En
cette triste fin de mois d’août 410, un monde s’écroule avec fracas. Une
nouvelle terrible sème l’émoi dans tout l’Empire. L’invincible Rome, celle qui domine
le monde depuis des siècles, vient d’être pillée par les barbares. La ville
éternelle est dévastée, outragée, violentée, pendant de longues journées. La
catastrophe bouleverse aussi profondément les âmes. Elles entendent encore ces
hommes d’Église qui voient dans le succès de l’Empire et dans la paix romaine
la main toute puissante de la Providence, ou encore la récompense des vertus
religieuses de l’Empereur. La chute de Rome et l’impuissance des légions
retombent ainsi sur la religion chrétienne et sur l’Église qui, associées aux
pouvoirs, en deviennent les coupables tout désignés. « C’est sous des princes chrétiens, pratiquant
de leur mieux la religion chrétienne que de si grands malheurs sont arrivés à
Rome. »[1]
Les païens font retomber la faute sur la
religion chrétienne et en appellent au retour de la religion de leurs
pères. Les chrétiens peu affermis en
accusent aussi l’Église.
De
l’Afrique du Nord, Saint Augustin entend leurs objections. Mais au lieu de gémir
en accusations, il use de ce drame pour mieux percer les intentions insondables de Dieu. Il dépasse cet
événement, il pressent l’avenir. L’histoire ne doit pas déconcerter les
esprits. Elle doit au contraire les éclairer. La chute de Rome n’est pas la fin
du monde. Un nouveau monde doit être
construit.
Pour
leur répondre, Saint Augustin écrit un véritable chef d’œuvre : La
Cité de Dieu. Dans cet ouvrage puissant, profondément chrétien, il
embrasse tous les aspects de la vie humaine. C’est « un livre qui est un des monuments de l’esprit. C’est à la fois une
philosophie de l’histoire, une théorie de l’État et de la vie sociale, un précis
des rapports entre le spirituel et le temporel ; c’est, en même temps, une
sorte d’art de vivre dans des heures de détresse, un manuel de consolation. »[2] Dans ses
Confessions,
il étudie l’âme, dans La Cité de Dieu, c’est l’humanité qui
est l’objet de sa pensée, l’humanité dans le cadre de son histoire. C’est
pourquoi de manière inéluctable, examinant l’homme dans son passé en tant
qu’être social, Saint Augustin en vient à parler de l’État et à définir ses
rapports avec le spirituel. C’est sans-doute le premier ouvrage qui traite de
ces sujets de manière si approfondie et large. C’est pourquoi les pensées et la doctrine qu’il défend dépassent
les faits de son temps et ont joué un rôle important dans l’histoire des
relations entre l’Église et l’État. La Cité de Dieu en devient ainsi une
référence…
La
Cité de Dieu et la cité terrestre, deux principes contraires
Sur
la terre, s’il existe une multitude de nations différentes et divisées, « il n’existe toutefois que deux sociétés
humaines, ou, pour les appeler du nom que leur donne l’Écriture, deux cités.
L’une est la cité des hommes qui veulent vivre en paix selon la chair ;
l’autre, celle des hommes qui veulent vivre en paix selon l’esprit ; et
quand les désirs de part et d’autre sont accomplis, chacune à sa manière est en
paix. » (Livre XIV, I) Deux
principes de vie distinguent ainsi les hommes et les répartit entre deux cités.
Saint Augustin précise ensuite ce qu’il entend par « vivre selon la chair », c’est-à-dire selon l’homme, et « vivre selon l’esprit ». Les hommes
vivant selon l’homme recherchent la gloire en eux-mêmes. Ils marchent la tête
haute, emplis d’orgueil. Les hommes vivant selon l’esprit recherchent celle de
Dieu, voyant en Lui la source de leur gloire. Les deux principes de vie
partagent ainsi les hommes.
