther qui s’attaque notamment aux vœux monastiques.
Contrairement aux critiques des siècles passés, ils ne recherchent pas à dénoncer
des abus qui sévissent dans certains monastères ou couvents puis à les réformer,
mais ils remettent en cause la légitimité de la vie monastique. Pour les
humanistes, le monachisme ne répond plus aux besoins des chrétiens et ne
présente donc plus d’intérêts. Au contraire, il nuit à l’homme et à son
élévation, il le déshumanise, nous disent-ils. La doctrine du salut par la foi
seule, telle qu’elle est défendue par les premiers protestants, est contraire à
l’ascétisme, à toute forme de sacrifices, ou encore aux vœux religieux. La
cible de leurs attaques est bien la vie religieuse en elle-même.
Avant de répondre à leurs
critiques, rappelons quelques fondamentaux sur le monachisme. Cela permettra
notamment d’éviter des malentendus et contradictions. Ces rappels suffiront
même pour réduire en silence certaines critiques. Car l’ignorance est souvent
source de médisance et de calomnie.
D’abord, posons-nous une
question évidente. Qu’est-ce qu’un moine ou plus globalement qu’est-ce qu’un
religieux ? Cette question en apparence simple ne l’est pas tant les
confusions sont nombreuses. Certes, depuis le XVIIe siècle, la vie religieuse
est mieux encadrée par des textes, en particulier par des constitutions
apostoliques ou par le code canon. Mais elle s’est aussi complexifiée par
l’apparition de nouvelles formes de vie religieuse. Toutefois, n’oublions pas
que les critiques des humanistes et des protestants concernent une époque où
toute cette clarification n’existe pas. Pour mieux répondre à leurs attaques,
nous devons éviter tout anachronisme et demeurer au temps de leurs écrits et de
leurs invectives, c’est-à-dire avant le XVIIe siècle. Nous allons donc décrire
ce que sont le religieux et le moine au temps d’Érasme et de Luther.
Un monde complexe
Aujourd’hui, comme à la
veille des Temps modernes, il est bien difficile de ne pas se perdre dans les
dénominations religieuses. L’évolution et la diversité du monde religieux
chrétien peuvent nos rendre perplexes. Érasme ou Luther s’attaquent par exemple
aux « moines mendiants »
alors qu’au sens strict des termes, les Dominicains ou les Franciscains ne sont
pas des moines. Il est en effet classique de faire des amalgames, d’entendre
par « moine » ce qui est
finalement un religieux, voire un clerc ou un prêtre. En outre, il est très
simple d’opposer les différents termes, sans-doute dans une volonté de
simplification. Ainsi oppose-t-on les religieux avec les prêtres, les réguliers
avec les séculiers. Or un moine peut être un simple laïc, c’est-à-dire non
ordonné prêtre. S’il n’est pas ordonné, le religieux prend alors la
dénomination de frère (convers[2]
ou chœur[3]).
Un religieux peut aussi être un séculier. Certes, par l’opposition des termes,
nous pouvons retirer une certaine connaissance, par exemple identifier ce qui
les distingue et ce qui les rapproche. Mais évitons de pratiquer un dialectisme
ravageur et orienté. Il est donc indispensable d’identifier les
termes importants et de les définir. Qu’est-ce que donc un
religieux ? Qu’est-ce qui différencie finalement le religieux d’un curé ou
d’un simple laïc ?
Qu’est-ce qu’un
religieux ?
Commençons par le terme de
« régulier ». Au sens
strict, un régulier est un religieux soumis à une règle de vie. Ce terme nous
renvoie donc à deux autres termes, celui de « religieux » et celui de « règle ».
Le terme de « religieux est moins
aisé à définir. Seules sont appelés ordres religieux ceux qui exigent des vœux
solennels et définitifs dans le cadre d’une Règle religieuse déterminée. Cette
définition, qui date de 1566, a été rendue nécessaire par l’émergence de nouvelles formes de vie
religieuse. Mais jusqu’à la fin du Moyen-âge, cette distinction n’est pas
nécessaire.
Lorsque nous évoquons le
terme de « régulier », nous
pouvons aussi penser à un autre terme qui lui est souvent opposé, c’est-à-dire
à celui de « séculier ». Ce
dernier désigne celui qui vit dans le siècle. Le régulier est en effet celui
qui vit retiré du monde, dans une communauté, et soumis à une vie particulière.
Pour essayer de comprendre
le monde d’hier, soyons encore prudents. Évitons de plaquer nos références
actuelles à un temps qui n’est plus le nôtre.
