" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 17 novembre 2017

Les origines du monachisme en Occident



 
Le monachisme est probablement né de l’Orient. Fuyant le monde et son esprit, des hommes se sont retirés dans le désert d’Égypte ou de Syrie afin de suivre Notre Seigneur Jésus-Christ dans le renoncement et l'austérité la plus sévère, afin de répondre à son appel de perfection évangélique. Mais cette vie de solitude apporte aussi de périlleux dangers. L’ermite peut certes renoncer au monde mais se renoncera-t-il à lui-même ? Évitera-t-il en effet les dangers de la solitude, de cette vanité humaine qui peut aussi s’épanouir dans l’ascèse et la mortification ? Ne risque-t-il pas de fonder son salut dans l’accumulation d’exercices de mortification, c’est-à-dire dans sa propre volonté ? La vie en communauté est une réponse à ce danger. Elle apporte un cadre permettant à chacun de répondre à ce besoin de perfection sans se perdre ni dans l’orgueil ni dans l’illusion. Elle garantit le véritable renoncement.

L’idéal de perfection n’est pas l’apanage de l’Orient. En Occident, ce désir est aussi bien vivant. Pèlerins de la terre sainte ou enthousiasmé par les récits de Saint Antoine ou d’autres ermites, les premiers chrétiens occidentaux se réfugient dans les déserts de Palestine et d’Égypte. Mais d’autres veulent suivre la voie monastique sur leur propre terre. Les chemins sont alors diverses.

Des moines missionnaires et engagés dans le monde

Alors que Saint Basile se retire dans la solitude, vers 360, Saint Martin (316-397) fonde aux environs de Poitiers le premier monastère de tout l’Occident, à Ligugé. Comme Saint Antoine, il renonce à tout après avoir entendu le conseil de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il veut vivre lui-aussi dans la solitude comme les saints du Désert. Il se réfugie dans le silence et l’obscurité, vivant dans une misérable cabane. Impressionnés par son exemple, d’autres chrétiens le rejoignent. En 372, il est élu évêque de Tours. En dépit de sa nouvelle charge qu’il exerce saintement, Saint Martin est toujours animé d’un vif désir de solitude et de silence. Il finit par trouver un nouvel endroit solitaire, proche de sa ville épiscopale, dans lequel il peut se réfugier. C’est Marmoutier, qui deviendra l’un des plus puissants foyers monastiques de l’Occident.

Dans le monastère de Marmoutier, les moines ne possèdent rien, tout est mis en commun. Aucun commerce n’est toléré. Vivant seuls dans leur cellule, ils se retrouvent pour se rendre à l’oratoire et pour prendre le repas ensemble. Ils se consacrent à la prière. Seuls les plus jeunes pratiquent l’art du copiste. Contrairement à l’Orient, les moines peuvent être des prêtres. Formés, ils sont alors envoyés en mission, parcourant les chemins et les campagnes. Du monastère sortira alors de grands évêques comme Brice à Tours, Maurille à Angers, Victorius au Mans et bien d’autres encore. D’autres bâtiront des monastères comme Saint Maxime, abbé du monastère lyonnais de l’Ile-Barbe. Ce sont eux qui résisteront aux invasions barbares. Ainsi, le moine n’est pas reclus dans son monastère.

Vers 410, Saint Honorat est un de ses patriciens qui veulent renoncer à sa brillante carrière et à la richesse pour aimer Dieu. Il se réfugie dans une île déserte, à Lérins. Mais, comme à Ligugé, son exemple attire des hommes, eux-aussi avides de Dieu. Un nouveau monastère apparaît. L’île devient celle des solitaires. Les plus anciens vivent dans une cellule isolée, s’adonnant à l’ascèse et à la prière contemplative, ne rejoignant les autres que pour les offices et les conférences spirituelles. Contrairement à leurs aînés, les jeunes moines sont astreints à une vie communautaire. Comme Saint Martin, Saint Honorat et son successeur Saint Hilaire d’Arles sont appelés à l’épiscopat. Et bien d’autres moines sont réclamés pour devenir des évêques. L’un d’eux, Saint Loup à Troyes, arrête Attila aux portes de la ville. Saint Patrick, l’apôtre de l’Irlande, est aussi un ancien du monastère. Ainsi, des petites communautés se développent sans véritable organisation, autour d’une personnalité rayonnante, essaimant des monastères.

