Les mouvements protestants ne sont guère unis au niveau doctrinal. Certes, la doctrine de la justification par la foi seule semble être le fondement du protestantisme mais rapidement, elle l'a séparé en plusieurs églises. Luther l'a développée, enrichie, défendue avec rage et vigueur. Elle est au cœur de sa pensée. Plus calme et intelligent, Melanchthon l'a corrigée de manière considérable pour la rendre plus humaine, plus cohérente. Rigoureux dans son raisonnement, Calvin la défend aussi mais comme conséquence d’une
doctrine encore plus sévère, celle de la prédestination, doctrine qui sera encore
radicalisée par ses disciples face aux contestations internes. La doctrine de
prédestination est au cœur de la doctrine de
Calvin, contrairement au luthéranisme. Cette doctrine s’oppose aussi à la
prédestination telle qu’elle est enseignée par l’Église catholique. La prédestination est
donc un des points qui séparent nettement les Chrétiens. Il est donc important
de connaître les différentes doctrines ...
Conséquence
de la justification par la foi seule selon Luther
La
doctrine de la justification par la foi seule est au centre de la doctrine de
Luther comme de tous les premiers
« réformateurs ».
L’homme ne dispose d’aucune liberté dans l’œuvre du salut. « Celui qui sait que son salut est dans les mains
de Dieu, renonce à ses propres forces, ne choisit plus ses moyens, mais attend
l’action de Dieu en lui »[1]. Luther
a défini sa doctrine à partir de son expérience personnelle et d’une
interprétation des textes sacrés. Mais si l’homme n’a aucune liberté dans
l’œuvre de son salut, tout dépend finalement et absolument de Dieu. Luther en
arrive donc à l’idée de la prédestination. Néanmoins, il n’y insiste pas tant
cette idée l’horrifie. Effrayé par les conséquences de sa doctrine et plus
sage, Melanchthon atténue la doctrine de son maître au point d’affirmer une
certaine coopération humaine dans sa justification.
Une
doctrine finalement remise en cause par les luthériens
Luther refuse de s’attarder trop longtemps sur
l’idée de la prédestination, pourtant elle est une conclusion évidente, inéluctable de son système.
Elle est donc peu clairement enseignée par les premiers luthériens. Ils n'y insistent guère. En outre, dans la
foi luthérienne, la doctrine de la justification par la foi seule est suffisamment
modifiée pour écarter toute idée de prédestination.
Après
avoir suivi fidèlement son maître,
Melanchthon reprend sa doctrine de la justification. Comme d’autres luthériens, il se rend compte des
conséquences fâcheuses pour la vie morale. Il finit par enseigner la nécessité
de la coopération de l’homme avec la grâce dans l’œuvre de la conversion. C’est
la thèse du synergisme. Il modifie en conséquence les ouvrages de référence du
luthéranisme. Cependant, jusqu’à la mort de Luther, il demeure prudent. Mais d’autres
n’ont pas cette même loyauté. En 1555, Jean Pfeffinger, professeur de Leipzig,
enseigne ouvertement la coopération de la volonté avec la grâce. Les luthériens
Amsdorf, Illyricus et d’autres s’insurgent, le couvrant de toutes les injures
possibles, radicalisant même l'idée de la prédestination. Dieu est même présenté comme l'auteur du mal. Des professeurs de Wittenberg, d’Iéna et de Leipzig apportent leur appui auprès de Pfeffinger. Mais, à la demande du duc Jean Frédéric de Saxe, des théologiens réfutent le synergisme. En 1558, il est même déclaré d'opinion
impie.
En
1576, le synergisme est de nouveau au centre des discussions entre les
protestants. À Torgau, des théologiens sont réunis pour parvenir à une formule
de concorde sur les points de divergence. Le Livre de Torgau a ainsi
été écrit dans un sens très « melanchthonien ».
Il professe la nécessité du concours de la volonté humaine avec la grâce tout
en admettant que la grâce a le pouvoir de changer la volonté. Après avoir été
diffusé dans tous les États de l’Empire, il a été modifié et a donné lieu à une
nouvelle formule de concorde en 1577. Mais, les passages favorables au
synergisme ont été omis ou amendés. En 1580, il est devenu le symbole de foi
de l’Église protestante par la majorité des États de l’Empire. Néanmoins, dans
certains États, comme dans la Saxe électorale, il a encore été modifié dans un sens
synergiste.
La
souveraineté absolue de Dieu selon Calvin
Calvin
arrive aussi à la même conclusion que Luther mais par une démarche différente.