Dans
une page magnifique et célèbre, Saint Augustin nous donne ces mots sublimes :
« Deux amours ont donc bâti deux cités,
l’amour de soi au mépris de Dieu, la cité de la terre ; l’amour de soi
jusqu’au mépris de Dieu, la cité de Dieu. L’une se glorifie de soi, et l’autre
dans le Seigneur. » (Livre XIV, XXVIII) La cité terrestre est dominée par
la passion de dominer, aimant sa propre force. La Cité de Dieu est celle des citoyens
unis par la charité, celle des serviteurs mettant en pratique les commandements
de Dieu, voyant en Lui la source de leur force. Ainsi, les sages vivant dans la
cité terrestre, vivant selon l’homme, ne recherchent que les biens en
eux-mêmes, biens du corps et de l’âme, « dominés par l’orgueil qui exalte dans leur propre sagesse ».
« Au sein de la cité divine,
l’unique sagesse de l’homme est la piété, qui fonde le culte légitime du vrai
Dieu, et en assure la récompense dans la société des saints, où les hommes sont
réunis aux anges afin que Dieu soit tout en tous. » (Livre XV,
XXVIII).
L’amour
de Dieu et l’amour de soi n’étant pas conciliables, les deux cités sont radicalement opposées et adversaires. Elles
sont « rivales », nous dit
Saint Augustin à plusieurs reprises. Il n’est pas possible de vivre selon
l’homme et selon Dieu. L’histoire est
donc le lieu où les deux cités s’affrontent. La Cité de Dieu rassemble ceux
qui vivent selon Dieu, la cité terrestre, ceux qui vivent selon l’homme pour
posséder et dominer. Le but de toute
civilisation est alors de rapprocher l’homme de la Cité de Dieu pour qu’au
jour de sa mort, il puisse être citoyen du ciel. « Tous les citoyens de la cité vivant selon l’homme, et non selon Dieu,
sont réprouvés. » (Livre XVI, X). Ainsi la cité terrestre n’a pas pour
vocation de conduire l’homme vers son bonheur éternel. Saint Augustin distingue
ainsi deux Cités et deux principes de vie, dont l’un conduit au bonheur éternel et l’autre à la réprobation.
Deux
cités mêlées dans une même histoire mais au dessein différent
Ainsi
tout en étant distinctes, les deux Cités se développent dans le même monde et
dans le même temps, mêlées et
compénétrées. Les deux cités sont « mêlées ici-bas depuis l’origine jusqu’à la fin » (Livre,
XVIII, LIII). Cependant, il n’est pas possible d’appartenir en même temps aux
deux cités tant les principes qui les animent sont forts différents comme nous
l’avons déjà souligné. En outre, si nul ne peut appartenir aux deux cités, ceux
qui sont ennemis peuvent devenir amis. Rien n’est figé jusqu’au dernier jour.
La Cité de Dieu « doit se souvenir
que parmi ses ennemis mêmes se cachent ses futurs citoyens. » (L, I,
35) Cependant, l’effort de chacun est de passer du terrestre au céleste. À la fin des temps, le mélange des deux
cités cessera pour toujours.
Si
la Cité de Dieu réside dans ce monde, mêlée à la cité terrestre, elle demeure
comme en exile, comme étrangère à ce monde ou « voyageuse sur cette terre » (Livre, XVIII, LIII) « en tant qu’elle appartient à l’humanité. »
(Livre, XVIII, I) Ainsi elle ne peut prétendre à aucune réalisation parfaite en
ce monde. Si la cité terrestre est dans
ce monde, voué à succomber et à vivre des drames, la Cité de Dieu y réside donc
comme pèlerin. Ainsi les deux cités sont objet des mêmes jouissances et des
mêmes maux. Mais à la fin du temps, chacune atteindra sa fin. Par le jugement,
elles seront séparées. La victoire est
alors assurée pour la Cité de Dieu.
Saint
Augustin définit la fin de chaque cité. Chacune cherche la paix mais celle-ci
est perçue différemment. La Cité de Dieu
recherche la paix éternelle, c’est-à-dire « la paix dans la vie éternelle » ou « la vie éternelle dans la paix » (Livre XIX, XI). La cité terrestre recherche la paix terrestre
dans les biens et les avantages de la vie temporelle. « La cité terrestre, qui ne vit pas de la foi,
aspire à la paix terrestre ; et c’est là le but qu’elle assigne à l’union
de l’autorité et de la soumission entre citoyens, qu’il y ait, quant aux intérêts
de cette vie mortelle, un certain concert des volontés. » (Livre XIX,
XVII) Or la véritable paix est la paix
céleste. Elle est « ordre et
concorde suprême dans la jouissance de Dieu. » (Livre XIX, XVII) La
Cité de Dieu détient déjà ici-bas la paix céleste.