Une vie communautaire

Toujours au IVe siècle, une autre forme de vie religieuse apparaît loin de la Gaule, en Afrique du Nord. Un jeune converti, brillant, découvre l’héroïsme des moines orientaux à partir d’un récit, notamment celui de la Vie de Saint Antoine écrit par Saint Athanase. C’est Saint Augustin (354-430). Enthousiaste, revenu à Thagaste, il regroupe autour de lui des amis pour prier et jeûner ensemble, pour étudier la Sainte Écriture et les ouvrages des premiers Pères de l’Église. C’est bien le désir de vivre en communauté au service d’une même foi qui réunit ces Chrétiens, formant ainsi une retraite studieuse, rythmé par les hymnes et les psaumes. De cette communauté sortira un clergé formé, redoutablement efficace. Le moine est un pasteur d’âme, un prêtre, plus encore un missionnaire

Devenu évêque de Thagaste, Saint Augustin fonde près de sa cathédrale une maison où les futurs clercs se forment dans une vie fortement communautaire, marquée par la pauvreté, l’esprit fraternel, dans un but apostolique. De cette vie monastique, sortira une Règle, la Regula ad servos dei. Comme pour Marmoutier ou Lérins, de nombreux évêques sortiront de ces monastères.

Des moines, maîtres de vie intérieure

Saint Jean Cassien (v.360-v.435) est un autre fondateur de la vie monastique. Son histoire est différente. Au cours d’un séjour de dix ans en Orient, il visite les ermites du désert, moine lui-même, étudiant leur vie et leur règle. Arrivé à Marseille et ordonné prêtre, il fonde un monastère pour mettre en pratique la vie religieuse orientale qu’il a ainsi longuement étudiée. Le monastère de Saint-Victor devient vite célèbre, regroupant des milliers de moines. Saint Cassien rédige ses Institutions cénobitiques vers 415, description détaillée et précise des usages et des règles en vigueur dans les monastères de Palestine et d’Égypte. Il devient le maître incontesté de la vie spirituelle avec ses Conférences spirituelles. Ses ouvrages sont « admirés immédiatement, copiés avidement, propagés de monastère en monastère, lus au sein des communautés religieuses »[1]. Mais à la différence de Marmoutier et de Lérins, le moine de Saint-Victor est un solitaire, retiré du monde, vivant dans l’absolu, contemplant les choses saintes dans sa cellule.

Imitant aussi les Pères du désert, Saint Romain se livre à un rude ascétisme dans le Jura, en pleine forêt, lieu redouté et redoutable, vivant seul, dans la prière et le dénuement absolu, depuis l’an 430. Ce n’est pas un débutant. Il était moine d’un monastère fondé par l’évêque d’Eucher, disciple de Saint Honorat. D’autres ermites le rejoignent. Un nouveau monastère surgit, celui de Condat. Il ressemble à une colonie de solitaires à la vie austère, à l’exemple des moines égyptiens. Vers 490, la vie communautaire y est introduite. Un dortoir finit par remplacer les cellules isolées. Une école monastique est même ouverte. Saint Romain fonde aussi un autre monastère vers 450 en Suisse, à Romainmoûtier.

Des fondations royales

Vers 515, le roi Sigismond de Burgonde décide de faire construire une basilique et un monastère à Agaune, sanctuaire de Saint Maurice, qu’il vénère particulièrement. Les moines de Condat et de Lérins sont appelés pour peupler le monastère. Neuf cents moines y seront réunis selon une règle définie par Saint Avit, évêque de Vienne. Ils pratiquent notamment la « laus perennis », c’est-à-dire l’adoration perpétuelle, une prière qui ne tait jamais comme cela est aussi pratiqué en Orient, notamment en Palestine. Pour faire pénitence d’un crime qu’il a commis, Sigismond se retire dans le monastère. Il se mêle aux religieux sans pourtant faire partie de la communauté.

