Au XIXe siècle, de
nouveau, on proclame l’incompatibilité entre la foi et la raison. Pire, il est suggéré qu’en adhérant à l’une, nous serions opposés à l’autre. Celui qui
croirait serait en contradiction avec la raison. Celui qui chercherait à
comprendre la foi la trahirait. A plusieurs reprises, l’Église catholique a
solennellement rappelé qu’il n’y avait pas d’opposition entre ces deux modes de
connaissance. Trois textes principaux définissent la doctrine catholique sur
les rapports entre la foi et la raison :
- Qui Pluribus (9 novembre 1846), une encyclique du Pape Pie IX ;
- Dei Filius (28 avril 1870), une constitution dogmatique issue du Concile de Vatican I (1870) ;
- Fides et Ratio (14 septembre 1998), une encyclique du Pape Jean-Paul II .
D'après la doctrine
catholique, trois traits caractérisent les rapports entre la foi et la
raison :
- la foi et la raison sont deux principes de connaissance distincts ;
- loin d’être en désaccord, ils doivent se prêter un mutuel concours ;
- là où les deux principes se rencontrent, la foi est au-dessus de la raison.
Atteindre la Vérité
L’homme est capable de désirer
et de chercher la vérité. La quête de la vérité est une de ses caractéristiques
fondamentales. Que recherche l’homme ? La réponse à des questions
essentielles, réponses qui donnent sens à l’existence, sens des choses et de
son existence même. « La quête de
sens est pressante dans le cœur de l’homme » (Fides et Ratio, 1). Ce
désir de la vérité n’est pas vain. Il peut l’atteindre. Néanmoins, il ne peut
connaître ici-bas la plénitude de la vérité qui ne se manifeste qu’en Dieu.
Deux ordres de
connaissance
Comment peut-il connaître
la Vérité ? Deux ordres de connaissance lui sont accessibles : la
connaissance naturelle et la connaissance surnaturelle. Pour les atteindre,
deux moyens distincts : la raison naturelle et la foi divine. « L’Église a toujours tenu et tient encore qu’il existe deux ordres de connaissance, distincts non seulement par leur
principe mais aussi par leur objet. Par leur principe, puisque dans l’un
c’est par la raison naturelle et dans l’autre par la foi divine que nous
connaissons. Par leur objet, parce que, outre les vérités que la raison
naturelle peut atteindre, nous sont proposés à croire les mystères cachés en
Dieu, qui ne peuvent être connus s’ils ne sont divinement révélés » (Dei
Filius, Chap. IV, Denz. 3015).
Ces deux modes de
connaissance distincts se complètent harmonieusement. « La foi et la raison sont comme les deux
ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la
vérité » (Fides et Ratio). Mais l’image de ces deux ailes ne peut
exprimer toute la vérité de la connaissance puisque la foi est un ordre de
connaissance supérieur à la raison comme la foi est impossible sans la raison.
Les erreurs liées à la
recherche de la vérité
L’homme dispose de
multiples ressources naturelles pour progresser dans la voie de la vérité,
notamment la philosophie et la science. Il doit être cependant instruit et formé pour les exercer efficacement et pleinement. Néanmoins, elles sont insuffisantes par elles-mêmes pour rechercher le vrai et pour former
la pensée. Elles peuvent être détournées de leur vocation, qui est la recherche
de la vérité. Elles sont alors sources d’erreurs et de perversion de l’esprit.
Les capacités spéculatives
de l’homme peuvent être surestimées au sens où l’homme ne songe qu’à
s’appuyer sur elles pour progresser dans le vrai. Il vient alors à renier toute
connaissance qui ne serait pas le fruit de sa raison. Le rationalisme et le
scientisme ont développé et répandu cette erreur, en particulier au XIXe
siècle. Or « outre la connaissance
propre de la raison humaine, capable par nature d’arriver jusqu’au Créateur, il
existe une connaissance qui est propre à la foi » (Fides
et Ratio), connaissance qui est « la vérité très certaine ».
Les capacités spéculatives
de l’homme peuvent être aussi sous-estimées ou galvaudées. Le fidéisme et le traditionalisme du XIXe siècle en sont des exemples comme le relativisme et le scepticisme. la croyance
de ne jamais atteindre le vrai et d’être dans l’illusion et la multiplicité de
propositions qui « élèvent
l’éphémère au rang de valeur » (Fides et Ratio) ruinent non
seulement toute quête de sens et de vérité mais enlèvent à la raison toute
efficacité. Comment l’homme peut-il connaître la vérité en étant persuadé de
son incapacité de l’atteindre de manière naturelle ou de son inexistence ?
Nous revenons au principe même de la connaissance qu’avait défini Saint
Augustin [1].