C’est l’idée de la souveraineté absolue de Dieu qui conduit le « réformateur » de Genève à affirmer la
doctrine de la prédestination. En effet, si le salut dépendait de l’homme, la
décision divine dépendrait également de lui, ce qui est inconcevable si Dieu
est vraiment Dieu. Si l’homme avait une part de responsabilité dans sa
justification, celle-ci ne serait plus en outre un don gratuit. Calvin définit alors la double prédestination : de toute éternité, Dieu élit les uns pour
être sauvés, les autres pour être damnés. Sa miséricorde s’exerce sur les uns,
sa justice sur les autres.
La
doctrine de Calvin comprend plusieurs idées fortes. D’abord, Dieu a élu des
hommes sans égard à un quelconque mérite. Puis, toute élection entraîne un
choix et donc une séparation. Enfin, la sélection ne provient pas de la prescience
de Dieu. Tout dépend du « bon
plaisir de Dieu », c’est-à-dire de sa volonté. « Dieu n’a rien considéré hors de soi-même à
quoi il ait eu égard en faisant cette délibération. »[2] Sa
décision ne dépend d’aucune circonstance ou condition. « Dieu fait miséricorde à qui bon lui semble
et endurcit qui bon lui semble. Nous voyons comme il remet l’un et l’autre sur
le bon plaisir de Dieu. Si nous ne pouvons pas donc assigner autre raison
pourquoi c’est que Dieu accepte les élus, sinon pour ce qu’il lui plaît, nous
n’aurions aussi nulle raison pourquoi il rejette les autres sinon sa volonté. »[3]
Calvin
parvient donc à sa doctrine par la logique. Il la justifie aussi par la
Sainte Écriture, et plus précisément par Saint Paul. « C’est en lui que Dieu nous a élus dés avant
la création du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant
lui, nous ayant, dans son amour, prédestinés à être ses fils d’adoption par
Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté » (Épître
aux Éphésiens, I, 4-5). Pour défendre sa doctrine, Calvin en appelle aussi
à Saint Augustin comme Luther. Il utilise de nombreuses expressions de ses
ouvrages.
Une
force et non un motif de découragement pour Calvin
Au
contraire de Luther, Calvin voit dans sa doctrine non pas du découragement mais
une force sur laquelle peuvent s’appuyer les fidèles. Si Dieu sauve par un
décret qui ne dépend pas de l’homme, il suffit de faire partie des élus pour
être certain de son salut. Remarquons que la cause profonde de la révolte de
Luther a commencé par la crainte de la damnation, c’est-à-dire par l’absence de
certitude de son devenir. La doctrine de la prédestination rend caduque toute
crainte puisque tout est fixé selon le bon plaisir de Dieu sans tenir compte
des œuvres de l’homme. Certes, on supprime la crainte qui tourmente Luther mais
à quel prix !
Cependant
la prédestination soulève une question cruciale, aussi douloureuse, voire plus
effrayante, que la crainte de ne pas savoir : comment le fidèle peut-il
savoir s’il fait partie des élus ou des damnés ? Tout revient
finalement à cette question.
Calvin
ne semble pas avoir apporté de réponse précise à cette question pourtant légitime.
Les avis des calvinistes divergent sur ce point. Pour certains, Calvin demande
de se contenter de savoir que Dieu en a décidé ainsi et de persévérer dans la
confiance en Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est-à-dire dans la foi selon le
sens donné par les protestants. « Quand
ils enquièrent de la prédestination, [les hommes] entrent au sanctuaire de la
sagesse divine, auquel si quelqu’un se fourre et ingère en trop grand confiance
et hardiesse, il n’atteindre jamais là de pouvoir rassasier sa curiosité, et
entrera en un labyrinthe où il ne trouvera nulle issue. »[4]
Cependant,
pour d’autres, Calvin précise que des signes de salut ne manquent pas. Car
« Dieu par sa vocation rend
suffisant témoignage de son conseil secret ». Si le fidèle éprouve de
la foi et réalise des bonnes œuvres, c’est qu’il fait parti des élus. « Pour celui qui se sait racheter, elle lui
permet d’appuyer sa fragilité sur le roc, la volonté incompréhensible de Dieu. »[5] La
persévérance dans la foi est « l’attestation
ultime et décisive de la grâce prédestinée »[6].
La
prédestination au cœur des polémiques chez les calvinistes
Comme
la justification est objet de querelles entre les luthériens, les calvinistes se divisent sur la prédestination. Elle a donné lieu aux Pays-Bas à leur
séparation entre les supralapsaires et les infralapsaires. Les premiers
enseignent que Dieu a prédestiné les élus au ciel et les damnés à l’enfer,
conformément aux doctrines de Calvin, et cela avant que le monde fût. Le décret
de prédestination serait donc antérieur à la chute d’Adam. Il n’en dépend pas.