D’autres monastères voient le jour grâce aux rois, à leur épouse, ou à l’un de leur famille : Saint Vincent de Paris, la future abbaye de Saint-Germain-des-Prés, par le roi des Francs Childebert Ier, Saint-Pierre-le-Vif, à Sens, par une petite-fille de Clovis, ou encore Sainte-Croix, à Poitiers, par Radegonde. Les grandes familles royales et seigneuriales contribuent ainsi au développement du monachisme.

Le monachisme occidental, un acteur majeur de la vie religieuse occidental

Ainsi, dès le IVe siècle, imitant l’Orient, des hommes décident de renoncer à la vie du monde pour se réfugier dans la solitude, et comme en Égypte, en Syrie ou en Palestine, leur exemple attire des disciples qui, regroupés, forment alors des monastères. Mais très rapidement, les moines sont réclamés et deviennent des évêques, des missionnaires, des bâtisseurs, fondateurs de nouveaux monastères. Au début, ils sont même enlevés pour assumer la charge d’évêques tant ils sont réputés pour leur sainteté, comme Saint Martin à Tours ou Saint Honorat à Arles. Ils fondent d’autres monastères, instaurant des règles, créant des écoles monastiques, soutenant les activités ecclésiastiques. Les moines occidentaux peuvent être prêtres et relèvent souvent de l’évêché. Néanmoins, certains monastères se dédient à la prière, à la vie contemplative comme Saint Victor ou Saint Agaune. La vie monastique se caractérise ainsi rapidement par sa diversité et son activité.

À l’origine du monachisme occidental

abbaye du Mont-Cassin



La fondation de monastères en Occident a ainsi de multiples causes, qui, parfois, se combinent : 
- la volonté de suivre les conseils de Notre Seigneur Jésus-Christ, renonçant à tout pour mieux le suivre sur la voie de la perfection, désirant ainsi vivre pleinement l’amour de Dieu ; 
- le désir d’imiter la vie des Pères du désert, des premiers anachorètes ou cénobites de l’Orient,  que certains fondateurs ont expérimentée et appréciée ; 
- le souhait de s’unir dans la prière et l’étude afin de partager la foi avec la même exigence et de se sanctifier en communauté ; 
- le désir de former des apôtres et des clercs pour aider l’évêque dans ses tâches d’évangélisation et de sanctification ; 
- la volonté de faire pénitence des fautes commises.

Des moines quittent leur monastère pour en créer d’autres, essaimant ainsi leur spiritualité. Les seigneurs et les princes jouent aussi un rôle dans les fondations afin d’obtenir les grâces divines ou le pardon de leurs fautes.

La spécificité des monastères occidentaux

Au VIe siècle, la Gaule compte au moins deux cent quarante monastères. Certains regroupent des centaines de moines, d’autres, en majorité une dizaine. Ce ne sont pas comme en Orient des villes de moines qui regroupent des milliers de religieux.

Le monastère est un lieu de prière et de travail, de vie contemplative, ou une sorte de séminaire, formant des missionnaires, voire d’enseignement. Les moines peuvent ainsi demeurer laïcs ou bien devenir des prêtres, voire des évêques. En dépit de leur désir de solitude, ils sont plus impliqués dans la vie sociale.

Comme en Orient, les monastères naissent le plus souvent d’une initiative personnelle, d’un ermite, d’un saint qui, par son exemple, attire des disciples autour de lui, se regroupant dans une communauté qu’il faut ensuite organiser. Ce sont aussi des hommes extraordinaires appelés à une vie d’absolue, de renoncement. « Suivre nu le Christ nu »[2]. Mais n’oublions pas non plus qu’ils sont aussi le fruit d’une expérience patiemment accumulée au cours des années. Saint Cassien a longuement étudié et médité la vie des moines d’Orient avant de se réfugier à Saint Victor.