Cette croyance en l’impossibilité de connaître le vrai a un fondement
philosophique. Elle a été rendue possible à cause de la philosophie qui a perdu
sa vocation originelle, qu’est « de
former la pensée et la culture par l’appel permanent à la recherche du
vrai » (Fides et Ratio).
La
foi et la raison, principes distincts
Chaque mode de
connaissance a son domaine respectif. Le domaine de la foi, ce sont les vérités
de la Révélation. Certaines sont accessibles à la raison, d’autres non. Elles
ont été révélées par Dieu pour être connues avec certitude. Le domaine de la
raison, ce sont les vérités que la raison peut découvrir par ses propres
forces. De droit, elle peut atteindre avec certitude des vérités naturelles de
la religion comme l’existence de Dieu, principe et fin de toutes choses. Extrêmement
utile, la révélation des vérités naturelle est en fait indispensable pour
connaître avec certitude et sans mélange d’erreurs, compte tenu de la nature
déchue de l’homme suite au péché originel.
Pas
de désaccord mais mutuel concours
Les deux modes de
connaissance proviennent de Dieu. Dieu a parlé aux Patriarches, aux Justes, aux
Prophètes de l’Ancien Testament. Notre Seigneur Jésus-Christ, le Verbe fait
chair, est intervenu directement ici-bas pour apporter la lumière. La Parole de
Dieu se révèle dans la Sainte Bible et la Tradition. Dieu est aussi créateur de
l’homme et donc de ses capacités spéculatives [2].
Dieu n’a pas simplement donné à l’homme les moyens de connaître la Vérité. Il
en a donné aussi le désir indispensable à sa recherche. « C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le
désir de connaître la vérité » (Fides et Ratio).
Il ne peut donc y avoir de
contradiction entre la Révélation et la Raison sans remettre en cause la
Sagesse divine. Elles participent à une même finalité et se prêtent un mutuel
concours. La raison prépare les fondements intellectuels sur lesquels la foi doit
se reposer. Quand la foi est en possession des vérités révélées, la raison les
rend intelligibles, compréhensibles, autant qu’elle puisse le faire. La foi
éclaire la raison, l’encadre, l’empêchant de s’égarer dans les erreurs. Elle
stimule et élève la raison en lui proposant de nouveaux horizons. « La droite raison démontre les fondements de
la foi, et, éclairée par la lumière de celle-ci, elle s’adonne à la science des
choses divines. Quant à la foi, elle libère et protège la raison des erreurs et
lui fournit de multiples connaissances » (Dei Filius, chap. 4,
denz. 3019).
Comme le souligne la
Sainte Écriture, il existe une « profonde
et indissoluble unité entre la connaissance de la raison et celle de la foi »
(Fides
et Ratio). Il n’est pas possible de regarder et d‘étudier complètement
le Monde sans professer en même temps la foi en Dieu qui y opère. Sans cette
unité, il n’est pas possible de connaître réellement le Monde. En rompant cette
unité fondamentale dans l’ordre de la connaissance, l’homme devient insensé. Il
« s’imagine beaucoup de choses, mais
en réalité il n’est pas capable de fixer son regard sur ce qui est essentiel »
(Fides
et Ratio, 6).
La
foi supérieure à la raison
La foi et la raison sont
maîtresses dans leur domaine respectif. Mais il arrive que les connaissances
accessibles à l’un ou à l’autre mode se croisent. Des vérités naturelles révélées peuvent être accessibles à la raison comme des vérités
inaccessibles à la raison ont indéniablement des relations avec des vérités de
raison. Dans ce cas, la raison doit se conformer aux vérités de la foi.
Toutefois, l’Église ne
sous-estime pas la raison. La droite raison peut accéder à des vérités
essentielles d’ordre naturel. La connaissance du Créateur est ainsi possible au
moyen de la raison. Mais elle n’acquiert sa pleine signification que si « son contenu est placé dans une perspective
plus vaste, celle de la foi » (Fides et Ratio). Ainsi éclairé par
la foi, l’homme découvre le sens profond des choses.
Retour à Adam et Ève
Dieu a interdit à nos
premiers parents de goûter aux fruits de l’arbre de la connaissance du bien et
du mal. Cela signifie notamment que l’homme ne peut pas par lui-même, et en
particulier par la raison, décider ce qui est bien et ce qui est mal. Il est dans
l’obligation de se référer à un principe supérieur, à une connaissance qui
vient de Dieu.
Par la désobéissance
d’Adam et d’Ève, l’homme est blessé dans sa nature. Cette blessure a atteint la
raison qui « l’entrave sur le chemin
de la pleine vérité. Désormais, la capacité humaine de connaître la vérité est
obscurcie par l’aversion envers Celui qui est la source et à l’origine de
la vérité » (Fides et Ratio). La lumière de la foi est donc essentielle pour
ouvrir les yeux de la pensée. A cause du péché originel et de tout péché, la
raison peut s’égarer dans ses principes ou dans un raisonnement faux et vain.