Avant le XVIe siècle, les
familles religieuses ne sont composées que de réguliers. Les communautés
religieuses du Moyen-âge constituent ce que nous appelons aujourd’hui les
Ordres anciens. À partir du XVIIe siècle, une nouvelle forme de vie apparaît,
celle des religieux séculiers. Ces nouvelles familles religieuses sont dites
congrégations. Ce sont par exemple les Eudistes, les Lazaristes, les Filles de
la Charité. Finalement, au temps d’Érasme et de Luther, une très grande
majorité de religieux sont des réguliers et dépendent d’un Ordre.
Des hommes soumis à une
Règle
Précisons enfin que depuis
le IVe concile de Latran (1215), l’Église limite le nombre de Règles
officielles. Seules sont reconnues les Règles de Saint Augustin, de Saint
Benoît et de Saint Basile. Les Ordres doivent donc choisir l’une d’entre elles.
En 1223, une exception est faite en faveur de la Règle de Saint François.
L’observance à une vie
réglée
La Règle est constituée
d’une série d’articles relatifs à la vie quotidienne des religieux. Elle
comporte des points sur la direction et l’organisation de la communauté, l’entrée
en religion, les différentes formes de prières, l’office liturgique, l’habit et
la nourriture, les malades, le travail, la pauvreté, l’attitude des uns envers
les autres. C’est plus qu’un règlement ou une constitution. Elle apparaît plus
comme un modèle de vie. « Ce petit
livre vous sera comme un miroir où vous pourrez vous regarder »[4],
nous dit Saint Augustin de sa Règle. La Règle n’est pas seulement le fruit d’un
fondateur cherchant à organisation sa communauté. Elle est aussi fortement
inspirée de la Sainte Écriture. Les références bibliques y sont généralement nombreuses.
Elle est enfin née de l’expérience monastique acquise au cours des générations.
La Règle est la référence
première de la vie des réguliers. Tous doivent s’y soumettre. Mais chose étant
humaine, sa pratique, dite encore observance, varie selon les époques et les
communautés. Selon la manière de se situer par rapport à la Règle, elle est
dite commune, stricte ou étroite. Ce terme caractérise parfois certaines
branches d’un même ordre. Les Franciscains sont ainsi divisés entre la commune
et la stricte observance.
La Règle est néanmoins
suffisamment souple pour être adaptée au lieu et au temps. Elle est bien
différente de nos multiples lois souvent rédigées pour répondre rapidement à
des circonstances, sans se soucier des cas particuliers, ignorant la diversité
de situations ou croyant en une humanité désincarnée. Toutefois, la Règle paraît
parfois insuffisante, notamment pour régler la vie des femmes qui souhaitent
embrasser une vie régulière. Elle est généralement écrite par des hommes et
pour des hommes. Elle est alors complétée par des Statuts ou des Constitutions
propres. Parfois, l’usage leur attribue le nom de « Règle ». Pourtant, contrairement à la Règle, qui est figée et
intemporelle, des Statuts ou des Constitutions sont modulables ou évolutifs par
principe. Enfin, les Statuts et les Constitutions sont aussi complétés à leur
tour par des Règlements, c’est-à-dire des dispositions pratiques applicables à
l’ensemble de la communauté. L’ensemble de ces textes, Statuts, Constitutions,
Règlements, forment les Coutumes ou textes coutumiers. Ils manifestent en fait
des usages importants différents selon les communautés, découlant d’une même
Règle. Ils traduisent donc la diversité dans un Ordre, préservant à la fois la
spécificité et l’unité.
Nous pouvons différencier
les Ordres anciens selon leur fonction principale :
- contemplatifs : Bénédictins, Cisterciens, Grandmontains ;
- érémitiques : Chartreux, Camaldules ;
- mendiants : Dominicains, Franciscains, Carmes ;
- de rachat et de captifs : Trinitaires, Mercédaires ;
- de chanoines : Augustin, Prémontrés, Génovéfains, Victorins, etc. ;
- militaires et hospitaliers : Templiers, Lazarites, Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, Chevaliers teutoniques, Hospitaliers de Saint-Jean de Dieu ;
- des Jésuites.
- contemplatifs : Bénédictins, Cisterciens, Grandmontains ;
- érémitiques : Chartreux, Camaldules ;
- mendiants : Dominicains, Franciscains, Carmes ;
- de rachat et de captifs : Trinitaires, Mercédaires ;
- de chanoines : Augustin, Prémontrés, Génovéfains, Victorins, etc. ;
- militaires et hospitaliers : Templiers, Lazarites, Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, Chevaliers teutoniques, Hospitaliers de Saint-Jean de Dieu ;
- des Jésuites.