C’est la prédestination absolue. Les infralapsaires soutiennent au contraire
que la prédestination est liée à la chute du premier homme ou aux mieux à sa
prévision, ainsi au bon ou au mauvais usage que la volonté libre de l’homme
fait de la grâce. C’est une prédestination dite conditionnelle.
Au
XVIIème siècle, en étudiant la doctrine des infralapsaires dans le but de les réfuter,
Jacques Arminius finit par y adhérer et par la défendre. La prédestination
absolue est, dit-il, contraire à la sainteté de Dieu. Car si Dieu prédestine certains
hommes à la damnation, Il devient l’auteur du péché, ce qui est inconciliable
avec sa sainteté. Le calviniste Gomar attaque alors Arminius, démontrant sans
difficulté l’incompatibilité de sa doctrine avec celle de Calvin. Le conflit
finit par s’étendre dans tout le pays, au-delà même des protagonistes. En 1610,
les successeurs d’Arminius finissent par attaquer aux dogmes calvinistes.
Finalement, suite à l’intervention du stadhouder Maurice de Nasau, partisan des
gomarismes notamment par intérêt politique, les Arminiens sont déclarés hérétiques au
synode de Dordrecht en 1619. Le même synode déclare notamment que Notre
Seigneur Jésus-Christ n’est mort que pour les élus ou encore que les élus ne
peuvent pas perdre la grâce, vu le décret éternel de Dieu, ou bien que
l’élection dépend du bon plaisir de Dieu sans égard aux actions des hommes. On
en vient finalement à remettre en cause la doctrine du salut universel. Notre
Seigneur Jésus-Christ ne serait pas mort pour tous les hommes. Telle est la conséquence logique de la double prédestination.
Par rapport à Dieu, la prédestination n’a pas de sens. Dieu est hors du
temps [8]. Le passé, le présent et le futur n’ont en fait de sens que pour ses
créatures et donc pour nous. Dieu connaît en outre toute chose, y compris ce
qui est le plus insondable. « L’Esprit
pénètre tout, même les profondeurs de Dieu » (1ère épître aux
Corinthiens, II, 10) Dieu sait, d’une manière parfaite, tout ce qui, de
quelque manière, peut être l’objet de connaissance. Il est dit omniscient. La
science de Dieu comprend les actions passées et présentes et s’étend aux
actions libres futures. Hors du temps, Dieu voit en quelques sortes du haut de
sa montagne ce que les hommes ont fait, font et feront.
La
« prescience » est la
connaissance certaine que Dieu a de l’avenir, même des actes libres. Remarquons
que les choses ne se produisent pas parce que Dieu les connaît avant qu’elles
ne se produisent. Dieu sait d’avance nos actions libres parce qu’elles se
passeront dans le futur. La prescience n’est pas une causalité. La prescience
et la prédestination n’ont donc aucun rapport.
La
prédestination selon la doctrine catholique
La
prédestination n’a donc de sens que d’après notre manière de penser. Elle se
rapporte à la volonté de Dieu relativement au salut des hommes. Au sens
étymologique, la prédestination signifie « destination antérieure ». Au sens théologique et catholique, elle désigne la
volonté ou le dessein que Dieu a formé, de toute éternité, de conduire par sa
grâce des hommes au salut éternel, de manière à les y faire arriver
infailliblement.
Notons
déjà qu’elle est différente de la volonté divine de salut par laquelle Dieu a
résolu de racheter et de sauver tous les hommes. La prédestination concerne au
sens strict les hommes en particulier. L’Église enseigne en effet
l’universalité du salut, qui donne à chaque homme le droit de se compter au
nombre des élus, et donc de croire que Dieu veut sa béatitude. Cependant,
personne n’a une certitude surnaturelle de son état de grâce ni de sa
prédestination.
Toujours selon
la doctrine catholique, Notre Seigneur Jésus-Christ est mort pour tous
les hommes. Cela ne signifie pas que tous les hommes sont ou seront sauvés.
L’homme peut résister à sa grâce. Dieu veut notre salut mais de manière
conditionnelle. Il accorde à tous les hommes, en vertu des mérites de Notre
Seigneur Jésus-Christ, les moyens ou les secours nécessaires pour arriver au
salut, même si ces moyens sont différents selon les hommes. Dieu demeure maître
de ses dons. Cependant, l’homme peut résister à ses grâces. Il peut en usant
mal de son libre-arbitre rejeter le secours que Dieu lui offre pour son salut. Il
y a véritablement une coopération entre la grâce divine et le libre arbitre [9].