La raison naturelle est
limitée…
En outre, comment la
raison peut-elle atteindre des vérités qui la dépassent ? La mort de Notre
Jésus-Christ sur la Croix est folie pour la sagesse humaine. Le
plan de Dieu n’est pas compréhensible selon notre regard naturellement restreint
à un Monde bien partiel. Le plan de Dieu ne s’explique pas dans sa totalité par
une construction intellectuelle inévitablement limitée de la nature humaine. Ce
n’est pas la sagesse des paroles mais la Parole de la Sagesse qui est bien critère
de vérité. Si la lumière de la raison naturelle ne nous permet pas de le
comprendre dans toutes ses dimensions, elle permet néanmoins à l’homme de
recevoir cette sagesse et
d’acquérir la vérité que seule peut donner la foi.
La foi suppose et
perfectionne donc la raison. La raison, « éclairée
par la foi, est libérée des fragilités et des limites qui proviennent de la
désobéissance du péché, et elle trouve la force nécessaire pour s’élever
jusqu'à la connaissance du mystère de Dieu, un et trine » (Fides
et Ratio, 43). C’est pourquoi
« l’homme n’est ni anéanti ni
humiliée lorsqu’elle donne son assentiment au contenu de la foi ; celui-ci
est toujours atteint par un choix libre et conscient » (Fides
et Ratio, 43).
Tout en étant nécessaire
et utile…
Mais « la foi demande que son objet soit compris
avec l’aide de la raison ; la raison, au sommet de sa recherche, admet
comme nécessaire ce que présente la foi » (Fides et Ratio). L’homme
ne peut donc mépriser sa raison en croyant par exemple qu’elle est inutile. La
foi ne s’oppose pas à la raison. Elle ne la craint pas non plus. Car la raison
n’a pas pour vocation de juger du contenu de la foi mais de « savoir trouver un sens, de découvrir des
raisons qui permettent à tous de parvenir à une certaine intelligence du
contenu de la foi » (Fides et Ratio).
C’est pourquoi l’Église a
toujours affirmé « la nécessité de
la réflexion de la foi » (Fides et Ratio, 6) comme elle a
toujours apprécié les efforts de la droite raison pour répondre à sa finalité.
Elle l’a toujours considérée comme capable de connaître des vérités
fondamentales, comme « une aide
indispensable pour approfondir l’intelligence de la foi » (Fides
et Ratio, 5).
Les limites de la foi et
de la raison
Nous ne pouvons cependant
pas atteindre la plénitude de la vérité par la foi et la raison. « Les mystères divins, par leur nature même, dépassent
tellement l’intelligence créée que, même transmis par la Révélation et reçus
par la foi, ils demeurent recouverts du voile de la foi, et comme enveloppés
dans une certaine obscurité, aussi longtemps que, dans cette vie mortelle, nous
cheminons loin du Seigneur » (Dei
Filius, chap. 4, Denz. 3017).
La foi et la science
Fille de la raison, la
science se caractérise normalement par le libre examen et la libre recherche de
la vérité tandis que la foi n’est libre ni dans ses méthodes, ni dans ses conclusions.
La première est en mode de recherche, la seconde, d’obéissance. La science
établit des hypothèses et tente d’expliquer les phénomènes dont elle est
témoin. Elle construit un modèle de la réalité, susceptible notamment de
« sauver les apparences ». La
foi reçoit des vérités auxquelles l’homme doit se soumettre sans s’appuyer sur
des démonstrations ni sur des raisons de croire ni sur les choses qu’il croit. La
science doit suivre les principes de la raison quand la foi ceux de l’autorité.
Mais comme nous l’avons
souvent montré, la réalité n’est pas aussi simple que cela. Toute science se
bâtit à partir d’une croyance et est fortement imprégnée par l’environnement
dans laquelle elle s’élabore. La liberté du scientifique n’est qu’un leurre.
Les concepts qu’il utilise, son éducation, sa culture, son langage et sa formation
scientifique, la qualité de ses instruments encadrent et orientent inévitablement
ses recherches et ses discours. La science n’est pas isolée du Monde qu’il étudie. L’intuition
intervient enfin dans le progrès scientifique. Ainsi la science est plus ou
moins l’œuvre de la raison.
Le fidèle ne peut pas
arriver à la foi par la raison. Néanmoins, « l’assentiment de la foi n’est nullement un mouvement aveugle de
l’esprit » (Dei Filius, Chap. 3, denz. 3010). Il
peut en effet se convaincre qu’il est raisonnable de croire les mystères. « L’hommage de notre foi est conforme à la
raison » (Dei Filius, Chap. 3, denz. 3009), compte tenu de la crédibilité
des témoignages et des signes en faveur de la foi, c’est-à-dire du fait de
l’existence de Dieu et de celui de la Révélation. Ce sont les motifs de
crédibilité. Ce ne sont pas des motifs de foi.