Abbaye des Lérins
Mais contrairement aux moines d’Orient, la vie monastique attire des patriciens et des nobles. Les pèlerins qui découvrent la vie monastique orientale et l’embrassent parfois viennent des grandes familles de l’empire. La patricienne Paula, issue directement de la famille de Paul-Émile et de Scipion, s’enferme avec sa fille dans le monastère de Bethléem. Saint Martin est fils d’officier impérial, officier lui-même. Saint Honorat est un gaulois d’une grande famille lorraine ou champenoise. Leurs disciples peuvent aussi être des patriciens. Remarquons enfin que les rois eux-mêmes et les membres de leur famille appellent à la fondation de monastères et parfois s’y enferment. Le monachisme occidental prend une part importante dans la christianisation de l’Occident.

Les monastères mêlent les hommes de toutes conditions sociales, de toutes races, de toutes origines, du barbare aux gallo-romains, du fils du roi à l’ancien esclave, du riche au pauvre. La société s’y retrouve sans aucune distinction.

Enfin, le lieu des fondations est multiple. Certains s’isolent dans des coins peu accessibles, dans des îles ou dans la forêt. Une barrière naturelle sépare ainsi le moine du monde. Il peut aussi s’installer aussi auprès d’un lieu vénérable, un sanctuaire ou une tombe d’un saint, c’est-à-dire d’un homme qui a renoncé à sa vie jusqu’à la mort pour demeurer fidèle à Dieu. Le temps des persécutions est achevé, non l’amour de Dieu. Saint Cassien se réfugie dans une grotte, sur le tombeau de Saint Victor, officier d’une légion romaine, martyr au temps des grandes persécutions. La vie religieuse qu’il embrasse est la continuité d’un même héroïsme

Les difficultés du monachisme occidental

De la terre occidentale, émergent ainsi de nombreux monastères qui en fécondent d’autres. Ce développement se fait selon un mouvement désordonné, sans véritable unité. La vie monastique varie de maison en maison aussi bien dans les horaires des offices que dans le régime alimentaire, dans la part accordée au travail et à la prière. Les règles peuvent même varier au sein d’un même monastère selon celui qui le dirige. Plusieurs règles peuvent y cohabiter, le religieux obéissant à l’une d’entre elles selon leurs inspirations. Selon Saint Grégoire de Tours, Saint Arède fonde « un monastère où l’on observait non seulement la règle de Cassien, mais celle de Basile et des autres abbés qui ont inspiré la vie monastique. »[3]

Abbaye de Ligugé
Le moine gaulois reste en outre gaulois. C’est un homme fervent et exalté. Il n’est guère stable. Il entre dans un monastère aussi facilement qu’il en sort. Il embrasse la vie contemplative telle qu’elle est vécue dans un monastère de Cassien puis change afin de goûter à une autre spiritualité, plus à son goût. La célébrité d’un saint l’attire jusqu’au jour où une autre célébrité le fait de nouveau courir sur les chemins de la Gaule. Saint Léobin change ainsi au moins sept fois de monastère.
Ainsi, certains moines choisissent un monastère selon leurs bons plaisirs, beaucoup selon des critères peu édifiants. Ils finissent par vagabonder, sans règle, en rupture perpétuelle. Saint Augustin dénonce déjà l’hypocrisie de ces moines qui « parcourent les provinces où personne ne les a envoyés, errant en tout sens, ne s’établissant, ne s’arrêtant nulle part. » Saint Benoît nous parle de ces « sarabaïtes », « forts détestables », qui « n’ont pas été éprouvés, comme l’or dans la fournaise, par une règle, maîtresse d’expérience ; mais restant mous comme le plomb » et qui « demeurent fidèles au monde dans leur conduite, et, visiblement, mentent à Dieu par leur tonsure. Ils vivent deux ou trois ensemble, ou même tout seuls, sans pasteur, renfermés dans leur propre bergerie, et non dans du Seigneur. La satisfaction de leurs désirs leur sert de loi : ils tiennent pour saint tout ce qui qu’ils pensent ou préfèrent, et regardent comme illicite ce qui leur déplaît. » Il s’oppose aussi aux « gyrovagues », qui « passent toute leur vie à courir de province en province, séjournant trois ou quatre jours dans les cellules des uns et des autres. Toujours en route, jamais stables, esclaves de leurs volontés propres et des plaisirs de la bouche, ils sont pires en tout que les sarabaïtes. Mieux vaut se taire que de parler de la misérable condition de tous ces gens »[4].