Chacun des Ordres a ainsi
sa spécificité. Certains privilégient la prière ou l’hospitalité, d’autres, l’apostolat
ou l’aide auprès des prisonniers par exemple, cherchant toujours à garder
l’esprit et l’intention première de leur fondateur. Un Ordre est porté soit
vers la contemplation, soit vers l’action, sans cependant éloigner les
religieux de la vie intérieure et priant. Néanmoins, un même Ordre peut
regrouper des religieux engagés dans le monde, dans l’enseignement par exemple,
et des religieux contemplatifs. Le cas des Dominicains est exemplaire. Les
Frères prêcheurs sont missionnaires, enseignants alors que les moniales sont
contemplatives et cloîtrées. Avant le XVIIe siècle, il est vrai que les
religieuses ne peuvent qu’être cloîtrées.
Prière et travail
Que le religieux soit
actif ou contemplatif, la prière demeure le centre de sa vie religieuse, sous
forme de prière individuelle ou communautaire. Le chœur est ainsi au centre de
la vie religieuse, rythmée par les offices, rendus quasi-obligatoires. Le temps
consacré à la prière et sa régularité sont variables en fonction des
spécificités des Ordres et de leurs Statuts. Les religieux chargés de missions
apostoliques comme les Dominicains réduisent leur présence au chœur pour les
offices du jour. Il varie aussi selon la fonction des religieux au sein de la
communauté. Les moines se différencient ainsi entre les frères convers, occupés
par leurs tâches matérielles, et les frères de chœur, plus assidus à l’office.
Le travail fait aussi
parti de l’existence du religieux. Il est même nécessaire pour que le monastère
puisse subvenir à ses besoins. Son importance et sa nature varient aussi selon
les Ordres. Il peut être manuel, intellectuel ou apostolique. Un monastère peut
être autarcique, comme dans l’Ordre cistercien, ou employer suffisamment
d’employés non religieux pour devenir un centre économique fiable et autonome
comme dans l’Ordre clunisien. En outre, dans chaque communauté, certains religieux
occupent des fonctions indispensables au bon fonctionnement de la maison,
généralement par rotation et pour un temps déterminé. La part du manuel et de
l’intellectuel est aussi en fonction des familles religieuses.
Diversité dans les habits
Les vœux religieux
La principale différence entre
les différentes familles religieuses réside dans la profession de vœux. Au Moyen-âge, tous les religieux sont soumis
à des vœux solennels définitifs, sorte de contrats et d’engagement sacrés. En
prononçant ses vœux, le religieux s’engage solennellement dans l’Église devant
Dieu et devant la communauté qui en est à la fois le garant et le dépositaire.
C’est ainsi par les vœux qu’il adhère pleinement à son Ordre. L’appartenance au
sens strict se définit d’ailleurs par les seuls vœux. Les vœux sont donc d’une
extrême importance au point qu’une rupture de ses vœux est considérée comme une
apostasie. En les trahissant, il trahit en effet Dieu et son Ordre. Ce dernier
peut alors légitimement le poursuivre et le condamner. Le non respect des vœux
est aussi considéré comme un péché. Toutefois, il est possible d’obtenir une
dispense de vœux, mesure néanmoins exceptionnelle.
Avant la naissance des
congrégations religieuses, les vœux ne sont que solennels et définitifs. Pour
les séculiers, les vœux peuvent être simples, c’est-à-dire temporaires et
renouvelables. Comme leur nom l’indique, les vœux solennels sont prononcés
publiquement lors d’une cérémonie alors que certains vœux simples peuvent être
privés.
L’état du religieux dépend
des vœux prononcés. Il est postulant s’il n’a prononcé aucun vœu et s’il sollicite
son admission dans une communauté religieuse. Il est novice, c’est-à-dire
« nouveau venu », s’il se
forme à la vie religieuse afin de prononcer ses vœux définitifs. Il est enfin
profès lorsqu’il s’est engagé par des vœux définitifs. Ainsi avant d’embrasser
la vie religieuse, le religieux suit une première période de probation en temps
que postulat puis une seconde, dite période de noviciat.