Tant
qu’elle est mêlée à la cité terrestre, la Cité de Dieu use de la paix terrestre
mais elle n’use de cette paix que par
nécessité « en attendant que la
mortalité passe à qui une telle paix est nécessaire. » (Livre XIX,
XVII) Les citoyens de la Cité de Dieu usent les biens temporels et de la paix
que donne la cité terrestre, « en ce
qui touche aux intérêts de la nature mortelle, autant que la piété est sauve et
que la religion le permet » (Livre XIX, XVII). Ainsi la Cité de Dieu est mêlée à la cité
terrestre en bonne intelligence. « Aussi,
tant qu’elle prolonge au sein de la cité terrestre, la vie captive, pour ainsi
dire, de son pèlerinage, […] ; soumise aux lois de la terre qui disposent des
intérêts temporels, elle obéit sans hésiter, et, comme la mortalité leur est
commune, elle veut maintenir entre elle et sa rivale, la bonne intelligence en
ce qui touche leurs mortelles destinées. » (Livre XIX, XVII)
L’État
est une des préoccupations de Saint Augustin. Après avoir étudié la famille
puis la patrie, il en parle longuement. Il pose d’abord une affirmation
essentielle : l’État n’est pas la
fin suprême. Le chrétien n’est pas d’abord ou seulement un citoyen. Il nous
rappelle le principe qui doit guider les pensées et les actions de l’homme,
principe admirablement rappelé par Notre Seigneur Jésus-Christ : « tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de
tout ton âme, de toutes tes forces, et tu aimeras le prochain comme toi-même. »
L’État doit donc permettre à l’homme
d’atteindre la Cité de Dieu. Le premier des commandements doit donc être
appliqué en toute chose, y compris au niveau de l’État. Cela signifie
clairement : primauté du spirituel, exigence de la charité entre les
hommes, primat de la personne sur toutes valeurs et toutes nécessités.
L’État n’est pas en dehors des principes
chrétiens. S’il est légitime,
puisqu’il est voulu par Dieu, il devient alors illégitime si ses principes ne
sont pas conformes à ce double commandement. La tâche première d’un souverain,
répète Saint Augustin comme les Pères de l’Église qui l’ont précédé, est de faire régner la justice, la vraie justice,
la justice selon Notre Seigneur Jésus-Christ. « Sans la justice, les royaumes sont-ils autre chose que de grandes
associations de brigandage ? » Ainsi ceux qui exercent l’autorité
pour faire régner la charité entre les hommes en vue de leur bonheur éternel
doivent être obéis. Mais s’ils sont iniques, l’obéissance n’est plus possible.
L’homme
n’est pas fait pour être seulement membre d’un l’État. Tout homme a en effet
une vocation divine. Il est destiné à la
Cité de Dieu. Saint Augustin semble considérer l’Église comme l’incarnation
terrestre de la Cité de Dieu. Elle cherche à hisser le chrétien vers le ciel.
Elle est toute orientée vers ses fins spirituelles. Mais comme les deux cités
sont mêlées ici-bas, l’Église est inévitablement en relation avec l’État. Or
l’État relève de la cité terrestre. L’esprit qui les anime et leur fin sont
donc différents. Si dans la pratique, ils peuvent collaborer, ils sont opposés
substantiellement. Mais chargée d’assurer le salut des fidèles, l’Église
possède des droits irrécusables. Plus encore, elle a le secret et la garde de
la justice et la charité selon le Christ. Comme
l’État est légitime dans la mesure où il sert ces vertus, il s’ensuit que
l’Église détient un droit de surveillance sur l’État.
Enfin,
selon Saint Augustin, l’Église a droit à
une aide et à une protection de la part de l’État. Cependant, cette
protection a des limites, celles de la
charité et de la justice. Ainsi l’Église ne peut s’appuyer sur le bras de
César même si elle peut réclamer son soutien lorsque la paix sociale est
troublée, la loi insultée, l’ordre public compromis.