Comme
nous l'apprend Notre Seigneur Jésus-Christ par la parabole des talents [10], tous les hommes ne reçoivent pas les
mêmes grâces, même si la grâce est donnée à tous, sans exception. Dieu accorde
à certains plus de grâces qu’à d’autres. C’est ainsi qu’un certain nombre
d’hommes sont prédestinés. Et ceux qui y sont prédestinés seront
infailliblement sauvés.
La
prédestination, un acte libre et gratuit de Dieu
La
prédestination est une grâce ou plutôt une série de grâces donc un don totalement
gratuit de Dieu. Les élus n’ont donc aucun mérite. Certains théologiens
catholiques affirment qu'elle est absolue et antérieure, suivant
notre manière de penser, à la prévision des mérites de l’homme aidé par la
grâce, et d’autres la voient comme conditionnelle ou postérieure à la prévision
de ses mérites. Selon la première thèse, l’homme correspond à la grâce parce
qu’il est prédestiné. Dieu accorde aux prédestinés les grâces efficaces qui,
sans nuire à son libre arbitre, doivent le faire arriver infailliblement au
salut éternel. Selon la seconde thèse, Dieu prévoie que parmi ceux qui
recevront les grâces, certains en useront bien et Dieu les prédestinent à la
gloire. Comme les mérites dépendent de la grâce divine, le décret reste gratuit
puisqu’il ne suppose que des mérites acquis par la grâce. Dans les deux cas,
les hommes sont rejetés par refus des grâces que Dieu a accordées.
La
prédestination est surtout un mystère qui dépasse notre entendement, un mystère
qui se fonde sur le secret de la volonté divine du salut pendant notre
pèlerinage terrestre, sur la liberté complète avec laquelle Dieu accomplit la
prédestination et enfin sur la gratuité absolue de la prédestination.
La
doctrine catholique de la réprobation
Il
n’est pas possible de traiter de la prédestination sans parler de la
réprobation. La réprobation est un acte, un décret par lequel Dieu exclut du
royaume des cieux et condamne aux supplices de l’enfer les pécheurs qui
demeurent dans l’impénitence finale. Un certain nombre d’hommes est donc non
seulement rejeté du bonheur éternel mais subit des peines éternelles. Ils ne
sont pas réprouvés par la volonté divine - contrairement à la doctrine de Calvin - mais parce qu’ils persévèrent
volontairement et librement dans leurs péchés jusqu’à la fin. Ils sont donc prédestinés
non pas par rapport aux péchés mais par rapport aux châtiments. Les réprouvés demeurent
responsables de leur perdition. Ou dit autrement, les méchants ne périssent pas
parce qu’ils n’ont pas pu être bons mais parce qu’ils n’ont pas voulu être
bons. Selon la doctrine catholique, personne n’est donc prédestiné au mal par
la puissance divine.
Ainsi,
dans le choix de ceux qui seront sauvés, la miséricorde de Dieu précède leur
mérite, tandis que dans la condamnation de ceux qui périront, leur démérite
précède le juste jugement de Dieu.
Les
fausses conceptions
Deux
voies opposées à la conception catholique de la prédestination sont possibles : le pélagianisme et le calvinisme.
Il y a ceux qui voient le salut uniquement dans les œuvres humaines et donc réside essentiellement dans la nature humaine. Ce sont les pélagiens. Il n’y a aucune place à la prédestination puisque tout dépend de l’homme et de sa liberté entière. Les pélagiens n’admettent naturellement que la prescience.
Il y a ceux qui admettent la prédestination non seulement pour la vie mais encore pour le péché et la damnation. Ce sont les calvinistes. C’est la double prédestination. « Nous appelons prédestination le conseil éternel de Dieu par lequel il a déterminé ce qu’il voulait faire de chaque homme. Car il ne les crée pas tous en pareille condition, mais ordonne les uns à la vie éternelle, les autres à l’éternelle damnation. Ainsi selon la fin pour laquelle est créé l’homme, nous disons qu’il est prédestiné à la mort ou à la vie. »[7]
Il y a ceux qui voient le salut uniquement dans les œuvres humaines et donc réside essentiellement dans la nature humaine. Ce sont les pélagiens. Il n’y a aucune place à la prédestination puisque tout dépend de l’homme et de sa liberté entière. Les pélagiens n’admettent naturellement que la prescience.