Les motifs de crédibilité [3]
sont des arguments « nombreux,
admirables, splendides » (Qui Pluribus, denz. 2779) qui doivent très nettement convaincre la raison que la religion chrétienne est
divine. « Rien n’est plus certain que notre foi, rien ne repose sur des principes
plus fermes » (Qui Pluribus, denz. 2779).
Les motifs de crédibilité
sont des signes à la portée de toutes les intelligences. Personne ne peut
croire avant de savoir d’une manière ou d’une autre que Dieu a parlé.
Si la raison humaine
connaît des limites dans l’accessibilité à la vérité, elle peut néanmoins connaître « clairement et nettement » que Dieu
est l’auteur de la foi, elle « ne
peut pas progresser davantage, mais rejetant et repoussant toute espèce de
difficulté ou de doute, elle doit lui rendre hommage de la foi, puisqu'elle a
la certitude que c’est Dieu qui a transmis tout ce que la foi propose aux
hommes de croire et de faire » (Qui Pluribus, denz. 2780).
Avant de croire, le fidèle
doit donc se rendre compte de deux jugements : la vérité est croyable et
elle doit être crue. Les uns y parviendront par la raison, les autres par d’autres
moyens moins rationnels comme l’impression que fait une prédication ou le
charisme du prédicateur. « Combien
de conversions à la foi ont été opérées par des motifs personnels saisissants,
par l’héroïsme d’un martyr, l’impression que produit le culte catholique, la
parole et l’exemple d’un seul missionnaire ! »[4].
Enfin, « personne cependant ne peut donner son
adhésion à la prédication évangélique de la manière requise pour obtenir le
salut « sans illumination et l’inspiration du Saint Esprit qui donne à
tous son onction lorsqu'ils adhèrent et croient à la vérité [5]» »
(Dei
Filius, chap. 3, denz. 3010). La seule force naturelle ne suffit
pas ; la grâce est en effet nécessaire pour parvenir à la connaissance de
la vérité qui touche au salut éternel.
En conclusion, la foi
n’exclut pas la raison. Au contraire, elle la présuppose. L’Église définit
l’homme comme un être rationnel capable d’accéder à la vérité, soit par ses
propres moyens, soit par la lumière de la foi. L’homme est aussi capable
d’erreurs, notamment en rompant l’harmonie qui doit exister entre la foi et la
raison. « Même si la foi est
au-dessus de la raison, il ne peut jamais exister entre elles aucun
dissentiment réel, aucune discorde […], en
sorte que la raison droite démontre, protège, défend la vérité de la foi,
tandis que la foi libère la raison de toute erreur et, par la connaissance
qu’elle a des choses divines, elle l’éclaire, la confirme et la parfait
magnifiquement » L’Église a ainsi toujours défendu cette position. Elle
ne s’oppose pas aux sciences. L’Histoire montre qu’elle les a aidées et les a
fait progresser de multiples façons. Car « elles peuvent conduire à Dieu, avec l’aide de sa grâce, si on s’en sert
comme il faut » (Dei Filius, chap. 4, denz. 3019).
L’Église est ainsi
consciente des qualités réelles de la raison humaine. Elle peut connaître
« clairement et nettement »
que Dieu est l’auteur de la foi. La vérité est donc
accessible à l’homme. Mais cette connaissance objective, indépendante des
cultures et des hommes, n’est pas cependant pleine et entière au sens où
l’homme ne peut pas tout connaître dans l’ordre naturel comme dans l’ordre
surnaturel. La nature et les cieux gardent un certain mystère. Ainsi faut-il
être humble devant la réalité…
« Que croissent et progresse largement et
intensément, pour chacun comme pour tous, pour un seul homme comme pour toute
l’Église, selon le degré propre à chaque âge et à chaque temps, l’intelligence,
la science, la sagesse, mais exclusivement dans leur ordre, dans la même
croyance, dans le même sens et dans la même pensée »[6].
Références
[1] Émeraude, janvier 2014, articles "Croire pour comprendre".
[2] De manière directe, contrairement à ce que suggère Teilhard qui voit ses capacités spéculatives comme l’œuvre de l’évolution, le résultat d’une conscientisation de la vie.
[3] Exemple de motifs : les miracles, les prophéties, l’existence, la durée et l’action de l’Église.
[4] Mausbach, Religion, Christianisme, Église, I.
[5] 2ème concile d’Orange (529), can. 7, Denz. 377.
[6] Saint Vincent de Lerins, Commonitorum primum, 23,n°3, cité dans Dei Filius, chap. 4, denz. 3020.
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