Ainsi
dominé par les vertus chrétiennes et par le sens éminent du réel, Saint
Augustin expose les principes qui doivent guider l’État et ses rapports avec
l’Église. Les pouvoirs de l’État ont une limite. Il ne dispose pas en lui-même
ses propres principes.
Au
Ve siècle, au moment où l’Empire d’Occident s’effondre et où l’Empereur dans la
future Byzance ne cesse de s’accaparer de tous les pouvoirs comme ses illustres
prédécesseurs, Saint Augustin dessine
une nouvelle société, fondée sur de nouveaux rapports entre l’Église et l’État.
Il est tourné vers l’avenir. Il sent naître une nouvelle civilisation ou plutôt
une nouvelle forme de civilisation.
L’influence
de Saint Augustin
La
pensée de Saint Augustin sur les relations entre l’Église et l’État n’est pas une
nouveauté. Elle ne peut surprendre ceux qui entendent les Pères de l’Église qui
l’ont précédé comme Saint Ambroise. Le Pape Gélase Ier rappelle aussi les mêmes
principes. Elle est ainsi conforme à l’enseignement de l’Église. Sa nouveauté
réside dans sa structure et sa cohérence, dans son ampleur et sa profondeur. La
Cité de Dieu est ainsi un texte de référence, d’une grande richesse. Il est sans aucun doute le livre de chevet de Saint Grégoire le Grand et peut-être de Charlemagne...
Or,
n’oublions pas le contexte dans lequel Saint Augustin écrit son ouvrage. C’est
un temps où un monde disparaît en Occident et un autre doit être construit. Une
nouvelle forme de pouvoir doit être mise en place. Ainsi La Cité de Dieu va
inspirer plus ou moins ceux qui devront élever la nouvelle société. Cependant,
la pensée de Saint Augustin sera, aux dires des commentateurs, mal interprétée
ou encore partiellement reprise. « C’est
moins cette rigoureuse distinction de deux cités que retiendra la postérité que
l’aspiration à une unité de civilisation qui sera nourrie par la méditation de
son œuvre. Pendant près de quinze siècles, on lira La Cité de Dieu pour inspirer la fondation d’une cité chrétienne
sur la terre »[3]. Cette
critique vise en fait la politique menée par les Papes au Moyen-âge, notamment
à partir de Grégoire VII., ou encore la
prétention des Papes de vouloir diriger les empereurs et les rois.
Selon
les mêmes commentateurs, les lecteurs de Saint Augustin ont fait l’amalgame entre cité et pouvoir. La
cité de Dieu est ainsi confondue au pouvoir spirituel, la cité terrestre au pouvoir
temporel. La cité terrestre finit par être confondue à la cité politique,
c’est-à-dire à l’Empire ou aux royaumes, la Cité de Dieu à l’Église. Ainsi selon
cette lecture erronée, disent-ils, on insiste sur la primauté du pouvoir
spirituel sur le pouvoir temporel. La tentation est alors grande pour l’Église
de vouloir absorber le pouvoir des rois, conçu tout entier à son service. Il
n’existe plus alors deux cités, mais une seule comme le décrit le cistercien
Othon de Freysing, vers 1150, dans sa chronique intitulée Des deux cités :
« Jusqu’ici j’ai écrit l’histoire de
deux cités ; mais puisque non seulement tous les peuples mais tous les
empereurs, sauf un petit nombre, ont été catholiques et soumis à l’orthodoxie,
il me semble avoir écrit l’histoire, non de deux cités, mais virtuellement
d’une seule, que je nomme l’Église. Car bien que les élus et les réprouvés se
trouvent dans la même maison, je ne peux plus dire que ces cités soient deux,
comme j’ai fait précédemment ; je dois dire qu’elles n’en forment
proprement qu’une seule, bien que le grain y soit mêlé avec la paille. »[4] La prétention des Papes et leur volonté de
soumettre les pouvoirs politiques au temps du Moyen-âge viendrait donc d’une
interprétation erronée de La Cité de Dieu.
Notre
jugement est plus nuancé. Lorsque le Pape Gélase écrit sa lettre à l’empereur
pour dénoncer les abus du pouvoir dont il est témoin, il ne fait que reprendre
l’enseignement de ces prédécesseurs comme nous l’avons vu dans nos deux
précédents articles[5].