Il y a ceux qui admettent la prédestination non seulement pour la vie mais encore pour le péché et la damnation. Ce sont les calvinistes. C’est la double prédestination. « Nous appelons prédestination le conseil éternel de Dieu par lequel il a déterminé ce qu’il voulait faire de chaque homme. Car il ne les crée pas tous en pareille condition, mais ordonne les uns à la vie éternelle, les autres à l’éternelle damnation. Ainsi selon la fin pour laquelle est créé l’homme, nous disons qu’il est prédestiné à la mort ou à la vie. »[7]
La
voie de l’équilibre
La
doctrine chrétienne se trouve entre les deux voix. Elle enseigne la
prédestination des élus à la vie et la réprobation des pécheurs destinés au
châtiment mérité. Dieu a, par sa grâce, prédestiné à la vie ceux qu’Il avait
connus d’avance, et pour lequel Il avait préparé d’avance la vie éternelle.
Pour les autres, le destin n’est pas déterminé. Pour ceux qui se perdent par
leurs fautes, Il les avait aussi connus d’avance et les avait prédestinés non
pas à la perte, mais à l’éternel châtiment. Et là réside la différence entre la
prédestination enseignée par l’Église catholique et la double prédestination de
Calvin. L’Église catholique refuse la prédestination divine au mal. Sur les
pécheurs impénitents, Dieu a prononcé le rejet. Il ne les rend pas impénitents.
Conclusion
Si
au contraire, on pense que l’homme n’a aucune part dans le salut, faute de
libre-arbitre, on ne peut qu’affirmer que Dieu prédestine les uns à la vie
éternelle et les autres au mal. On préserve certes la toute puissance de Dieu et
sa libéralité mais l’homme n’est plus qu’un pantin, irresponsable de son destin
surnaturel. Cela va à l’encontre de la volonté divine de sauver tous les
hommes.
Mais
si le libre-arbitre de l’homme est préservé dans sa justification tout en
laissant à la libéralité souveraine de Dieu la cause totale, mais non unique,
de son salut, on arrive à la doctrine catholique, qui préserve le dogme
fondamental du salut universel. Dans la conception catholique, c’est Dieu qui a
l’initiative mais l’homme répond librement. Le don gratuit et la libre
coopération de l’homme sont donc inséparables dans son salut. L’Église
catholique rejette donc nécessairement toute doctrine qui nuirait l’un au
profit de l’autre, ou accentuerait l’un au détriment de l’autre.
Toutefois,
n’oublions pas que la justification et la prédestination demeurent pour l’homme
des mystères qu’il ne faut pas vouloir creuser trop loin de peur de s’égarer dans
de vaines subtilités spéculatives ou encore dans de dangereuses prétentions,
celles de penser comme Dieu…
Notes et références
[1] Luther, Du serf arbitre, traduction et notes par Georges Laguarrigues, Folio, essais, 2001.
[1] Luther, Du serf arbitre, traduction et notes par Georges Laguarrigues, Folio, essais, 2001.
[2]
Calvin, Institution, III, 22, 3
dans Élection
et prédestination, Christian Link, Calvin et le calvinisme : cinq siècles
d’influence sur l’église et la société, éd. Martin Ernst Hirzel et
Martin Sallmann, Fédération des Églises protestantes de Suisse, Labor et Fides,
2008.
[3]
Calvin, Institution, III, 22, 11 dans Calvin et le calvinisme :
cinq siècles d’influence sur l’église et la société.
[4]
Calvin, dans Calvin, Bernard Cottret, édition Lattès, 1995.
[5]
Jean-Luc Mouton, Calvin, éditions Gallimard, 2009 dans https://levigilant.com.
[6]
Heinz Otten, Calvins theologische Anschauung von der Prädestination, Munich,
1938.
[7]
Calvin, Institution dans La Prédestination et la liberté humaine,
peuvent-elles faire bon ménage ?, Egbert Brink.
[8] Voir Émeraude, article "Dieu et le temps", mars 2015.
[9] Voir Émeraude, article "Les différentes doctrines de justification", avril 2017.
[10] Voir Émeraude, article "L'oeuvre du salut : enseignement par les paraboles", mars 2017.
[8] Voir Émeraude, article "Dieu et le temps", mars 2015.
[9] Voir Émeraude, article "Les différentes doctrines de justification", avril 2017.
[10] Voir Émeraude, article "L'oeuvre du salut : enseignement par les paraboles", mars 2017.
En complément voir cette étude critique de la doctrine du salut calvinisme d'un point de vue protestant :
RépondreSupprimerhttps://reflexionsjesus.wordpress.com/2018/11/12/en-quoi-le-calvinisme-est-il-problematique/