S’armer pour le véritable combat

En décrivant la conduite peu exemplaire des « sarabaïtes » et des « gyrovagues », Saint Benoît nous définit ce qu’est le véritable moine : un chrétien qui cherche à renoncer à sa propre volonté, à combattre contre lui-même. Mort au monde, il est surtout mort à lui-même. Nous retrouvons alors l’esprit de Saint Antoine et de Saint Basile. Il nous définit aussi des moyens : la vie en communauté, sous la direction d’un maître, et l’obéissance à une règle. La vie monastique nécessite donc la stabilité et la soumission. Mais pour devenir moine, il faut être éprouvé comme nous l’a déjà appris Saint Pakhôme. Tous ne peuvent pas prendre la tonsure…

Ainsi, constatant la faiblesse des hommes et les dangers de la vie monastique, les Pères du monachisme oriental et occidental ont mis en place des moyens pour que le véritable moine parvienne à suivre la voie qu’il a choisie, une voie qui nécessite le renoncement au monde et à soi. Il ne s’agit pas seulement de se retirer dans la solitude mais de combattre pour acquérir une parfaite liberté afin de se détacher de tout ce qui détourne l’âme de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ces moyens sont la vie communautaire, sous la direction d’un maître, la Règle, les vœux, la clôture, etc. Par l’expérience des premiers ermites et cénobites, le monachisme s’est progressivement organisé et s’est doté des armes dont il a eu besoin pour vaincre le véritable adversaire.

Conclusion

Lorsqu’on oublie l’histoire des origines du monachisme, que nous venons brièvement de décrire, et finalement quand on oublie la finalité de la vie monastique, on peut alors facilement rire et se moquer des religieux et de leur manière de vivre. La vie monastique est pourtant le fruit d’une longue expérience, provenant de la sagesse chrétienne, orientale et occidentale. Née d’une véritable ferveur, voulant suivre la voie parfaite que Notre Seigneur Jésus-Christ a indiquée pour Le suivre, elle s’est progressivement armée pour éviter les dangers d’une route qui s’avère périlleuse. La vie monastique n’est pas en effet sans risque. Seul face à lui-même, l’homme est tenté de suivre non la voie de Dieu mais sa propre voie, ou de s’échoir devant les assauts du diable. Supprimer la Règle, les vœux religieux ou encore la stabilité, et le moine se trouve finalement démuni et livré à lui-même. Ce n’est pas parce que des « hypocrites » sont dispersés « sous les traits de moines »[5] qu’il faut condamner le monachisme. Faut-il encore le comprendre…

Faut-il aussi ne pas voir que les mauvais exemples et oublier que face aux barbares envahissant les terres occidentales ou face aux épreuves du temps, les moines ont été des bâtisseurs et des combattants dans le monde afin de répondre aux besoins de l’Église. C’est même un des plus grands mystères de la vie monastique. Ils ont tellement fui le monde qu’ils l’ont finalement façonné !




Notes et références

[1] Mgr L. Cristiani, Cassien, Tome I, dans Histoire vivante des moines des Pères du désert à Cluny, Michel Mourre, éd. du Centurion, 1965.
[2] Saint Jérôme, Lettres, LII, 5, 2 ; LVIII, 2, I ; CXX, 1, 12.
[3] Grégoire de Tours, Histoire des Francs, X, 29 dans Histoire vivante des moines des Pères du désert à Cluny, Michel Mourre.
[4] Saint Benoît, Règle de Saint Benoît, 1, trad. par Philippe Schmitz,Brepols, 1957.
[5] Saint Augustin, De opere monachorum, 28 dans dans Histoire vivante des moines des Pères du désert à Cluny, Michel Mourre.

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