Le Pape réagit pour défendre la liberté de l’Église et son rôle auprès des puissances
temporelles qui interviennent dans les affaires de l’Église et abusent de leur
autorité. C’est donc en réaction
d’évènements que le Pape rappelle les limites du pouvoir temporel et sa
légitimité selon une doctrine fidèle à l’enseignement de Notre Seigneur
Jésus-Christ et des Apôtres. La pensée de Saint Augustin n’en est ni la cause
ni le justificatif.
En
outre, l’histoire conduit les hommes d’Église à prendre des responsabilités
sans qu’ils ne cherchent à appliquer une doctrine. Ils sont pris dans les
événements et réagissent à la situation comme des hommes conscients de leurs
devoirs. Lorsque les autorités romaines se montrent défaillantes au moment de
la chute de Rome et de l’invasion de l’Empire d’Occident, les évêques
apparaissent alors comme les seuls capables de ramener l’ordre et de soutenir
la population livrée à elle-même. Ainsi, par
la force des choses, ils assument un rôle politique et interviennent auprès
des autorités du moment dans des domaines purement temporels. Ce n’est pas
l’esprit de la cité terrestre qui les conduit à assumer de telles
responsabilités. Ce sont des hommes d’Église qui vont bâtir une nouvelle civilisation
en collaboration avec les pouvoirs temporels, confirmant ainsi la vision de
Saint Augustin.
Conclusion
Lorsque
le pouvoir spirituel est fortement mêlé au pouvoir temporel, la question de
leur rapport devient plus aigüe. La
pensée de Saint Augustin apparaît alors comme un guide ou un objet de
méditation, surtout lorsque le pouvoir temporel voudra soumettre le pouvoir
spirituel. Plus ou moins bien entendue, elle inspirera alors les grandes idées
sur les droits et les devoirs des autorités politiques ainsi que sur les
rapports de l’Église et de l’État. Toute réflexion sur ces sujets n’évitera pas
alors La Cité de Dieu…
Comme
tout chef d’œuvre, La Cité de Dieu sera utilisée au-delà des intentions de son
auteur. Nombreux seront ceux qui l’interpréteront pour justifier leur volonté
de soumettre l’État à l’Église ou au contraire l’accuseront d’être l’auteur
d’une telle prétention. Saint Augustin
sera aussi accusé d’être l’auteur d’une doctrine théocratique. Parfois, on
utilisera le terme d’augustinisme politique comme une injure. Derrière ces
pensées et ces mots, se trouve en fait une conception des rapports de l’Église
et de l’État telle qu’elle existait au Moyen-âge. Certains veulent la revoir
revivre, d’autres la rejettent ou encore en usent pour accuser l’Église de
vouloir soumettre la société. Les principes
chrétiens qui devraient régler les relations entre les pouvoirs spirituel et
politique sont ainsi remis en question au travers des débats.
À
la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, en un temps où les tensions entre
l’Église et l’État sont tendues, la pensée de Saint Augustin devient de nouveau
l’enjeu de nombreux débats ou encore un argument supplémentaire pour dénoncer
la religion chrétienne. En dépit ou à cause des décisions du Concile de Vatican
II, les rapports entre l’Église et l’État soulèvent en outre de nombreuses
interrogations. La Cité de Dieu demeure ainsi un livre de référence, qui doit néanmoins être lu dans son contexte et au regard de l’enseignement de l’Église.
Notes et références
Les citations de La Cité de Dieu proviennent de La Cité de Dieu, trad. du latin Louis Moreau (1846), revue par Jean-Claude Eslin, en trois volumes, éditions du Seuil, 1994
[2] Daniel-Rops, L’Église des Temps barbares,
I, Fayard, 1950.
[3] Jean-Claude Eslin, Introduction de La Cité de Dieu, volume I
[4] Othon de Freysing, Des
deux cités dans Introduction
de La
Cité de Dieu, Jean-Claude Eslin, volume I.
[5] Émeraude, avril 2018, articles "Église et État aux premiers siècles sous l'Empire romain païen" et "Église et État au temps de l'Empire romain chrétien avant la chute de Rome".
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