Les vœux solennels
traditionnels sont ceux de pauvreté, d’obéissance et de chasteté. Le religieux
apparaît donc comme un homme chaste qui renonce à la tentation de la chair et
domine son corps. Il est aussi un homme humble et pauvre, abandonnant tous ses
biens à son entrée dans une communauté, une fois son noviciat achevé. Le vœu
d’obéissance consiste à renoncer à sa volonté propre, se soumettant à
l’autorité religieuse. Ainsi, par ses trois vœux, le religieux se dépouille,
s’abandonne, se renonce.
Certaines familles
religieuses peuvent rajouter aux trois vœux traditionnels un quatrième, comme
la fidélité directe au Pape pour les Jésuites, ou encore un engagement solennel
comme celui de stabilité au sein d’un monastère ou de l’Ordre.
En 1566, constatant la
multiplication de nouvelles formes de vie religieuse, Saint Pie V précise ce
que sont les Ordres religieux. La profession de vœux solennels et définitifs en
est une condition. Dans le code canonique de 1917, la distinction entre les
congrégations selon les vœux est de nouveau affirmée. Cette distinction
disparaît avec le nouveau droit canonique, défini en 1983. Les termes de
religieux ont même disparu. Il parle désormais de « vie consacrée », de « vie
cloîtrée », d’« entrée au
couvent ».
Enfin, rappelons que lorsque
nous évoquons le terme de « régulier »,
nous l’opposons parfois au terme de « séculier »,
c’est-à-dire celui qui vit dans le monde. Le « régulier » est en effet celui qui non seulement se renonce par
ses vœux mais aussi celui qui s’exclut du monde. C’est un religieux cloîtré,
une religieuse à l’abri derrière sa clôture. Ces deux termes « cloître » et « clôture » désignent un espace d’où
sont exclues certaines personnes extérieures et dont les religieux ne peuvent
sortir sans autorisation. Dans un sens formel, ils signifient aussi les lois
qui déterminent cette double interdiction. Un régulier est donc fortement
enraciné à un espace, c’est-à-dire à une maison religieuse.
Pour montrer son
détachement du monde, les religieux portent la tonsure, signe de séparation
avec le siècle. Elle n’est pas spécifique aux moines puisqu’elle est avant tout
propre aux clercs. Cette habitude date du IXe siècle. Elle est devenue un rite
pour entrer dans la vie monastique au point qu’elle est le symbole même du
moine. Le sacrifice de la chevelure traduit le renoncement aux choses
terrestres, la consécration à Dieu. La forme du cercle évoque l’engagement
définitif. Il n’a ni fin ni début. Enfin, la répétition nécessaire du geste de
la « rasure » évoque la
persévérance de l’engagement, le combat continu contre le monde.
Les moines, des religieux
réguliers, soumis à une autorité
Le terme de « moine » ou de « moniale » vient de « monachos », lui-même de « monos », c’est-à-dire « seul », « unique ». Selon certains commentateurs, il signifie celui qui
est retiré dans un lieu solitaire. Ce terme nous renvoie alors au premier âge
du monachisme, c’est-à-dire aux ermites qui se sont retirés dans le désert.
Selon d’autres commentateurs, il est « seul »
car célibataire. Enfin, ce terme peut signifier celui qu’il vit séparé du monde,
y compris au sein d’une communauté. Dans la Vie de Saint Antoine par
Saint Athanase, le terme de « moine »
désigne tout cela. Le terme de « moine »
peut enfin nous renvoyer à une manière de vivre, à un comportement, à une
disposition intérieure. Le moine est celui qui « cherche une unification
intérieure, qui cherche à devenir monos, un, unifié, et non pas divisé. »[5]
Les moines se répartit
entre deux catégories :
- les ermites, ou encore les anachorètes, ceux qui « qui se retirent d’un lieu habité », retirés du monde ;
- les cénobites, ceux qui vivent en communauté.
- les ermites, ou encore les anachorètes, ceux qui « qui se retirent d’un lieu habité », retirés du monde ;
- les cénobites, ceux qui vivent en communauté.
Parfois, un monastère peut
comprendre les deux formes de vie, mêlant la vie solitaire avec la vie
communautaire, telles les laures orientales. Aujourd’hui, comme au XVIe siècle,
le terme de « moine »
désigne en fait en Occident les cénobites.
Chaque religieux est enfin
soumis à la vie conventuelle, c’est-à-dire relative à la communauté, mais il
peut obtenir une certaine liberté par rapport à ceux-ci au moyen de dispenses.
La dispense parait sage puisque certaines activités liées aux fonctions peuvent
empêcher un religieux de vivre avec rigueur l’observance. Elle peut concerner
des membres comme toute une communauté.
Des hommes dans un espace
structuré
Les bâtiments sont
regroupés selon leurs fonctions. Nous pouvons généralement identifier cinq
espaces :
- un espace de prière, dont l’élément principal est constitué par l’église, qui réunit régulièrement les religieux pour les offices ;
- un espace de travail, regroupant les différents ateliers ;
- un espace de repos et de soin : les cellules individuelles ou le dortoir, l’infirmerie et le cimetière ;
- un espace de restauration : le réfectoire, la cuisine ;
- un espace d’accueil des hôtes : la porterie, le parloir et l’hôtellerie.
- un espace de prière, dont l’élément principal est constitué par l’église, qui réunit régulièrement les religieux pour les offices ;
- un espace de travail, regroupant les différents ateliers ;
- un espace de repos et de soin : les cellules individuelles ou le dortoir, l’infirmerie et le cimetière ;
- un espace de restauration : le réfectoire, la cuisine ;
- un espace d’accueil des hôtes : la porterie, le parloir et l’hôtellerie.
Les espaces sont
cloisonnés de façon à séparer les différents religieux selon leur état. Le
cloître permet de communiquer ces différentes espaces.
La reconnaissance de
l’Église
Un régulier est lié à une
Règle, donc à un Ordre. Un moine est lié à un monastère donc à une Règle. Mais
comme nous l’avons déjà expliqué, une Règle doit être reconnue par l’Église.
Cela est aussi vrai pour toute famille religieuse ou monastère. Car tous appartient
à l’Église. Il est donc obligatoire d’obtenir l’approbation d’une autorité
légitime, soit du Pape, soit de l’évêque. Selon le niveau, ils relèvent en
effet soit de la Papauté, soit du diocèse. Cela signifie aussi que la vie
religieuse et la vie monastique sont régies par des règles précises, par un
droit spécifique.
Conclusion
Au XVIe siècle, en
Occident, le moine est un élément important de la société chrétienne, qu’elle
soit occidentale ou orientale. Le monde religieux est marqué par une forte diversité
mais aussi par une certaine unité, ce qui explique certaines confusions
dommageables. Divers dans les fonctions, la tenue, dans les Statuts, il est
néanmoins soumis à une Règle, au nombre de trois en Occident, à des vœux
solennels définitifs, à une même vocation, ou comme diront certains, à un même
idéal, à une recherche d’une harmonie, aussi bien intérieure qu’extérieure. La
vie religieuse est ainsi une vie parfaitement réglée, avec des codes et une
spiritualité particulière, avec une même volonté de se détacher du monde pour
s’unir davantage à Dieu. Au-delà des moyens mis en œuvre, il est donc important
de comprendre la diversité du monde religieux tout en discernant son unité, un monde marqué par l'ordre, tout orienté vers Dieu.
Détaché du monde, mort au
monde, le religieux ou le moine vivent dans une communauté régie par un cadre
précis et dans un espace construit pour répondre à leurs besoins. Fortement
marqué par une spiritualité particulière et par une histoire qui remonte à un
fondateur, les Ordres anciens demeurent une caractéristique d’une société
chrétienne, et même de l’Église.
Si la Règle, l’habit,
l’aménagement d’un monastère, le travail, la prière, …, ne sont que des moyens,
ils sont fortement marqués d’une
volonté, d’un objectif, d’une finalité au point que les remettre en cause revient
sans aucun doute à s’attaquer à un genre de vie propre au christianisme. Et
dans les attaques contre le monachisme, c’est bien cette vie qui est attaquée…
Aujourd’hui encore
présente, la vie spécifique des religieux peut nous paraître insaisissable ou
incompréhensible, ce qui soulève chez certains des critiques, voire de
l’ironie. Ces attaques est peut-être la manifestation d’une certaine ignorance
et donc de l’inquiétude, voire de l’envie. Derrière les mots et les rires, il
faut donc déceler l’erreur, les malentendus, les confusions afin de défendre un
genre de vie que le christianisme a fait naître et protégé…
Notes et références
[1] Rabelais, Gargantua, chapitre XXVII, 1534, Léon Pichon, 1921, gallica.bnf.fr.
[1] Rabelais, Gargantua, chapitre XXVII, 1534, Léon Pichon, 1921, gallica.bnf.fr.
[2] Frère plus chargé
des affaires matérielles, des travaux manuels.
[3] Frère tenu à la
récitation de l’office au chœur à la différence du frère convers.
[4] Saint Augustin, Règle,
n°8, 2.
[5] Frère Philippe, Petite
histoire de la vie monastique, Siloë, 1992.
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